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Full text of "Aranéides des îles de la Réunion, Maurice et Madagascar"

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EX LIBRIS 

Charles-Emmanuel KETTERER 

Legs Musée cantonal de Zoologie 
LAUSANNE 1986 








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ARANÉIDES 

DES ILES 

DE LA RÉUNION, MAURICE 


ET 



Cet ouvrage a etc publié aux frais de la colonie de la Réunion, sur 
un vote unanime du conseil général de cette île. 


ARANÉIDES 

DES ILES 

DE 

LA RÉUNION, MAURICE 

ET MADAGASCAR 


AVEC ii PLANCHES CONTENANT U8 FIGURES DESSINÉES 
D*APRÈS NATURE 


PAR 


AUGUSTE VINSON 

(de lTle de la réunion) 

Doctenr en médecine, Chevalier de la Légion d’honneiir, 

Membre du Muséum d'histoire naturelle de Elle de la Réunion, de la Société entomologi<|ue 
de France, etc., etc. 




PARIS 

LIBRAIRIE CLASSIQUE EUGÈNE BELIN 

BELIN FRÈRES 

RUE DE VAUGIRARD, 52 


SAINT-CLOUD. — IMPRIMERIE DE M“® V® BELIN. 


A SON EXCELLENCE 


LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES 


M. DROUYN DE LHUYS 

MEMBRE DE L’INSTITüT, 

PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ D ’ A CCLI M AT ATION, ETC.^ ETC. 


TÉMOIGNAGE DE RECONNAISSANCE 


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CE LIVRE EST AUSSI DÉDIÉ 


AUX MEMBRES DE LA 

COMMISSION ADmNISTRATIVE DU MUSÉUM DE L’ILE 
DE LA RÉUNION 


MM. MOREL, Président. 

RICHARD, Directeur du jardin de l’État. 

DE RONTAUNAY, Négociant. 

MAILLARD, Ingénieur. 

BAILLY (Édouard), Commissaire de la marine impériale. 
VOIART, Archiviste. 

NEVEU, Professeur au lycée impérial. 

JACOB DE CORDEMOY, Docteur en médecine, 

VINSON (Émile), Pharmacien de première classe. 


Leur collègue dévoué. 


Auguste VINSON. 




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ÉTUDE SUR L’ARACHNOLOGIE 

DES ILES DE U 

RÉUNION, MAURICE ET MADAGASCAR 


Il y a soixante ans environ, Bory de 
Saint- Vincent, arrêté aux îles de France 
et de Bourbon dans l’expédition scienti- 
fique du commandant Baudin sur les cor- 
vettes le Géographe et le Naturaliste, di- 
sait en parlant de l’entomologie de ces 
îles : « Les Araignées surtout sont extrê- 
mement variées, et si j’eusse eu plus de 
temps, je les aurais étudiées (1).» 

Depuis cette époque, quelques Aranéides 
ont été recueillies à Fîle de France, et 
placées dans des collections, à cause de 

(i)BoRY DE SAINT-VI^'CENT. — Yoyage aux quatre principales îles d’Afrique. 
Tome I, page 225. 


a 


— II — 


leur grandeur et de leur beauté; ou en- 
voyées par des naturalistes, comme Ga- 
toire de Bioncourt, Julien Desjardins; mais 
aucune monographie, comprenant toutes 
les espèces non encore connues de ces îles, 
n’avait été faite. 

Ce travail, indiqué comme desiderata 
par un homme vraiment ami de la science 

I 

et qui devint un membre actif de l’Institut, 
a été l’objet de mes études assidues pen- 
dant plusieurs années, en dépit des obli- 
gations d’une clientèle lourde et trop hono- 
rable pour en décliner la charge et les 
devoirs. 

De plus, j’avais conçu l’ambition ou 
plutôt la témérité de vouloir faire ce travail 
avec un grand détail et un soin toujours 
nécessaire dans ce genre d’études. J’ai tenté 
de faire l’histoire complète des Aranéides 
de l’île de la Réunion et de l’île Maurice ; 


— 111 


celle des grandes espèces, et celle où la 
micrographie devient une nécessité. J’ai 
étudié ces insectes suivant leurs sexes, leurs 
variétés, suivant leur âge, leurs mœurs et 
le mode de disposer leurs toiles et de 
tisser leurs cocons. Souvent après la des- 
cription à l’œil nu, je l’ai refaite avec le 
secours du microscope. 

C’est en étudiant les mœurs de ces Ap- 
tères intéressants, que je suis arrivé à 
surprendre plusieurs secrets de leur exis- 
tence, et à reconnaître qu’il fallait aussi 
voir en eux des nocturnes et des diurnes. 
J’ai donné plus loin les caractères de 
cette division naturelle. Ce fait nouveau 
est basé sur l’étude des mœurs qui doit 
peser aussi d’un grand poids dans la ba- 
lance des considérations zoologiques. 

J’avais terminé mon travail sur les Ara- 
néides des îles de la Réunion et Maurice, 


— IV — 


lorsqu’une occasion unique vint s’offrir à 
moi et me permit d’étendre encore le cadre 
de mes observations. La reine de Ma- 
dagascar, qui avait toujours fermé son 
royaume aux étrangers, venait de mourir, 
et son fils Radama II, né avec un esprit 
civilisateur et l’amour des arts, appelait 
à lui ceux qu’avaient jusque-là proscrits 
les lois barbares de son pays. J’eus le 
bonheur de faire partie de l’ambassade 
destinée à représenter la France au cou- 
ronnement de cet excellent prince J’allais 
enfin voir cette grande île, l’objet cons- 
tant de mes rêves, et ces richesses natu- 
relles qui avaient tant de fois excité mon 
envie! 

Pendant le temps que j’ai passé à Ma- 
dagascar aucun de mes moments n’a été 
perdu: je marchai avec un intérêt toujours 
croissant sur une terre où tout était nou- 


veau pour moi et souvent aussi pour la 
science. Je découvris un Indri d’une es- 
pèce inconnue que j’ai décrit sous le nom 
d’/ndrîs alhus dans un Mémoire envoyé 
à l’Institut (I). Porté vers une branche de 
l’histoire naturelle, où j’avais fait quelques 
découvertes à l’île de la Réunion, je ne 

négligeai rien pour recueillir, dessiner et 

* 

décrire de beaux Lépidoptères, dont la forêt 
d’Alanamasoatrao(prononcezAlanamazote), 
l’une des grandes de l’île de Madagascar, 
renferme tant d’espèces splendides et iné- 
dites : je pus m’enquérir de la sériciculture 
indigène de la province d’Imérina, en étu- 
dier les éléments et fixer scientifiquement 
l’espèce de ver qui produit la soie de Mada- 
gascar (2). Je recueillis d’autres collections 

(1) Voir les Comptes rendus de l'Académie des sciences. {Séance du 8 dé- 
cembre 1862,) 

(2) — Ibid. Note sur le ver à soie de l'Ambrevate, Borocera Cajani, Vinson. 
{Séance du 23 mars 1863.) 

— Ibid. M. Blanchard, Rapport sur une nouvelle matière textile produite par 
un ver à soie originaire de Madagascar, {Séance du 7 avril 1863.) 


— VI — 


d’insectes et des spécimens d’oiseaux, de 
plantes, de conchyliologie et de géologie, et 
des graines susceptibles de naturaliser à 
l’île de la Réunion plusieurs végétaux utiles. 
Mais la partie de l’histoire naturelle qui 
pour moi devait avoir le plus d’attrait fut 
nécessairement l’étude de l’Araclmologie : 
je m’y livrai complètement. 

C’est ainsi que j’ai pu réunir à l’histoire 
des Aranéides des îles de la Réunion et 
Maurice celle de Madagascar. Non-seule- 
ment je fis une collection de tout ce qui 
s’offrit dans cet ordre, mais je décrivis et 
dessinai les sujets sur les lieux mêmes. 

En entomologie, les collections renfer- 
ment des moyens puissants de représen- 
tation : elles réunissent et conservent les 
sujets presque à l’état naturel. Seules, les 
Aranéides font exception : elles échappent 
à cette ressource précieuse. La mort ap- 


— VII — 


porte promptement dans leur aspect des 
changements profonds de couleur et de 
forme qui mettent les descriptions en dé- 
faut, lorsqu’elles n’ont point été faites sur 
le sujet vivant. Les divers modes de pré- 
" paration employés jusqu’à ce jour n’em- 
pêchent pas de notables altérations : le 
dépouillement intérieur de l’ahdomen, opé- 
ration difficile, enlève le duvet dont ces 
insectes délicats sont revêtus; l’alcool bru- 
nit ou détruit leurs couleurs éclatantes, 
et la dessiccation modifie étrangement 
leurs formes naturelles. J’ai donc cru de- 
voir obvier à ces inconvénients en dessi- 
nant et en peignant moi-même d’après 
nature et avec soin presque toutes les es- 
pèces décrites. 

Je me suis efforcé de faire aussi com- 
plète que possible l’histoire que j’ai en- 
treprise de ces Aptères intéressants, qui. 


— vm — 

dans la classe de ces animaux, s’éloignent 
des insectes ordinaires, et se rapprochent 
des êtres plus perfectionnés par leur mode 
de respiration. Dans cette tâche, j’ai ren- 
contré nécessairement, puisqu’elle n’avait 
jamais été tentée, un certain nombre d’es- 
pèces nouvelles, inconnues, non dénom- 
mées et que j’ai dû décrire et nommer. 
J’ai dû même faire pour une véritable Ara- 
néide de la famille des Araignées, et qui 
représente la forme des Scorpionides , un 
genre nouveau (1). Je l’ai fait, non sans 
quelque regret, je l’avoue; car multiplier 
les genres, encombrer les abords de la 
science, quand la simplicité doit la rendre 
accessible pour tous, m’a toujours semblé 
un malheur. 

Linné, dont je salue le nom avec la véné- 

(1) Voir dans cet ouvi'age le genre Ârachnoure (àpa^vifl, araignée, oûpà, queue), 
araignée qui porte une queue. 


IX — 


ration que lui doivent tous ceux qui entrent 
dans le domaine de l’iiistoire naturelle, 
s’est attaché d’après sa classification à réu- 
nir par les ressemblances. En cherchant 
les différences, ses successeurs ont désa- 
grégé et désagrégeront bientôt à l’infini 
les groupes naturels créés par lui, au point 
que ce grand homme apparaissant aujour- 
d’hui resterait confondu de tant de chan- 
gements I 

J’ai profité de quelques Aranéides qui 
sont d’une grande dimension et très-fré- 
quentes à l’île de la Réunion, pour étu- 
dier sur elles des détails d’organisation 
anatomique, et pour vérifier les faits avan- 
cés par des Aptéristes d’un haut mérite. 
Ces travaux répétés pour ma propre ins- 
truction ont peu d’attraits pour ceux qui 
demandent du nouveau, et je les passerai 
sous silence. Cependant, comme le sys- 


tème sétifère des Aranéides et quelques 
détails sur l’appareil sexuel sont des ques- 
tions intéressantes , j’en dirai ■ quelques 
mots. 

Placé sous le ventre, à sa partie anté- 
rieure ou basilaire, l’organe générateur, 
chez l’Aranéide femelle, est logé dans un 
pli opposé à la situation des filières : ce 
pli transversal, ainsi placé, divise la partie 
sous-abdominale en deux portions, une 
antérieure courte qui se lie au thorax; 
l’autre postérieure, plus étendue et qui est 
libre. C’est à l’extrémité de celle-ci que 
sont assemblées les filières : c’est aussi 
contre cette dernière, à sa naissance, que 
se trouve attaché l’organe générateur de 
la femelle. Chez notre belle Épéire noire 
(Epeira nigra, Vinson), ce sillon est d’un 
beau rose qui tranche avec la couleur noire 
et veloutée du reste de l’Aranéide. Petit, 


— XI — 


comparativement à la dimension colossale 
de cette Épéire, cet organe paraît être en 
proportion de rexigiiïté du mâle. 

Les filières situées chez la plupart à 
l’extrémité postérieure et libre de l’ab- 
domen, à la pointe de celle-ci, en dessous 
du ventre, sont au nombre de cinq : trois 
postérieures plus petites et plus brunes; 
deux antérieures plus claires et plus char- 
nues; les premières sont très-velues, les 
deux antérieures le sont moins : chez la 
belle Épéire dont j’ai parlé, ces dernières 
sont d’une belle couleur carnée. Au fond, 
entre les pointes des filières, on voit un 
orifice à double lèvre; c’est l’orifice anal 
par où l’insecte projette des excréments 
d’une couleur blanche et d’une odeur fé- 
tide. Ainsi donc la vulve, distincte des cô- 
nes sétifères au sein desquels on trouve 
l’orifice anal, est placée à leur opposite. 


— XII — 


J’ai parlé du système sétifère des Ara- 
néides, c’est le point le plus intéressant de 
l’histoire de ces savantes fdeuses : celui 
par lequel, un jour peut-être mieux appré- 
ciées, elles peuvent rendre à notre indus- 
trie des services dont il n’est pas permis 
aujourd’hui de prévoir l’importance. Les 
Aranéides tisseuses ont une variété de fa- 
brication sur laquelle on ne s’est pas assez 
arrêté. Suivant leur destination diverse, 
ces fils ont des couleurs différentes. De 
cette manière, des Aranéides tendent dans 
leur toile des fils diversement disposés ou 
fabriqués : chez certaines Épéires, — les 
Décorées, — il existe dans la trame tendue 
pour la chasse un fil couleur d’argent, ou 
de soie blanche, éclatante, disposé trans- 
versalement en zigzag, au milieu de la 
toile, au-dessus et au-dessous de l’Aranéide. 
Ce fil, seulement indiqué dans les auteurs. 


— Xlll — 


et dont l’usage inconnu est resté sans ex- 
plication, a été le sujet de mes études et 
d’une curiosité persévérante de ma part. 
On me pardonnera de raconter avec quelque 
détail, à càuse de sa singularité, ce fait qui 
se rattache à l’objet que nous traitons. Il 
concerne la belle et riche Aranéide à ban- 
des d’argent, une des plus rares que nous 
ayons (Epewa Mcmritia, Walckenaer), si 
près dans sa beauté de l’Araignée fastueuse. 
Cette Épéire ne se trouve que dans les 
lieux humides, au milieu des herbes fines 
et argentées par la rosée : c’est là, au sein 
de ces rêts déliés, qu’elle étale ce fil blanc 
de soie, disposé en zigzag ou en V, qui 
exerça vainement la sagacité du natura- 
liste Dumont, et dont un heureux hasard 
me fit connaître le singulier emploi et la lo- 
gique prévoyance. J’avais lu dans le ma- 
nuscrit de J.-B. Dumont le passage suivant : 


— XIV — 


« Ce qu’il y a de plus remarquable dans la 
toile de cette Araignée, c’est un fil qui a la 
blancheur de la soie, posé verticalement 
dans le milieu du réseau, en forme de 
zigzag dans une étendue d’environ deux 
pouces; je n’ai pu découvrir à quel usage, 
dit-il, sert ce fil d’une couleur différente 
des autres parties de la trame, et posé d’une 
manière aussi particulière. » J’avais ren- 
contré dans une touffe d’asperges une de 
ces belles Épéires, suspendue au centre 
de sa toile avec son invariable fd blanc; je 
ne me lassais pas de venir l’observer chaque 
jour durant de longues heures : je faisais 
tomber des mouches, de petits insectes 
que l’Araignée s’empressait de dévorer, 
après les avoir habillés comme d’un linceul 
blanc avec les fils déliés qu’elle faisait 
pleuvoir de ses filières : ces fils sortaient 
avec tant de vitesse et paraissaient si serrés 


— XV — 


entre eux qu’ils ressemblaient à un jet 
de vapeur ou de fumée blanche. J’étais déjà 
loin du premier jour de mes observations, 
et le mystérieux fil en était toujours là, 
comme un secret pour moi, lorsqu’enfin 
pendant que je regardais ma splendide 
Araignée, une sauterelle que je n’aurais 
osé lui offrir à cause de sa force, vint 
donner dans sa toile qui en fut ébranlée : 
l’Araignée ne fit qu’un bond sur sa proie. 
Je crus qu’elle n’en viendrait pas à bout : 
mais elle l’enveloppa dans ce fil blanc, vrai 
cable de réserve dont les petites proies 
que je lui avais jetées précédemment n’a- 
vaient point nécessité la puissante inter- 
vention. — L’usage de ce fil me fut donc 
révélé. La chasseuse le replaça de nouveau 
dans sa toile; le lendemain je revins avec 
une sauterelle de même force, et me promis 
de contrôler mon observation de la veille. 


— XVI — 


Le succès de ma prévision fut complet! 
On comprendra facilement la joie que j’é- 
prouvai de cette découverte, après les lon- 
gues heures de patience que j’avais mises 
à la poursuivre. — Aussi cette Araignée, 
moyenne de grandeur et cependant dé- 
bile, a besoin de se prémunir à l’avance 
de fils plus solides que ceux qu’elle fournit 
spontanément pour arrêter un insecte un 
peu fort. J’ai vu cette même espèce, atti- 
rant à son secours avec l’extrémité d’une 
de ses pattes cette trame singulière, la 
couper d’un trait avec ses mandibules, et 
en enrouler comme d’un ruban l’insecte 
palpitant qui cherchait à lui échapper : en 
même temps des fils nombreux sortaient 
comme une vapeur légère; distribués avec 
soin et rapidité, ils achevaient de former 
autour de la proie expirante un vrai lin- 
ceul de neige. La toile entière d’où l’Épéire 


— XVII — 


a enlevé ce fil reste vide et endommagée 
un moment; mais l’habile ouvrière la 
répare aussitôt avec des rêts nouveaux : 
et bientôt elle se replace au centre avec 
un nouveau fil en zigzag, qu’elle a rétabli 
avec son adresse merveilleuse. 

D’autres espèces, les Gastéracanthes de 
l’île de la Réunion, apportent dans les fils 
diversement tendus, au milieu desquels 
elles établissent leurs réseaux réguliers, 
une confection toute spéciale : comme ces 
fils sont isolés, assez éloignés les uns des 
autres, ils sont fabriqués autrement que 
ceux du réseau intérieur, et présentent à 
de courts intervalles de petits renflements 
cotonneux, qui les font apparaître comme 
interrompus de distance en distance. Ces 
renflements donnent à la trame au be- 
soin une force et une élasticité plus gran- 
des. Les Gastéracanthes de Madagascar, 


— XVIII — 


plus volumineuses et plus fortes, ne sui- 
vent pas cette loi : elles tissent verticale- 
ment leurs fils, tout à fait comme les toiles 
des Épéires. 

Il est difficile de s’imaginer la force que 
certaines Araignées empruntent de leurs 
fils : j’ai vu un des Pholques qui habitent 
nos demeures, et dont les pattes longues 
et fines paraissent ne témoigner que de 
la faiblesse, se rendre maître d’un Sco- 
lopendre énorme, par l’adresse et la mul- 
tiplicité de ses fils. Celui-ci fut absorbé, 
sucé, et il ne resta plus que son enve- 
loppe desséchée. Qui eût jamais pensé 
qu’un si mince agresseur eut réduit un si 
rude ennemi! 

A Madagascar, l’Épéire tuberculeuse jette 
d’une rive à l’autre, sur des cours d’eau 
assez considérables, des fils d’une prodi- 
gieuse étendue, dans lesquels s’arrêtent des 


— XIX — 


Libellules nombreuses et de forts Agrions. 
J’ai observé ce fait sur les eaux courantes 
des forêts intérieures : on dirait de vrais 
ponts aériens. A l’ile de la Réunion, c’est 
aux stipes ridés de nos grands Pandanus 
qui s’élèvent vers le ciel en ouvrant leurs 
feuilles gladiformes, imbriquées en bélice, 
que nos gigantesques Épéires attachent 
leurs fils longs et soyeux, et les établissent 
d’un arbre à l’autre à la distance de plu- 
sieurs mètres. Dans ces réseaux forts, mul- 
tipliés et très-étendus, on les compte par 
centaines, vivant en famille et en bonne 
harmonie. On en trouve de tous les âges, 
de toutes les grosseurs; ce sont l’Épéire 
noire et l’Épéire dorée, commensales si 
bonnes, que des Linyphies viennent s’é- 
tablir sur leurs grandes toiles pour y gla- 
ner les petites proies. Ces faits me pa- 
rurent si étranges, que je les signalai 


— XX — 


au vénérable et savant M. Léon Dufour, 
dans une longue lettre que je lui écrivis 
de l’île de la Réunion, en lui retraçant 
les mœurs et les dessins de ces humbles 
mais brillantes Aranéoles : «Merci, mille 
fois merci, me répondait l’illustre savant, 
de votre communication descriptive et 
iconographique. Votre travail sur les Arai- 
gnées de l’île de la Réunion, conçu sur- 
tout d’après le plan de la description des 
figures et de l’étude de l’industrie, des 
mœurs et du genre de vie : c’est là la 
véritable histoire des insectes, la science 
des Réaumur, des Geer, etc... L’étude de la 
bouche, le nombre et la position des ocelles, 
la structure des griffes plus ou moins pec- 
tinées, forment sans contredit les traits 
les plus essentiels pour l’établissement des 
genres, et vous êtes parfaitement dans 
cette voie de la bonne observation. 


— XXI — 


» Vos détails sur le singulier parasi- 
tisme de vos petites Araignées^ vivant en 
bonne intelligence avec les fabricants lé- 
gitimes de la grande toile usurpée, ont 
pour moi et pour la science le plus baut 
intérêt. » (Lettre à M. le docteur Auguste 
Vinson. Saint - Séver. (^Landes . 14 sept. 
1861.) 

Dans ces grandes toiles à fils jaunes, ces 
Aranéoles semblent surtout rechercher 
instinctivement la protection des grosses 
Épéires sans lesquelles elles seraient com- 
plètement détruites. Là, ces petites Ara- 
néides parasites se suspendent en quantités 
innombrables, et en les y cherchant, les 
oiseaux se font prendre par les fds de la 
grande Araignée. Que de fois, enfant et 
courant parmi nos beaux gérofliers, j’ai 
rencontré ces oiseaux, et en particulier 
notre jolie Mousserolle, le Muscij)eta Bor- 




— XXII — 


honica de Cuvier, enlacés dans les toiles 
gigantesques de notre grosse Épéirel Que 
de fois allant, après le coup de fusil, vers 
le gibier tombé, j’étais dans le nuage de 
fumée, contrarié moi-même par la toile 
du monstrueux insecte, au milieu de la- 
quelle je donnais en plein visage. Alors 
détachant son fil amer et résineux collé 
à mes lèvres, je ne me doutais pas que la 
médecine trouverait un jour dans l’em- 
ploi de ce tissu, en en formant des pi- 
lules, un succédané au sulfate de quinine 
contre les fièvres intermittentes, et dans 
l’application de ces mêmes fils amassés et 
posés en topiques sur les plaies ou sur 
les piqûres, un remède aux hémorrha- 
gies (1)! 

(l) Des travaux ont été entrepris dans ces derniers temps à ^lexico et publiés 
en espagnol par MM. Baphaël hiicio et Jgnalio Alvarado sur le venin des Arach- 
nides et son emploi en thérapeutique. Suivant ces auteurs, ce serait un des plus 
puissants sudorifiques connus, et un siccatif des plaies les plus rebelles, telles qu’en 
présentent la syphilis, la lèpre, etc. 


— xxm — 


Si jamais l’industrie tourne ses regards 
vers l’exploitation utile des fils de nos Ara- 
néides, c’est assurément à ces Épéires 
géantes, l’Épéire noire, l’Épéire dorée et 
à la grosse Épéire de Madagascar, qu’elle 
devra s’adresser. Jean-Baptiste Dumont et 
Walckenaer ont déjà fait remarquer à la 
suite de leur description, que cette dernière 
espèce donne des fils jaunes asuscejitibles 
d’être tissés. » Ces fils, très-forts, très-longs, 
ressemblent à la plus riche soie couleur 
orange ou or, que la Chine nous envoie. 
11 suffit de prendre entre les doigts le vo- 
lumineux abdomen, ovoïde, allongé, de 
l’Aranéide et de tourner ce fil sur un fuseau 
ou sur un dévidoir : la source en semble 
intarissable. Après avoir ainsi tiré de cet 
insecte une abondante quantité de soie, il 
paraît n’en point souffrir, et peut être remis 
en liberté. C’est avec les fils de cette 


— XXIV ~ 


Épéire, qu’à l’île Maurice, sous l’adminis- 
tration du général Decaen, les Créoles 
élégantes tissèrent de leurs mains une 
splendide paire de gants qu’elles envoyè- 
rent en hommage à l’Impératrice des Fran- 
çais. Un témoin, qui a vu ce chef-d’œuvre 
de l’industrie coloniale, nous en a fait le 
plus grand éloge. Chaque jour du reste, le 
colon, pour garnir le calumet de la pipe 
élancée avec laquelle il aspire l’enivrante 
fumée qui faillit suffoquer Bonaparte, se 
sert de ces fils dont la force et la richesse 
font regretter que l’esprit d’industrie n’ait 
point encore tourné ses vues vers ce point. 
Si l’on arrive un jour à utiliser et à tisser 
les fils des Aranéides, les Épéires noire ou 
dorée se recommanderont surtout par leur 
volume énorme et par leurs fils longs, 
forts et d’une belle couleur naturelle : 
de plus, elles peuvent vivre en familles 


— XXV - 

et s’accommoder, sans en souffrir, à tous 
les genres de climats : ainsi, sur les riva- 
ges où la chaleur est extrême, dans nos 
montagnes où le froid est rigoureux, dans 
les lieux secs et dans les lieux humides, 
ces fortes Aranéides semblent se trouver 
dans leur milieu naturel. Cette race peut 
être introduite en France, et y ouvrir 
un champ nouveau à l’industrie sérigène 
déjà éprouvée si cruellement ailleurs. On 
pourrait filer avec un égal succès les nom- 

Une heureuse tentative en ce genre paraît 
avoir été faite en Amérique : mais on n’a pas 
donné suite à ce premier essai, ce qui ne pré- 
juge en rien l’avenir d’une pareille indus- 
trie si elle était de nouveau reprise. 

Puisque ce sujet me conduit à parler 



(l) Leur cocon est de la grosseur d*un œuf de pigeon... il peut se filer en entier 
et peut se carder sans préparation. » (Walck., lus. Âpibres, t.n,p. 143.) 


— XXVI 


des Amnéides sous le rapport de leur uti- 
lité pour l’homme, je vais rappeler un fait. 

L’usage alimentaire des Araignées n’est 
pas étranger aux naturels de Madagascar 
déjà habitués à faire une consommation 
culinaire de sauterelles et de larves de 
plusieurs insectes (Papillons et Coléoptè- 
res). J’avais pris en traitement chez moi, 
à l’île de la Réunion, un jeune Ho va at- 
teint des lièvres de la côte et d’une dys- 
senterie chronique. Cet homme était réduit 
au marasme le plus complet. Je le vis 
un jour revenir des champs avec un objet 
qui me parut être au premier abord une 
grappe de gros raisins noirs. C’étaient des 
Épéires dont l’abdomen est ovoïde et d’un 
beau noir bleuâtre {Epeira nigra, Vinson). 
Il avait réuni ces Araignées en grappes. Il 
les fit rôtir et dévora ce mets singulier. 

r 

Etait-ce à titre d’aliment ou de médecine? 


— XXVII — 


Quoi qu’il en soit, il se remit et fut bien- 
tôt guéri. — J’ai su depuis, pendant mon 
voyage à Madagascar, que la belle Épéire de 
ce pays (Epeira Madagascariensisj Vinson), 
connue dans cette île sous le nom de 
Halorbé, est recherchée des naturels, qui 
la font frire à la graisse et la considèrent 
comme un mets délicat. 

Si l’on examine l’étendue restreinte des 
îles de la Réunion et Maurice, le nombre 
des Aranéides qu’elles renferment paraît 
assez considérable, ainsi que l’avait déjà 
fait observer Bory de Saint-Vincent; elles 
sont aussi d’une grande variété. Les genres 
que l’on y rencontre, les races, les espèces 
et les variétés forment l’objet d’une étude 
vraiment intéressante. L’hiver, en effleurant 
à peine nos climats, et en laissant toujours 
dans l’atmosphère les conditions d’une tem- 
pérature douce et clémente, permet à ces 


— XKVIII — 


insectes de vivre, de se montrer et de 
se reproduire en tout temps. Le soleil tro- 
pical allume sur la livrée de plusieurs les 
plus brillantes couleurs. Ce même soleil, 
en favorisant leur fécondité, rend quelques 

r 

espèces innombrables : telles sont l’Epéire 
dorée, FÉpéire noire, l’Épéire de l’île Bour- 
bon {E'peira Borhonica, Vinson); celles 
dont l’abdomen est bifide et qui se rangent 
autour du type indiqué par M. Léon Du- 
four, sous le nom d’Épéire de l’opuntia 
{E'peira ojiimtiæ, L. Dufour). On les trouve 
en grande abondance au milieu des cac- 
tus et de nos agaves, si communs aux îles 
de la Réunion, Maurice et Madagascar, sous 
ce rapport pareilles au midi de l’Espagne 
et à l’Algérie. Ces Aranéides vivent dans 
toutes les régions des trois îles, aussi bien 
sur le littoral que dans l’intérieur. L’Épéire 
de l’opuntia et ses nombreuses variétés. 


— XXIX — 


rÉpéire pourprée {Epeira imrpmrea, Vin- 
son)^ et rÉpéire blonde (^Epeira flava, 
Vinson), dont le corps est arrondi, incliné 
et bifide postérieurement, ont des toiles 
blanches disposées en orbes comme des 
ombrelles renversées, et dont la finesse 
offre l’idéal des plus légers tissus de den- 
telles. 

Qui ne s’est arrêté à la vue de cette 
belle Épéire à bandes d’argent et aux 
raies d’ébène ou de velours, qui étale sa 
toile régulière et déliée le long des ruis- 
seaux, parmi les longues herbes chargées 
de rosée et de fraîcheur, et qui, se trou- 
vant également aux îles de la Réunion, 
Maurice et Madagascar, ne mérite que pour 
un tiers le nom d’Épéire Mauricienne 
{Epeira Mauritici^, que lui a donné Walc- 
kenaer! — et à la vue de cette autre, non 
moins belle, amie des régions froides et 


— XXX — 


élevées de notre île de la Réunion et qu’on 
s’épuiserait vainement à chercher sur nos 
rivages ou dans nos habitations du littoral. 
Cette Aranéide d’un certain volume, assez 
forte pour être classée parmi les grandes 
espèces du genre, a les pattes longues et 
souvent d’un beau noir vernissé; la tête et 
le thorax sont de la même couleur; mais son 
abdomen, tour à tour ovoïde ou triangu- 
laire, offre la surface éclatante et polie de 
la cerise ou celle d’une grenade mûre. 
Quelques-unes de nos Épéires nocturnes, 
ternes tout le jour, présentent à la lumière 
artificielle le brillant d’argent de leur du- 
vet soyeux. 

La grandeur de quelques-unes de nos 
Aranéides et leur beauté les ont signalées 
à l’attention des naturalistes : ils en ont 
recueilli et étudié un certain nombre, c’est 
ainsi que j’ai pu en trouver de figurées ou 


— XXXI — 


de décrites, mais la plus grande partie est 
jusqu’ici restée inconnue. C’est de File 
Maurice que provenaient celles qui ont 
été étudiées déjà. Une Société d’histoire 
naturelle, établie dans cette île, a dû, par 
ses relations avec des savants du Muséum 
de Paris, favoriser ces envois, et leur a 
fait prendre place dans les descriptions 
scientifiques des Aptéristes. Nos deux Olios 
se trouvent ainsi décrits dans Walckenaer; 
notre Épéire dorée, notre Épéire Mauri- 
cienne s’y rencontrent aussi. Le même au- 
teur rapporte que Julien Desjardins lui a 
envoyé en grand nombre l’Épéire assidue 
(^Epeira assidua, Walck.); la Linyphie 
zonée (Linyjihia zonata, Walck.) lui vient 
de la même source. Une Tétragnathe pro- 
longée ( Tetragnatha protensa, Walck. ), 
collection du célèbre Lamarck, a été en- 
voyée de l’île Maurice. Gatoire de Bion- 


— XXXII — 


court a fait connaître la Plectane de cette 
île. Gomme on le voit, quelques-unes de 
nos richesses étaient déjà décrites, mais 
toutes ne l’étaient point, et c’est cette con- 
sidération qui a inspiré mes travaux dans 
cette région du domaine de l’histoire na- 
turelle. 

Sous ce rapport, l’île de la Réunion était 
une mine encore intacte et inexploitée; et 
si quelques sujets de sa Faune ont été 
décrits, elle le doit uniquement à l’exis- 
tence à l’île Maurice d’un certain nombre 
d’Aranéides tout à fait semblables. Ce- 
pendant, par une singularité inexplicable 
qui, d’ailleurs, se retrouve pour ces 
deux îles dans une série d’êtres plus 
élevés, certaines espèces particulières à 
l’une sont totalement inconnues à l’au- 
tre : ainsi le genre Artèma, qui donne 
l’Artème Mauricienne {Artema Mauritia, 


— XXXIII — 


Walck.) n’existe pas à l’île de la Réunion : 
l’Épeire assidue (JEpeira assidua, Walck.) 
est aussi particulière à la première colo- 
nie. Par une réciprocité bizarre, l’Épéire de 
nie Bourbon (Epeira Borhonica, Vins.) 
ne se rencontre pas à l’île de France. 
Ainsi, malgré des liens communs, des dif- 
férences se montrent et impriment par- 
tout, à chaque coin de la terre ou du globe, 
sa physionomie spéciale. 

A côté du genre Epeira dont je viens 
de parler, une charmante Aranéide, la 
Plectane de l’île de la Réunion (Gastera- 
cantha Borhoîiica, Vins.) est différente de 
celle de l’île Maurice (Plectana Mauritia, 
Walck.). Cette espèce présente à la Réu- 
nion une variété bien rare, mais que j’ai 
parfaitement observée : elle est toute blan- 
che, avec le poli et l’éclat de la porce- 
laine, et porte une raie dorsale noire sur le 


— XXXIV — 


milieu du test. L’île Madagascar, ainsi que 
je l’exposerai plus loin, est dotée en ce 
genre de deux belles espèces des plus re- 
marquables. 

J’ai rencontré dans le joli genre Attus 
de Walckenaer (Baltique, Salticiis de La- 
treille) des représentants nombreux pour 
les îles de la Réunion et Maurice. On les 
voit partout faire une guerre utile, inces- 
sante et acharnée aux mouches et aux 
moustiques : ils sont répandus sur les pa- 
rois des habitations, sur les vitres des de- 
meures, sur les palissades et dans les jar- 
dins. Leur vivacité est extrême, leur tho- 
rax est mobile, leurs yeux d’inégale gran- 
deur et si habilement disposés épient leur 
proie : leur intelligence paraît grande. J’ai 
pu, parmi ces Aranéides curieuses, comp- 
ter jusqu’à neuf espèces pour les trois 
îles : elles me paraissent inédites et ne 


— XXXV — 


pas se trouver, malgré les recherches que 
j’ai faites, parmi les espèces Africaines de 
Walckenaer. J’ai divisé ces Attus, comme 
on l’a fait dans Cuvier, en deux sections, 
suivant la conformation circulaire ou al- 
longée du céphalothorax. Parmi ceux de Ma- 
dagascar, j’en ai trouvé un de couleur 
rose, à bandes blanches et à raies noi- 
res, qui doit certainement figurer parmi les 
plus jolis du genre. 

J’ai donné sur notre Tétragnathe uni- 
que, mais très-variée, des détails de moeurs 
encore peu connus. Un Aptériste moins ti- 
mide aurait pu sans doute trouver des su- 
jets nouveaux dans ces variétés, et étendre 
ainsi la seule espèce que nous possédons 
pour les trois îles, et que Walckenaer a 
rencontrée dans la collection de Lamarck. 
C’est sur cet exemplaire de la Tétragna- 
the' prolongée (^Tetragnatha j}^"otensa , 


— XXXVI — 


Walck.) que cet auteur a fait sa descrip- 
tion si exacte. Ses mandibules sont placées 
horizontalement, et chez les mâles sont 
terminées par de petits cônes bien faits, 
emmanchés à de longs appendices filifor- 
mes. 

Deux des représentants du genre Liny- 
phie (Linyphici) m’avaient causé (jiielque 
embarras, à cause de leur forme épéiride, 
de leur parasitisme singulier et sans exem- 
ple dans l’histoire des Aranéides, et en 
raison aussi du rostre qui terminait leur 
tête en avant. Tant de caractères me sem- 
blaient si étranges que j’étais indécis de 
savoir où les placer. Habillées d’or, de na- 
cre et d’argent, rehaussées du rouge vif et 
du noir qui se montrent sur leur abdo- 
men, ces Aranéides me rappelaient et me 
faisaient regretter les Argyopes de La- 
treille, parmi lesquelles elles eussent été 


-* XXXVII — 


si bien classées autrefois ! Mais la mé- 
thode de Walckenaer ayant rayé ce genre 
établi sur des caractères trop peu anato- 
miques, j’ai dû un moment me résoudre 

à mettre ces espèces curieuses comme on 

• 

les trouve dans la nature, à la suite des 
Épéires dont elles imitent les formes, la 
beauté et l’élégance sous de plus petits vo- 
lumes. J’avais, instinctivement et sans le sa- 
voir, obéi aux idées de Walckenaer en les 
rapprochant des Épéires, puisque cet Ap- 
tériste leur donne le surnom Épéirides 
joint au nom de Linyphie (d’où Linyphies 
épéirides); j’avais également subi sa pro- 
pre hésitation en cherchant un moment 
à en former un genre nouveau. Walcke- 
naer était à l’égard de leur classification 
en proie à quelque incertitude dont il sem- 
ble chercher à se justifier par ces mots : 
« C’est uniquement d’après la forme de la 


— xxxvin — 


» bouche de cette espèce (la Linyphie zo- 
» 7iéé), que je conclus qu’elle appartient 
» au genre Linyphie, avec toutes celles 
» de cette famille dont la bouche a la 
» même forme (1).» — Seulement le carré 
oculaire avancé porté sur une sorte de 
rostre me causait, comme à lui, quelque 
gêne, et je m’ouvris de cet embarras à l’ex- 
cellent M. Léon Dufour, auquel j’envoyai 
des dessins très-exacts et des documents 
sur tous les points de ce problème arach- 
nologique. «La seule distribution des yeux, 
» si identiques dans les deux espèces, » 
m’écrivait ce vénérable savant, « a une 
» valeur générique incontestable. Quoique 
» cette distribution et ce nombre placent 
» votre Aranéole parmi les Epeira, cepen- 
» dant je ne vois rien d’analogue dans 
» celles-ci et les genres adjacents avec ce 


(l) Walckenaer. ïlist. des Insectes Aptères. Tome II, p. 282. 


— XXXIX — 


» carré éloigné des autres yeux gémi- 
» nés et subcontigus. C’est sans doute la 
» forme atténuée de la partie antérieure 
» du céphalothorax qui a rendu nécessaire 
» pour l’acte de la vision cette position 
» du carré oculaire au bout de cette sorte 
» de rostre. Celui-ci, envisagé en profil, 
» rappelle singulièrement la tête de notre 
Fulgora Eiiropæcij et l’abdomen de vo- 
» tre seconde espèce est l’image de Y E- 
» 2wira conica. Mais je ne vois rien ni 
» dans Walckenaer, ni dans Savigny qui 
» puisse se rapporter à vos aranéoles quant 
» à la distribution des ocelles;... quant à 
» la forme et à la composition de la bou- 
» che , on les retrouve dans toutes les 
» Epéires lînyg)Mes, etc. » 

En raison de leur conformation, de ce 
carré avancé des yeux, de leur habitat sin- 
gulier, de leur petit cocon jaune ou rouge. 


— XL — 


mais toujours bi-conique, suspendu à un 
fil et flottant comme un ballon (1), je 
pense que j’aurais pu séparer ces trois ara- 
néoles des Linyphies ordinaires, et for- 
mer un genre nouveau. Mais, guidé par la 
Linyphie zonée, j’ai rangé la Linyphie pa- 
rasite (Linyphia i^armita, Vins.) dont il 
s’agit, et sa congénère, la Linyphie argy- 
rode (Linyphia aryy rodes, Walck.), à la- 
quelle la seconde espèce que j’ai rencon- 
trée paraît se rapporter, dans le genre 
des Linyphies épéirides de Walckenaer. 

J’arrive à un genre qui n’offre, pour les 
îles de la Réunion et Maurice, qu’une 
seule espèce, légèrement variée en blond 
pâle, c’est le Sphase (Sphasus'). Pour la 
forme, le volume et un peu pour la dis- 
position singulière des ocelles, j’ai trouvé 


(1) J’ai figuré ce cocon : il est commun à la Linyphie parasite, à la Linyphie 
zonée et à la Linyphie argyrode. On aperçoit d'une manière assez confuse les œufs 
qu’il renferme. V. PI. xi, fîg. k. 


— XLI — 


toujours que ce genre avait quelque ana- 
logie (du moins pour l’espèce particulière 
à ces deux îles) avec le genre Attus ; mais 
il n’en est plus de même pour les beaux 
Sphases aux longues pattes et aux riches 
couleurs, répandus sur tous les points de 
Madagascar. 

Aux îles de la Réunion et Maurice, le 
genre Lycose (Lycoscî) est représenté par 
de petites espèces, mais l’île de la Réu- 
nion, particulièrement, en renferme deux 
plus grandes. Ces dernières habitent nos 
zones intérieures et occupent une station 
fort élevée au-dessus du niveau de la mer. 
Une d’elles, la plus grande et dont l’aspect 
sinistre rappelle son singulier habitat, a été 
recueillie, à notre intention, sur le dôone 
même du volcan par notre ami et compa- 
triote le docteur Jacob de Cordemoy. 

Au sein des appartements, outre l’Olios 


— XLll — 


leucosie, on rencontre plusieurs Aranéi- 
des dont les couleurs sans éclat semblent 
indiquer que leur vie se passe à l’ombre 
et dans les recoins obscurs : ce sont, dans 
le genre Ulobore {Ulohorus')^ une espèce 
nocturne, aux teintes cendrées, s’étalant 
sur sa toile à tissu lâche, et différente de 
celle dédiée à Walckenaer : deux autres 
espèces habitent les jardins et les vergers. 
A côté de la première (l’Ulobore de Bour- 
bon, Uloborus BorbonicuSy Vins.), nous 
avons rencontré, toujours dans le même 
habitat, deux Pholques nouveaux : le Phol- 
Gus Borhonicus dont les longues pattes, de la 
couleur du talc, rappellent le Pholque pha- 
langide, mais qui n’en constitue pas moins 
une espèce distincte, à laquelle j’ai donné 
le nom de mon pays, où elle est si com- 
mune, qu’elle habite les chambres et les 
appartements, en compagnie de l’homme. 


XLIII — 


pour le délivrer des insectes nuisibles ou 
incommodes; puis une autre espèce beau- 
coup plus grêle. 

Dans les mêmes lieux se trouve aussi la 
Scytode thoracique (Scytodes thoracica, 
Latr.) et sa congénère la Scytode amarante 
(Scytodes cmiarantea, Vins.). La première 
se présente dans notre île sous de si forts 
volumes et est si commune, qu’on est porté 
à croire, comme le pensait Walckenaer, 
qu’elle est originaire des pays chauds, et 
qu’elle a été accidentellement importée 
en Europe, car elle ne peut dépasser la 
zone des climats tempérés. Quant à la 
Scytode amarante , elle est entièrement 
nouvelle, fort répandue à l’île de la Réu- 
nion, et d’un volume supérieur à celui de 
la thoracique. Maurice, la Réunion et Ma- 
dagascar possèdent chacune un Sélénops 
spécial ; celui de l’île Maurice est d’un 


— XLIV — 


brun foncé : il est signalé dans l’ouvrage 
de Cuvier. 

Dans la division naturelle que nous al- 
lons faire connaître, les Aranéides dont je 
viens de parler, c’est-à-dire les Olios, les 
Pholques, les Scytodes et les Sélénops, 
vont être l’objet de détails particuliers qui 
nous dispensent de nous étendre mainte- 
nant sur leur sujet. 

Parmi les Aranéides des îles de la Réu- 
nion et Maurice, aucune n’a jusqu’à ce jour 
produit d’accident appréciable. Je n’ai ja- 
mais constaté les effets de la morsure de 
notre grosse Epéire elle-même, dont les 
mandibules sont si fortes et les crochets 
si aigus. L’Olios leucosie est quelquefois, 
à tort peut-être, accusé de s’être laissé al- 
ler à la tentation de mordre les bras de nos 
jolies dormeuses, et d’y avoir un moment 
éveillé les roses sur les lis; mais n’est-ce 


-- XLV — 


pas là une accusation calomniatrice? Dis- 
séquant un jour une Araignée ordinaire, 
je me touchai la partie latérale du cou avec 
le doigt humecté sans doute du liquide veni- 
meux, j’éprouvai presque en même temps 
une brûlure ; une rougeur survint, puis une 
ampoule qui creva et me laissa la partie 
au vif ; mais là se horna cet incident. — 
11 n’en est pas de même pour quelques Ara- 
néides de la grande île Africaine. 

On sait, d’après de Flacourt et tous ceux 
qui ont écrit sur Madagascar, que c’est 
dans les Aranéides qu’il faut placer les ani- 
maux les plus venimeux de cette île. Ces 
Araignées dangereuses, au dire des habi- 
tants, sont de deux sortes : une noire, pe- 
tite, à l’abdomen bombé et rond; sa lon- 
gueur est de dix millimètres, elle porte une 
tache d’un beau rouge de feu à sa partie 
postérieure et une bande de même cou- 


— XLVI — 


leur, mais transversale sur le devant de 
l’abdomen. Entre ces deux taches rouges, 
neuf petits points blancs sont disposés sy- 
métriquement sur trois lignes formées 
chacune de trois points. Les pattes sont fi- 
nes : la première paire et la quatrième sont 
les plus longues. Cette Araignée porte à Ma- 
dagascar, parmi les Hovas, les Bétanimè- 
nes et les Betsimsaracks, le nom de Mena- 
voucle (qu’on écrit Ména-vodi) et qui si- 
gnifie cul-rouge. Un accord unanime sur le 
danger de sa morsure existe dans tous les 
lieux que nous avons parcourus, bien que 
le nom sous lequel on désigne cette Ara- 
néide diffère dans quelques provinces. 
Étienne de Flacourt, le premier auteur 
qui en parle, s’exprime ainsi : « Il y a une 
» autre espèce d’insecte que l’on nomme 
» Vcmcoho, c’est une Araignée qui a un 
» gros ventre rond et noir, qui est la plus 


— XLVII — 


» dangereuse bête qu’il y ait; car quand 
» elle a piqué un homme, il tombe aussi- 
» tôt en syncope et est pire que le scor- 
» pion. Il y a eu de nos nègres qui en ont 
» été piqués, qui ont été deux jours en 
» pâmoison, froids comme glace (1). » Les 
indigènes, pour combattre ces phénomènes, 
qui, suivant eux, produisent la mort, pres- 
crivent des infusions de plantes du pays 
et exposent le malade à un très -grand 
feu. Cette médication, toute diaphorétique, 
ferait penser que le poison serait éli- 
miné par les sueurs, en même temps 
que la réaction se produirait. A Tanana- 
rive, on assure que l’on peut conjurer 
tous ces accidents en faisant immédiate- 
ment une incision sur la piqûre et en 
cautérisant avec un fer rouge. Je pense 


(1) Etienxe de Flacol'rt. Eist. de la grande île de Madagascar j page 156. 


— XLVIII — 


qu’avec rammoniaque , comme pour la 
morsure de la vipère, on parviendrait au 
même résultat. Nous avons été assez heu- 
reux pour nous procurer quelques-unes 
de ces Araignées ménavoiides : elles étaient 
indéterminées encore dans la science. 
Certainement je ne sais que penser du 
danger qu’on attribue à la morsure de 

cette Aranéide, et je n’ai pu vérifier quel 

♦ 

en était l’effet; mais je suis arrivé à un 
résultat bien curieux en cherchant à clas- 
ser cet insecte. C’est que cette ménavoude 
prend place à côté du Ladrodecte malmi- 
gnatte de l’île d’Elbe et de la Corse, dont 
la piqûre est réputée aussi pour être mor- 
telle, et à côté du Ladrodecte assassin de 
la Martinique dont le venin présente une 
égale malignité. Il est bien certain qu’en 
formant leur opinion sur le Ménavoude et 
sa piqûre, les naturels de Madagascar igno- 


— XLIX — 


raient les faits particuliers aux Ladrodec- 
tes d’Europe et d’Amérique. 

L’autre Araignée de Madagascar, dont 
la piqûre est aussi réputée mortelle ou 
dangereuse, est le Fouque (qu’on écrit 
Fokci^. Elle a la forme d’un petit Crabe 
long de onze millimètres ; le céphalothorax 
est fort et bombé : l’abdomen aplati est tra- 
pézoïde, plus rétréci en avant ; tout le corps 
est tuberculeux; les pattes courtes, for- 
tes, ramassées, sont semées d’aspérités à 
la manière d’un Crustacé du genre Parthé- 
nope. Sa morsure est, dit-on, suivie d’en- 
flure qui commence par la partie lésée 
et se propage à tout le corps. Les Malga- 
ches, dont la superstition en toutes choses 
est grande, sont arrivés jusqu’à penser que 
le souffle seul de l’animal suffisait pour 
produire cet effet. M. H. Lucas, auquel j’ai 
montré une de ces Aranéides singulières, 

d 


a reconnu qu’elle appartenait au genre 
Thomise ( Thomisus) . 

L’Araclinologie de Madagascar est assu- 
rément la partie la plus neuve de l’en- 
tomologie de cette grande île. La majo- 
rité des Aranéides sont les mêmes qu’à 
l’île de la Réunion et à l’île Maurice. On y 
trouve les belles espèces de ces deux îles ; 
mais autour de ce lot commun vient se 
ranger pour Madagascar une faune spé- 
ciale où chaque découverte est une nou- 
veauté. Il n’en peut être autrement, car 
pendant que les autres branches de l’his- 
toire naturelle y étaient plus ou moins 
étudiées, celle-ci était complètement dé- 
laissée. Les côtes de Madagascar sont 
d’abord peu riches en Aranéides; elles 
doivent cette pauvreté relative, je le sup- 
pose, au nombre des oiseaux insectivores 
très-abondants dans cette partie du litto- 


— LI — 


ral. Souvent de Tamatave à Andévou- 
rante, où l’on chemine dans les bois de la 
côte, j’ai vu de grandes toiles veuves de 
l’insecte qui les avait tissées, et largement 
déchirées par leur centre. A mesure qu’on 
s’élève, et surtout en gravissant dans la 
forêt, cette faune s’enrichit davantage. 

On trouve d’abord, comme nouveautés 
à Tamatave, une Gastéracanthe noire avec 
des bandes blanches; un Atte dont la li- 
vrée rose est charmante; un autre d’un 
beau noir foncé et brillant avec un lo- 
sange d’un blanc pur sur le corselet; une 
Épéire qui se rencontre dans toutes les 
parties de Madagascar, que j’ai nommée 
Épéire livide {Epeira livicla, Vins.) : elle 
est commune et se montre sous de beaux 
spécimens à Andévourante , dans les vil- 
lages de l’intérieur jusqu’à Tananarive. Sur 
la côte j’ai aussi trouvé parmi les espèces 


— LU — 


déjà signalées, FUlobore de Bourbon (Ulo- 
horus Borhonicus, Vins.) à Tamatave; 
rÉpéire de l’opuntia (Epeira ojnmtiæ, Léon 
Duf. ) de cette dernière ville jusqu’à 
la capitale; l’Atte à taches blanches à An- 
dé vourante. A deux journées de ce der- 
nier village, j’ai commencé à voir à Ma- 

r 

namboLinitra la plus grosse Epéire de Ma- 
dagascar (Ep)eira Madagascariensis, Vins.) 
de la famille des tuberculées, noire, belle, 
argentée, avec des points et des dessins 
jaunes, dont l’un simule, sur le devant de 
l’abdomen, l’impression d’un diadème d’or. 
L’Épéire dorée (^Ejjeira inaurata, Walck.) 
existe dans Madagascar avec toutes ses 
variétés. J’ai rencontré à l’intérieur, entre 
les chaînes des montagnes d’Ankay et celle 
des monts d’Ankove, la jolie Épéire Mau- 
ricienne (Epeira maiiritia, Walck.), sur 
les bords de la rivière du Mandraka. L’O- 


— Lin — 


lios leucosie {Olios leucosius, Walck.) se 
montre dans tous les villages malgaches. 
C’est dans la belle forêt d’Alamasaotrao 
que j’ai recueilli la singulière Epéire en 
forme de mitre (Epeira mitralis, Vins.), 
dont la couleur ressemble à celle du liège : 
détachée de son fil, cette Aranéide se per- 
che sur une branche et l’embrasse à la 
manière d’un oiseau: c’est également dans 
l’intérieur et sur les cours d’eau, qu’on ren- 
contre fréquemment une très-jolie Épéire 
d’un beau noir, à l’abdomen cordiforme, 
chargé de tubercules blancs sur l’avant 
(Eiieira tuherculosa, Vins.), à la tête cou- 
verte d’épines et d’un duvet blanc : elle 
jette de très-longs fils sur les rivières. 

A Tananarive, la présence des Aranéi- 
des, contrairement à celle des autres in- 
sectes, ne cesse pas, mais reste entière et 
féconde. Un jeune ministre de Radama II, 


— LIV — 


auquel je donnais des soins médicaux, ai- 
dait mes conquêtes en envoyant recueil- 
lir des Aptères dans les diverses di- 
rections de la province d’Imérina. L’É- 
péire lugubre existe abondamment dans 
la ville même de Tananarive; dans ses 
jardins on voit une belle espèce d’Olios 
{Olios Madagascariensis, Vins.) et un Phi- 
lodrome blanc très-curieux (Philodromus 
niveus, Vins.); le soir les rochers et les 
parois externes des demeures sont tapis- 
sés par un Sélénops qui commence à être 
abondant à partir des premières stations 
de l’intérieur. 

Je viens de passer en revue les prin- 
cipaux faits de l’Arachnologie de la Réu- 
nion, de Maurice et de Madagascar. Le 
résultat de cette étude me conduit aux 
conclusions suivantes : c’est qu’un lien 
commun, ici comme pour toutes les autres 


— LV — 


branches de l’histoire naturelle, unit la 
Faune des trois îles. De même qu’on 
trouve des oiseaux, des végétaux, des lé- 
pidoptères et d’autres insectes qui sont la 
propriété commune de ces îles, de même 
j’ai rencontré des Aranéides qui appar- 
tiennent à la fois à la Réunion, à Maurice 
et à Madagascar; puis d’autres qui exis- 
tent à la Réunion et à Maurice, et d’au- 
tres enfin qui caractérisent exclusivement 
la faune particulière de chacune de ces 
îles. 

I. 

Aranéides communes aux trois îles de la Réunion, Maurice 

ET Madagascar. 

Atte à taches blanches {altus albo~oculatus. Vins.) — Olios leu- 
cosie {Olios lucosius, Walck.) — Pholque cleTile Bourbon {Pholciis 
Boj'bonicus, Vins.) — Épéire dorée {Epeira inaurata. Walck.) — 
Épéire Mauricienne {Epeira Maiiritia, Walck.) — Épéire de l’o- 
puntia {Epeira opimtiœ, Léon Duf.) — Épéire blonde {Epeira 
flava. Vins.) — Épéire isabelle {Epeira isabella. Vins.) — Épéire 
lucjuhre {Epeira higiibris, Walck.) — Tétragnalhe prolongée 
{Tetragnatha protensa, Walck.) — Ulobore de Bourbon {Uloboriis 
Borbonicus, Vins.) 


— LVl — 


IL 

Arânéides commü;«es aux deux îles de la Réunion et j\Iaurice. 

Lycose noire {Ltjcosa nigra. Vins.) — Lycose grise {Lycosacine- 
rea. Vins.) — Sphase de Dumont {Sphasiis Dumontii, Vins.) — 
Atte muscivore {Attus muscivoriis. Vins.) — Atte africaine {Attus 
africamis. Vins.) — Atte lugubre {Attus lugubris. Vins.) — Atte à 
taches blanches {Attus albo-oculatus. Vins.)— Atte variable {Attus 
variabilis.ym^,) — Atte marron {Attus nigro~fuscus,^m^,) — Atte 
rayé {Attus Uneatus. Vins.) — Olios captieux {Olios captiosus, 
Walck.) — Pholque de Tile Bourbon {Pholcus Boi'bonicus. Vins.) 

— Épéire dorée {Epeiramaurata. Walck.) — Épéire Mauricienne 
{Epeira Mauritia. Walck.) — Épéire de l’opuntia {Epeira opun- 
tiœ, Léon Duf.) — Épéire blonde {Epeira flava. Vins.) — Épéire 
lugubre {Epeira lugubiis. Walck.) — Épéire isabelle {Epeira isa- 
bella. Vins.) — Tétragnathe prolongée {Tetragnatha pi^otensa, 
Walck.) — Ulobore de l’île Bourbon {Uloborus Borbonicus, Vins.) 

— Linyphie parasite {Linyphia parasita. Vins.) — Linyphie 
zonée {Linyphia zonata, Walck.) 

III. 

Arânéides particulières a l’ile de la Réunion. 

Scytode thoracique {Scytodes thoracica, Latr.) — Scytode ama- 
rante {Scytodes amarantea. Vins.) — Lycose du volcan {lAjcosa 
vulcani. Vins.) — Lycose de Salazie {Lycosa Salaziana. Vins.) — 
Doloniède de l’île Bourbon {Dolomedes Borbonicits, Vins.) — Sé- 
lénops de Dufour {Selenops Dufourii. Vins.) — Clubione créole 
{Clubiona insularis. Vins.) — Drasse de Maillard {Drassus Mail- 
lardii. Vins.) — Pholque allongée {Pholcus elongatus. Vins.) — 
Agélène de l’île Bourbon {Agelena Borbonica, Vins.) — Épéire de 
l’île Bourbon {Epeira Borbonica, Vins.) — Épéire ondulée (Epeira 
undulata. Vins.) — Gastéracanthe de l’île Bourbon {Gasteracan- 


— LYII — 


tha Borbonica, Vins.) — Gastéracanthe blanche {Gasteracantha 
alba. Vins.) — Linypliie verte {Limjphia viridis. Vins.) — Liny- 
^\i\Qàovée{Limjj)hiamaiirata,yix\.^.) — Théridion de Tîle Bour- 
bon (Theridion Borboniciim. Vins.) 

IV. 

Aranéides particulières a l’ile Maurice. 

Épéire assidue (Epeira assidua. Walck.) — Épéire Latreille? 
(Epeira Latreilla. Walck.) — Épéire australe {Epeira aiistraUs. 
Walck.) — Artème de Tile Maurice {Artema Maimtia.^dXok.) 
— Thomise rugueuse {Thomisiis rugosus. Walck.) — Gastéracan- 
the de Tîle Maurice {Gasteracantha Mauritia, Walck.) — Sélé- 
nops de Tîle Maurice {Selenops Manritiamis.) 

V. 

Aranéides particulières a l’ile de Madagascar. 

Lycose de Madagascar {Lycosa Madagascariensis, Vins.) — 
Sphase de Madagascar {Sphasns Madagascariensis. Vins.) — 
Sphase de Lucas Lucasii. Vins.) — Atte de Tamatave 

{Attus Tamatavi, Vins.) — Atte de Madagascar {Attus Madagas- 
cariensis. Vins.) — Sélénops d’Imérina {Selenops Imerinemis. 
Vins.) — Philodrôme h\BXie.{Philodromiis niveus. Vins.) — Olios 
verte {Olios viridis. Vins.) — Olios de Madagascar {Olios Mada- 
gascai'iensis. Vins.) — Olios de Tananarive {Olios Imerinensis, 
Vins.) — Latrodecte érèbe {Latrodectus erebus. Walck.) — Latro- 
àeQiemén^^o\xAQ{Latrodectnsmenavodi. Vins.) — Agéléne de File 
Bourbon {Agelena Borbonica. Vins.) — Épéire de Madagascar 
{Epeira Madagascariensis. Vins.) — Épéire tuberculeuse {Epeira 
tubercidosa. Vins.) — Épéire mitrale {Epeira mitralis. Vins.) — 
Épéire de Coquerel {Epeira Coqam'elii. Vins.) — Épéire livide 
{Epeira livida. Vins.) — Épéire ondulée à la tache de pourpre 
{Epeira mbro-maculata. Vins.) — Gastéracanthe de Madagascar 


- LVIII — 


Gasteracantha Madagascariensis. Vins.) — Gastéracanthe belle 
{Gasteracantha formosa. Vins.) 

En reportant un moment les yeux sur 
la classe des Aranéides particulières à File 
Maurice, je ferai observer, comme sin- 
gularité des plus remarquables, que des 
deux seules espèces qui composent le 
genre Artème (Artemci^, l’une est exclu- 
sive à File Maurice, sans même appartenir 
à File de la Réunion, placée cependant si 
près d’elle. 

Je ne terminerai pas ces considérations 
préliminaires, où l’attrait d’un sujet favori 
m’a emporté déjà loin, sans parler de Jean- 
Baptiste Dumont, dont le nom est revenu 
déjà plusieurs fois sous les yeux du lec- 
teur et dont les notes manuscrites m’ont 
été d’un utile secours pour Farachnologie 
de File Maurice. C’est un devoir pour moi 
de rappeler le souvenir de ce naturaliste. 


— LIX — 


demeuré inconnu par suite des événements 

« 

qui vinrent briser sa carrière. 

A cette biographie se lie d’ailleurs la 
mémoire d’un voyage scientifique qui fit 
quelque bruit au commencement de ce 
siècle. 

Le 26 Vendémiaire an VIII (18 Octobre 
1799) une expédition sortait des bassins 
du Havre, sous les ordres du capitaine de 
vaisseau Baudin, pour faire des décou- 
vertes dans l’océan Pacifique. Elle était 
composée de deux corvettes, le Géographe 
et le Naturaliste , et emportait une pépi- 
nière de jeunes savants, dont plusieurs, par 
la suite, devaient devenir célèbres : Bory 
de St-Vincent, Péron, Michaux, qui ont 
acquis dans les sciences des titres à la re- 
connaissance des peuples et une place dans 
la biographie des hommes utiles. 

L’esprit français qui s’égaie de tout, en 


— LX — 


voyant monter à bord cette troupe de 

« 

jeunes gens, dont cinq zoologistes, des 
chirurgiens, des botanistes comme Gui- 
chenot, des peintres d’histoire naturelle 
comme Milbert et Lesueur, un chimiste 
comme Délisse, les classait, par ordre de 
mérite déjà connu, en savants, demi-sa- 
vants et quarts de savants. Il se trompait 
toutefois, car tous avaient dans un genre 
différent un talent et des connaissances 
qui pouvaient les mettre sur un même 
rang. 

Dans cette colonie d’élite se trouvait un 
homme âgé de vingt-huit ans, né à Ma- 
launay (Seine-Inférieure) : il se nommait 
Jean-Baptiste -Désiré Dumont, était officier 
de santé et attaché à la commission scien- 
tifique de l’expédition au titre de Natu- 
raliste adjoint, chargé surtout de la partie 
entomologique du voyage; il devait cette 


— LXI — 


faveur à M. de Lacépède^ et son ordre 
d’embarquement lui assignait le Natura- 
liste, corvette que commandait M. Hamelin. 

Le sort a parfois de singuliers caprices : 
la vie de J. -B. Dumont, arrêté tout à coup 
au début d’une carrière qui devait lui 
fournir une gloire qu’il négligea, nous en 
montre la preuve. 

Dumont avait bien plus de valeur scien- 
tifique que plusieurs de ses collègues, un 
talent descriptif plus complet : il avait, 
comme par anticipation, une tendance 
naturelle aux méthodes modernes d’obser- 
vation, enfin une vraie vocation de sa- 
vant, à en juger par quelques notes ma- 
nuscrites dont nous avons eu le bonheur 
d’être l’héritier et qui doivent faire re- 
gretter qu’il ne se soit pas livré entière- 
ment aux aptitudes remarquables dont il 
était doué. Son nom est resté complète- 


— LXll — 


ment inconnu parce qu’il n’a rien publié, 
qu’il s’est arrêté court dans le plus beau 
chemin, et a renoncé, par des circons- 
tances imprévues, aux sciences que pour- 
tant il n’a jamais cessé d’aimer. 

Le voyage du Naturaliste commença 
très -mal : en essayant de se mettre en 
mer le 26 vendémiaire, à huit heures, au 
moment de doubler la jetée du Havre, la 
corvette se jeta sur un amas de pierres 
d’où elle ne se dégagea qu’à grand’peine. 
Rentrée dans le bassin, elle en ressortit 
le lendemain, et cette fois plus heureu- 
sement, puis vogua de conserve avec le 
Géographe. 

La première terre que l’expédition de- 
vait visiter était celle des Canaries : « Le 
10 brumaire, écrit Dumont, vers les dix 
heures du matin, le Naturaliste a reconnu 
la terre. A trois heures on la distinguait à 


— LXIll — 


deux endroits différents; celle du sud- 
ouest fut jugée être la grande Ganarie et 
celle de Test, Ténériffe : elles étaient enve- 
loppées d’une brume très-épaisse et parais- 
saient très-élevées et inégales dans leurs 
contours. A cinq heures le pic de Ténériffe 
se dessinait au-dessus des nuages sous la 
forme d’un pain de sucre un peu aplati sur 
le sommet. Le reste de l’île semblait n’étre 
qu’une masse énorme en partie cachée 
par les nuages. On estimait en être à 
quinze lieues. 

» Nous continuâmes notre route en lon- 
geant la côte nord de Ganarie : nous avions 
vent arrière et faisions deux lieues à l’heure. 
L’horizon était embaumé : une tempé- 
rature douce et égale ajoutait au plaisir 
que nous éprouvions en voyant la terre, 
et nous goûtions tout le charme d’une belle 
soirée de printemps. G’était jour de fête, la 


— LXIV — 


Toussaint, et tout le monde était dans 
l’allégresse. 

» Le Géographe nous approcha pour 
donner l’ordre de louvoyer pendant la nuit. 
Après les informations d’usage sur l’état 
de nos santés et nous être donné récipro- 
quement des témoignages d’amitié, nous 
avons commencé un concert des plus 
bruyants et des plus discordants. Notre 
orchestre était composé de deux flûtes, 
un violon, quatre ou cinq porte-voix, des 
trépieds et autres ustensiles de cuisine. 

M Après avoir joué quelques airs, les 
vaisseaux s’éloignèrent aux applaudisse- 
ments des deux équipages. 

» A huit heures nous longions la grande 
Ganarie : un beau clair de lune permettait 
d’en distinguer la forme et de dessiner 
assez exactement la partie de la côte que 
nous avions en vue : elle paraissait très- 


— LXV — 

élevée et composée d’une suite de monti- 
cules réunis par leur base. On distinguait 
très-bien un petit îlot détaché de la côte. 

» A cinq heures, le matin, nous fîmes 
voile sur Ténériffe; au soleil levant nous 
étions très-près de la terre, dont on fît 
de très-bons dessins. Toute la cime des 
montagnes était enveloppée de brumes. La 
côte est très-escarpée, et l’on distinguait 
les différentes couches de laves par leur 
couleur ; elle est toute entrecoupée par de 
grands enfoncements et entièrement for- 
mée de laves toutes noircies par l’action 
indélébile des feux souterrains. C’était une 
belle horreur. On distinguait des arbus- 
tes d’un vert pâle, des euphorbes et des 
figuiers... 

« J’ai employé, ajoute Dumont, les 

dix jours que nous avons passés à Téné- 
riffe à parcourir les environs de la ville. 


e 


— LXVI — 


qui se trouve placée au bord de la mer 
sur un sol volcanique, environné de mon- 
tagnes et d’une petite plaine rocheuse sur 
la gauche, entièrement recouverte de lave 
en partie décomposée, ce qui permet de 
planter quelques grains dans plusieurs 
endroits. Le peu de plantes qui croissent 
entre les fentes des rochers étaient brû- 
lées par une sécheresse de neuf mois. 
L’on ne voyait de verdure que celle de 
quelques figuiers qui avaient conservé 
leurs feuilles, des raquettes et des eu- 
phorbes. Malgré les recherches les plus 
exactes, je n’ai trouvé que deux espèces 
de limaçons terrestres; vingt-huit espè- 
ces d’insectes, parmi lesquels des libellu- 
les, cinq ou six espèces d’oiseaux, et l’on 
m’a assuré que j’aurais été plus heureux 
dans l’intérieur de l’île, où la végétation 
est très-active. » 


— LXVII — 


En laissant Ténériffe, l’expédition fit 
voile pour l’île de France, glanant sur la 
mer tout ce qu’elle put trouver au profit 
de l’histoire naturelle; c’étaient des acti- 
nies, des jantines, des salpes flamboyants, 
des mollusques rayonnants ou en grap- 
pes, et dans une classe plus élevée des 
oiseaux et des poissons. On employait le 
temps à préparer ces objets, d’autres fois 
à apprécier la température de la mer à 
diverses profondeurs, travaux qui devaient 
ajouter à la réputation de Pérou et lui 
être comptés comme un titre d’illustration. 
Le soir, on s’exclamait au spectacle nou- 
veau de la mer phosphorescente roulant 
dans son sein des myriades de points lu- 
mineux comme les étoiles du ciel, ou les 
éparpillant à la crête des vagues en étin- 
celles brillantes, comme des aigrettes élec- 
triques dans l’obscurité. On sait que ce phé- 


— LXVIII — 


nomène singulier est produit par des quan- 
tités innombrables de petits mollusques, 
informes quand on les retire de l’eau et 
reprenant leurs figures variées lorsqu’on 
les y replonge, tout empreints de matière 
phosphorée. On les rencontre surtout dans 
les abords du Gap de Bonne-Espérance. Là, . 
le long du navire, la traînée d’une corde 
dans la mer, en froissant leur nombre in- 
fini, simule absolument l’aspect d’un ser- 
pent de feu. Une autre fois, une discussion 
s’élevait entre le chimiste, le chirurgien et 
le capitaine sur l’opportunité et les moyens 
de fumiger la corvette. Enfin, la haute phy- 
siologie même avait sa part dans ce concert 
des sciences. On tentait de faire périr un 
bœuf par l’introduction de l’air dans les 
veines; mais l’expérience, faute d’instru- 
ments assez parfaits, demeurait sans succès, 
malgré les meilleures intentions. 


— LXIX — 


Une pareille traversée a tout le charme 
d’une petite académie toujours en travail 
et dans l’agitation, pour" concourir à une 
œuvre commune. Heureux les jours qui se 
passent ainsi à ces travaux paisibles, où 
l’homme, toujours en face des œuvres du 
Créateur, n’éprouve que de douces émo- 
tions î 

Tant de bonheur devait finir bien vite, 
du moins pour quelques-uns. Cette expé- 
dition eut une destinée malheureuse, si 
on la compare surtout aux autres voyages 
scientifiques qui furent faits depuis avec 
tant de succès, ceux de d’Urville et de 
Freycinet. Arrivée à l’île de France (23 
ventôse an IX), le désordre se mit dans 
son sein; elle se débanda comme une ar- 
mée indisciplinée et sans chef. Bory de 
Saint-Vincent, alléguant un motif de santé, 
revint en France, publia trois volumes 


— LXX — 


sur son voyage dans les quatre principales 
îles d’Afrique, et recueillit, en poursuivant 
ses études, la plus belle récompense qu’un 
savant puisse ambitionner, car les portes 
de l’Institut, ce maréchalat de la science, 
s’ouvrirent pour le recevoir. André Mi- 
chaux, plus malheureux, célèbre déjà avant 
l’expédition par ses travaux sur la flore 
d’Amérique, alla mourir à Madagascar, vi- 
vement regretté de ses compagnons et 
du Muséum de Paris. Pérou, seul des cinq 
zoologistes qui composaient la savante co- 
lonie, Pérou poursuivit avec une cons- 
tance remarquable sa course aventureuse 
et gagna avec l’expédition les terres aus- 
trales et la Nouvelle-Hollande, d’où il rap- 
porta en France de riches trésors en his- 
toire naturelle et d’utiles collections. 

Jean-Baptiste Dumont, arrêté par sa 
mauvaise santé, demeura à l’île de France. 


LXXI — 


On ne sait si sa supériorité lui valut 
des ennemis dans le personnel de l’expé- 
dition, ou si, lorsqu’on apprit sa résolution 
de s’en séparer, le dépit s’empara de ceux 
qui ne purent l’imiter; mais le champ des 
calomnies s’ouvrit pour lui à cette occa- 
sion. Peut-être par un meilleur motif on 
ressentit avec irritation la perte qu’on al- 
lait faire dans un zoologiste de son mé- 
rite. Quoi qu’il en soit, on disait qu’il ne 
s’était embarqué que pour fuir la cons- 
cription; d’autres prétendirent qu’on avait 
voulu l’éloigner de la France à cause du 
libéralisme de ses idées. Ces idées géné- 
reuses ont fait souvent le fond du carac- 
tère des hommes savants, d’Arago entre 
autres, et sont loin d’être un crime. Enfin 
le bruit courut qu’ayant rencontré un pa- 
rent très-riche à l’île de France, il avait 
renoncé à courir vers les terres australes 


— LXXII — 


des chances moins assurées de fortune. 
Un de ses compagnons, Bory de Saint- 
Vincent, a pris dans son ouvrage le soin 
de le défendre. 

« Dumont, dit Bory, avait la poitrine 
mauvaise; quoique grand, il n’était pas 
robuste; un empoisonnement accidentel 
qu’il éprouva dans un dîner à l’île de 
France finit par altérer sa santé, déjà très- 
compromise par la traversée. L’exercice 
forcé que nous nous donnâmes les jours 
suivants ne contribua pas peu à empêcher 
son rétablissement. La campagne, au lieu 
de nous être propice, nous fut donc nui- 
sible; nous en revînmes moins bien por- 
tants. 

» J’ai rapporté, ajoute Bory, l’histoire 
de l’accident de Dumont parce qu’on avait 
étrangement calomnié cet honnête jeune 
homme. Des personnes qui ont cherché à 


— LXXllI — 


noircir les membres de l’expédition, de- 
meurées à l’île de France, ont répondu que 
Dumont avait un frère très-riche dans ce 
pays, et qu’il était allé le rejoindre pour 
éviter la conscription, en se donnant comme 
naturaliste. On raconta même cela devant 
moi, à mon arrivée à Paris. Je ne crus pas 
alors devoir démentir un fait qui parais- 
sait peu important par lui-même; mais 
actuellement je ne dois pas le passer sous 
silence, parce qu’il m’a été démontré que 
Dumont n’a pas été le seul qu’on ait bas- 
sement calomnié. Si Dumont avait eu un 
frère riche, j’aurais connu ce frère, et je 
n’aurais pas été obligé de chercher à mon 
collègue une place de chirurgien dans une 
habitation afin qu’il pût fournir à ses be- 
soins... Il avait d’ailleurs 28 ans, consé- 
quemment il n’était pas conscrit (1). » 

(IJ Bory be Saint-Vincent. — Loco citato. Tome I, page 181. 


— LXXIV — 


L’expédition partit de l’île de France 
et continua son voyage sans Bory de Saint- 
Vincent, sans Dumont, sans Michaux! Ce 
dernier se préparait à aller à Madagas- 
car, d’où il ne devait plus revenir. Un ac- 
cès de fièvre pernicieuse, si commun on 
cette île, qui a déjà été le tombeau de 
plusieurs savants, devait encore le ravir 
à la science. Demeuré à l’île de France, 
Dumont était plein du feu sacré que le con- 
tact de ses compagnons avait laissé en lui. 
Il n’avait pas senti cette enivrante pa- 
resse antipathique à tout travail d’esprit, 
et que le climat infiltre dans les veines du 
plus robuste. Il avait toute l’ardeur qu’é- 
prouve un jeune savant en face d’une 
terre nouvelle à étudier, et qui étale sous 
un soleil tropical ses beaux insectes, ses 
papillons aux riches couleurs, toute sa 
nature splendide et variée, la nature de 


— LXXV — 


Paul et Virginie, dont Bernardin de Saint- 
Pierre avait bien traduit tout le charme poé- 
tique, mais dont personne n’avait dit com- 
plètement le côté scientifique. Il y avait 
encore là les traces d’une gloire récente 
acquise par Gommerson, mais il y avait 
aussi tant à faire qu’il pouvait bien s’en 
trouver encore pour tout le monde. Du 
reste, c’était au moment où Du Petit-Thouars 
était encore dans cette colonie. 

Ce fut dans ces idées que J.-B. Dumont 
commença un travail sur Y Entomologie de 
File de France et quelques pages sur l’icli- 
thyologie de l’océan Indien. Il commença 
d’abord l’histoire des Arachnides, fit celle 
des eoléoptères et des premiers états de 
la métamorphose des lépidoptères : il dé- 
crivait par notes, portant des numéros 
d’envoi, les objets qu’il adressait au Mu- 
séum de Paris. Je suis étonné que dans 


— LXXVI — 


la science, il ne soit nulle part question de 
ces envois de J.-B. Dumont; et que long- 
temps après, d’autres nommèrent des ob- 
jets d’histoire naturelle qu’il avait eu l’hon- 
neur de décrire avant eux d’une manière 
inimitable. 

Dans le récit de son Voyage aux quatre 
prineipales îles d’Afrique, Bory de Saint- 
Vincent, en racontant l’introduction des 
martins à l’île de France, ajoute : «Ils ont 
maintenant ruiné l’entomologie de l’île, qui 
fournit néanmoins encore quelques beaux 
insectes, » et c’est à cette occasion qu’il 
parle de la richesse et de la variété de ses 
Araignées. 

Il est probable que ce fut sous son ins- 
piration que Dumont entreprit sur ce point 
d’entomologie le travail qu’il n’acheva pas, 
et dont le manuscrit transmis par sa 
veuve est venu jusqu’en nos mains. Je 


— LXXVll — 


le répète encore à ce propos, le talent des- 
criptif de ce naturaliste, sa manière soi- 
gneuse d’examiner et de bien observer 
nous font regretter qu’il n’ait point ter- 
miné son projet et surtout qu’il ne l’ait 
point publié; car les descriptions, faites 
par lui avant tous, ont perdu leur droit de 
priorité par les travaux publiés depuis sur 
les mêmes sujets. Je parle autant de la 
partie des coléoptères sur lesquels il écrivit 
que des Aranéides dont nous retrouvons 
des peintures faites longtemps après les 
siennes, du moins pour quelques-unes, 
dans Walckenaer. La majeure partie de ces 
insectes est restée néanmoins encore in- 
connue et présente un sujet nouveau, à 
cause de la difficulté de leur conser- 
vation, et par conséquent de leur impor- 
tation en Europe. 

Dumont étudia les Araignées à l’île de 


— LXXVIll 


France : la connaissance de son travail 
nous confirme dans Topinion que nous 
avions déjà que plusieurs Aranéides sont 
communes aux deux îles, et quelques es- 
pèces particulières à chacune d’elles. 

Dans le travail beaucoup plus étendu 
que nous avons entrepris sur le même 
sujet, et pour lequel nous avons consacré 
plusieurs années à faire, sur les lieux et 
sur la nature vivante, des études qui nous 
ont permis de découvrir des détails nou- 
veaux, nous avons joint à nos propres 
observations et à nos descriptions quel- 
ques-unes de celles qui ont été faites par 
J.-B. Dumont. Mais ne voulant rien ôter 
à un modeste naturaliste du mérite qui 
lui appartient, nous nous sommes estimé 
très-heureux d’enchâsser dans nos travaux 
ses documents précieux en les faisant con- 
naître par une indication spéciale. 


— LXXIX — 


Parmi les Aranéides, les descriptions 
des espèces que nous comprenons aujour- 
d’hui sous les noms d’Épéire dorée, d’É- 
péire de l’île Maurice, de Pholque, de 
Tétragnathe, sont des modèles que Walc- 
kenaer depuis, malgré son style didac- 
tique, n’a point surpassés. L’Épéire de 
l’opuntia, découverte et décrite par M. Léon 
Dufour, était, depuis l’an YIII (1800), soi- 
gneusement dépeinte par J. -B. Dumont dans 
un type parfait et d’un plus fort volume, 
YÉpéire filandière veloutée, dont l’Épéire 
de l’opuntia de l’Espagne n’est, à pro- 
prement parler, qu’une variété moins 
belle. 

Les travaux de J.-B. Dumont dans cet 
ordre ont d’autant plus de prix qu’ils furent 
faits à une époque où Walckenaer n’avait 
point encore jeté dans ce chaos la lu- 
mière d’une classification facile et qui 


- LXXX — 


met cette partie de la science à la portée 
des esprits les plus vulgaires. Seulement 
il est à désirer qu’à l’avenir dans l’ento- 
mologie la part des mœurs soit prise en 
sérieuse considération : il ne faut pas que 
nos livres de zoologie, en cette matière, 
soient de véritables nécropoles, où l’on ne 
range, où l’on ne compte que des cada- 
vres, comme ces vastes monuments égyp- 
tiens qui ne renferment que des momies. 

Obligé de suivre la classification de 
Linné, celle encore imparfaite de Latreille, 
Dumont comprenait sous le nom Arai- 
gnées filandières et d’Araig^iées tendeuses, 
plusieurs des genres de Walckenaer (Épéire, 
Spbase, Tétragnatbe, Ulobore). Dans sa no- 
menclature il donne le nom d’ Araignée 
tendeuse à bandes d’argent à la belle 
Epéire que Walckenaer devait nommer 
plus tard Épéire Mauricienne; il nomme 


— LXXXI — 


filandière veloutée, comme je viens de le 
dire, l’Épéire de l’opuntia qui ressemble 
à un sachet de velours noir semé de lar- 
mes d’argent. Il donne à notre Pholque 
de File Bourbon le nom d’ Araignée filan- 
dière à longues pattes des maisons. Les 
Lycoses sont comprises sous celui d’ Arai- 
gnées-loups, et les Saltiques de Latreille 
ou les Attes de Walckenaer sont repré- 
sentés par les Araignées phalanges dont 
Dumont énumère plusieurs espèces pour 
l’île de France. L’Olios captieux de Walcke- 
naer est, suivant lui, l’Araignée crabe de 
la première espèce. 

Lorsque je découvris l’unique espèce de 
Spbase qui existe pour File de la Réu- 
nion et File Maurice, la description con- 
cise que je trouvai dans les manuscrits 
de ce naturaliste me sembla si ressem- 
blante , malgré l’appellation d’ Araignée 


— LXXXII — 


fîlandière conoïdale qu’il lui donne, que 
je n’ai cru mieux faire que de nommer 
cette Aranéide, inconnue de Walckenaer, 
le Spliase de Dumont (^Sphasus Dumontii, 
Vins.). 

Dans le Dictionnaire universel d’histoire 
naturelle publié par Charles d’Orbigny, 
cinquième volume (1844), page 145, on 
trouve Dumontia (nom d’un naturaliste), 
donné à un genre de la famille des Flo- 
ridées, établi par Lamouroux (Essai, page 
45) en souvenir de J.-B. Dumont. Ce genre 
de Phycées, adopté par Greville, a pour 
type le Dumontia ventricosa et a été main- 
tenu dans la science. 

En s’occupant de médecine à File de 
France, où il parut s’être fixé sur l’habi- 
tation Merven, Dumont ne négligea pas 
l’histoire naturelle. Quatre ans plus tard 
(le 18 frimaire an XII), Péron repassa à 


— LXXXill — 


l’île de Fraoce avec l’expédition pour se 
rendre en Europe. Dumont lui confia une 
lettre et deux boîtes d’insectes à l’adresse 
de Lamarck, et un projet écrit de sa main 
d’un voyage qu’il voulait faire à Madagas- 
car et dont il traçait le plan à Lacépède. 

Voici ces deux documents : 

Lettre écrite a M. Lamarck le 12 frimaire 

AN XII. 


(Par le Géographe .) 

« Monsieur, 

» Je prends la liberté de vous adresser 
quelques insectes, reste d’une collection 
plus nombreuse qui vous était destinée. 
N’ayant pu trouver d’occasion pour vous 
la faire parvenir, le plus grand nombre 
des individus s’est trouvé détruit. Je joins 
à cette lettre quelques notes explicatives 
ainsi que la description de plusieurs in- 


— LXXXIV — 


sectes, pour lesquelles je réclame votre 
indulgence. M. Péron a la complaisance 
de se charger d’une boîte pour vous la 
remettre. 

» Doiovt. » 

Seconde lettre a 31 . La3iauck. 


(Par le Géographe,) 

« Le séjour prolongé du Géographe 
dans notre île me procure la facilité de 
vous faire parvenir d’autres insectes que 
je n’ai pu joindre à la première boite, 
avec des notes descriptives sur chacun 
d’eux. N’ayant pu me procurer les ouvra- 
ges qui traitent d’entomologie, il est pos- 
sible, et je suis porté à le croire, que 
plusieurs sont connus; dans le cas con- 
traire, si vous jugez convenable d’en faire 
une description plus exacte, je vous prie 
de conserver au Charanson n® 7 le nom 


— LXXXV — 


de Michaux que je lui ai consacré; ce fut 
lui qui me le donna avant son départ 
pour Madagascar, où il est mort victime 
de son dévouement aux progrès de l’his- 
toire naturelle. C’est un faible tribut que 
je paie au souvenir de son amitié (1). 

» Dumoxt. » 

Ile de France, 18 frimaire an XII. 


PROJET DE VOYAGE DANS l’OcÉaN InDIEN REMIS A 
M. PÉRON, POUR ÊTRE PRESENTE A M. DE LaCÉ- 
PÈDE. 


« Monsieur, 

» Connaissant le plaisir que vous pre- 
nez à obliger les personnes qui s’occupent 
du progrès des sciences, et en particulier 
de celui de l’histoire naturelle, j’ose pren- 
dre la liberté de vous présenter un projet 

(!) En effet, la note n® 7 du manuscrit de J.-B. Dumont porte en tête d’une 
description le titre de Charançon Michaux, La science n'a pas ratifié le vœu de 
Domcmt : ce coléoptère est aujourd’hui connu sous le nom de Cralopus trian^ 
gularis^ Ghl. Sch. Dejean, dans son Catalogue, 3* édit., page 276, le désigne 
sous le nom de Cralopus cuneiformis, Maurice. 


— LXXXVl — 


de voyage dans l’Océan Indien. Le goût 
dominant que j’ai pour cette partie des 
sciences m’en a suggéré l’idée, et les ren- 
seignements que j’ai pris m’en assurent la 
possibilité en m’en faisant connaître les 
difficultés. 

» L’île de Madagascar, d’une étendue 
immense, n’a été visitée que par un pe- 
tit nombre de naturalistes qui se sont plus 
occupés des végétaux que des animaux. 
S’ils ont décrit quelques individus de ce 
genre, ce sont ceux qu’ils ont obtenus 
sans peine, et ils n’ont pas cberché à 
vaincre les difficultés qui se sont pré- 
sentées pour obtenir les autres. Si l’on 
révoquait en doute cette vérité, je citerais 
pour preuve l’île de France, où des natu- 
ralistes célèbres, tels que Gommerson, Son- 
nerai, Du Petit-Thouars, ont séjourné pen- 
dant plusieurs années, et où il reste tout à 


— LXXXVII — 


faire dans le règne animal. Après les oi- 
seaux, richthyologie est la partie qui paraît 
la plus avancée. Cependant Gommerson 
n’a décrit que les poissons que l’on porte 
journellement au bazar, ou ceux qui sont 
remarquables par leurs formes ou par le 
brillant de leurs couleurs; tout est neuf 
dans l’entomologie. L’on a un grand nom- 
bre de descriptions d’oiseaux de Mada- 
gascar, mais elles n’apprennent rien sur 
leurs habitudes et sur leurs mœurs, et 
tout porte à croire que l’on a décrit un 
grand nombre d’espèces comme apparte- 
nant à cette île qui n’y ont jamais existé, 
et que beaucoup d’espèces que l’on a cru 
appartenir à l’île de France sont venues 
de Madagascar. 

» A quelques centaines de lieues de l’île 
de France, il existe plusieurs petites îles 
inhabitées qui ne sont fréquentées que par 


— LXXXVIll — 


quelques marins qui y vont pêcher des 
tortues ou prendre des cocos, qui crois- 
sent naturellement sur leurs rives. J’ai 
appris de ces hommes que les côtes de 
ces îles présentent une grande variété de 
poissons, qui selon toutes les apparences 
sont inconnus aux naturalistes; les rochers 
y sont couverts d’algues et de fucus, dans 
lesquels il doit se trouver une grande quan- 
tité de crustacés et de mollusques. Un na- 
turaliste laborieux doit y faire une ample 
moisson, et y enrichir les domaines de 
l’histoire naturelle de beaucoup d’objets 
nouveaux. 

» Les Manilles, placées dans l’Océan 
oriental, n’ont été visitées encore que par 
quelques naturalistes qui ne nous ont 
presque rien appris sur leur topographie. 
Ces îles, aussi nombreuses que peu con- 
nues, laissent un champ vaste et immense 


— LXXXIX — 


à parcourir dans toutes les parties de 
l’histoire naturelle. 

» Voilà, monsieur, les différents pays 
que je me propose de parcourir pour en 
faire l’histoire naturelle : il m’est impos- 
sible de vous dire combien il faut de 
temps pour terminer ce travail. J’estime 
qu’il exige une durée au moins de trois 
ou quatre ans, à compter du moment où 
je quitterai l’île de France, jusqu’à celui 
où je m’éloignerai des Manilles pour re- 
tourner en Europe. Si cette entreprise 
peut convenir au Gouvernement, si je puis 
mériter assez votre confiance pour être 
chargé de son exécution; voilà la marche 
que je me propose de suivre et l’ordre 
que je crois convenable de mettre dans 
mon travail : 

» 1° Entreprendre des collections dans 
toutes les parties du règne animal; 


— XG — 


» 2 ° Donner la description et faire This- 
toire de chaque individu en particulier; 

» 3° Faire dessiner les objets dont la 
description ne rend que très-imparfaite- 
ment les formes et les couleurs; 

» 4° Conserver les pièces qui doivent 
servir à Fanatomie comparée (me confor- 
mant en cela aux instructions que l’on 
voudra bien me donner); 

» 5° Envoyer dans nos colonies ou en 
Europe les plantes ou les graines des végé- 
taux qui peuvent être utiles à la société, 
soit comme objet d’utilité ou d’agré- 
ment (1). Collecter les végétaux qui auront 
un rapport direct avec le règne animal, 
tels que les arbustes sur lesquels vit une 
espèce de chenille ou tout autre insecte. 


(1) Il est remarquable de voir cette expédition inaugurer déjà le principe 
sur lequel s’est fondée, un demi-siècle plus tard, la Société impériale d'accli~ 
mafalion. C’est un fait qu’on a déjà fait ressortir dans le Bulletin de cette so- 
ciété, à propos de Péron. 


— XCI — 


» L’île de France où je réside est placée 
comme un centre dans la mer des Indes, 
d’où partent et reviennent sans cesse des 
vaisseaux de toutes les parties du monde, 
ce qui me procurerait des facilités, soit 
pour me rendre à ma destination ou pour 
faire parvenir aux administrateurs de cette 
île les produits de mes recherches et de mes 
travaux, et qui seront par eux envoyés 
au Muséum d’histoire naturelle. 

» Quant aux dépenses nécessaires pour 
assurer le succès de l’entreprise, elles 
seront assez considérables ; M. Péron, 
qui connaît les localités, vous donnera 
tous les renseignements nécessaires à ce 
sujet. » 

Ce projet sur Madagascar, qui ne de- 
vait être présenté à Lacépède qu’au cas 
où la France se serait trouvée en paix avec 
l’Angleterre à l’arrivée du Géographe, ne 


— XGII — 


s’effectua pas. Et de là sans doute les réso- 
lutions futures de Dumont. 

Après un long séjour à l’île de France, 
poussé sans doute par la prise de cette île 
et sa cession aux Anglais, il vint s’établir 
à l’île de Bourbon et y exercer la médecine 
en qualité d’officier de santé. Il y épousa 
mademoiselle Pajot, d’une des familles les 
plus considérées de l’île Bourbon. C’était 
se placer honorablement dans la colonie. 

Qu’on me pardonne en passant une pe- 
tite anecdote qui se rattache à cet événe- 
ment. 

L’habitude d’occupations longuement 
poursuivies ou une vocation décidée se 
réveillent instantanément au moindre in- 
cident qui les provoque. Un des assis- 
tants au mariage de Dumont m’a raconté 
que, durant la lecture de l’acte de célé- 
bration, l’attention du marié en fut tout 


— XGIII — 


à coup et vivement détournée par le bruit 
d’un insecte bourdonnant qui venait de 
s’introduire dans l’appartement. Était-ce un 
dernier adieu à l’entomologie ou la destinée 
venait-elle par ce messager ailé annoncer 
à Dumont qu’il allait renoncer en devenant 
créole à la gloire des Péron, des Michaux 
et des Bory de Saint-Vincent? 

A partir de ce jour, Dumont fixa sa ré- 
sidence dans la commune de Sainte-Marie, 
et, comme on le dit figurément des Euro- 
péens qui renoncent à jamais à la France 

pour l’île Bourbon, il eut les pieds soudés à 

» 

la lave. 

Là il exerça la médecine en qualité 
d’officier de santé. Il s’occupait néanmoins 
d’histoire naturelle, car il avait chez lui 
une collection entomologique très-étendue. 

Dumont avait les qualités requises d’un 
vrai naturaliste : il observait bien, décrivait 


- XCIV — 


parfaitement, dessinait d’une manière re- 
marquable et avait un talent particulier 
pour la taxidermie. On conserve encore 
dans sa famille un oiseau empaillé par 
lui il y a plus de quarante-deux ans et 
qui se trouve dans un parfait état de 
conservation. 

Dumont est mort à Saint-Denis (Réu- 
nion) au mois d’août 1822 , sans laisser 
d’enfants. Sa veuve, qui est allée se fixer 
en France, vient de mourir à Paris dans 
un âge fort avancé. 

Les notes manuscrites trouvées après 
la mort de Dumont étaient nombreuses, 
mais ne paraissaient se rattacher à aucun 
plan d’ouvrage terminé. Toutefois YEnto- 
mologie de Vîle de France semble avoir 
été pour lui le projet d’un travail spécial : 
malheureusement les notes qui y sont re- 
latives, faites pour l’intelligence de l’au- 


— xcv — 


teur, demanderaient, pour être appliquées 
aux sujets que Dumont avait en vue, un 
travail des plus difficiles et qu’il faudrait 
faire sur les lieux mêmes, à l’île de France. 

La médecine coloniale a été de sa part 
l’objet de quelques observations écrites : 
il s’était occupé de la dyssenterie et des 
moyens indigènes employés dans l’île pour 
triompher de cette maladie. Je n’ai point 
eu connaissance de ces travaux, et je suis 
redevable de ces dernières notes à la bien- 
veillance de son neveu, M. Élie Pajot, mon 
compatriote. 

Il me reste à dire maintenant de quelle 
manière je devins l’héritier d’un des ma- 
nuscrits de J.-B. Dumont. 

J’avais commencé depuis plusieurs an- 
nées déjà l’étude des Aranéides de l’île de 
la Réunion, lorsque me trouvant un jour 
chez Mezière Lepervenche, je lui fis part 


— XGVi — 


de mes observations sur les insectes Aptè- 
res, que j’étudiais suivant la méthode de 
Walckenaer, et de quelques dessins que 
j’avais exécutés. Ce créole distingué était 
idolâtre des sciences naturelles; il venait 
d’écrire le premier mémoire fait sur le grand 
oiseau de Madagascar YEinornis, et qu’il 
proposait de nommer Megalornis, ne sa- 
chant pas que Gray avait employé ce nom 
pour désigner un oiseau du genre Ardea. 
Ce galant homme m’encouragea vivement 
dans la voie que je suivais, et voulant 
me donner une preuve de l’amitié, de l’es- 
time et de la sympathie qu’il m’a toujours 
témoignées jusqu’à sa mort, il disposa en 
ma faveur du manuscrit de J.-B. Dumont, 
qu’il avait lui-même reçu des mains de la 
veuve de ce naturaliste. Il avait la certi- 
tude que, livré aux mêmes études, je 
mettrais en lumière, si je parvenais un 


— xGvn — 


jour à m’en procurer les moyens, les tra- 
vaux de cet entomologiste. Je crois dans 
mon travail avoir fidèlement rempli le 
devoir qu’on attendait de moi. Toutes les 
fois que je l’ai pu, j’ai fait usage des des- 
criptions de J. -B. Dumont, en rappelant la 
source qui les avait produites et en les in- 
diquant avec une scrupuleuse franchise. 
Je m’estimerais heureux, si par cette no- 
tice et par ces citations je pouvais contri- 
buer à relever un peu de l’oubli le nom 
de l’émule, ou tout au moins de l’ami de 
Bory de Saint-Vincent, de Michaux et de 
Pérou, et d’un homme qui, comme méde- 
cin, a fait beaucouj) de bien à mon pays. 


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CLASSIFICATION DES ARANÉIDES 


EN NOCTURNES ET EN DIURNES 

La division des Aranéides en nocturnes 
et en diurnes est une innovation dans l’his- 
toire naturelle des Insectes Aptères. Ce 
n’est pas l’analogie qui m’y a conduit, mais 
l’observation directe. J’étais loin même de 
m’y attendre. 

Cependant, si l’on y réfléchit, le domaine 
de la nature est sans cesse occupé par une 
succession périodique d’êtres divers. A peine 
la lumière quitte un point de la surface du 
globe, que les ténèbres s’en emparent. 
Alors tout un peuple d’animaux diurnes se 
retire et s’endort : un peuple d’animaux noc- 
turnes se réveille à son tour, et chacun 
successivement occupe la même scène, 
comme des acteurs différents qui se rem- 
placeraient sur le même théâtre. 


En étudiant les Aranéides, ainsi que je 
l’ai fait, dans la nature, on sent la nécessité, 
sous le rapport des mœurs, de les sou- 
mettre à cette classification établie aussi 
par des caractères physiques très-pro- 
noncés. 

Des observations précises m’ont con- 
vaincu que certaines Aranéides sommeil- 
laient la nuit sur leurs toiles inactives. 
D’autres, retirées au contraire et endor- 
mies durant le jour, ne se livrent à la 
chasse que dans les ténèbres. 

Si cette classification n’a pas été dès l’a- 
bord reconnue par les Aptéristes, c’est que 
les Aranéides ont été en majeure partie 
étudiées dans les collections et que fort 
peu l’ont été au milieu de leurs habitu- 
des naturelles. En observant uniquement 
dans la nature et en action, j’ai dû être 
plus tôt conduit à ce résultat et saisi 


— CI — 


de la nouveauté de cette classification. 

Linné, qui dans l’histoire naturelle peut 
être comparé à ce qu’était Hippocrate dans 
la médecine, et qui d’un coup d’œil avait 
tout entrevu, se doutait bien de quelque 
fait de ce genre. Ce grand naturaliste avait 
remarqué que le Brasse nocturne se tenait 
cc tranquille liendant le jour et n’était agile 
que pendant la nuit. » — « Le petit nombre 
de ses œufs et ses habitudes nocturnes, 
ajoute de son côté Walckenaer, qui rap- 
porte l’observation de Linné, explique 
pourquoi cette Araignée est rare (1). » — 
Les Brasses, dont l’île de la Réunion pos- 
sède une espèce, paraissent être des Ara- 
néides nocturnes, puisqu’on trouve parmi 
elles le Brasse Lucifuge, la race des Nyc- 
talopes, et enfin le Brasse Nocturne. 

Bes caractères physiques propres et 


(1) Walckenaer. Ilisi, naU des Insectes Aplhres, Tome 1, page 616. 


- ClI — 


tranchés distinguent les Aranéides noc- 
turnes des Aranéides diurnes. 

Chez les Aranéides nocturnes on 
trouve les longs poils, les corps velus; 
insectes ordinairement frileux, ils sont ha- 
billés de la sorte afin de pouvoir errer la 

nuit. La nature du vêtement est en raison 

• 

de leur vocation. De plus les couleurs de 
leurs livrées, privées d’éclat, semblent in- 
diquer que leur vie se passe à l’ombre et 
dans les recoins obscurs. Souvent leur iris 
est de couleur noisette, comme celle de 
plusieurs animaux nocturnes. Je n’ai ja- 
mais vu vivantes les diverses espèces de 
Migale, mais d’avance, sur l’inspection de 
leurs sombres couleurs et de leurs longues 
soies, je puis augurer, sans les connaître, 
que les mœurs de ces grandes Aranéides 
sont nocturnes. 

L’étude de chaque espèce qui- vient 


— cm — 


composer la division des Araignées noc- 
turnes confirme la réalité de cette classi- 
fication : elle devient bien plus sensible 
lorsqu’on arrive à ce grand et magnifique 
genre des Épéires : ici le contraste des 
Épéires nocturnes d’avec les Épéires diurnes 
rend cette différence bien plus sensible que 
dans les autres genres. En voyant dans 
le même genre ces deux divisions, je n’ai 
pu me défendre de songer que dans la 
classe des oiseaux l’ordre des Rapaces 
présente deux familles aussi : celle des 
diurnes et celle des nocturnes. 

Je n’ai pu faire l’épreuve de cette classi- 
fication nouvelle que sur les Aranéides des 
îles de la Réunion et Maurice, et c’est 
même leur étude qui m’y a conduit. Je suis 
convaincu, cependant, qu’on peut l’appli- 
quer à l’histoire entière des insectes Ap- 
tères. Mais cette classification, basée sur 


— CIV — 


les mœurs de ces insectes, exigerait, comme 
une des conditions essentielles, l’étude et 
la connaissance d’un grand nombre de faits, 
et cette nécessité même serait une voie 
vers un progrès réel (1). 

Parmi les Aranéides des îles de la Réu- 
nion et Maurice, j’ai rencontré, comme 
appartenant à la division des nocturnes, 
les Araignées suivantes : 

1° Les Scytodes thoracique et amarante. 
— Jamais on ne les voit errer pendant le 
jour : la première reste enfouie dans sa re- 
traite obscure, et sa congénère, la Scytode 
amarante, reste endormie dans le trou des 
murailles, au fond d’un conduit souterrain, 
qu’elle revêt de ses fils déliés et nombreux. 
On la rencontre encore quelquefois dans 
les lieux sombres, perdue et immobile 

(l) Le scorpion de l’île Bourbon {scorpio Guineensis^ Lucas), dont j'ai étudié 
les mœurs, est un insecte éminemment nocturne. 


— GV — 


dans l’épaisseur de sa toile poudreuse et 
impénétrable aux rayons de la lumière. 
La nuit, au contraire, je l’ai surprise 
souvent hors de sa demeure accoutumée. 

2“ Les Sélénops. — Les deux espèces 
étudiées dans cette monographie, le Sé- 
lénops de l’île de la Réunion (Selenops 
Dufourii, Vinson), et le Sélénops de Ma- 
dagascar (Selenops Maclagascariensis, Vin- 
son), sont des Aranéides nocturnes. J’ai 
surpris la première un matin sur le par- 
quet d’une chambre au moment où j’ou- 
vrais les portes de l’appartement et où 
l’Aranéide, attardée par l’obscurité, n’avait 
point encore gagné sa retraite. — Dans les 
villages malgaches et à Tananarive, c’est 
le soir que les nombreux Sélénops de cette 
île sortaient pour se répandre sur les 
parois des habitations : en me mettant à 
leur recherche, une lumière à la main, je 


— GVI — 


les surprenais en grand nombre et ils pa- 
raissaient éblouis par la vive clarté à la- 
quelle ils n’étaient pas habitués. 

3° Les Olios captieux et leucosie, — 
Le jour, l’Olios captieux se retire et se tient 
immobile dans les longs tubes qu’il forme 
par l’enroulement d’une grande feuille ou 
par la réunion de plusieurs folioles qu’il 
agglutine avec ses fils, et le matin il laisse 
pendre le long des arbres ou des plantes, 
comme trace de son passage nocturne, les 
longs fils par lesquels il est remonté 
avant la venue du jour. Ce fait explique 
les fils que l’on voit pendre le matin des 
jours calmes, avant qu’ils n’aient été dé- 
truits ou attachés par les vents aux poin- 
tes des arbustes. Que de fois, en visitant 
des arbrisseaux la nuit avec un flambeau, 
n’ai-je point rencontré cette Aranéide, 
interdite de l’éclat de la lumière, et jamais 


- CVll — 


le jour on ne la voit hors de son tube 
de feuille verte ou sèche, où elle se tient 
dans l’attitude d’un Crabe, avec autant 
d’immobilité. Si on vient à l’y toucher, 
elle tombe d’un seul saut et fuit vers un 
lieu caché avec la rapidité de l’éclair. 

De son côté l’Olios leucosie, cette belle 
Aranéide nocturne, si intéressante par 
ses services domestiques, sans toutefois ab- 
diquer la vie extérieure, se renferme de 
préférence dans les maisons, et se retire 
le jour derrière les meubles ou dans les 
angles des boiseries, dans les cavités des 
végétaux, sous les feuilles sèches amon- 
celées : les rayons de la lumière naturelle 
semblent blesser ses grands yeux si bril- 
lants au contraire dans l’obscurité. Quand 
vient la nuit elle sort; sentinelle assidue, 
rendue à son poste à l’heure fixe, on la 
retrouve souvent à la même place du ri- 


— CVIII — 


deau ou du lambris d’un appartement, où 
on la respecte comme un bienfaiteur ou 
comme un messager d’espoir. C’est elle 
qui rappelle mieux que toutes les autres 
Aranéides ce vieux dicton français : Arai- 
gnée du soir, es'poir. 

On serait porté à croire que cette inté- 
ressante Aranéide voit dans la nuit la 
plus noire : un soir, au moment de m’en- 
dormir, un coléoptère du genre des lep- 
tocères, enfermé par mégarde dans ma 
chambre, faisait en volant un grand bruit 
avec ses élytres frémissantes ; j’éteins ma 
lumière, puis un moment se passe et le 
bruit cesse. Je rallume, j’inspecte, et je re- 
trouve le coléoptère énorme étreint et broyé 
dans les mandibules d’un Olios magni- 
fique. Or, sa récente capture avait eu lieu 
dans la nuit la plus obscure. Ce fait pour- 
rait élucider aussi la question de l’ouïe 


— CIX — 


chez les Aranéides et prouverait que ces 
insectes, outre le toucher et la vue si 
multiple et si perfectionnée chez eux, peu- 
vent encore se guider par l’audition. 

C’est aussi pendant la nuit que l’Olios 
leucosie vient faire sur les hras nus de nos 
créoles, ces morsures qui se révèlent le 
lendemain par un petit gonflement, un 
peu de douleur et de rougeur, mais qui 
ne sont jamais sérieuses. 

4° Les deux Pholques des îles de la Réu- 
nion et Maurice. — La première espèce, qui 
se rapproche beaucoup du Pholque phalan- 
gide, est une Araignée de nuit. Tranquille 
tout le jour, et appliquée dans un lieu obs- 
cur où elle fléchit ses grands bras, la nuit 
elle se promène comme un fantôme en 
mouvant ses longs articles; il en est de 
même de sa congénère. 

5° \JUlobore des mêmes îles (Ulohorus 


— ex — 


BorboQiiciis , Vins.). Cette Aranéide est en- 
core une espèce nocturne; avec ses tein- 
tes fauves, pâles ou cendrées, sa livrée 
sans éclat, comme l’avait si bien remar- 
qué Walekenaer pour ce genre et pour le 
précédent, elle semble témoigner qu’elle 
vit dans l’ombre de nos demeures. Aussi, 
calme et paisible durant le jour, elle s’é- 
tale et s’endort au milieu du petit bamac 
blanc au tissu fin qu’elle établit au cen- 
tre de sa toile; là, elle ne bouge point, 
mais la nuit elle fait bonne garde et sur- 
prend les petits insectes de l’intérieur de 
nos maisons, comme les moustiques, les 
mouches, etc. 

6° Enfin les Epéires nocturnes. — Dans 
cette subdivision du genre se rangent : 
l°rÉpéire nocturne et ses variétés; 2° l’É- 
péire isabelle. Ce sont ces Épéires singu- 
lières qui m’ont révélé la classification à 


— CXl — 


laquelle toutes les Aranéides semblent sou- 
mises, en les divisant en Aranéides noc- 
turnes et en Aranéides diurnes. Celles-ci, 
encore plus que les précédentes, prou- 
vent que leur vocation est d’être noc- 
turnes. 

Voici comment j’ai été conduit à cette 
vérité : Je vis un soir dans une allée une 
Épéire nouvelle noire et blanche, et d’un 
assez fort volume, établie sur une grande 
toile verticale, qui mesurait plus d’un mè- 
tre d’étendue et tissée avec beaucoup d’élé- 
gance. Pressé par la visite d’un malade, 
je remis au lendemain le soin de venir 
examiner et prendre ma nouvelle décou- 
verte. Je fus très-surpris à mon retour, le 
lendemain en pleine journée, de ne plus 
revoir au même lieu ni toile, ni Épéire. Le 
hasard m’ayant fait repasser au même en- 
droit le lendemain soir, mon étonnement 


— exil — 


fut au comble de retrouver tout en place. 
J’y revins encore le jour, et n’y vis plus rien 
comme déjà. Enfin les épreuves successives 
me montrèrent toujours l’Araignée la nuit 
et sa disparition le jour. Je vis qu’il y avait 
des Épéires nocturnes comme il y en avait 
de diurnes, et j’ai trouvé toute une tribu 
de nocturnes dans ce genre. 

Retirées pendant tout le jour entre les 
feuilles des arbres où elles se font une re- 
traite, les Épéires nocturnes ne laissent 
près d’elles que quelques fils irréguliers 
qui doivent servir de base aux toiles ver- 
ticales qu’elles doivent établir vers la nuit. 
Cette retraite permanente est faite à l’aide 
de plusieurs feuilles réunies, au nombre 
de trois en général ; une feuille sert de cou- 
verture ou de toit, une occupe le fond, une 
troisième sert de plancher. Elles sont ag- 
glutinées par des fils très-fins, dont un cer- 


— CXIll — 


tain nombre tapisse cette retraite ouverte 
par devant. L’Aranéide s’y tient tout le jour 
blottie et endormie^ ses pattes antérieures 
ramenées sur elles-mêmes, les extrémi- 
tés dirigées en avant et réunies. 

Vers le soir, un peu avant la nuit, l’A- 
ranéide sort de sa retraite et établit sur 
le premier jalon qui est resté dans le fil 
qu’elle a laissé une toile verticale, régu- 
lière, à rayons concentriques, avec un 
fil en spirale développé sur ces rayons ; ces 
fils sont légers, bien faits, comme les ré- 
seaux de ce genre; tant que dure la nuit, 
l’Aranéide en occupe le centre, les pattes 
étendues, et veille jusqu’au matin; au jour, 
et au moment où le soleil se montre, 
l’insecte ramasse sa toile, dont elle paraît 
manger tous les fils, moins un ou deux, 
et quelquefois tous. Puis elle va repren- 
dre sa place dans sa retraite de feuilles 


— GXIV — 


où elle se blottit de nouveau tout le 
jour. 

Ainsi chaque soir elle recommence cette 
même manœuvre, contrairement aux habi- 
tudes des Épéires diurnes, dont les toiles 
sont permanentes. Les Epéires nocturnes 
n’établissent les leurs que pour la nuit. Le 
jour, elles se cachent et se blottissent dans 
des retraites faites avec des feuilles réunies 
avec art, et où elles dorment accroupies. 
- Leur corps est très-velu : leurs pattes 
sont hérissées de poils blancs, courts, épais 
et nombreux. A l’exception de l’Épéire isa- 

I 

r 

belle, toutes ces Epéires ont une couleur 
sombre. Leur abdomen est difforme, large 
et un peu aplati. 

Les yeux, disposés comme ceux du 
genre, ont l’iris généralement de couleur 
noisette. 

Si le jour vient à s’assombrir par des 


GXV — 


nuages ou des brumes, quelques-unes se 
persuadent que la nuit est proche et elles 
commencent à établir leurs toiles. Lors- 
qu’elles occupent une place dans un buis- 
son, on est certain, en y venant la nuit 
avec une lumière, de les surprendre sur 
leurs réseaux, à d’affût de leur proie. Le 
jour, au même lieu, on est étonné de n’y 
plus voir de toile : si on regarde dans 
quelques feuilles, on y retrouve l’Araignée. 
On peut répéter l’épreuve aussi souvent 
que possible, elle ne faillit point. Quelques- 
unes même, sombres et ternes le jour, 
offrent à la lumière artificielle des cou- 
leurs très-brillantes; la face polie et vio- 
lacée de leurs pattes repliées le jour, 
est étalée la nuit. Les couleurs jaunes dont 
quelques-unes sont revêtues, paraissent 

f 

très-vives; enfin, chaque petit poil blanc 
dont le corps est hérissé, en se redres- 


— CXVl — 


sant, présente un éclat remarquable à la 
lumière. 

Si on les enferme dans un flacon et 
qu’on y mette de petits papillons, ceux-ci 
sont épargnés tant que dure le jour; le 
lendemain on n’en trouve plus que les 
débris; les lépidoptères ont été dévorés 
durant la nuit. Elles se tiennent contre 
le bouchon, et ne font aussi leur toile que 
la nuit. 

Ces Épéires aux mœurs si singulières 
sont donc de vrais nocturnés. En face de 
pareils faits et de ceux qui précèdent, j’ai 
senti le besoin d’établir dans l’ordre des 
Aranéides la division des nocturnes et 
des diurnes. L’aptériste appelé à faire une 
étude sur nature des Arachnides, et en 
particulier des Aranéides, reconnaîtra que 
la vérité de cette classification est natu- 
relle et fondée sur des faits nombreux. 


CXVIl — 


Quant aux Aranéides diurnes, leurs 
caractères sont trop connus pour que nous 
ayons à les énoncer longuement. Amies de 
la lumière naturelle, elles épient leur proie 
durant le jour. Les unes, comme les Attes 
etlesLycoses, sortent d’une retraite soyeuse 
où elles rentrent la nuit. Les Épéires diur- 
nes étalent au soleil des toiles permanentes 
qui affectent des formes différentes. Les 
Aranéides diurnes sont enrichies de cou- 
leurs brillantes d’or ou d’argent : le noir 
même prend chez elles l’aspect du velours; 
leur corps est couvert de poils courts, 
nombreux, soyeux, et, dans la variété si 
nombreuse des espèces, il offre les couleurs 
les plus variées. Leurs yeux sont générale- 
ment noirs; enfin elles sont inactives pen- 
dant les nuits. 

J’ai été sur le point de faire pour les 
Aranéides des îles de la Réunion, Mau- 


— GXVIII - 


rice et Madagascar, l’application de cette 
classification. Mais j’ai pensé que je n’avais 
pas assez d’autorité pour tenter une pa- 
reille innovation, et j’ai dû suivre la clas- 
sification déjà établie de Walckenaer. L’or- 
dre adopté par ce célèbre aptérisfce est 
fondé sur l’examen raisonné des affinités 
des genres entre eux. C’est une classifi- 
cation éminemment savante qui n’est pas 
aussi séduisante et aussi facile que la clas- 
sification naturelle, mais qui a le mérite sé- 
rieux de s’appuyer sur l’ensemble des ca- 
ractères anatomiques. 


TABLEAU DES ABANÉIDES 

DES ILES 

DE LA RÉUNION, MAURICE ET MADAGASCAR 

CLASSÉES SUIVANT LA MÉTHODE DE WALCKENAER 


GENRES. 


ESPÈCES. 


Scyiodc [Scylodes^ 
Latr.). 


Lycosc ( Lycosa t 
Latr.). 


Dolomcde (Dolotue-) 
des, Latr.), ) 

Sphase ( Sphasus , J 
Walgk.), j 


AUe(A/te,'WALCK.). 


Thomise ( Thomi- 
sus, Walck.). 

Sélcnops {Seîenops j 
Leon Dufourii). j 

Phllodronic (Philo- i 
dromus, Walck.) . i 


OHos(0^i05,WALCK,) l 


duhione{Clubio7ia, | 
Latr.). j 

Drasse (Drassus, ^ 
Walck.). j 

liatrodccto (Lalro- i 
decius, Walck,), i 
Pboiquc [Pholcus, 1 
Walck.), i 


1° Scytode thoracique (Scylodes ihoi'acica, Latr.). 

2° — amarante ( — amwraniea. Vins.). 

l°Lycosede Madagascar (Lycosa Vins.). 


2® 

— du Volcan 

( — Vulcani, Vins.). 

3® 

— de Salazie 

( — Salaziana, Vins.). 

40 

— noire 

( — nigra, Vins,). 

5® 

— grise 

( — cinerea. Vins.). 


Doloméde de Bourbon [Dolomedes Borhonicus, Vins.). 


1° Sphase de Dumont 
2® — de Lucas 

3® — de Madagascar 


l® Atte muscivore 


2® — à taches blanches ( 

30 — africain ( — 

4° — rayé ( — 

5® — variable ( — 

6® — lugubre ( — 

7® — marron ( — 

8® — de Tamatave ( — 

9® — de Madagascar ( — 


[Sphasus Dumonlii, Vins.). 

( — Lucasii, Vins.), 

( — Madagascariensis , 

Vins,). 

(Atlus miiscivorus. Vins.] 


albo-oculatus y Vins.). 
A/ricanws, Vins.), 
lineaius. Vins.). 
variabiîis, Vins.), 
lugubris. Vins.). 
nigro-fuscxiSj Vins.). 
Tamaiam, Vins.). 
Madagascar iensis. Vins,). 


1® Thomise rugueux [Thomisus rugosus. Vins.). 

2® — foka ( — foküj Vins.). 

1® Sélénops de Dufour [Seîenops Dufourii, Vins.). 

2® — de Madagascar ( — Madagascariensis , 

Vins.). 


Philodrome blanc (Phüodi'omus niveus). 

t® Olios captieux (Olios capiiosus, Walck.). 

2® — Imerina ( — Imerinensis, Vins.). 

3® — leucosie ( — leucosius, Walck.). 

4® — de Madagascar{ — ü/adayoscanensis, Vins.). 
5® — vert ( — viridis. Vins.). 


Clubione créole [Clubiona insularis, Vins.). 


Drasse de Maillard [Drassus Maillardii, Vins.J. 

1° Latrodecte Ménavoude (Lairodectus Menavodi, Vins.). 
2° — Érèhe ( — Erebus, Savignt.) 

1® Pholque de l'île Bourbon (Pholcus Borbonicus, Vins.). 
2° — allongé ( — eloiigaius. Vins.). 


A. LYCOSE GRANDE. 


1“ Lycose de Madagascar. {Lycosa Madagascariensis , 

Vinson.) 

Long. : 17 à 18”"’. Femelle. 

Corselet 8”” ^ — il est circulaire : sa jonction avec 
la tête, qui est allongée, lui donne l’apparence piri- 
Ibrme. Près de sa base, dans sa plus grande dila- 
tation, il mesure .5"” : il est bombé au centre. — Sa 
couleur est d’un gris fauve : le bord du corselet est 
d’un gris blanchâtre, ainsi qite le centre ; la partie 
intermédiaire est d’un gris plus foncé et rayonné. Une 
petite ligne noire entre les yeux postérieurs traverse 
le milieu de la tête, qui est velue \ les yeux postérieurs, 
inclinés latéralement, sont très-gros. Le dessous du 
corselet est d’un gris uniforme. — L’abdomen, ovoïde, 
allongé, est d’un gris clair, cendré, tacheté de brun, 
et comme tigré. — Les pattes, fortes, très-propres à 
la course, sont d’un gris clair et zébrées de fauve 
brunâtre ; l’extrémité du tibial est brun et le tarse 
complètement noir. — Les mandibules, légèrement 


16 — 


inclinées en avant et bombées sur leur face antérieure, 
sont d’un brun fauve 5 la lèvre et les mâchoires sont 
rougeâtres et très-velues ; la lèvre est plus large que 
haute ; les mâchoires droites, sont écartées, hautes, 
coupées carrément à leur extrémité. 

La quatrième paire de pattes, qui est la plus longue, 
a 26'“'“ 5 puis viennent la seconde et la troisième : la 
première est la plus courte. Chez toutes, le fémoral est 
très-renflé. Les palpes sont très-peu développés. 

Habite l’intérieur de Madagascar. En grand nombre 
dans le lit de la rivière de Ranomafana près du village 
de Voizanliar ou Bout-Zanaar. 


B. LYCOSES MOYENNES. 

2° Lycose du volcan. {Lycosa vulcani, Vinson.) 

(PL XII, fig. 2.) 

Aspect général : Forte, noire et trapue. 

Long. : 14'”““. Femelle. 

Le corselet mesure T'""” de long et 4'“'“ de large. La 
tête est arrondie, élevée, allongée, et se lie presqpie 
sans démarcation au thorax, qui est piriforme et 
bombé. 

Les yeux de la deuxième paire sont un peu plus 


rapprocliés entre eux que ne sont ceux de la ligne pos- 
térieure. Ces quatre derniers sont à peu près d’égale 
grosseur. 

Le corselet est d’un beau noir de fumée. L’abdomen, 
de la même couleur sombre et funèbre, est très-velu ; 
il est un peu plus long, plus étroit et plus noir que 
le corselet. 

Ce noir est uniforme sur toute l’Aranéide et sans 
aucun éclat. 

Le dessous du corps est d’uu noir fauve. Les pattes 
sont fortes, brunes. Les palpes noirs sont longs et re- 
pliés en dessous. 

Les mandibules sont fortes, bombées en avant, 
armées de crochets rougeâtres. 

Cette Lycose est la plus grande que possède l’île de 
la Réunion. Sa couleur sinistre semble conforme à son 
habitat ; car on la trouve dans les environs du volcan, 
oh elle a été recueillie en grand nombre, à notre 
intention, sur le dôme même du cratère, par notre ami 
et compatriote, le docteur Jacob de Cordemoy. Nous 
l’avons reçue vivante à Saint-Denis. 

Nons avons eu en même temps son cocon, qui est 
globuleux, de la grosseur d’un pois, et qui renfermait 
de nombreux petits. 


S" Lycose de Salazie. {^Lycosa Salaziana, Vinson.) 
(PL XII, fig. 3.) 

Long. : 12"’"’. Mâle. 

Aspect général. Un peu plus petite que la prece- 
dente, d’une jolie couleur marron clair, mêle'e de brun 
fauve. 

Le corselet est étroit en dessus, long, comprimé sur 
les côtés, qui sont inclinés légèrement. Au milieu en 
dessus, une bande longitudinale d’un jaune marron 
clair, se terminant en pointe en avant, entre les yeux 
de la deuxième ligne. Sur les cotés du corselet, deux 
bandes plus larges, brun-marron. Ces bandes sont 
réunies en arrière près de la base de l’abdomen et s’ar- 
rêtent longitudinalement à la hauteur des yeux posté- 
rieurs, à leur niveau. 

L’abdomen est marron, mêlé de brun. — Les pattes 
sont longues, marron, annelées de brun fauve. Palpes 
terminés par un renflement cordiforme, aigu à son 
extrémité. 

J’ai trouvé cette Lycose, en janvier, dans les bois 
de Salazie, courant à terre parmi les feuilles humides 
et décomposées. 


— 19 — 


C. LYCOSES PETITES. 

4“ Lycose noire. {Lycosa nigra, Vinson.) 

Long. : T""”. — Aspect général. Noire avec du blanc ■ 
sur le corselet et sur la base de l’abdomen. — Plus 
petite, plus brillante et plus ëlance'e que la Lycose du 

VOLCAN. 

Le corselet, plus grand que l’abdomen, est évasé 
postérieurement, rétréci en avant, bombé, élevé au 
centre. Il est d’un brun marron ou d’un brun foncé, 
bordé d’une petite ligne grisâtre de chaque côté. Un 
V blanchâtre, dont la pointe occupe l’extrémité posté- 
rieure du corselet, est tourné vers l’abdomen, sur une 
bande centrale où des rayons bruns viennent con- 
verger des bords du corselet. 

L’abdomen petit, ovale, oblong, est brun ou noir 
dans son ensemble, tpielquefois avec un pointillé 
blanc, ou une bande blanchâtre, ou simplement avec 
(pielques poils blancs semés sur un fond brun. 

Les côtés et le dessous du ventre sont d’un gris 
clair. 

Les pattes sont minces, brun fauve, annelées de 
noir, recouvertes de quelques poils noirs épineux. La 


— 20 — 


.[iiatrième paire est sensilîlement plus longue; les 
autres sont à peu près d’égale longueur; quelques 
taches blanches existent sur le premier article. 

Chez le mâle, les palpes sont terminés par un ren- 
flement qui semble porter une espèce de pointe re- 
courbée en dedans à son extrémité. 

J. -B. Dumont, qui a rencontré aussi la même Ara- 
néide à File IMaurice, dit qu’elle renferme ses œufs 
dans une poche sphérique d’un gris jaunâtre, partagée 
en deux parties par une suture saillante. 

5“ Lycose grise. (^Lycosa cinerea, Vinson.) 

Long. : 6"’” 1/2. 

Aspect général : Gris obscur dans toutes ses parties. 

Yeux petits et noirs. Le corselet est allongé, ovale et 
arrondi ; une petite tache d’un gris blanchâtre occupe 
son bord postérieur. L’abdomen est petit, convexe et 
très-velu : sa face supérieure est marquée de petites 
taches brunes, et la base d’une petite bande noire 
transversale. 

Les pattes sont assez longues, recouvertes de quel- 
ques poils noirs, épineux, avec des anneaux brunis, 
quelquefois peu marqués. 

,L-B. Dumont, qui décrit cette Araignée, dit qu’elle 


— Si- 


se trouve àl’ile Maurice (quartier des Pamplemousses); 
qu’elle court sur les murs et se cache dans les 
roches. 

Je l’ai souvent vue sur le bord des ruisseaux et cou- 
rant sur la surface de l’eau, comme un Dolomède, 
auquel elle ressemble; car les individus de ce der- 
nier genre ont cette couleur cendrée dans leurpremier 
âge. 





GENRE: DOLOMÈDE. {Dolomedes , Latreille. — 

rUS6.) 

Ce genre, qui se rapproche beaucoup du genre 
Lycose, est caractérisé de la manière suivante : 

Yeux, au nombre de huit, inégaux entre eux, placés 
sur le devant et les côtés du céphalothorax, sur 
trois lignes (4, 2, 2) : quatre sur la ligne anté- 
rieure, et deux sur chacune des deux lignes 
postérieures ; la ligne intermédiaire est beau- 
coup plus courte que les deux autres (1). 

Lèvre carrée, aussi large que haute. 

Mâchoires droites, écartées, plus hautes que larges. 
Pattes allongées, propres a la course, très-fortes dans 
les premiers articles. 

Ces Aranéides chasseuses courent après leur proie. 

(!) La même disposition a lieu chez les Lycoses (4, 2, 2), mais toutes les lignes 
sont à peu près égales, de longueur, ce qui n’a pas lieu dans le genre Bolomhde. 
Chez ce dernier, chaque œil de la deuxième ligne forme un triangle avec deux 
yeux de la ligne antérieure, par suite môme de cette disposition. Puis les deux 
yeux postérieurs ne sont pas aussi distants de ceux de la seconde ligne que dans 
le genre Lycose. 


Walckenaer, qui ënumère ces caractères, ajoute, d’a- 
près les observations faites par les auteurs, que ces 
Aranéicles construisent une toile à l’époque de la ponte 
pour y placer leur cocon (1). 

Elles se plaisent aussi au bord des eaux, des marais, 
des bassins : elles courent avec vitesse à la surface 
de l’eau, qui ne mouille ni leur corps, ni les pattes, 
pas même quand elles entrent un peu dans l’eau. 
Poursuivies, elles se tiennent contre les rochers, en- 
trent dans les cavités des cavernes, ou se cachent 
contre les plantes aquatiques. Quand elles se tiennent 
en repos sur l’eau, leurs pattes sont toujours étendues 
et appliquées tout de leur long sur la surface du li- 
quide (2). 

Ce genre n’offre, à l’ile de la Réunion, qu’un seul re- 
présentant d’un volume assez considéi’able. 


(1) Walckenaer. Hist, des Ins. Àpt, T. I, page 345. 
(2J Walckenaer, Îoco ciiato^ page 346. 


Dolomède de l’ile Bourbon. {Dolomedes Borhonicus , 

Vinson.) 

(PI. XII, fig. 1.) 

Long. : 17“”. Mâle. 

Aspect général. Noir ou brun, et offre de très- 
longues pattes cpr’il étale latéralement en rayonnant. 

Le corselet est grand, circulaire, aplati , plus large 
que l’abdomen : il est glabre en dessus. — Sa couleur 
est d’un brun maiTon, avec une bordure sur les côtés, 
plus foncée et festonnée en dedans. Sur le corselet, 
au milieu, une bande longitudinale, large, brune, cpii 
s’étale sur la tête : cette bande est parcourue dans sa 
longueur par une ligne déliée, déprimée et noire, cpii 
divise le corselet en deux pai'ties égales. Le bandeau 
est coupé carrément ; il est horizontal et évasé à ses 
extrémités latérales 5 il embrasse les mandibules, qui 
sont très-allongées, fortes, inclinées d’arrière en avant, 
arquées en dessous, bombées sur leur face antérieure 5 
écartées à leur extrémité, couvertes de longs poils 
bruns et armées de crochets rougeâtres dont la 
pointe est fine, longue et acérée. L’abdomen est 


— 26 — 


ovoïde, allongé, plus étroit que le corselet : il est d’un 
brun foncé avec quelques petits traits blancs à sa base, 
et un liséré blanc aussi, légèrement sinueux, lequel 
de chaque côté circonscrit, au milieu et au-dessus, un 
espace plus foncé, semi-elliptique, marqué au centre 
par une tache allongée, plus brune. Il est très-velu 
et présente deux petits appendices coniques, comme 
des vestiges de filières, à son extrémité postérieure 
(filières-tentacules). 

Les pattes sont très-allongées comme chez les Ai’a- 
néides les mieux favorisées pour la longueur de ces 
organes. Les deux premiers articles sont très-forts •, 
les deux dernières phalanges sont très-déliées et fili- 
formes. Tous sont couverts de poils fins et nom- 
breux. Les pi’emiers articles offrent en outre quelques 
poils hérissés plus forts. 

Les palpes sont longs, velus, terminés par un digi- 
tal conique et renflé, napiforme, rougeâtre : le con- 
joncteur a la forme d un crochet noir. 

Le dessous de l’abdomen et des pattes est d’un brun 
plus pâle, grisâtre ou jaunâtre. Le dessous du corselet 
est jaunâtre avec des poils bruns et nombreux , les 
plaques pulmonaires sont jaunes. 

La lèvre, légèrement dilatée au milieu, est courte 
et coupée horizontalement à son extrémité. Les mâ- 


— 27 — 


clioires allongées sont dilatées et renflées à leur partie 
supérieure, où elles sont d’un rouge pâle. 

Les yeux sont au nombre de quatre et de même 
volume sur la ligne antérieure. Deux autres, d’un 
volume analogue à ces premiers, sont situés sur une 
deuxième ligne plus courte, de façon à former deux 
triangles avec les antérieurs ; sur la troisième ligne, 
plus étendue, sont deux autres yeux plus gros et plus 
saillants. 

Cette curieuse Aranéide, chez lacpielle la forme des 
mâchoires et de la lèvre, la couleur générale, les man- 
dibules inclinées et bombées en avant retracent de 
suite l’aspect des Lycoses, s’en éloigne par les yeux et 
par les pattes, dont les deux premiers articles ressem- 
blent à ceux des Olios et les deimières phalanges à 
celles des Pholques. Elle étale latéralement ses longues 
pattes et les fait rayonner autour d’elle. La première 
paire, qui est la plus longue, a 62””". La seconde a 
47 mm jy 2 . La quatrième a 50""". Enfin la troisième, qui 
est la plus courte, a 30"”". 

Cette espèce ne se trouve que dans l’intérieur de 
l’île. On la rencontre à Salazie, où je l’ai vue à tous 
ses âges. Elle ne file pas de toile ordinairement et se 
tient appliquée, les pattes étendues, contre les parois 
des grottes humides qui entourent les bassins d’eau 


— 28 — 


courante, au milieu des ravines, près des cascades. 
Elle marclie sur l’eau, se trouve aussi contre les parois 
mouille'es, le long desquelles elle se cadre. Poursuivie, 
elle traverse les bassins par de petits mouvements de 
sauts répétés en avant, en effleurant la surface liquide. 
Elle court avec rapidité contre les grosses roches, se 
déplace subitement et est très-difficile à prendre ; son 
nom de Dolomède lui convient à merveille. 

Lorsque cette Aranéide est jeune, elle est bariolée 
de gris et de blanc, comme tigrée. Le mâle et la fe- 
melle sont à peu près de même taille, et présentent 
les mêmes couleurs. Le ventre de la femelle est un 
peu plus volumineux que celui du mâle, ce qui fait 
paraître ce dernier beaucoup plus effilé. Les pattes 
semblent aussi plus longues et plus grêles chez le 
mâle. 


GENRE : SPHASE. {Sphasus, Walckenaer.) 


Cet ordre d’Aranéides, établi par Walckenaer aux 
dépens des Oxfopes, a été caractérisé de la manière 
suivante : 

Yeux au nornhre de huit, inégaux entre eux, placés 
sur le devant et les côtés du céphaloth orax. 
Lèvre allongée, étroite. 

IMàclioires étroites, allongées, cylindriques , arec les 
deux côtés formant des lignes droites, paral- 
lèles. 

Pattes allongées, grêles. 

Les espèces epd forment cette coupe générique, cou- 
rent après leur proie et se renferment dans les feuilles 
quelles courbent ou rapprochent pour pondre leurs 
œufs. — Le cocon est blanc , petit, orbieulaire et aplati. 

Dans ce genre d’Aranéides, nous ne trouvons qu’une 
seule et même espèce pour les îles de la Réunion et 
Maurice. L’île Madagascar, au contraire, en renferme 


— 30 — 


deux espèces plus belles, qui figurent parmi les Arai- 
gnées les plus grandes et les plus jolies de ce genre : 
elles sont ornées de vives couleurs parfaitement dis- 
posées. 

Ces deux repi'ésentants du genre Sphasus sont 
très-communs dans cette grande île : on les trouve 
sur les petits arbustes au milieu des plaines ou dans 
le feuillage des arbres. C’est un fait digne de remar- 
que de voir les sphases rechercher le feuillage ou 
l’herbe. 


1 . Sphase de Dumont. (^Sphasus Dumontii, Vinson ) 
(PL XIII, fig. 2.) 

Long. : 1/2. Femelle. 

Yeux au nombre de liuit sur quatre lignes : 

Deux plus petits en avant sur la première ligne. 

Deux plus gros au-dessus : ces quatre regardent en 
avant. 

Deux sur la troisième ligne, très-écartés, regardent 
latéralement. 

Deux au-dessus, sur la quatrième ligne postérieure, 
regardent en haut. 

Ces yeux sont groupe's sur une éminence en forme 
de prisme, qui constitue la tête. Les six yeux posté- 
rieurs paraissent d’égale grosseur. Les auti’es, plus 
petits, sont sur le devant de la tête. — Des poils blancs 
ou jaunâtres les entourent, entresemés de lignes noires 
ou de taches causées par la chute du poil qui alors 
laisse voir l’enveloppe noire et luisante de l’Aranéide. 

Les mandibules sont d’un jaune transparent bru- 
nâtre à leur exti-émité ^ un trait noir règne au-devant 
dans leur sens allongé. 


- 32 — 


Le corselet est haut, épais, oblong, latéralement 
comprimé 5 sa couleur est d’un blanc jaunâtre, trans- 
parent, avec cpielques lignes fines, noires ou brunes, 
longitudinales. 

L’abdomen est conoïdal ou cylindro-conique; ar- 
rondi à la base, il va eu diminuant jusqu’à son extré- 
mité, qui se termine en pointe. 

La base est d’un blanc argenté, le reste d’un blanc 
jaunâtre avec les dessins suivants : le dessus de l’ab- 
domen est marqué dans le milieu d’une bande longi- 
tudinale brune, formée par la réunion deplusiem’s 
taches : cpielques traits noirs, dentés, régnent sur 
les côtés, de sorte cpie l’abdomen présente au centre 
une raie brune, et de chaque coté une bande blanche 
limitée latéralement par une ligne brune dentée. 

Le dessus est marc|ué d’une bande longitudinale 
noire, entre deux bandes blanches. 

Pattes transparentes, couleur de talc, hérissées de 
longs poils noirs, épineux^ mamelons petits à l’extré- 
mité de l’abdomen en dessous. — Commun dans les 
champs, sur les herbes. — Fait son cocon dans une 
feuille de chiendent rpie l’Aranéide recourbe 5 elle 
ne le cpiitte pas et le défend avec courage contre les 
petites Aranéides de son espèce. 

.T’ai cru devoir dédier à J. -B. Dumont cette Ara- 


— 33 — 

néicle, qu’il étudia à l’île de France (Maurice) en 
l’année 1800 (1), et sur laquelle il écrivit la note sui- 
vante, extraite de son manuscrit: 

— « Araignée filandiere conoidale. Trois lignes de 
longueur. Recouverte de poils gris. Corselet oblong ^ 
incliné en avant, recouvert de quelques ligues longi- 
tudinales brunes. 

)) Huit yeux : six formant une ellipse et d’égale 
grosseur ; deux plus petits sur le devant de la tête ) 
mandibules d’un gris transparent, uu trait noir en de- 
vant, brunâtres à leur extrémité. Abdomen conoïdal, 
arrondi à la base, allant en diminuant jusqu’à son 
extrémité, qui finit en pointe. Le dessus marqué dans 
le milieu d’une bande longitudinale brune, formée 
par la réunion de plusieurs taches. Quelques traits 
noirs ou noirâtres sur les côtés ^ le dessous marqué 
d’une bande longitudinale noire. Pattes grises cou- 
leur de talc, comme transparentes, recouvertes de poils 
noirs épineux; mamelons petits à l’extrémité de l’ab- 
domen. Très-commuue en général dans les savanes 
sur les plantes herbacées (2). » 

Mâle. Long : 5""’ 1/2. 

Le corselet est presque aussi long que celui de la 


(1) Voir sa notice biographique au commencement de cet ouvrage. 

(2) J. -B. Dumont. Manxiscrii sur les Aranéîdes de Vile de France. 


3 


— 34 — 


femelle, les pattes sont aussi de la même longueur, 
mais l’abdomen, conique, est plus petit. 

Le corselet et les pattes ont la même couleur de talc 
avec une petite teinte rosée ou jaunâtre comme chez 
la femelle. Ces derniers appendices sont aussi revêtus 
ou plutôt hérissés de longs poils épineux et écartés les 
uns des autres. L’ahdomen, argenté près de sa hase, 
est terminé en cône à son extrémité postérieure. Vers 
cette partie, il prend la couleur d’argent moins pur, 
mais à reflets verdâtres métalliques. Il présente en 
dessus quelques taches noires. 

En dessous, le ventre est brunâtre ^ les deux placpies 
pulmonaires de chaque côté sont bien détachées et 
couleur de talc. 

Le dessous du corselet offre une ligne noire, ondidée, 
pour les attaches du premier article des pattes avec la 
hase du corselet. 

De grands poils plats, argentés, entre les yeux, qui 
sont très-noirs, ronds et saillants. Les palpes cai’acté- 
ristiques du mâle sont toutes noires, renflées en olives 
allongées et un peu courbées 5 le digital porte une 
c[uantité de poils fins, noirs et courts, qui le garnissent. 
En dedans, un éperon sur l’avant-dernier article. Le 
conjoncteur est pointu et noir. * 

Dans ce gem-e, les îles de la Réunion et Maurice ne 


— 35 — 


possèdent que cette unique espèce. Il ne sera pas rare 
de la trouver variée en jaunâtre, en jaune sale, mais 
l’espèce n’en est pas moins la même et identique. — 
.T’ai remarqué que cette Aranéide, très-commune en 
tout temps et surtout en décembre dans nos gazons ou 
dans les liei’bes, est très-attacliée à son cocon, qu’elle 
n’abandonne pas, vers lequel elle revient toujours 
lorsqu’on l’en éloigne : elle le défend avec fureur contre 
ses congénères, et tue ses compagnes lorsqu’on les 
enfei'me dans le même flacon. — Elle attaque résolû- 
inent et sans tarder, saisit son adversaire qu’elle tue et 

• 

qu’elle dévore. — Si on l’enferme avec plusieurs mâles, 
elle les tue et ne respecte qu’un seul à la condition 
que celui-ci se tienne loin d’elle. 

2° Sphase de Lucas. {^Sphasus Lucasii, Vinson.) 

(PL XIII, fig. 3.) 

Long.: 18 à 20""". 

Le céplialotborax a six millimètres de long j il est 
de forme ovalaire, arrondi postérieurement, et tei- 
miné en avant par une pointe, qui, coupée carrément 
à son extrémité, supporte les yeux sur un petit trapèze 
noir et brillant. Le corselet est très-élevé, bombé et 
comprimé sur les cotés; sa couleur est d’un jaune 


— 36 — 


clair, pâle, ou d’un vert transparent et tendre : il est 
parcouru par de petites lignes d’un rouge sanguin, 
semblables à des veinules : deux au centre marchent 
parallèlement, très-près l’une de l’autre : deux laté- 
rales errent sur les bords du corselet, et, parvenues 
près des mandibules, se recourbent en bas. 

L’abdomen, conoïde, a dix ou douze millimètres de 

long : sa coideur est tantôt d’un vert tendre, tantôt d’un 

« 

jaune marron, plus ou moins clair. Sur sa face supé- 
rieure et médiane règne une bande longitudinale d’un 
rouge brun, étendue de la base à la pointe. La marge 
de cette bande abdominale est encadrée de deux séries 
de taches blanches, allongées, elliptiques, se touchant 
les unes les autres : deux d’entre elles sont isolées dans 
la bande elle-même^ deux autres au-dessous de ces 
premières la traversent obliquement pour se con- 
tinuer avec les taches blanches sous-jacentes. 

Sur les côtés de l’abdomen, au milieu de la couleur 
verte ou marron clair, il y a une bande longitudinale 
jaunâtre. — Sous le ventre, une autre d’un rouge brun 
qui correspond à la bande sus-abdominale, de même 
couleur qu’elle, et encadrée par deux lignes blanches 
marginales, mais d’un dessin plus régulier. Cette 
bande sous-ventrale est plus large près de la base de 
l’abdomen. 


— 37 — 


Le bandeau est vaste, vertical, d’im tiers aussi long 
que les mandibules, qui sont allongées, coniques, d’un 
vert tendre ou jaunâtre. Quatre tx'aits rouges, partant 
des yeux, s’abaissent pour rayer le bandeau longitudi- 
nalement, puis descendent sur le devant et les cotés 
des mandibules : les lignes antérieures restent 
rouges dans toute leur étendue ; les lignes latérales, 
au contraire, d’abord rouges sur le bandeau, se con- 
tinuent en traits noirs sur les côtés des mandibules. 

Les pattes sont très-allongées, jaunâtres, armées de 
longs piquants : elles offrent quelcpies taches noires 
près des articulations et sont terminées en noir. — 
Leur fémoral est maculé, sous la face inférieure, de pe- 
tites taches-rosées ou purpurines du plus charmant efïet. 

J’ai rapporté cette jolie Aranéide de mon voyage de 
Madagascar : elle y existe très-abondamment dans la 
plaine et sur les bords de la rivière du iMangoro (pro- 
noncez Mangoiir^ où on la rencontre presque à chaque 
pas. — Elle se trouve aussi très-fréquemment dans la 
province d’Imérina, où les Hovas m’en apportaient des 
spécimens nombreux, enfermés dans des paniers. Cette 
Aranéide se tient sur des plantes herbacées ou sur 
les petits arbustes où elle file une toile peu étendue : 
elle attache près de ses fils un cocon orbiculaire gros 
comme un très-fort pois et de couleur fauve clair 


— 38 — 


OU gris fauve, comme celle de la soie sauvage. 

J e me suis fait un vrai plaisir de dédier cette Aranéide 
à M. H. Lucas, aptériste distingué, près duquel j’ai 
trouvé un sympathique accueil. 

3°. Sphase de Madagascar. (^Sphasus Madagascariensis , 

Vinson.) 

Long. : 19”“. Femelle. 

Malgré de très-grands rapports, cette Aranéide n’est 
pas la même que la précédente, et constitue une espèce 
voisine : elle en diffère par la forme, par le volume qui 
est plus grand, par l’éclat des couleurs, et par l’habitat 
qui n’est plus le même. — Taudis que la précédente se 
tient dans les plaines découvertes, celle-ci s’abrite 
sous les bois ombragés : elle erre lentement au milieu 
du feuillage, et brille surtout par les teintes vertes 
pleines de reflets métalliques dont son abdomen est 
orné, comme si on l’avait coloré d’un vert d’argent. 

Le céphalothorax diffère peu du Sphasus Lucasii : il 
est relevé vers la tête, incliné vers la partie postérieure 
du corselet. Sa couleur est d’un vert transparent veiné 
de rouge vif : mais il est deux fois plus large que 
l’abdomen, s’il est vu surtout en dessous. 

L’abdomen est étroit, très-allongé (13”“), cylin- 


— 39 — 


(Irique, d’un vert d’eau pâle avec des reflets argentins 
très-brillants, en dessus et sur les côtes. 

Sur la face abdominale s’étend une bande longitudi- 
nale, plus verte que le reste du corps, avec des traces, 
cpielquefois à peine sensibles, de traits rouges, très- 
déliés et interrompus. 

Les pattes sont très-allongées, jaunes, annelées de 
noir et hérissées de forts piquants noirs et longs. 

J’ai rencontré plusieurs de ces Aranéides à Mada- 
gascar, dans un bois sur le bord de la rivière d’Ivon- 
drou. 


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1 ^ 







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GENRE : ATTE. {Attus^ Walckenaer.) 


Ce genre est très-remarquable et parfaitement 
groupé entre toutes les Aranéides par les caractères 
suivants : 

Yeux au nombre de huit., inégaux entre eux, oecu- 
pant le devant et les cotés du corselet, placés 
sur trois lignes, de la façon suivante : Quatre 
sur la ligne antérieure et deux sur ehacune des 
deux lignes postérieures. Les deux intermé- 
diaires de la ligne antérieure toujours plus 
gros, et les deux de la seeonde ligne toujours 
plus petits que les autres. — Tous figurant 
un quadrilatère ouvert postérieurement et ar- 
rondi à sa partie antérieure. 

Lèvre allongée, ovcde, obtuse ou tronquée a son ex- 
trémité. 

Mâclioii*es droites, plus hautes que larges, arrondies et 
dilatées à leur extrémité. 

Pattes 'variables dans leur longueur relative, pr'oprrs 
au saut et à la course. 


— 42 — 

Ces curieuses Aranéides épient leur proie, la sai- 
sissent à la course ou par un bond (t). 

Cette particularité, qu’explique le mot Atte (d’â-rTu, 
je saute), leur avait fait donner, par Latreille, le nom 
de Baltique, Salticus, appliqué à tout ce genre. — Cette 
dernière dénomination a été maintenue dans le règne 
animal de Cuvier, par Dugès. 

Les Attes tissent une soie fine, serrée, collante, 
blanche comme de la neige, sur les murs, les carreaux 
de vitre, dans leurs angles ou entre des feuilles réunies. 
Ces Aranéides se tiennent cachées dans cette soie où 
elles déposent un certain nombre d’œufs assez gros, 
l’onds et d’un blanc jaunâtre. Les petits, en naissant, 
n’ont point la couleur ou les dessins qui doivent se 
montrer plus tard : leur couleur est en général uni- 
foi’me dans le premier âge. 

Les îles de la Réunion et Maurice comptent dans 
ce genre d’ Aranéides plusieurs espèces qui me parais- 
sent n’avoir jamais été décrites. J’ai trouvé dans l’ou- 
vrage de Walckenaer des analogies avec les espèces de 
notre île, mais aucune description propre à me faii'e 
penser que c’étaient bien elles. Aussi, pour ne laisser 
aucun doute à cet égard, j’ai voulu figurer toutes les 
espèces de ce genre. Ce sont des Aranéides si petites, 


(1) Walckenaer, Ilisl, des Ins. Aptères^ 1. 1, page 402. 


43 — 


ayant entre elles une communauté de ressemblance 
si grande, que j’ai cru que c’était le meilleur moyen 
d’éviter une confusion. Nous donnons un dessin grossi 
de chaque espèce avec ses couleurs uaturelles , et à 
côté la grandeur réelle ^ puis la description particulière 
de chacune ainsi figurée. 

Ce genre m’a paru renfermer les plus intelligentes 
de toutes les Aranéides. Ceci n’a rien d’étonnant : 
Privées de toiles dans lesquelles leur proie vient tom- 
ber d’elle-même 5 obligées de l’épier et de la surprendre 
par la ruse, la ruse est la compagne de l’intelligence, 
chez elles comme ailleurs. Munies de pattes courtes 
et robustes, vives et alertes, sautant lorsqu’on veut 
les arrêter, saisissant leur proie par un bond, elles 
tranchent avec les autres Araignées à longues pattes, 
aux mouvements lents, et qui paraissent souvent em- 
barrassées dans leurs propres toiles. Aussi, lorsque 
mettant nn Atte dans le fond d’un flacon pour l’étu- 
dier, je le voyais relever la tête pour me regarder , 
surtout avec ses deux gros yeux du milieu, verts et 
brillants d’un éclat métallique, j’étais ému d’intérêt 
pour le petit prisonnier. Peu sensible à la mort des 
autres Aranéides, lorsque j’ai dii sacrifier une de 
celles-ci, j’en ai toujours éprouvé du regi’et. 


Du reste, par la chasse active rpi’elles livrent aux 
mouches et aux mousticpies, ces Aranéicles sont ex- 
trêmement utiles à l’homme et sont ses amies. 

Les Attes (les îles de la Réunion et Maurice offrent 
des caractères qui les unissent et qui les distinguent. 
Ils peuvent former deux groupes : les uns ont le cor- 
selet allongé, ayant la même forme et le même niveau 
que l’ahdomen : tels sont VAttus muscivorus, V A ttiis 
nlho-oculatus , VAttus Africanus et YAttus lineatus. 
— Les autres, au contrali’e, ont le corselet com- 
posé de deux parties hien tranchées , une face su- 
périeure, plane, élevée, tronquée comme le dessus 
d’une boîte ronde, et une autre latérale, circulaire, 
verticale, c’est-à-dire comme le tour de cette boîte, en 
un mot, deux faces : le dessus et le tour du corselet; 
de plus l’abdomen, chez ces derniers, subit une incli- 
naison légère d’avant en arrière; tels sont YAttus 
variahilis ou hlonde, YAttus luguhris elYAttus nigro- 
fuscus. 

Ainsi une parenté de ressemblance paraît unir 
les espèces de chaciui de cos deux gi’oupes si distincts 
entre eux. Cette séparation en deux groupes se trouve 
encore confirmée par les mœurs de ces Aranéides : 
les premières habitent ou fréquentent les parois des 
murs, l’extérieur des maisons, les lambris, les palis- 


■ir) — 


sades, les vitres des appartements 5 les secondes, 
peut-être en exceptant \Attus lineafus, se tiennent 
exclusivement dans les jardins, sur les arbustes et 
sur les plantes, et se fout un abri en réunissant 
et en agglutinant plusieurs feuilles où elles pon- 
dent leurs ceufs dans un nuage de soie blanclie. Les 
unes enfin vivent de mouches, et les autres plus 
particulièrement de moustiques, qui, le jour, cher- 
client l’ombre et la fraîcheur des buissons. 

En parcourant l’île jMadagascar, j’ai rencontré 
à Tamatave et dans l’île française de Sainte-Marie, une 
Atte rose charmante {Attus Tamatcm, Vinson), dont 
j’ai déjà parlé dans les préliminaires de cet ouvrage; 
puis un Atte très-noir {^Attus Madagascariensis, Vin- 
son) , que je décris également : ces deux espèces se 
rangent, par leur conformation et leurs mœurs, dans 
le second des deux groupes que j’ai indiqués plus 
haut. 

TABLEAU. 

T" Groupe : Corselet allongé ayant la même forme 
et le même niveau que l’abdomen : 

1» Attus muscivorus, Vins. 

2“ Attus albo-oculatus, Vins. 


— 4G — 


3 Attus Africanus, Vins. 

4° Attus lineatus, Vins. 

IP Groupe : Corselet formé de deux parties dis- 
tinctes, un tour circulaire incliné et une surface 
plane : 

P Attus varialilis, Vins. 

2° Attus luguhris, Vins. 

3° Attus nigro-f usons , Vins. 

4° Attus Tamatavi, Vins. 

5° Attus Madagascariensis, Vins. 


PREMIER GROUPE. 


Corselet allonge, ayant la même forme et le même 
niveau que l’abdomen. 

k 


l" Atte muscivore. {Attus muscivorus , Vinson.) 
(PL X,fig. 1.) 

Aspect général : Gris et noir. Long. : 10""". 

Corselet bordé d’un liséré blanc, très-lin, qui va 
se perdre sur les côtés de l’abdomen. Sur le corselet 
deux bandes latérales noires (bien plus étroites que 
dans I’Atte Africaine), laissant entre elles une large 
bande gris clair, évasée vers le bandeau. 

Abdomen aplati, large, de forme pentagonale, tei- 
miné en pointe, traversé dans sa longueur par une 
large bande grise faisant suite à la bande du corselet, 
de même couleur qu’elle et marcliant jusqu’à l’extré- 
mité postérieure, enfermée dans deux bandes laté- 
rales noires. 

Dans la bande grise du corselet on remarque deux 
petits arcs bruns à concavité externe, vi^à-vis les 
yeux postérieurs. 

Dans la bande grise de l’abdomen un rétrécissement 


— -58 — 

existe près de sa terminaison, puis cpielques dente- 
lures sur les côtés et un dessin où l’on voit deux \ l’un 
dans l’autre renversés. L’extrémité de cette bande 
ressemble assez aune fleur de lis des anciens écussons. 

Yeux antérieurs insérés dans un bandeau de poils 
jaunes oranges ou fauves. 

Palpes revêtus de poils blancs, lins, en brosse, ou 
hérissés comme les barbes d’une plume. 

Pattes annelées de gris clair et de brun. 

Cette Aranéide est très-commune sur les parois des 
maisons et chasse activement les mouches. 

Elle existe à l’île de la Réunion et à l’île iMaurice 
où je la trouve ainsi décrite par J. -B. Dumont : 

— « Araignée, phalange grise. Environ 4 lignes de 
longueur, d’un gris brillant ^ corselet carré , entouré 
d’une bande noire ; yeux disposés comme ceux de ce 
genre et noirs ^ màcboii’es noii’es ; le devant de la tête 
jaune ; une ligne blanche sur les côtés du corselet, au- 
dessous de la bande noire. 

» Abdomen petit, ellipticpxe, allongé, bordé de noir. 
Pattes recouvertes de cpxelques anneaux de noir pâle 
et les palpes de poils blanchâtres. 

)) Cette Araignée vagabonde est commune sur les 
murs et dans les maisons (1). « 


(1) J. -B. XyvsiO'üiT:. Maniiscril, 


49 — 


2° Atte a taches blanches. {Attus albo-oculatus, 

Vinson.) 

(PI. X, fig. 2.) 

Long. : 11 à 12”’". 

— Aspect général : Brun marron, tirant sur la cou- 
leur pensée, avec deux grandes taclies oculaires blan- 
châtres près de la bande abdominale, et deux plus 
petites taches à son extrémité. 

C’est la plus grande Aranéide du genre Attus pour 
les trois îles. 

Corselet d’un brun marron et tirant sur le fauve ; 
très-grand, allongé et carré. En dessus une bande gris 
marron plus clair, qui ne va pas au delà des yeux pos- 
térieurs, sorte de languette arrondie eu avant par 
une ligne noire et terminée en arrière en pointe près 
de l’insertion de l’abdomen. — Celui-ci, grand, ovoïde, 
allongé, terminé en pointe, brun marron comme le 
corselet et tirant un peu parfois sur la couleur pensée. 
Sur l’abdomen une bande gris fauve, transversale, 
courbe, placée en avant : de son centre part une 
bande longitudinale de même couleur qui jette deux 
chevrons sur les côtés. Au-dessous de ces deux che- 
vrons deux taches ocellées, formées par des bouquets 

» 

de poils jaunes blanchâtres, situées au tiers postérieur 

4 


— oO — 


sur les côtés de la ligne médiane et sur un fond noir. 
Deux autres taches blanches, plus petites, sur la même 
ligne à l’extrémité de l’ahdomen. 

Les deux taches ocellées supérieures sont cernées 
de noir, et réunies l’une à l’autre par une ligne en 
accent circonflexe à cheval sur la bande du milieu ; 
un petit bouquet de poils roux à l’extrémité supé- 
rieure ou pointe de l’abdomen vis-à-vis de la ligne 
médiane : la partie antérieure est garnie de poils 
longs, jaunâtres, dirigés en avant. 

Ventre brun clair avec un triangle double formé 
par des lignes plus brunes. 

Y eux : en avant, les deux du milieu sont à reflets verts, 
brillants, métalliques, cernés de poils jaune orangé. 

Pattes : brun marron, annelées de noir. Longueur 
relative 1, 4, 2, 3^ palpes noirâtres avec des poils 
jaunes ou fauves. 

Cette espèce est la plus grande que nous ayons 
jamais vue : elle habite l’intérieur et l’extérieur des 
maisons et fabrique une toile collante : on la ren- 
contre au soleil sur les palissades ou les murs où elle 
chasse les mouches et les insectes. 

UAttus alho-oculatus existé aussi à Madagascar, où 
je l’ai rencontré à Andévourante 5 et à l’ile de France, 
où J. -B. Dumont l’a décrit en ces termes : 


— 81 — 


— « Araignée phalange 1" Espece : 5 lignes tle lon- 
gueur, brunâtre : yeux noirs avec des reflets verts très- 
brillants, entoures de poils d’un jaune rougeâtre, placés 
en ligne parabolique sur le devant de la tête ^ les deux 
antérieurs sont gros \ les suivants sont moitié plus petits, 
les sixième et cinquième sont très-petits ; les derniers 
sont un peu moins gros que les troisième et quatrième. 
— Les mandibules sont noires. — Le corselet est carré, 
aplati supérieurement, maixjué dans le milieu d’un 
trait longitudinal gris. L’abdomen est long, elliptique. 
La partie supérieure, plus foncée que les autres parties, 
est marquée eu avant de deux lignes gris blanc qui se 
réunissent vers le tiers antérieur pour former une 
bande longitudinale, de même couleur, qui va jusqu’à 
l’extrémité de l’abdomen. Cette bande offre dans son 
milieu une tache ou trait blanc, transversale de chaque 
côté, et deux points de même couleur vers son exti’é- 
mité postérieure. La circonférence de l’abdomen est 
d’un gris obscur. — Le devant est garni de poils assez 
longs dix’igés en avant. 

)) Le dessus de l’abdomen est d’un gris jaunâtre avec 
3 lignes longitudinales noirâtres, dans le milieu, peu 
sensibles. 

>) Cette Araignée dépose ses œufs sous les roches : elle 
en forme une collection qu’elle place au milieu d’une 


— 52 — 


toile tine, collante, qui a la blancheur de la neige. Les 
œufs sont d’un blanc légèrement jaunâtre. Sous les 
roches ou sur les murs, aux Pamplemousses (île Mau- 
rice) ( 1 ). M 

3° Atte Africain. {Attiis africanus, Viuson.) 

(PI. X, fig. 3.) 

Long. : 8 à Q"”". 

Aspect général : N oire à raies blanches longitudinales. 

Corselet noir foncé, grand, allongé avec trois bandes 
blanches ; une médiane, deux latérales 5 ces dernières 
se recourbent en dedans à leur partie postérieure pour 
marcher vers la bande médiane, en formant une bifur- 
cation pour la continuer ensuite ou se confondre en 
elle. 

Abdomen ovale, noir, avec les mêmes dessins que 
le corselet, c’est-à-dire, une bande blanche médiane, 
deux bandes blanches latérales, réunies en avant 
comme en arrière, et circonscrivant deux ellipses d’un 
noir de velours. 

Ventre occupé par un triangle noir. 

Palpes gris avec des raies brunes. — Mandibules 
brunes avec des poils jaunes. 


(1) J. -B. Dumont, Manuscrit» 


— o3 — 

Cet Atte se rapproche beaucoup de VAttus Pay- 
hidii et de VAttus Ligo (1). Mais la bande blanche 
du corselet se prolonge jusqu’au bandeau. Je crois 
qu’il constitue une espèce nouvelle. 

Se trouve communément à l’île de la Réunion. 

4’ Atte rayé. {Attus lineatus, Vinson.) 

(PI. X, fig. 4.) 

Long. : 5””. 

Aspect général : Brun rougeâtre tirant sur le violet 
foncé avec des lignes plus longitudinales, jaune vif, al- 
ternant avec des lignes brunes. 

Corselet grand, très-aplati, ovale, plus large en 
avant qu’en arrière où il se rétrécit. Couleur brun 
violet foncé, bordé en avant et sur les côtés d’une 
ligne étroite jaune vif. Cette ligne est formée par des 
poils couchés du plus beau jaune d’or (au micros- 
cope). 

Abdomen étroit, elliptique, allongé, tei’ininé en 
pointe : sur l’abdomen, cinq lignes longitudinales 
d’un jaune doré, séparées les unes des autres par des 
lignes brunes de même largeur, dirigées longitudinale- 
ment. Les lignes jaunes sont garnies de poils jaunes, 
les lignes brunes de poils bruns. 


(1) Walckenaer. HisU des Ins, A'püres^ t. I, page 426. 


— 54 — 

Le dessous du thorax est noir : le dessous du ventre 
£;ris jaunâtre. 

Les trois paires de pattes postérieures sont très- 
petites, courtes, jaune clair avec l’extrémité de la 
pointe noire. Les pattes de la première paire, au 
contraire, sont très-fortes, aplaties, comme crochues, 
noir violet, luisantes, dirigées en avant. Le fémoral 
et le tihial sont surtout très-épais. Mâchoires, lèvres 
et mandibules noires. Palpes bruns, terminés en 
jaune. 

Cet Atte se tient entre les feuilles réunies, sous 
une petite toile lenticulaire, mince, opaque et ronde 
comme une petite pièce de monnaie. Le gohe-mouche 
de File Bourbon (^Muscipeta Borhonica) décore l’ex- 
térieur de son nid, de distance en distance, avec les 
petites rondelles blanches qu’il emprunte à cette 
Aranéide. 

J. -B. Dumont, à File de France, avait été frappé de 
la conformation des pattes antérieures de cette Ara- 
néide : cette première paire de pattes est réellement 
très-remarquable, et néanmoins ne justifie pas les 
idées de Dumont pour la formation d’un genre nou- 
veau. Les yeux, la lèvre et les mâchoires sont ici 
comme chez toutes les espèces du genre Attus ou 
Salticiis. Voici la note que nous trouvons dans le 


— 55 — 


manuscrit de J. -B. Dumont, et qui a trait à cette 
Araignée : 

— « Araignée phalange {^Scorpion'). 2 lignes 1^3 à 
3 lignes de longueur. Corselet gros, presque ellip- 
tique, aplati, d’un violet tirant sur le noir, bordé de 
jaune vif. Huit yeux en ligne parabolique, noirs; 
abdomen petit, ovale, oblong, recouvert de lignes 
longitudinales brunes et jaunes. — Les pattes anté- 
rieures sont ti’ès-grosses, d’un noir violet, dirigées en 
avant, et elles donnent à l’Araignée l’apparence d’un 
petit scorpion ; les autres pattes sont jaunes, noires à 
l’extrémité. Palpes noii’S, l’extrémité jaune en dessus, 
la poitrine noire, le dessous du corps d’un gris noi- 
râtre sur les bords. — Sur les arbres et les arbustes, 
à l’île de France. 

w Je crois qu’on peut faire de cette Araignée un 
genre nouveau ou un sous-genre. » 


DEUXIÈME GROUPE. 


Les Attes de ce groupe sont plus courtes et plus 
trapues que les pi’ëcédentes : le corselet est épais, 
incline posterieurement en talus. 


5* Atte variable ou blond. {Attm variabilis, Yin&on.) 

(PL X, fig. 6.) 

Long. : 6“”. 

Aspect général : Vert bronzé foncé, avec des che- 
vrons jaune d’or. 

Corselet élevé, épais, plat, circulaire, vert noir, 
bordé d’une ligne jaune d’or comme un fer à cheval 
continu. — A sa base, une collerette de poils fauves 
relevés sur un plan circulaire, incliné de haut en bas. 

Abdomen ovoïde, court, bombé au-dessus et sur 
les côtés, terminé en pointe, vert bronzé, foncé 
comme le corselet, avec une bande jaune d’or anté- 
rieurement ; deux points de même couleur sur le dos 
et trois chevrons de chaque côté. L’union du cor- 
selet et de l’abdomen a lieu entre deux arcs noirs 


— 57 


qui se continuent quelque temps au-dessous des 
bandes circulaires jaunes du corselet et de l’abdomen. 

Ventre avec une bande longitudinale. 

Yeux : les antérieurs insérés dans une bande rou- 
geâtre. 

Palpes blancs et hérissés. 

Pattes; les antéiâenres et les postérieiu’es plus lon- 
gues, aunelées de jaune. 

Sur les feuilles des ai'bustes. Cette petite Ai’a- 
néide pond des œufs assez gros, jaunâtres, enfermés 
dans une toile blanche, fine, soyeuse, épaisse, entre 
le limbe d’une ou plusieurs feuilles. Les petits en 
naissant sont d’un jaune blond, uniforme. A mesure 
qu’ils avancent en âge, on voit naître les raies d’un 
vert bronze foncé, d’un éclat métallicpie, ce qui ad- 
vient par la chute du poil fauve doré dont ces Ai’anéi- 
des sont revêtues dans le jeune âge. Les parties où ce 
poil a persisté représentent les taches et les chevrons. 
Le corselet et l’abdomen deviennent lisses et de cou- 
leur vert bronzé brillant sous l’incidence de la lu- 
mière. 

Si on rencontre cette Aranéide avec sa couleur uni- 
forme blonde, il faut bien se garder de la prendre pour 
une espèce différente; on ne pourrait l’admettre tout 
au plus que comme une variété. Ce qui le démontre. 


— 58 — 


c’est qu’en froissant avec le doigt le dessus du thorax 
et de l’ahdomen, et en entraînant artificiellement la 
chute du poil, on produit ce changement. 

C’est en raison de ces mutations, qui pourraient 
faire croire à l’existence de plusieurs espèces, que j’ai 
nommé cette petite Aranéide Attus variabilis. 

fi* Atte LUGüBREr {^Attus lugiihris, Vinson.) 

(PI. X, fig. 7.) 

Long. : 5““. 

Aspect général : Noir foncé à chevrons blancs. 

Corselet noir^ un simple trait d’un blanc pur le 
borde supérieurement et en arrière comme un fer à 
cheval ou un arc très-recourbé sur les côtés et ouvert 
devant. Une raie blanche plus large entoure la base du 
corselet. Entre ces deux bandes blanches, une noire, 
qui occupe le plan incliné en talus du corselet posté- 
rieurement en finissant sur les côtés. 

Abdomen petit, court, conique, incliné vers lapointe : 
il est noir, avec un arc blanc antérieurement, pareil et 
eu sens opposé à l’arc blanc du corselet. En dessus de 
l’abdomen, deux points blancs et quelques traces de 
chevrons hlancs, au nombre de trois environ, qui se 
terminent sur les côtés. 

Ventre gris avec une bande longitudinale noire. 


— 59 — 


Mandibules recouvei’tes à leur insertion d’une rangée 
de poils blancs : elles sont noires. 

Pattes noires annelées de blanc. La première nota- 
blement plus grande. Quand on veut la prendre par 
devant, elle recule sur les pattes de derrière, en ou- 
vrant et en élevant celles de devant. Longueurs rela- 
tives des autres paires : 3, 2, 4. 

Cet Atte offre, en noir et en blanc, les mêmes des- 
sins (^eV Ætus 'variàbilis présente en vert et en jaune. 

Sur les feuilles des arbustes, dans les jardins. 

7“ Atte marron. {Attus iiigro-fuscus, Vinson.) 

(PI. X, fig. 8.) 

Long, : 7“™. 

Aspect général : Marron foncé uniforme, avec deux 
lignes très-noires sur les côtés de l’abdomen. Ces lignes, 
parallèles d’abord, s’écartent en se prononçant davan- 
tage et finissent en zigzag. 

Corselet large, court, coupé carrément en avant; 
circulaire sur ses bords, plat en dessus, arrondi en fer- 
à-cheval postérieurement. Il s’incline en talus, d’un 
brun vineux, bien limité supérieurement, et s’insère 
à l’abdomen dans la même couleur. Ce corselet, en 
dessus et en avant, est marron foncé. Un croissant gri- 
sâti'e le circonscrit postérieurement. 


00 — 


Abdomen arrondi en avant, ovoïde, allongé dans son 
milieu et terminé en pointe : en avant de l’abdomen 
on trouve, dans le sens opposé au croissant gris du cor- 
selet, un croissant abdominal pareil, gris, rayé de li- 
gnes brunes et courtes, comme des bacbures. L’inser- 
tion de l’abdomen au corselet est aussi brun vineux 
foncé. L’abdomen en dessus est marron foncé avec 
deux lignes noires longitudinalement disposées : fines 
et parallèles en commençant près de la base de l’ab- 
domen ^ elles s’écartent bientôt en se prononçant da- 
vantage, et se terminent en zigzag vers la fin de l’ab- 
domen. — Appendices des filièi’es apparentes. Sur les 
côtés de l’abdomen, de petites raies bi’unes et grises 
pointillées de noir. Sous le ventre la couleur est fauve 
grisâtre, avec de petites lignes pointillées de brun. 

Le dessous du corselet et l’insertion des pattes sont 
de couleur puce clair ; ces parties sont glabres et lui- 
santes. 

Les pattes sont de la même couleur puce. La ti’oi- 
sième paire paraît être la plus longue, puis la qua- 
trième : viennent ensuite la première*, et la seconde, 
qui paraît être la plus courte. 

Les palpes sont fauves grisâti’es, très-velus, héris- 
sés surtout de poils nombreux et d’un jaune blanchâ- 
tre. Les yeux sont très-noirs. 


— 61 — 


Les crochets des mandibules, examinés au micros- 
cope, sont d’un rouge brun. Cette Atte se rencontre 
dans les lieux un peu sombres et humides. 

8“ Atte de Madagascar. [Attus Madagascariensis, Vinson.) 

Long. : de S™” 1/2. 

Aspect général : D’un noir de jais, brillant j un petit 
losange blanc sur le milieu du corselet 5 cpielques raies 
blanches en travers sur l’abdomen. 

Le corselet élevé, aussi long que l’abdomen, est 
l’ormé de deux parties, l’une circulaire et inclinée, qui 
est arrondie sur les côtés j l’autre élevée, et plane, qui 
supporte les yeux. Toutes sont d’un noir magniüque, 
à l’exception d’une tache d’un blanc pur, courte, 
étroite, simplement formée par quelques poils, et située 
sur le milieu du thorax derrière les yeux postérieurs. 

L’abdomen est conique, de la même longueur que le 
céphalothorax (4““), il est terminé en pointe. Plus 
élargi près de sa base, il se relève pour s’incliner 
un peu vers la ligne postérieure. Sa couleur est d’un 
beau noir brillant, semblable au corselet : on trouve 
sur le sommet de l’abdomen, près de sa base, une pe- 
tite tache transversale blanche, étroite et courte, et de 
chaque côté deux lignes d’un blanc pur, étroites, inter- 


— f52 


rompues au milieu et se correspondant comme des 
chevrons très-déliés. 

Les yeux intermédiaires de la ligne antérieure ont 
un éclat verdâtre et métalliqpie. Les mandibules sont 
noires, anguleuses, dilatées vers leur extrémité, lapointe 
des crochets est rougeâtre. Les palpes sont noirs, fins et 
allongés. 

Le dessous du corps est noir : l’insertion des pattes 
d’un fauve rougeâtre. Les pattes elles-mêmes sont noi- 
res, sans taches, mais tei'minées par le dernier article 
qui est fauve rougeâtre : la première paire est la plus 
robuste et la plus longue : puis la seconde : la qua- 
trième est la plus faible. 

Se trouve à Madagascar, sur le littoral et particu- 
lièrement à Tamatave, où j’ai recueilli cet attus. 

9’Attede Tamatave. {^Attiis Tamatavi, Vinson.) 

(PI. X, fig. 5.) 

Long. : 7“”. 

Aspect général : De couleur dorée ou orangé vif ti- 
rant sur le rose : les yeux noirs sur un carré brun. 
Haies blanches encadrées de brun, en travers sur l’ab- 
domen. 

Le céphalothorax est ovale; le corselet, incliné en 
arrière, monte vers la tête, qui est aplatie, carrée, 


— 63 — 


plus large posterieurement^ le corselet est couleur 
jaune orange, avec une jolie teinte rosée lorsque Fin- 
secte est vivant. Derrière les yeux, au sommet du cor- 
selet, plusieurs lignes blanches, étroites, et formées de 
poils réguliers, partent du même point, se séparent en 
rayonnant, se continuent sous la forme de plusieurs 
lignes argentées autour de la tête et du carré oculaire, 
et viennent eu avant se distribuer de diverses façons 
sur le bandeau. — Les yeux sont isolément entourés de 
poils blancs comme par des cils. 

L’abdomen ovoïde, aussi long que le céphalothorax, 
est arrondi ou légèrement aplati sur sa face supé- 
rieure 5 il se termine en pointe, il est couvert d’un duvet 
d’or, fin et serré, qui est très-brillant vu à la loupe. 
Lorsque l’insecte est vivant on y remarque des nuances 
de rose tendre qui se mélange à la couleur dorée. L’ab- 
domen est traversé de trois ou cpiatre bandes blanches, 
à égale distance les unes des autres ^ chacune de ces 
raies blanches est encadrée par deux lignes noires ou 
brun rougeâtre : quelquefois elles subissent une légère 
interruption au milieu, mais le plus souvent elles se 
continuent. 

Le dessous de l’abdomen est blanchâtre, quelque- 
fois nuancé de jaune tendre ou de rose. 

Les mandibules sont d’un jaune d’ambre. Les palpes 


— 64 — 


sont jaunes, et revêtus de poils blonds ou blanchâ- 
tres. 

Les pattes sont d’un jaune clair ou rose, semées de 
poils noirs, avec la griffe noire. — La premièi’e et la 
seconde paire sont plus robustes, mais la troisième 
paire et la quatrième paraissent les plus longues et 
presque égales entre elles. 

Cet Atte est une des plus riches espèces du genre et des 
plus jolies : il est très-commun à Tamatave dans les 
jai'dins, sur les arbustes, dans les buissons et même 
conti’e les parois des habitations. — Je l’ai recueilli 
également à l’île Sainte-Marie. J’ai rapporté quelques 
individus vivants à l’île de la Réunion, où je les ai mis 
en liberté. 


GENRE : THOMISE. {Ihomisus, Walckenaer.) 


Ce genre très-naturel créé par Walckenaer est 
caractérisé de la manière suivante : 

Yeux au nombre de huit, presque égaux entre eux, 
occupant le devant du corselet, placés sur deux 
lignes eu croissant ou eu segment de cercle. 
lièvre grande, plus haute (que large, triangulcdre, ar- 
rondie à sou extrémité. 

Mâchoires allongées, inclinées sur la lèvre, conniventes 
Ci leur extrémité. 

Mandibules courtes, cunéiformes ou cylindroides . 
Pattes articulées pour être étendues transversalement, 
très-inégales entre elles : les deux paires posté- 
rieures sensiblement plus courtes cpie les deux 
paires antérieures . 

Arancides marchant de coté avec lenteur, épiant 
leur proie, tendant des fils solitaires pour V arrêter, se 

cachant dans des feuilles quelles rapprochent pour 

5 


— 66 — 


faire leurs pontes. Cocon aplati, quelles gardent 
assidûment (1). 

L’île de la Réunion ne possède aucune Aranéide qui 
appartienne à ce genre ; l’île Madagascar offre pour sa 
part, au contraire, une fort Relie espèce de Thomise 
qui passe pour être très-redoutable. C’est l’Aranëide- 
crabe, que les Malgaches désignent sous le nom de 
Foûa, et dont il a été déjà question an comniencement 
de cet ouvrage : elle est à la fois remarquable par sa 
forme de Crustacé, par son enveloppe semée de rugo- 
sités, et par la réputation de son venin, qui serait très- 
subtil. Walebeuaer signale un Thomise rugueux {Tho- 
misus rugosus, Walek.) qui figurait dans la collection 
du professeur Lamarck, et qui provenait de l’île de 
France (Maurice). J. -B. Dumont, qui s’est occupé de 
l’Aracbnologie de cette île, ne fait mention d’aucune 
espèce de ce genre, dans son manuscrit. Je suis porté 
à croire que cette Aranéide aurait été envoyée de 
Madagascar par l’île Maurice, et qu’elle ne serait 
autre chose que le Thomise fouque (Thomisus foha, 
Vinson) dans un individu plus jeune, et par con- 
séquent plus petit. — Du reste, je donne la courte 
description que Walekenaer consacre an Thomisus 


(1) Walckenaer, Hist, des Ins. AplèreSj t. I, page 499. 


— 07 — 


rugosus, et comme la famille qu’il créé à cet égard, 
celle des CRUSTACÉIDES , comprend le Thomise 
foka, je l’adopte également avec les caractères qu’il 
lui reconnaît. 


FAMILLE; LES CRUSTACÉIDES (1). 


W alckenaer a senti la nécessité de créer dans ce 
genre, la famille des CRUSTACÉIDES, à l’occasion 
du Thomisus riigosus. Je comprends dans cette même 
famille (la 6“ du genre) le Tliomisus foha de jMada- 
gascar. 

Voici les caractères qui distinguent cette famille : 

Veux presque égaux entre eux, en croissant large. 

Pattes antérieures l’enflées; la première paire la plus 
longue, la seconde ensuite; la troisième est la plus 
courte. 

Corselet eu cœur convexe. 

Abdomen très-large arrondi à la partie postérieure. 

Corps entièrement l’ecouvert de rugosités qui font 
ressembler l’Aranéide à un Crustacé (2). 


(1) Walckenaer. HisL des bis. Aptères, t. I, page 513. 

(2) Ibid. 


1® Thojiise rugueux. {Thoniisus rugosus, Walckenaer.) 


K Long. : 4 lignes. 

« Fauve, les deux pattes postérieures d’un jaune rou- 
geâtre, peau chagrinée ou tuberculée. 

« Walckenaer, Tah. des Aranéicles, page 33, n" 18. — 
Latreille, Nom. Dict. dliist. nat., t. xxxiv, page 62. 
Ancien monde. — Océan Indien. — De l’île de France. 
— Collection du professeur Lamarck (1 ). » 

2® Thomise fouque. {Thoniisus foka, Vinson.) 

(PI. XIV, fig. 4.) 

Long. : 12““ 1/2. — Femelle. 

Aspect général : Celui d’un Crustacé, avec la cou- 
leur brun rougeâtre 5 le corps tuberculeux. 

Tête large, arrondie, mamelonnée, avec un bandeau 
très-évasé qui présente de chaque côté deux dentelures 
proéminentes. 

Corselet bombé, très-large (7““ ), et incliné sur ses 


(1) Walckenaer. Ibid, 


— 70 — 


faces latérales, où l’on découvre quelques vestiges de 
sillons qui se dirigent transversalement en avant : il 
est brun fauve avec deux taclies d’un fauve rougeâtre ; 
il est semé de rugosités dont les principales sont dispo- 
sées en long sur trois lignes. 

Abdomen trapézoïde, inégal et rugueux surtout sur 
les côtés. Légèrement incliné en arrière, étroit sur 
l’avant, très-dilaté vers sa partie postérieure où il 
mesure 8"'“, il offre des sillons courbes et profonds, 
cpii supportent des éminences tulDerculeuses , ce qui 
lui donne un aspect rugueux et chagriné : sa couleur 
est brune, les saillies sont rougeâtres. Vers son extré- 
mité postérieure, l’abdomen paraît comme s’il était 

% 

composé de plusieurs segments séparés par des sil- 
lons. 

Supérieurement l’abdomen est évasé sur les côtés, 
mais il se dérobe en dessous par une inclinaison ra- 
pide, et présente sur cette face latérale des plis su- 
perposés et plusieurs rangées de tubercules qui ont 
l’apparence de petits mamelons. 

Les filières sont jaunâtres, placées à l’extrémité pos- 
térieure. Les pattes, rangées latéralement, sonti’amas- 
sées, courtes et fortes : elles ressemblent à celles d’un 
Crustacé, sont rougeâtres et semées de tubercules dont 
quelques-uns, sur le fémoi'al de la première paire de 


— 71 — 


pattes, ont l’apparence d’epines courtes et coniques. 

Les yeux sont petits et disposes en demi-cercle ou 
en croissant. Les deux intermédiaires postérieurs sont 
les plus gros. 

Cette Aranéide ressemble, par la couleur et l’as- 
pect, à la surface du fruit de Vhjmenæa 'verrucosa, 
arbre commun dans les forêts de Madagascar, au mi- 
lieu desquelles on rencontre cette curieuse Ara- 
néide. 

Les JMalgacbes la regardent comme éminemment 
dangereuse : c’est leur Fouque ou Foka : elle leur 
inspire une véritable terreur : ils prétendent que le 
souffle seul de cette Aranéide crustacéide suffit pour 
produire chez eux une enflure mortelle, et que le bœuf 
lui-même, avant de se coucher sur le gazon, flaire 
partout la terre afin de s’assurer s’il ne se trouve pas 
dans le voisinage une Araignée de ce gemœ. On affirme 
toutefois, — et cette opinion est d’accord avec la 
croyance générale, — que la morsure de cet insecte 
amène dans la partie qui en est le siège un gonfle- 
ment cpii, en huit jours, se propage à tout le corps 
et se termine par la mort. Comme on le voit, ici les 
accidents développés à la suite de cette morsure, 
diffèrent de ceux du Latrodecte înénavoude, qui pro- 
duit un refroidissement mortel et tous les symptômes 


— 72 — 


d’un empoisonnement acccompagné de syncope et de 
pâmoison. 

Les voyageurs qui ont écrit sur Madagascar, en re- 
latant qu’on y trouvait « une araignée grosse comme 
un petit crabe, qui vit sous terre et dont la piqûre 
est mortelle, « ont entendu parler du Thomise touque 
{Thomisus foka'). — J’avais pensé, jusqu’à mon voyage 
dans cette île, et avant d’avoir vu le Ménavodi et le 
Foka{\), que les Araignées dont il s’agissait n’étaient 
autres que des Lycoses ou Tarentules ou VEresus 
Guerinii (Lucas) ; mais en tenant les sujets en main, 
il m’a Lien fallu reconnaître dans l’un un Latrodectus, 
et dans l’autre un Thomisus. 

Le Thomisus Foka n’est pas très-commun. Celui-ci 
a été renconti’é sur l’écorce d’un arbre. Un officier 
d’infanterie de marine de nos amis , qui faisait 
comme nous partie de la mission politique de Mada- 
gascar, M. Prudhomme de Saint-Maur, s’était arreté 
sous un arbre, dans une chaude journée, pour se re- 
poser, entre Andévourante et Vavoune : il avait 
suspendu son sac de voyage à une branche : cette 
Ai’aignée vint se placer sur le sac , et lorsqu’il fut 


(1) En langue malgache on écrit Ménavodi et Ton prononce Ménavoude; on 
écrit Foka et Ton prononce Fouqxie. 


— 73 — 


pour le prendre et qu’il saisissait déjà l’Aranéide, ses 
porteurs se récrièrent sur son imprudence. 

Ayant enfermé avec précaution le Foka dans un 
flacon, nous nous livrâmes à une série d’expériences ; 
plusieurs insectes qui lui furent livrés furent tous tués 
immédiatement : une guêpe oi’dinaire, un sphex puis- 
sant et redouté, même un coléoptère assez fort furent 
en quelque sorte foudroyés par la morsure du Tho- 
MiSE de Madagascar. 


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GENRE : SÉLENOPS. {Seleiiops, Léon Dufour.) 


Ce genre, très-naturel parmi les Aranéides, a été 
fondé par M. Léon Dufour. Il a été adopté par tous les 
aptérologistes, Cuvier, Dugès, Walckenaer, H. Lucas. 
Son nom est formé des mots lune, et otj/, œil. 

Ce genre offre les cai’actères suivants : 

Yeux au nombre de huit, disposés sur deux lignes : la 
ligne antérieure est courbée en avant et formée 
par six yeux ; la ligne postérieure est très ■rap- 
prochée de l’autre, plus longue que l’antérieure, 
et marquée a ses extrémités par deux yeux seu- 
lement. 

De cette sorte, quatre yeux intermédiaires 
sont sur une ligne droite; deux yeux latéraux 
sont de chaque côté, l’un plus avancé, l’autre 
plus reculé que la ligne intermédiaire. 

Lèvre arrondie, semi-circulaire ou ovalaire. 

0 

Mâchoires allongées, droites, écartées et divergentes à 
leur extrémité. 


— 76 — 


Pattes étalées latéralement, allongées, fortes, presque 
égales : les postérieures aussi longues ou plus 
longues que les antérieures . 

C es Aranéides courent avec rapidité, les pattes 
étendues latéralement . 

Le type de ce genre est le Selenops omalosome 
plane, uni; c!b}y.x, coi’ps). — Walckenaer a appli- 
qué ce nom spécifique à une famille entière, celle 
des OMALOSOMES, parmi lesquelles il range les 
Aranéides de ce genre dont le corps est plat (1). 

J’avais lu dans Cuvier que ce genre, parmi les espè- 
ces qui le composent, en comprenait une particulière 
à l’île de France (Maurice). 

J’ai rencontré à Salazie (ile de la Réunion) un Sélé- 
Nops de la famille des OMALOSOMES, et qui paraît 
être une des plus belles espèces du genre. Je l’ai fi- 
gurée avec soin et dans ses plus graîids détails. 

Pendant mon voyage à Madagascar, j’en ai égale- 
ment rencontré une nouvelle espèce qui existe en 


(1) Il est remarquable qu'en étendant ce nom d’espèce à une famille entière, 
Walckenaer se rapproche de l’idée primitive de M. Léon Dufour, qui en avait fait 
un genre. «Quant àl'Omalosotyia, » m'écrivait-il, « car primitivement c'était pour 
moi un terme générique auquel LatreUle substitua celui de Sélànops que j'ai 
adopté, votre espèce est fort curieuse et je consens très-volontiers à en être le 
parrain. « [Lettre à le docteur Auguste Vînsoîi, Saint-Severj le 9 mai 1862.) 


— 77 — 


très-grande abondance dans les villages de l’inté- 
rieur et dans la province d’Imérina, à Tananarive. Le 
soir, ces insectes viennent en foule sur les pai’ois exté- 
rieures des cases, des maisons, et s’y tiennent appli- 
({ués; si on tente de les prendre, ils y glissent, absolu- 
ment comme les Hippohosques, et entrent dans les 
fentes des cloisons. 

Fidèle à notre système de classification, nous plaçons 
les Aranéides de ce genre, du moins celles qui nous 
sont connues, dans la division des nocturnes. 

A ce propos, il n’est pas sans intérêt de dire cpie 
c’est de très-grand matin, en ouvrant une porte, que 
l’Aranéide de cette espèce que j’ai rencontrée à Salazie 
s’est laissée surprendre par terre, sur le parquet, au 
moment où, pressentant la venue du jour, elle rega- 
gnait sa retraite. Cet individu, renfermé dans un fla- 
con, s’est mutilé volontairement les pattes, en les sai- 
sissant avec ses palpes. En le voyant réduit bientôt à 
n’avoir plus que la moitié de ces appendices, j’ai ré- 
solu de le plonger dans l’alcool et de mettre fin à une 
mutilation qui me causait un vrai déplaisir. 

L’île de la Réunion ne renferme qu’une seule espèce 
d’Aranéide dans ce genre. Elle est assez rare : je n’en 
ai trouvé que trois exemplaires, deux à Salazie et dans 
l’intérieur des maisons, un seul sur le littoral. Elle 


— 78 — 


se cache clans la rainure des portes, où elle se fait 
écraser lorsqu’on les ferme. Cette espèce, cp,ie je décris 
sous le nom de M. Léon Dufour, aucpiel je la dédie 
comme uu témoignage de vénéi’ation, paraît avoir de 
très-grands rapports avec le Sélénops omalosome 
trouvé par cet éminent naturaliste dans le royaume de 
Valence. Il est remarquable de signaler, à cet égard, 
les rapprochements cjue nous avons rencontrés dans 
l’Arachnologie pour quelques espèces communes à 
l’Algérie, à l’Espagne et à nos îles. Ici, c’est le Sélé- 
nops OMALOSOME, et plus loiii ce sera l’Epéire de l’O- 
pnntia et ses variétés, cj^u’on trouve comme preuve de 
ces faits. 


FAMILLE; LES OMALOSOMES. 


1. SÉLÉNOPS DE Dufour [Selenops Dufourii, Vinson). 
(PL III, lig. 1.) 

Long. : Femelle. 

Aspect général : Cette Aranëide singulière rappelle 
au premier abord, par sa couleur et un peu par ses 
formes, Faspect des Olios, dont elle paraît avoir les 
mœurs. Tout son corps est très-aplati; l’abdomen a la 
forme d’un sac presque carré. Les pattes sont rangées 
latéralement, comme celles d’un crabe; et la couleur 
générale est fauve pâle tirant sur le gris. 

Le corselet est plat, arrondi sur ses bords, avecune pe- 
tite dépression centrale brune, un peu profonde, creusée 
comme une fossette au milieu d’un écusson rayonné ; 
ces rayons se perdent peu à peu vers la périphérie. La 
ligne qui limite le corselet postérieurement, est large 
et un peu concave du coté de l’insertion abdominale; 
il est gris fauve clair. 

La tête, qui est bien séparée du corselet par une 


— 80 - 


ligue en V, ouvert et bien évasé en avant, est égale- 
ment aplatie et relevée un peu du côté des yeux, et 
surtout des latéraux. On y distingue des lignes plus 
foncées, C£ui vont en s’irradiant vers le front; elles 
sont formées par des rangées de poils qui aboutissent 
à chacun des six ocelles supérieures. 

L’abdomen, très-plaue, peu épais, forme uu carré 
long dont les angles sont émoussés ou arrondis; il res- 
semble à un sac, plus élargi postérieurement : sa lar- 
geur dans cette partie est de 6“'"'. 

La base, un peu convexe, entre dans une très-légère 
échancrure du corselet. Tout l’abdomen est couvert 
- en dessus d’un duvet soyeux, lin et serré; sa surfoce 
|)résente six points, indiqués par de légères dépres- 
sions : les deux premiers, près de la base, sont rappro- 
chés l’un de l’autre ; les seconds s’écartent un peu plus 
entre eux; les derniers sont plus écartés encore et très- 
distants des quatre points antérieurs. 

lia couleur de l’abdomen est d’un gris fauve clair. 
Vers son tiers postérieur, cette partie présente une 
bande transversale large, carrée, d’une couleur plus 
pâle et prescpie blanchâtre, dans laquelle on trouve 
des traces de segments, et qui se termine en arrière 
par cinq dents. Ces cinq dents ou pointes, qui sont 
formées par des faisceaux de poils blanchâtres, se dé- 


— 81 — 


taclient sur un fond brun ou noir, qxii se recourbe en 
un plan postérieur presque vertical, quoique légèi'e- 
ment arrondi et peu épais, dont le milieu est occupé 
par des filières très-petites et comme rudimentaires. 

Le dessous du ventre et du corselet est d’un blanc 
pâle un peu jaunâtre. 

Les pattes sont longues, distribuées latéralement, 
coudées dans le pli du premier et du deuxième article, 
étalées ensuite. Elles sont grises et velues, annelées de 
brun. Chacune est terminée par une extrémité coni- 
que, mousse, velue et surmontée par deux crochets. La 
première paire, la plus courte, a IG"""; la deuxième 
et la troisième ont cbacune 21““ j la quatrième a 19““. 

Les palpes sont de la même couleur que les pattes, 
annelés comme elles, noirs à la pointe. 

Les mandibules sont velues sur leur bord, rougeâtres 
dans leur parcours, avec un trait noir en avant, dans 
le sens de leur longueur, et très-écartées à leur extré- 
mité : sur leur côté interne elles sont pluridentées. 
(V. PI. III, lig. 1, h.) (1). 

(l) Ce môme caractère se retrouve cliez le Selenops Madagascariensis. Il m’a 
été signalé par M. Léon Dufour. « Dans mon espèce, les mandibules ont deux 
paires de dents sur deux rangées. C’est là un trait organique que j'ai même si- 
gnalé comme générique. Dans l’atlas de Savigny vous y verrez gravé un Selenops 
œgypliaca qui ne ressemble ni au vôtre, ni au mien, et qui a aussi les mandi- 
bules pluridentées. Explorez de nouveau ce trait. » {Lelire à M, le docteur Au- 
guste Vinson, Saini-Sever, 18G2.) 


6 


— 82 — 


La lèvre, très-large, est grande et arrondie, et portée 
sur un pédicule : étalée de chaque côté, elle présente 
deux pointes latérales un peu dentées en dessous. 
Les mâchoires sont droites, longues, et divergentes à 
leur partie supérieure. 

On aperçoit très-distinctement les six yeux supé- 
rieurs : les deux latéraux sont les plus gros 5 ils sem- 
blent voir sur les côtés et en arrière. Des quati'e inter- 
médiaires, rangés sur une même ligne, les deux mé- 
dians sont les plus petits et les deux externes de gros- 
seur moyenne. Les yeux antérieurs qui complètent la 
courbe de la ligne oculaire ne se voient que très-dif- 
ficilement : ils sont petits, elliptiques, posés en long 
et en avant sur un plan vertical au-dessus de l’inser- 
tion des mandibules. Il faut placer l’Aranéide vertica- 
lement, l’incliner un peu en avant et l’examiner de 
face avec une forte loupe pour bien les voir, sans quoi 
on serait tenté de croire que cette Aranéide n’a que six 
ocelles, ce qui serait une erreur. (V. PI. III, fig. 1, a.) 

Le Sénélops de l’île de la Réunion ne se ti’ouve que 
très-rarement sur le littoral; on le rencontre dans les 
demeures du centre de l’île, à Salazie, et encore n’est-il 
pas commun. 

J’ai longtemps conservé, vivant, un Séléinops que 
j’avais pris au champ Borne (quartier Saint- André) ; 


— 83 — 


lorsque je le dérangeais ou que je m’apprêtais à lui 
donner une proie, il se soulevait sur l’extrémité de 
ses pattes de la façon la plus bizarre 

2° Séiænops de Madagascar. {Selenops Madagasca- 
riensis, Vinson.) 

(PL III, fig. 3.) 

Long. : 1 1™"'. Femelle. 

Aspect général : Plus petit d’un millimètre 1/2 que 
le SÉNÉLOPS de l’ile de la Réunion ; d’uii jaune roux, 
maculé de tuclies larges plus brunes. — Corselet et 
corps très-plats. — % 

Le corselet est plat, large, arrondi en forme de dis- 
que : la tête est évasée en avant et coupée en ligue 
droite : elle est insérée comme un coin dans le thorax, 
qui forme presque un cercle interrompu seulement en 
avant pour la place de la tête et en arrière pour l’at- 
tache de l’abdomen. Le corselet est fauve, maculé de 
taches plus foncées. 

L’abdomen est plane comme chez les omalosomes, 
et fait pour s’appliquer exactement sur la face des 
corps qu’il touche et où l’Aranéide est appelée à se mou- 
voir avec célérité : il est plus large près de sa hase \ un 
peu en ligne horizontale vers le corselet, il s’arrondit 


— 8i — 


sur les côtés \ les deux ligues qui le forment descendent 
ensuite parallèlement en se courbant doucement l’une 
vers l’autre, de façon à terminer l’abdomen par une 
pointe mousse. Sa couleur est fauve, avec de larges ta- 
ches plus foncées et qui laissent entre elles des lignes 
plus claires qui circonscrivent ces tacbes et qui les 
rendent ti’ès- apparentes. 

Les pattes sont jaunâtres, légèrement amielées. Le 
dessous du corps est fauve jaunâtre, uniforme. Ce Sé- 
cÉNOPS est très-répandu dans les villages intéi’ieui’s de 
Madagascar, lorsqu’on commence à s’élever dans les 
montagnes. On le trouve également dans toute la ville 
de Tananarive. — Ses mœurs sont nocturnes; il n’ap- 
])araît que lorsqu’il fait nuit : il sort alors de dessous la 
paille des toits, ou se glisse hors dela fentedesboisei’ies 
ou des parois des babitations. Là ce Sélenops s’applique 
contre la surface des corps comme s’il y adhérait : et 
si on veut le toucher ou le prendre il se déplace avec 
une incroyable promptitude. 

Ce Sélenops est bien différent de celui de Dufour 
[Selenops Dufourii, Vinson), et beaucoup plus com- 
mun dans son habitat que ce dernier à l’i'le de la 
Réunion. 


GENRE: PHILODROME. {^Philodt 'oinus, 

Walckenaer.) 

Ce genre, établi par Walckenaer, offre les caractères 
suivants : 

Yeux au nombre de huit, presque égaux entre eux, oe- 
cupant le devant du corselet, placés sur deux 
lignes en croissant, sessiles, ou n’étant pas portés 
sur des tubercides ou des éminences de la tête. 
Lèvre triangulaire, terminée en pointe arrondie, ou 
coupée a son extrémité. 

Mâchoires étroites, allongées, cylindroïdes, inclinées 
sur la lèvre, rapprochées à leur extrémité. 
Mandibules cylindroïdes ou cunéiformes. 

Pattes articulées pour être étendues latéralement, al- 
longées, propres a la course; presque égcdes 
entre elles. 

Ces Aranéides courent avec rapidité, les pattes éten- 
dues latéralement, épiant leur proie, tendant des fils 


— 86 — 


solitaires pour la retenir, se cachant dans des fentes ou 
dans des feuilles, pour faire leur ponte. 

J’ai rencontré à Madagascar, à Tananarive, une es- 
pèce de ce genre : ce qui la rend surtout remarquable 
c’est sa coideur d’un blanc de neige : elle est assez 
commune dans la province d’Imérina. 

Les îles de la Réunion et Maurice ne possèdent 
aucune espèce dans le genre Philodromus . 


Philodrome blanc. [Philodromus nweus, Vinson.) 

Long. : 4 à .5""”. — Femelle. 

Aspect général. Corselet blanc. Abdomen globu- 
leux et blanc 5 de forme pentagonale. Pattes fines. 

Le corselet est aplati et large : il est d’un blanc très- 
brillant. 

Les yeux sont noirs ou fauve jaunâtre, placés sur deux 
lignes. Vus de face au microscope, le plus externe de 
la ligne postérieure coiu’espond à l’ceil intermédiaire 
de la ligne antérieure : ils sont l’éunis par un sillon 
inégal. Les yeux externes des deux lignes sont dirigés 
et regardent en dehors. 

L’abdomen est large, déformé pentagonale et d’un 
blanc de lait ou de neige ti’ès-pur^ il est globuleux, 
quoique légèi’ement aplati à sa surface. Lorsqu’on 
l’examine à la loupe, il est strié et présente l’effet le 
plus joli. 

Les pattes sont fines et blanches : les palpes ont la 
même couleur. 

Cette petite Aranéide est commune dans les jardins 
des environs de Tananarivej elle est d’un fort petit 


— 88 — 


volume et se tient parmi les feuilles, où on la remarque 
toujours à cause de sa blanclieur qui est entière. Je 
l’ai fréquemment vue dans les feuilles du gouyavier 
ou de l’oranger, à Ambouitsirouit, maison de cam- 
pagne de M. Laborde, consul de France, à Tananarive. 
Lorsqu’on la touche elle fuit avec rapidité et se laisse 
tomber en demeurant suspendue à son fil. 


GENRE : OLIOS. {Olios, Walckeiiaer.) 


Walckenaer donne au genre Olios qu’il a crée les 
caractères suivants : 

Yeux au nombre de huit, étalés sur deux lignes paral- 
lèles, V antérieure étant beaucoup plus courte. 
Lèvre large ou cpiadriforme, ou trojiquée en ligne droite 
à son extrémité. 

Màclioii’es écartées, droites ou inclinées, disjointes ou 
divergentes à leur extrémité. 

Mandibules allongées, cjlindroides . 

Pattes presque égales entre elles, fortes, allongées ; les 
postérieures, comme les antérieures , sont arti- 
culées pour être étendues latéralemen t et portées 
en avant. 

Ce sont des Aranéides robustes , tendant quelques 
fils et marchant dans une position renversée, dans les 
bois et dans les habitations ; elles attaepeent de très- 
gros insectes, tels que les kakerlacs, par exemple, et 
meme de petits lézards (1). 


(1) Walckenaer, Histoire des Ins. Aptères^ t. I, page 5G3. 


— 90 — 

Nous ajouterons que ce sont des Aranéides noc- 
turnes, et pour les caractères desquelles, sous ce rap- 
port, nous renvoyons à ce que nous avons établi pré- 
cédemment sur ce point (1). 

Ce genre d’ Araignées a reçu dans les îles de la Réunion 
et Maurice une dénomination particulière : Bihoucs, 
Bihouques ou Bihes. Ces noms paraissent d’origine 
malgaclie. Une espèce est, dans nos maisons, l’objet 
d’une sorte de respect supei’stitieux {VOlios leu- 
cosius, Walckenaer), probablement eu raison de son 
utilité comme agent destructeur des insectes incom- 
modes, tels que les blattes, etc. 

Les deux belles Ai’aignées de ce genre que les îles de 
la Réunion et Maurice possèdent, ont depuis longtemps, 
par leur taille et leur volume, attiré l’attention des 
Aptéristes. UOlios captiosus, grosse Araignée velue, se 
rencontre dans les buissons, dans les jardins et dans les 
cliamps. Cette espèce se tient sur les arbres et les arbus- 
tes, et se tapit durant le jour dans les feuilles sèclies en- 
roulées, ou dans les feuilles vertes qu’elle rassemble ou 
qu’elle foi'ine en cornet à l’aide de la matière aggluti- 
native de ses lîls. Lorsque la nuit est venue, elle sort, 
va faire sa chasse : et le matin on retrouve ses longs lîls 


(1) Voir la division des Aranéides en noclurnes et en diurnes. 


— 94 — 


qui pendent des arbres ou de la pointe des arbustes. Si 
on va avec une lumière et qu’on visite les plantes d’un 
jardin le soir, on la surprend en chasse hors et souvent 
loin de son domicile, ce qui n’a jamais lieu le jour. 

\JOlios leucosius, espèce plus grande encore, affec- 
tionne l’intérieur des habitations autant que sa congé- 
nère aime les champs, ce qui n’empêche pas de la ren- 
contrer souvent dehors. Ces deux Aranéides se ressem- 
blent par leur aspect général, leur couleur triste, et leurs 
mœurs nocturnes. Elles sont également velues. La pre- 
mière seidement dépose ses œufs enveloppés dans une 
petite coque hémisphérique, un peu conique, d’un blanc 
soyeux et éclatant, dans son nid de feuilles (1). La 
seconde porte avec elle, sous son abdomen, son cocon 
plus aplati et plus large, rond comme une pièce de , 
monnaie, et le frappe à petits coups fort distincts 
contre les lambris des demeures pour l’ouvrir à Té- 
poque de l’éclosion. \JOlios leucosius, en raison de ses 
habitudes nocturnes, se cache le jour derrière les boi- 


( I ) Une femelle à'Olios capliosus que ma fille avait enfermée dans une boîte en 
février 1862, y a pondu un cocon globuleux de la grosseur d’une noisette : le 
cocon était cotonneux et de la blancheur de la neige. Ce cocon était très-pesant : 
il était, aufondet tout à l’entour au dedansjusqu'à une certaine hauteurdesparois, 
empli de gros œufs ronds. La partie supêrieiu'e ne contenait pas d’œufs et sem- 
blait former un dôme réservé à la sortie des petits. L’araignée renferme beau- 
coup d’air dans son cocon, comme dans un petit ballon, pour l’entretien de ses 
œufs. Elle se tient accroupie dessus. 


— 92 — 


sériés et les meubles, dans les lieux sombres : celte 
Aranéide chasse la nuit, et ses gros yeux brillants pa- 
raissent voir dans l’obscurité. Outre VOlios leucosiiis 
qu’on renconti’e à jMadagascar, cette gi’ande île possède 
trois autres espèces dans ce genre, qui sont : I’Olios 
VERT ÇOlios 'viridis, Vinson), I’Olios de Madagascar 
{Olios Madagascar ieiisis, Vinson), et I’Olios d’Imé- 
RiNA {Olios Imerinensis, Vinson). Parmi elles, I’Olios 
VERT est surtout une charmante Aranéide pai- sa cou- 
leur d’un vert tendre et ses formes délicates. Wal- 
ckenaer divise le genre Olios en plusieurs familles qu’il 
subdivise en races. Nos Olios captiosus et Imcvinensis 
se placent dans la famille des ROBUSTES et dans la 
race des CAPTIEUSES. Dans la même famille nous 
. rangeons parmi la race des CHASSEUSES, les Olios 
leucosiiis et Madagascariensis qui ont entre eux les 
plus grands l’apports. Olios viridis me semble, par 
rpielques-uns de ses caractères, appartenir à la famille 
des DELENOIDES. 


FAMILLE: LES ROBUSTES. 


RACE : LES CAPTIEUSES. 

1“ Olios captieux. {Olios captiosus, Walckeiiaer.) 
(PI. II,fig. 1.), 

Long. : 21™“. 

Ai’aignée grande, velue. — Corselet presque en coeur, 
recouvert d’un duvet Blanc grisâtre. L’aBdomen est 
petit, gloBuleux, déprimé sur les côtés vers sa Base. Sa 
face supérieure est d’un fauve orange ou chamois, recou- 
verte de poils cotonneux, fins, présentant dans le mi- 
lieu une gouttière ou raie longitudinale ouverte qui se 
termine postérieurement par une ligne noii’e et Bien 
nette. Les côtés de celte gouttière, en avant, sont 
marqués d’une tache noire et d’une autre tache jau- 
nâtre continue à la première, et quelques autres ta- 
ches moins sensibles situées plus en arrière et moins 
apparentes. Pattes très-grandes, d’un gris Blanchâtre, 
recouvertes d’un duvet cotonneux. Plusieurs taches 


— 94 


noires en dessous : la première, sous la base de la pre- 
mière phalange^ la deuxième, sous la seconde articu- 
lation; la troisième, sous la troisième articulation. 
La face inférieure du dernier article et de son digital 
est d’un noir terne. Palpes noirs. La poitrine est 
d’un beau noir de velours entre l’insertion des pattes. 
Le ventre est de couleur chamois rosé avec une bande 
longitudinale d’un noir velouté. Au coté externe de 
chaque mandibule un petit écusson triangidaire, à 
pointe reiaversée, d’un rouge vif. 

Cette Aranéide, telle que je l’ai peinte et décrite, 
a été trouvée dans une feuille de Badamier (Termina- 
déjà jaunie. Elle en avait réuni les bords 
et avait placé son cocon au centre parmi cp.ielques 
fils grossiers. Ce cocon est plane d’un côté et conique 
de l’autre : il a le diamètre d’une pièce de 25 cen- 
times. — J. -B. Dumont a décrit cette Araignée dans 
son manuscrit, sous le wovci di Araignée- Crabe. Je lui 
ai emprunté quelques passages de cette description. 
Ce naturaliste dit avoir trouvé une Araignée de cette 
espèce cachée entre tx’ois ou quatre gousses de Brésillet 
qu’elle avait réunies par le moyen de quelques fils de 
sole très-blanche. L’Araignée se tenait au milieu de 
cette esjxèce de nid avec son cocon déformé sphérique, 
inégal et villeux à sa surface, d’un blanc de neige : 


— 95 — 

il adhérait à l’enveloppe extérieure par quelques 
fils (1). 

La même espèce est ainsi décrite par Walckenaer : 
« Long, de 9 lignes. Abdomen ovale, fauve orangé, avec 
deux taches noires souvent réunies en une seule, proche 
le corselet ; et une raie longitudinale dans le milieu du 
dos, légèrement dentée, étroite et diminuant de lar- 
geur à sa partie postérieure. Ventre d’un noir velouté 
dans le milieu, fauve orangé sur les côtés. IMâchoires 
et lèvres brunes à leur hase, fauves ou rouges à leur 
extrémité. Pattes fortes avec le métatarse elle tarse lé- 
gèrement dilatés, ainsi que le digital des palpes. Cuis- 
ses renflées, palpes velus. — De l’île de France. Selon 
Catoire de Bioncourt, cette espèce habite dans les 
bois et se cache dans les troncs pourris des gros 
arbres (2). » 

Habite les îles de la Réunion et Maurice. 

2“ Olios Imerina ÇOlios Imerinensis, Vinson). 

Long. : 13""" 1/2. Femelle. 

Aspect général. Corselet rouge brun, abdomen cor- 


(1) J.-B. Domont. Manuscrit. 

(2) Walckenaer. lîist. des Ins. Aptères., 1. 1, page 565, 


— 96 — 


dilorme, d’un rouge brun plus foncé, garni de petits 
poils dorés. — Pattes de même couleur : dernier arti- 
cle et le digital plumeux. — 

— Lé corselet est large et plat, arrondi, unifor- 
mément bombé dans toutes ses parties : il est circu- 
laire, plus étalé dans sa partie moyenne. La tête 
est large, aplatie, carrée et voûtée sur les cotés, où 
il y a une petite dent qui se recourbe et s’applique sur 
la face externe des mandibules Le corselet est d’un 
rouge bi’uu, recouvert en partie d’un duvet fin, 
ras et soyeux, d’un blond doré. ■ 

L’abdomen est en cœur, terminé en pointe, un peu 
moins lai’gc que le corselet : il est d’un brun rou- 
geâtre bien plus foncé que le corselet, et tirant sur 
la couleur marron foncé : il est revêtu uniformément 
d’un duvet fauve doré, fin, abondant, ras et soyeux. 

Les pattes sont fortes, étalées, recouvertes d’un du- 
vet grisâtre, prescpie blanc, avec des reflets soyeux ou 
argentés. Elles sont d’un rouge noirâtre, surtout près 
des articulations : elles sont très-noires à leur extré- 
mité ^ le dernier article et le digital sont dilatés et 
ornés latéralement d’un duvet plumeux, roux et épais 
en forme de brosse. La poitrine et l’insertion des pat- 
tes sont d’un l’ouge bi'un : les pattes sont noires en 
dessous : ])alpes brun rougeâtre foncé. 


— 97 — 


Le ventre est fauve avec une dépression large de la 
vulve ou des plaques pulmonaii’es aux filières, situées 
à l’extrémité du corps de l’Aranéide. 

Les mandibules sont noires, luisantes, bombées, 
larges supérieurement, étroites inférieurement, évidées 
en dedans, où elles sont hérissées d’une double ran- 
gée de poils courts, raides et rouges. 

Les yeux sont noirs : les médians de la ligne anté- 
rieure sont sensiblement plus gros que les autres. 


Mesures. Longueur du corselet . 
Largeur. — 

Longueur de l’abdomen. 

Largeur. — 

Première paire de pattes. 
Deuxième. — 

Troisième. — 


1 / 2 . 
7mm 1/4^ 

8 ““ 1 / 2 . 
3 / 4 . 

20 “”'. 

25 ““. 

18 ”“. 


Ce bel Olios se trouve à Tananarive et dans les en- 
virons de la capitale de Madagascar : il se tient dans 
les feuilles qu’il enroule, et habite les jardins. Il a les 
mêmes mœurs que l’O/iW captiosus ; son cocon est 
orbiculaire : ses petits en naissant sont d’un beau vert 
bleuâtre ou vert glauque. — Pris dans le jardin de 
M. Laborde, au pied de Tananarive. 


7 


RACE : LES CHASSEUSES. 


3“ Olios leucosie. {^Olios leucosius, Walckenaer.) 
(PL II, fig. 3.) 

Synonymie : Thomisus venatorius, Latreille. — Ara- 
neus venatorius , Linné (1). 

Long. : 28““ et quelquefois 30“”. Eemelle. 

« Abdomen ovale, allongé, plus étroit que le corse- 
let, d’un brun fauve, uniforme, avec des points en- 
foncés sur le dos. Ventre de couleur plus pâle. Cor- 
selet, boncbe, sternum d’un fauve doré uniforme. Le 
corselet a une raie longitudinale et des sillons en 
rayons, aboutissant aux pattes, marqués par des poils 
bruns; une tache brune » en long sur l’abdomen, près 
de sa partie antérieure. Le bandeau est blanc. 

Les mandibules sont rougeâtres, rayées longitudina- 
lement de noir. 


(1) Bibliographie de l'Olios leucosius: — Walckenaer, //isi. /îaf, des 1ns. 
Aptères J 1. 1, pages 56G-G8. — Ibid. Tableau des AranêîdeSt page 28, pl. 4, 
üg. 33. — Thomisus voiatoriuSj Latreille, Gener. Insect. t. I, page 114, spec, 7, 
— Sloane, Hisl. of Jamaica^ page 185, t. II, page 235, fig. 1 et 2. — Araneus 
venatoriuSj Linn. Systjnat..page 1035, 33, 


— 99 — 

Mâle. Le mâle a le corselet d’un brun marron à sa 
partie postérieure, et est entouré d’une bande blan- 
châtre « qui rejoint celle du bandeau. Il est plus petit. 
La cupule de sou digital est ovale, allongée, pointue 
à sou extrémité, et recouvre un conjoncteur globiforme 
aniié d’un crochet recourbé. — Très-commune à l’île 
de France, dit Walckenaer, d’où je l’ai reçue en grand 

nombre L’individu le plus grand avait 14 lignes, 

et la deuxième paire de pattes avait 27 lignes. La plu- 
part des individus n’avaient que 8 à 10 ligues (1). » 

La conservation apportant des modifications de 
coideur, nous avons dû rectifier, dans les endroits in- 
diqués, la description faite par Walckenaer. Ainsi 
rien de jaune sur nature ; le corselet est bordé de blanc 
sale, il est vrai, et cette bordure est plus large en ar- 
rière; elle se l’étrécit de chaque côté en rejoignant le 
bandeau, qui est d’un blanc fauve. 

Sur l’abdomen il y a une raie marron foncé qui 
s’arrête au milieu, entre deux points noirs. Plusieurs 
petits points après ceux-ci, et souvent de chaque côté 
une ligne plus foncée en zigzag. Les mandibules, sur 
le sujet vivant, sont d’un noir rougeâtre. Les raies lon- 
gitudinales ne se voient que sur l’Araignée conservée. 


(1) Walckenaer, IHst, nal, des Ins. Aptères, page 566. 


100 — 


Cette Aranéide a un gros cocon, de la circonférence 
d’une pièce d’un franc au moins, aplati comme un 
disque et de l’épaisseur d’une ligne ; elle le tient avec 
ses palpes et ses mandibules. Ce cocon s’ouvre, par la 
circonférence, en deux disques égaux, pour donner pas- 
sage aux petits éclos. Vers cette époque , l’insecte 
frappe à petits coups redoublés contre les meubles ou 
les cloisons son cocon, qui finit par se fendre en deux, 
et qui rend un son particulier dans cette percussion 
répétée. 

\JOlios leucosius habite la Réunion, Maurice et Ma- 
dagascar. 

4° Olios de Madagascar. {Olios Madagascariensis, 

Vinson.) 


Long. : 18'”“. Mâle. 

Aspect général. Allongé, fauve doi’é avec deux ban- 
des allongées, brun fauve, sur les côtés du corselet ; 
une bande médiane moins prononcée sur l’abdomen. 
Pattes plus grêles que chez V Olios leucosius. 

Le corselet est plus long que large, ovoïde et com- 
primé sur les côtés comme celui des Lycoses; la tête 
est proéminente, bombée, surbaissée vers les yeux, 
élargie sur les côtés, coupée carrément en avant. Le 


— 101 — 


corselet est velu, de couleur fauve doré, avec une dou- 
ble bande marron fonce qui forme un fer-à-cbeval ou- 
vert du côté de la tête. 

L’abdomen est petit, ovoïde, dilaté postérieure- 
ment 5 il est fauve doré, avec une raie brune et longi- 
tudinale au centre et qui va en se fondant sur ses bords. 

Pattes très-grandes, fortes et très-allongées, très- 
robustes dans les deux premiers articles ; très-amincies 
et très-velues dans les deux derniers, le tibial et le 
digital. 

Palpes longs, articles ovoïdes, digital énorme et 
cordiforme. 

Le dessous du thorax et de l’abdomen est fauve 
clair. La première paire de pattes et la quatrième sont 
les plus longues. 

Les yeux sont jaunes d’ambre. Les latéraux parais- 
sent un peu plus gros que les intermédiaires et sont 
enchâssés sur de petites éminences qui les dirigent 
obliquement, les postérieurs en dehors et les antérieurs 
en avant. 

Mesures. Longueur du corselet. . . S™'". 

Longueur de l’abdomen . . 10““. 

Première paire de pattes. . 36""" 1/2. 

Deuxième — . 37““ 1/2. 


102 — 


J ’ai trouvé ce grand Olios le soir dans ma cliamLre à 
Tauanarive. Il a de grands rapports, surtout dans la 
couleur, avec V Olios leucosius dont il paraît avoir les 
mœurs', mais il s’en distingue comme espèce diffé- 
rente parles caractères physiques énumérés ci-dessus. 
— Habite Madagascar. 


FAMILLE : LES DELENOIDES. 


5° Olios vert. [Olios viridis, Vinson.) 

(PL II, fig. 2.) 

Long. : 12““. 

Aspect général. — Plus petite que les Olios ordi- 
naires : formes délicates, couleur uniforme d’uu vert 
pâle, extrêmement tendre, tirant sur le jaune. 

Le corselet est grand, large, aplati; il a la forme 
d’un cœur renversé, dont la pointe, tournée en avant, 
est tronquée. Il est d’un jaune verdàti’e pâle, et 
présente sur la tête cinq lignes fines, courbes, d’un 
brun rougeâtre, qui se dirigent en avant, une vers 
chaque œil de la ligne postérieure, et la cinquième au 
centre, entre les deux yeux intermédiaires de la même 
série. Toutes ces lignes paraissent ponctuées. 

L’abdomen, plus étroit que le corselet, est ovoïde, 
oblong, d’un jaune verdâtre plus marqué, garni de 
petits poils. 

Les pattes sont d’un vert clair, avec le dernier ar- 
ticle et le tarse soulignés de noir. Cet effet est produit 


— m — 


par les poils qui s’appliquent à leur surface. Des poils 
raides et forts sont dissémine's sur les pattes. 

De petites raies longitudinales fixes régnent sur les 
mandibules en avant 5 les crochets sont rougeâtres. Les 
mâchoires sont dilatées à leur extrémité et inclinées 
sur la lèvre, cpii est basse, large et ronde. 

Les yeux sont rougeâtres. Ceux de la ligne anté- 
rieure sont plus rapprochés; ceux de la ligne posté- 
rieure sont plus étalés : les yeux postérieurs externes 
sont les plus gros; les intermédiaires de la meme ligne 
sont les plus petits : tous sont de la même couleur. 


Longueur du corselet. 

^mm 

Largeur. — ... 

gœm 

Longueur de l’abdomen. 

gmm 

Largeur. — ... 

gmm 

Première paire de pattes. 

19“”. 

Deuxième — 


Troisième — . . 

17™. 


Ce petit Olios se trouve abondamment à Madagas- 
car, au village de Maraombi, non loin de la rivière 
d’Iarouka; il se cache entre les feuilles des orangers. 
— Par la conservation, même dans l’alcool, il perd 
de suite sa jolie couleur naturelle et devient d’un jaune 
sale qui le rend méconnaissable. 


Je viens de décrire et d’ënumérer cinq espèces 
differentes du genre Olios, dont deux se trouvent aux 
îles de la Réunion et Maurice (OZi'oi' captiosus et Olios 
leucosius) , et dont quatre existent dans l’île Madagas- 
car — Olios 'viridis ; — Olios Imeri- 

neiisis et Olios Madagascariensis^. — J’aurais voulu 
suivre, dans ce classement et cette description, l’ordre 
qui, par le genre de vie, semble établir un lien commun 
entre ces espèces^ ainsi j’aurais décrit les uns à la suite 
des autres les Olios qui vivent dans les jai’dins, qui se 
font des retraites entre les feuilles pour se cacher le 
jour ; tels que Y Olios captiosus, Y Olios Iinerinensis, et 
Y Olios viridis. — J’aurais mis, d’une autre part, l’un 
auprès de l’autre les deux Olios qu’on trouve le soir dans 
les appartements et dont la couleur et les mœurs sont 
semblables, tels que Y Olios leucosius et Y Olios Mada- 
gascariensi's . Cet ordre m’eût semblé plus vrai et plus 
naturel 5 j’ai dû soumettre les Olios dont il s’agit à la 
classification des familles de Walckenaer, qui par l’é- 
tude que j’en ai faite ne me paraît pas d’une application 
tout à fait certaine et facile. 


■w 

; 

•î 








GENRE ; CLUBIONE. {Clubiona, Latreille.) 


Yeux au nombre de huit, presque égaux entre eux, oc- 
cupant le devant du céphalothorax, placés sur 
deux lignes rapprochées. 

Lèvre allongée, ovalcdre, dilatée dans son milieu, ter- 
minée en ligne droite, ou creusée a son extré- 
mité. 

Mâchoires droites, allongées, dilatées vers leur extré- 
mité. 

Pattes fortes, allongées, propres à la course, de lon- 
gueur variable. 

J’ai renconti’é à l’île de la Réunion deux individus 
que je crois, en raison des caractères précédents, de- 
voir rapporter à ce genre. Je les ai ti’ouvés à Salazie, 
c’est-à-dire dans la région froide de File, et je puis af- 
firmer qu’aucune espèce de ce genre n’existe sur le lit- 
toral. Un de ces individus (le plus grand) était con- 
tre la paroi d’une caverne humide^ l’autre était en- 
fermé dans une feuille avec ses petits au milieu d’une 


— 108 


soie blanche (c’est le plus petit des deux individus), et 
m’a rappelé ce que l’on raconte de la Clubione 
NOURRICE. Ce dernier était une femelle ; le premier ren- 
contré dans la grotte, un mâle. Malgré la différence de 
leur volume et de leur habitat, tous deux étaient jau- 
nes et d’une ressemblance parfaite, au point que je 
ne crois pas devoir en former deux espèces diflérentes. 


V 


Clubione créole. {Clubiona insularis, Vinson.) 
(PI. III, fig. 2.) 

Long. : 16““. Femelle. 

Aspect général. Grande, jaune orange, pattes allon- 
gées; l’abdomen couleur d’ambre jaune verdâtre. 

Le céphalothorax est jaune orangé, glabre et luisant. 
Le corselet est bombé et légèrement rayonné. 

Tête grosse, arrondie; de même couleur en dessous 
le corselet. 

L’abdomen est ovoïde, allongé, de conleur d’ambre 
ou jaune tirant sur le vert clair ; de la même couleur 
en dessous et sur les cotés, et terminé par des filiè- 
res-tentacules ; il est peu velu. 

Les pattes sont très-longues : la première paire me- 
sure 39““; la deuxième et la quatrième ont 28““; la 
troisième est la plus courte. Toutes sont d’une cou- 
leur jaune orangé, avec les tarses bruns. 

Les mandibules très-allongées, inclinées eir avant, 
écartées à leur extrémité, qui est un peu brunâtre ou 
rouge brun, sont armées de crochets très-aigus dans 
le genre de ceux de la TétragnatJie prolongée. 


— no — 


Les yeux, posés sur deux lignes, sont rapprochés : les 
intermédiaires postérieurs sont plus écartés entre eux 
que les intermédiaires antérieurs : les latéraux sont 
plus rapprochés entre eux que les yeux qui forment 
les paires intermédiaires. 

Les mâchoires sont hautes, étroites à leur hase, 
dilatées à leur extrémité : la lèvi’e est longue, ovalaire, 
échancrée et creusée à son extrémité : ces parties sont 
couvertes de longs poils, de couleur jaune orangé ter- 
miné de rouge hrun. — Palpes renflés et terminés eu 
pointe rouge hrun ou noirâtre. 

Cette Aranéide, par sa couleur jaune, sa forme, ses 
mandibules, se rapproche exti’êmement de la Clu- 
BiONE NOURRICE qul cst figurée dans les planches du 
règne animal de Cuvier. 

Je l’ai trouvée dansune caverne de Salazie, sans toile, 
sur le rocher humide et sombre. 

J^e deuxième individu (femelle) surpris dans une 
feuille au milieu de ses petits et dans une soie blanche, 
n’avait que 1 1“™. — L’abdomen avait la même couleur 
jaune orangé que le corselet. Les mandibules étaient 
différentes de celles de l’espèce que nous venons de dé- 
crii’e : elles tombaient verticalement j étaient droites, 
peu écartées. — On pourrait en faire une deuxième 
espèce en raison de ces différences de volume, de forme 


— 111 — 


dans les mandibules, et d’habitat ; — car, pour tout le 
reste, cette Aranéide est semblable à celle cpie .nous 
décrivons ici sous le nom de Clubione créole. — Dans 
les deux Individus, les yeux sont d’un vert pistache ^ 
leurs mœurs paraissent être nocturnes. 


i J" * ' 

< - 



GENRE : DRASSE, [Drassu^, Walckenaer.) 

Yeux au nombre de huit, presque inégaux entre eux y 
sur deux lignes, occupant le devant du corselet. 
Lèvre allongée, ovalaire, pointue ou légèrement ar- 
rondie à son extrémité. 

Mâclioires allongées, inclinées ou courbées sur la lèvre, 
quelles entourent. 

Pattes renflées, propres cl la course. 

Aranéides se renfermant dans des cellules formées 
de soie très-blanche, sous les pierres, dans les ca- 
vités des murs et dans l’intérieur des feuilles ou sur 
leur surface (1). 

Cette Aranéide, telle qu’on la rencontre à l’île de la 
Réunion, dans l’espèce que nous figurons et décrivons 
ici, se renferme dans une cellule formée de soie très- 
blanche, dans les cavités des pierres. Elle appartient 
à la famille des SPÉOPHILES ((jTTÉo;, cavitéj caverne; 


(ï) Walckenaer. Hisi, naL des îns. Aptères j t, I, page 612. 


8 


(ptXo;, ami). On la trouve aussi cachée sous les pier- 
res, etc. ; ce qui vient confirmer encore sa place 
clans cette famille, c’est cpie chez elle la cjuatrième 
paire est la plus longue et les yeux latéraux sont 
rapprochés. 


FAMILLE: LES SPÉOPHILES. 


Drasse de Maillard. {^Drassus Maillardii, Vinson.) 
(PL II, fig. 4.) 

Long. : 9 à lO'"”. Femelle. 

Aspect général. Cette Aranéicle a un éclat satiné, 
comme métallique; sa couleui’ est d’un brun violacé, 
uniforme et soyeux. 

Le céphalothorax est allongé et arrondi ; le corselet 
est bombé, aussi large et même quelquefois plus évasé 
que l’abdomen ; il est incliné sur les côtés et en ar- 
rière : sa couleur est d’un brun violacé. Les yeux pos- 
térieurs, sui'montant le céphalothorax, sont d’un vert 
glauque ou d’un gi’is bleuâtre. Les deux intermédiaires 
postérieurs plus gros, de forme ellipticpie, présentent 
surtout cette couleur d’une manière plus manifeste. 
Les yeux de la ligne antérieure paraissent ronds, noirs 


— H6 — 


et implantés en avant, de façon que les latéraux de 
la ligne postérieure se courbent sur les côtés pour 
aller la rejoindre. 

Tj’abdomen est long, ovoïde, terminé par des filières 
tentacules; sa couleur est brun violacé plus foncé que 
le corselet. Le duvet qui le recouvre a un éclat gris 
rose et argenté. Cette partie paraît surtout soyeuse. 

En dessous, le sternum est ovalaire, brun violacé, 
comme aussi les pattes : le ventre , en dessous, est de 
couleur gris souris foncé : les plaques pulmonaires 
sont jaune orangé. 

Les pattes sont propres à la course, médiocrement 
longues, mais fortes et renflées; de la même couleur 
et seulement plus claire que le corselet. La quatrième 
paire est la plus longue ; la première ensuite : la 
deuxième et la troisième paraissent à peu pi’ès de la 
même longueur. 

Les filières tentacules, très-prononcées, forment 
trois cônes réunis par la base; mais celui du milieu 
paraît plus court. 

Cette Aranéide se tient cachée sous les feuilles humi- 
des, sous les pierres, souvent en compagnie de notre 
Scorpion (^Scorpio Guiiicensis, Lucas.), qui ne paraît 
pas lui faire de mal. Quelquefois elle se loge dans les 
cavités latérales et petites des grosses pierres : dans 


— H7 — 


ce cas elle étale à l’ouverture une toile fine à tissu 
serré, mince comme du papier de soie : elle se ménage 
une ou deux ouvertures en arc sur les côtés. On la 
trouve encore dans les lieux peu frécpieutés, sous les 
vieilles écoi’ces ou dans leurs fentes. 

Si on la place dans un flacon, elle se bâtit une re- 
traite soyeuse, sorte de manchon d’un tissu fin et 
léger ayant deux ouvertures, une à chaque extrémité; 
elle se tient immobile au milieu. Cachée ainsi le jour, 
cette Arauéide, petite et brillante quoicpie de couleur 
brune, erre la nuit, a des yeux coloi’és et affecte des 
mœurs nocturnes par excellence. Le premier indi- 
vidu que je vis me fut donné par notre ami M. Mail- 
lard. Je suis heureux de dédier, comme un souve- 
nir, cette unique espèce à l’auteur des Notes sur 
Vile de la Réunion 

En envoyant à ]M. Léon Dufour une dizaine d’exem- 
plaires du Scorpio Guineensis, conservés dans un 
flacon d’alcool, j’y ai joint plusieurs Aranéides de 


(I) Sous ce titre modeste, M. Maillard, ex-ingénieur à l’ile de la Réunion, a 
publié un excellent livre, dédié à M™® Sand, l’illustre auteur ù.'Indiana. Cette 
œuvre encyclopédique et de patient labeur, pleine de renseignements utiles et de 
faits nouveaux, est venue combler une foule de lacunes scientifiques sur l’histoire 
de notre charmante colonie. M. Maillaud a bien mérité de la science et de la 
reconnaissance de tous les créoles de mon île natale, et il serait à désirer que son 
exemple fût suivi pour chacun de nos établissements coloniaux, et surtout pour nos 
possessions insulaires de l’Amérique et de l’Océanie. 


— 118 — 


cette espèce rencontrées avec eux sous les mêmes 
pierres (1). 

J’ai surpris plusieurs fois, la nuit, cette Aranéide 
errant, ce qui ne s’observe jamais durant le jour. 


(1) «Les deux Aranéides du flacon des Scorpions appartiennent effectivement 
au genre Drassus. Je n’en connais pas l’espèce. » [Lettre de M. Léon Dufour à 
M. le docteur Auguste Vinson.) 


GENRE : LATRODECTE. {Latrodectus, 
Walckenaer.) 

Ce genre a été établi par Walckenaer, qui lui assigne 
pour caractères : 

Yeux au nombre de huit, presque égaux entre eux, sur 
deux lignes écartées et légèrement divergentes ; 
les yeux latéraux étant un peu plus écartés entre 
eux que ne le sont les intermédiaires, et portés 
sur des éminences de la tête. 

Lèvre triangulaire, grande et dilatée à sa hase. 
Mâchoires inclinées sur la lèvre, allongées, cylin- 
driques, arrondies vers leur extrémité externe, 
terminées par une pointe interne, et coupées en 
ligne droite à leur côté interne. 

Pattes allongées, inégales entre elles. La première 
paire plus longue que la quatrième ; celle-ci 
sensiblement plus allongée que les deux inter- 
médiaires ; la troisième paire est la plus courte. 

Aranéides filant dans les sillons, sous les pierres. 


— 120 — 


des fils en nœuds ou en filets, où les plus gros 
insectes se troment arretés. — Cocon sphéroïde 
pointu par son bout (1). 

Aucune Aranéide de ce genre n’existe aux îles de la 
Réunion et Maurice, mais l’île Madagascar en possède 
deux espèces noires et fort curieuses. L’une d’elles est 
le fameux Vancoho dont parle de Flacourt, ou XoMéna- 
vodi des Malgaches de Tamalave et de la province d’Imé- 
rina, c’est-à-dire, la terrible Araignée noire et rouge qui, 
suivant leur croyance, donne si rapidement la mort. Je 
me suis étendu déjà sur ce Latrodecte dans les prélimi- 
nairesde cet ouvrage pour être dispensé d’en dire davan- 
tage. Je suis le premier qui assigne sa véritable clas- 
sification à cette Aranéide qu’« priori et sans examen, 
d’après le récit des voyageurs, on avait cru être une 
Lycose Tarentulienne. Une simple inspection de l’ Ara- 
néide, le jour où je l’ai eue sous les yeux, m’a fixé sur 
sa natui’e, et j’avoue que je n’al pas été peu surpris 
en la voyant appartenir au genre Latrodectus. En 
retrouvant l’habitat d’une espèce de ce genre, aussi 
redoutée à Madagascar, je me suis souvenu de ce 
qu’écrivait Walckenaer, au commencement de son 


(IJ Walckenaer. Hist, des Ins. Aptères^ t. I, page 642, 


— 121 — 


ouvrage, sur la géographie des Aranéides : « Le genre 
» Latrodecte , dit-il , cpii se distingue par ses cou- 
)) leurs noires avec ses taches couleur de sang, et 
n par les effets désastreux de sa morsure, se trouve 
» en Europe, eu Afrifpie et eu Amérique, et dans 
)> toutes ces contrées il est également redouté (1). » 

(l) Wàlckenaer. //is/oire des /ns. Aplè/rSj t. I, page 166. « Des lieux et des 
climats les plus favorables à la propagation des Aranéides, et considérations géo- 
graphiques et topographiques auxquelles ces insectes donnent lieu. » 


[. Latrodecte Ménavoude. {Latrodectus Menavodi, 

Vinson.) 

(PI. VIII, fig. 5.) 

Long. : 12““. Femelle. 

Aspect général. D’un beau noir avec deux taches de 
couleur de sang, une triangulaire à la partie posté- 
rieure, l’autre transversale sur la partie antérieure de 
l’abdomen, entre les deux neuf petits points blancs 
rangés symétriquement. 

Le corselet noir, glabre, est petit, circulaire avec 
une dépression au centre : la tête est bien séparée du 
thorax par deux lignes qui en tracent la démarcation. 
Les yeux, presque d’égale grosseur, sont portés chacun 
sur une petite éminence, les médians mieux rassemblés 
que les latéraux. L’étendue du corselet est de 4“” . 

L’abdomen est rond, ovoïde, et d’une belle couleur 
noire : il est développé, bombé en dessus et terminé 
en pointe postérieurement \ il a 8'"“ de longueur, et pré- 
sente en arrière une tache d’un rouge cinabre, trian- 
gulaire et dont l’extrémité, plus aiguë, est dirigée en 


avant. 


— 123 — 

Une tache rouge, transversale, éclatante comme 
celle (le la partie postérieure, existe sur le devant de 
l’abdomen : cette bande divise par moitié la hauteur 
profilée de cet organe (V. PI. VIII, fig. 5, a). En- 
tre ces deux taches, neuf petits points, blancs, ronds, 
se monti’ent sur le dos, où ils sont disposés trois sur 
trois rangs, symétricpiement. 

En dessous, la poitrine est bombée, noire et revêtue 
d’un duvet roux et très-fin. — La lèvre est triangulaire, 
large à sa base. Les mâchoires sont inclinées sur elle. 

Le ventre est arrondi -, au-dessous de l’organe vul- 
vaire il existe un amas de duvet roux. Les filières sont 
saillantes. 

Les pattes fines, allongées sont également noires. La 
première paire a 20”“ de long; la deuxième paii’e 
18““ ; la troisième, (pii est la plus courte, a 10“”. 

Cette Aranéide est surtout abondante dans la forêt 
d’Alanamasoatrao, à Madagascar : elle se trouve dans 
toute l’étendue de cette île, où on la désigne sous le 
nom de ^ %ncoho dans la partie sud, et Ménovodi qui 
veut dire cul-rouge dans l’est et à l’intérieur, chez les 
Hovas. La morsure de ce Latrodecte produit, dit-on, 
la mort chez l’homme et même chez les animaux. — 
Sa toile est établie dans les herbes, et les indigènes évi- 
tent de toucher à cette Ai’anéide, car ils la regardent 


— 124 — 


comme fctcly, c’esl-à-dire chose sacrée, défendue, inter- 
dite, à laquelle on ne peut pas toucher. Aussi, me trou- 
vant clans le village cl’Alanamasoatrao, au milieu de 
l’immense forêt de ce nom, un de mes porteurs m’ayant 
recueilli deux de ces insectes que je désirais, et que je 
ne cessais de leur demander depuis longtemps, fut ac- 
cablé des reproches de tous ses compagnons. Pour se 
justifier il fut obligé de dire que j’étais un blanc, vasa, 
ce qui équivaut à un titre sacré, et C{ue par conséquent 
ce qui leur était prohibé pouvait bien m’être permis. 
— Je n’ai pas eu occasion d’observer les effets redou- 
tables cju’on attribue à la morsure de ce Latrodecte ; 
dans toutes mes investigations à ce sujet auprès même 
des Européens les plus éclairés, j’ai trouvé un accord 
unanime sur un danger réel. 

2“ Latrodecte érèbe. ÇLatrodectus Erehus , 
Walckenaer) (1). 

Long. : 13 à 14““. Femelle. 

Aspect général. Cette Aranéide est un peu plus grosse 
que la précédente et lui ressemble beaucoup par la 

(1) Bibliographie du Iatrodecte érèbe {Latrodeclm erehus ; Savigny, 

Arachnides^ p. 3, fîg. 9, — Théridion lugubre j Léon Dufour . Descrip~ 
lion de six Arachnides nouvelles, extrait du t. XV des Annales des sciences na~ 
lureîleSj p, 1 , pl. lxix, fig, 1. Walckenaer. Hist, des hu. Aptères, 1. 1, page 646. 


— 125 — 


forme et la couleur noire, moins les taches rouges sur 
Fahclomen, et les points blancs qu’elle n’offre pas. 

Le corselet est petit, noir, circulaire, avec une petite 
dépression au centre. La ligne antérieure des yeux et la 
ligne postérieure sont un peu écartées l’une de l’autre 
à leurs extrémités. 

L’abdomen est arrondi, ovoïde, bombé en dessus, 
d’un noir profond et uniforme, entièrement dépourvu 
de taches et de points. 

Les pattes allongées sont fines et d’une couleur fauve 
à leurs extrémités : le troisième article porte un an- 
neau fauve dans les deux premiers tiers supérieurs. La 
première paire de pattes a 27“”, et la deuxième paire 

Le dessous du corps est noir : je remarque sur fpiel- 
ques-unes une tache jaune rougeâtre sôus le ventre 
entre les filières et la ^adve. 

Cette Aranéide paraît ne pas différer de l’espèce figu- 
rée par Savigny. Sa couleur uniforme, d’un noir pro- 
fond, sa physionomie, ses pattes légèrement éclaircies 
vers leurs extrémités, c’est là vraiment la diagnose du 
Lotrodectus Erehus de Walckenaer et du Thérulion 
lugubre de M. Léon Dufour. En examinant l’atlas de 
Savigny, j’ai été frappé, du reste, de la ressemblance 
de la figure qu’il donne (PI. in, fig. 9) avec le Latro- 


— 126 — 


DECTE Erèbe de Madagascar. Seulement, les formes de 
son Latrodectus sont plus grandes que celles que 
nous trouvons dans celui de Madagascar ^ mais ceci 
est une question d’habitat et d’âge, qui n’a pas une 
grande valeur, quand on voit les mêmes Aranéides 
varier de volume suivant les milieux j ainsi YEpeira 
opimtiæ, qui est d’un si fort volume à l’ile de la Réu- 
nion, est le plus souvent chétive à Madagascar, sans ces- 
ser pour cela de constituer une seule et même espèce. 

Ce Latrodecte se trouve aux environs de Tananarive, 
dans la province d’Imérina (Madagascar). Les Ho vas 
me l’ont souvent apporté enfermé dans des tentes, sor- 
tes de paniers ou de corbeilles faits avec des roseaux 
ou des feuilles de monocotylés. Bien qu’il se rappro- 
che beaucoup du Latrodectus Menavodi , ils ne le re- 
doutent pas. 

Voici quelques renseignements extraits de Walcke- 
naer sur le Latrodectus Erehus. 

(( Long. : 7 lignes. — Femelle. 

J) Coi’ps d’un noir profond, sans taches, légèrement 
éclairci vers l’extrémité des pattes. 

» Ancien monde — Afrique — en Égypte, des envi- 
rons de Salayeh ; et en Espagne, dans la Catalogne, 
aux environs de Mora et de Villafranca. Très-rai’e selon 
M. Léon Dufour. 


— i27 — 

)) L’epigyne a ses deiix principaux orifices, cpii s’ou- 
vrent à l’extérieur dans une cavité commune, dont le 
bord antérieur est garni d’un rang de cils très-propres 
à en défendre l’entrée. Savigny a figuré un tarse anté- 
rieur de cette espèce qui est pectiné. M. Léon Dufour 
a figuré un tarse de l’individu qu’il a décrit, qui n’est 
point pectiné.... Ces caractères tirés des griffes, varia- 
bles dans les mêmes individus, ne peuvent servir de 
base pour les grandes subdivisions de la méthode, ni 
même être considérés comme génériques. 

» Savigny a pris cette espèce avec son cocon, qui est 
sphéroïde, dont un des pôles est en pointe, comme 
celui de la Malmignatte. M. Léon Dufour nous apprend 
que cette espèce construit sous les pierres une petite 
toile qui lui sert de retraite. Lorsqu’on la surprend 
dans son l’éduit, loin de prendre la fuite, elle contre- 
fait le mort, en abritant son corps sous ses pattes re- 
pliées. Le plus petit diamètre du cocon de cette espèce 
qu’a figuré Savigny, a 6 lignes (14““) 5 et le plus grand 
8 lignes (18““). Dans cette espèce, les deux lignes 
d’yeux divergent à leur extrémité d’une manière mar- 
quée (1). » 


(1) Walckenaer. Hist, des Ins, Aptères^ 1. 1, page 646. 






GENRE : PHOLQUE. (^Pholcus, Walckenaer.) 


Ce genre, de l’ordre des Aranéides et de la tribu des 
Araignées, a été Ibndé par Walckenaer. Il a pour ca- 
ractères : 

Yeux au nombre de huit, presque égaux entre eux, 
groupés sur une éminence antérieure du cépha- 
lothorax par deux ou par trois, 
grande, resserrée à sa base, dilatée dans son mi- 
lieu, arrondie à son extrémité. 

Mâclioires étroites, allongées, cylindriques, légèrement 
accusées et amincies a leur extrémité externe, 
inclinées sur la lèvre et contiguës. 

Pattes très-allongées, grêles ; la première paire est la 
plus allongée, la deuxième ensuite; la troisième 
est la plus courte. 

Ces Aranéides , presque sédentaires , forment une 

sorte de réseau très-lâche, eomposé de fis fottants 

ou très-écartés, très-fns , tendus sur plusieurs plans 

différents ; leurs œufs sont agglutinés en une masse 

9 


— 130 — 


ronde et nue {V) qu aucun tissu ne recouvre, et elles 
les transportent ainsi entre leurs mandibules (2). 

Les îles de la Réunion et Maurice possèdent deux 
espèces dans le genre Pholcus; elles figurent parmi les 
Aranéides les plus communes. On les rencontre par- 
tout dans nos habitations, toujours dans les lieux 
abrités et sombres et dans l’intérieur des maisons ^ 
elles recherchent surtout les greniei's, les dépendances, 
les endi’oits délaissés, et servent de compagnes assidues 
à l’Ulobore, en garnissant les plafonds de leurs toiles 
lâches et flottantes. On les reconnaît à leurs longues 
pattes (3), dont la première paire mesure environ 
.54""”. Lorsqu’on touche les Pholques de nos îles, 
elles sont prises, comme le Pholque fhalaxgide, d’un 
mouvement convulsif et se balancent sur leur toile ou 
contre l’objet où elles sont appuyées. Cette trépidation 
dure longtemps et se calme enfin par degrés. Quoique 
tégénaires, elles tiennent entre leurs palpes leurs œufs 
agglomérés. 


(1) D’où leur vient sans doute leur nom nu. 

(2) Walckenaer. üüL de8 Im, Aptères, t. I, page 651, et H, Lucas, Dict. 
«nîü. d*Msi, nat, t. IX, page 754. 

(3) J.-B. Dumont a décrit dans son manuscrit sous le nom à.' Araignée ien- 
dense à longues pattes des mn/sons, l’espèce que je représente sous le nom de 
Pholcus Borbonkus, 


— 131 — 


Ce qu’il y a de singulier dans l’une d’elles, le Phol- 
cusBorhonicus, c’est son abdomen, qui, par une courbe 
exagérée , présente une face supérieure et une in- 
férieure. 


1" Pholque de l’île Bourbon. (^Pliolcus Borhonicus, 

Vinson.) 

(PL III, lig. 4.) 

Long. : 12'""'. Femelle. 

l^e corselet est rond et borde; de coidenr gris clair, 
transparent; il offre nue dépression, sous la forme 
d’un trait noir enfoncé, à son centre, verslecpiel abou- 
tissent trois faisceaux de rayons pour chaque côté. 

La tête est ])lus élevée, petite, bien dessinée. 

Les yeux sont noirs, presque égaux; placés sur deux 
lignes, ils sont disposés par groupes : deux groupes 
de trois et un groupe de deux en avant. (V. PI. III, 
lig. 4, a.) 

L’abdomen forme une courbe si grande, que, vu de 
profil, la ligne qui le circonscrit vient se terminer en 
dessous, près de l’insertion avec le corselet, de sorte 
que le ventre est réduit à presque rien. Sa couleur 
est brun fauve, ou fauve clair; sa surface est sillon- 
née de bandes blanchâtres longitudinales qui émanent 
d’une ligne médiane, et qui, après s’être réunies en 
rond, en formant des cercles plus ou moins parfaits. 


— 133 — 


s’écartent de nouveau pour en former une deuxième 
rangée, puis courent obliquement et en ondulant vers 
les filières, où elles se confondent. 

Tout l’abdomen est couvert de poils longs, fauves 
ou blanchâtres. 

Les palpes sont minces; les mandibules longues, 
étroites et l’ougeâtres. 

Les mâchoires sont étroites et allongées. 

Les pattes, très-longues, déliées. Unes et velues, sont 
fauves, avec des taches noires, allongées, ainsi dispo- 
sées : une sur le fémoral, à l’extrémité ; une deuxième 
tache noire sur l’articulation fémoro-tibiale ; enfin, la 
troisième à l’extrémité du tibia. 

Le mâle ne diffère de la femelle que par ses pal- 
pes qui sont globuleux et luisants. Il a la même di- 
mension qu’elle. 

Cette espèce, comme toutes celles du genre, porte 
ses œufs avec ses mandibules et ses palpes, sous son 
abdomen, comme l’Olios leucosie; ils sont agglomé- 
rés par une substance intersticielle , mais nus. — Ses 
caractères et ses mœurs la font ranger parmi les 
Aranéides nocturnes. Le jour même elle se tient dans 
l’ombre; sa couleur est sombre et son corps très-velu. 

J. -B. Dumont donne de ce Pholcus la [description 
suivante, qui est d’une grande exactitude et bien faite : 


— 134 


— « Araignée tendeuse à longues pattes des maisons : 
5 lignes de long. 

» Corselet circulaire, aplati, bordé; gi’is très-pâle; 
une bande noire enfoncée dans le milieu. L’extrémité 
antérieure plus large, demi-circulaire et inégale. 

Abdomen ovoïde, comprimé, gris obscur. Une bande 
longitudinale d’un brun pâle en dessus ; recouvert de 
taches plus ou .moins allongées brunes ; avec des poils 
bruns et fauves. Les mamelons saillants, noirs, placés 
en dessous très-avant près de la base : l’anus est placé 
sur la base au-devant des mamelons, rouge brun, en- 
touré de poils noirs. — Pattes minces, sétacées, ex- 
trêmement longues ; d’un gris pâle transparent ; deux 
taches noires : une vers la première articulation ; l’au- 
tre à la seconde ; recouvertes de poils giâs. — Mandi- 
bules rougeâtres. 

» Les yeux sont bruns et égaux : les deux antérieurs 
se touchent ; les trois latéraux de chaque côté sont très- 
rapprochés et foi’ment un triangle ; ou plutôt les deux 
latéraux sont sur une ligne et l’intermédiaire en est 
très-rapproché. 

» Cette Araignée, si remai’quable par la finesse et la 
longueur de ses pattes , se tient dans tous les coins des 
appartements, où elle file une toile très-lâche et peu 
appai’ente. (Je crois me rappeler lui avoir vu porter 


— 135 — 


ses œufs dans un sac gris comme les Araignées-loups). 
Posée sur une carte à jouer , les pattes antérieures ar- 
quées, et dirigées en avant, posent sur les angles -, éten- 
dues, elles dépassent les bords de chaque côté , de six 
lignes (1). » 

2“ Pholque allongé. (^Pholcus elongatus, Vinson.) 
(PL III, lig. 5.) 

Cette dernière espèce de Pholcus que possède File 
de la Réunion, est tout à fait diftérente du Pholcus Bor- 
honicus cpie nous venons de décrire. 

Long. : 7““. Femelle. 

L’abdomen a la foi'me d’un cylindre allongé, il est 
mince, un peu comprimé sur les flancs, plus étroit près 
de son insertion. Le dessus représente une feuille dont 
le fond est formé de taches noires allongées, opposées, 
ovales, obliquement dirigées, et dont les nervures 
sont indiquées par des lignes d’un blanc grisâtre. Ces 
lignes se contimient sur les côtés pour cercler en- 
core trois taches latérales rondes, plus pâles, et dont 
la dernière, placée près de l’extrémité de l’abdomen, 
est plus allongée et plus brune : ces derniers s’efïa- 


(1) J. B. Dumont. Manmcrü . 


— 136 


cent sous le ventre, qui est d’un gris blanchâtre, avec 
une bande noire cpii s’étend longitudinalement du 
corselet au cône sétifère. 

Le corselet, bombé sur les côtés, circulaire, dépri- 
mé au centre et en long, est d’un gris plombé avec 
un peu de brun sur les côtés et une ligne noire très- 
marquée cpii le traverse d’avant en arrière par le 
milieu. Cette bande noire est rétrécie au centre, 
et dilatée à ses extrémités, dont l’une s’étale sur la 
tête. 

Les pattes sont extrêmement fines, ténues comme 
des fils, noires et ornées pour cbacune d’un cercle d’un 
blanc de perle cpri entoure les deux articulations fé- 
moro-tibiale et tibio-tarsienne. 

La première paire de pattes, la plus longue, a 
44 mm fi’etendue ; la quatrième, qui vient après en lon- 
gueur, a 28“”. La deuxième paire est un peu moins 
longue. Le mâle, qui est du même volume que la fe- 
melle, u’en diffère que par son appareil génital, cp,ii, 
sous une dimension proportionnée, est le même que 
celui des Pholcus. 

Chez cette Aranéide, mâle ou femelle, on remarque 
les faits suivants : 

Pris isolément, le dessin du dos représente assez 
bien une feuille de Mimosa dont les folioles sont 


— 137 — 


formées par les taches noii’es, ovales, opposées et 
obliques. 

Si le Pholcus eloiigatus a séjourné longtemps dans 
un lieu très-obscur, il est très-brun, et les dessins que 
j’ai décrits ci-dessus se confondent dans la couleur gé- 
nérale, qui est devenue très-foncée. 

Parallèle des deux espèces de Pholcus. 

1 ° Cbez le PholcusBorbonicus, l’abdomen est globu- 
leux et décrit une courbe prononcée qui rend prescpie 
nul l’espace qui sépare le cône des fdières de l’appareil 
vulvaire. Chez le Pholcus elongatus, au contraire, l’ab- 
domen est cylindrique, allongé (V. PI. III, lig. .5, a), 
et l’espace qui sépare le cône sétifère de l’appareil 
génital est très-long et occupé par une raie longitu- 
dinale brune. Ce seul caractère suffit pour distinguer 
les deux espèces. 

2° Le Pholcus Borhoiiicus est toujours plus volumi- 
neux, plus pâle, d’un fond plus clair. — Le Pholcus 
elongatus est plus mince, plus délicat, plus brun. 

3° La première paire de pattes est la plus longue 
chez les deux ; mais les pattes du Pholcus elongatus sont 
plus fines, plus déliées, filiformes. 

4° Le Pholcus Borhonicus présente trois anneaux 


— 138 — 


noirs pour chaque patte. Le premier et le second an- 
neau noir allongé sont suivis d’un anneau blanc sale. 
Dans \e Pliolcus elongatus, les pattes sont toutes noi- 
res, avec deux anneaux d’un blanc pur qui ressem- 
blent à des perles. 

5“ Les taches dorsales, fauves ou brimes, sont oppo- 
sées chez les deux, mais elles sont presque carrées chez 
le Pholcus Borboiiicus ; et ovales, obliques, allongées, 
chez \q Pholcus elonsratus. 

6“ Le cocon du Pholcus elongatus est plus brun. 

7° Le Pholcus Borhonicus est plus commun que le 
Pholcus elongatus : tous les deux habitent les mêmes 
lieux, mais le dernier semble rechercher les endroits 
les plus obscurs. 


GENRE : ARTÈME. {Artema, Walckenaer.) 


Ce genre, formé par Walckenaer pour deux Ara- 
néides bizarres, offre les caractères suivants : 

Yeux au nombre de huit, disposés sur deux lignes cour- 
bées en arrière. ; les intermédiaires postérieurs 
sont plus écartés entre eux que les intermédiai- 
res antérieurs , et plus rapprochés des latéraux 
qu’ils ne le sont entre eux. 

Lèvre grande, large à sa base, diminuant vers son 
extrémité, qui est arrondie ou tronquée. 
Mâchoires longues, étroites, inclinées sur la lè\>rc, gros- 
sissant un peu xers son extrémité ; les cotés in- 
ternes et supérieurs sont coupés perpendiculai- 
rement. 

Pattes très-grêles et très-longues. La première paire 
est la plus longue, puis la quatrième ; la troi- 
sième est la plus courte (1). 

(1) Walckenaer. Uni, des Im, Â'plèreSj t. I, page 656. Caractères du genre 
Artema, — Blainville. Dicl, tmiu, dliist. naturelle de Ch. d’Orbigny, art, Artème 
(apTYifjua, tout ce qui est suspendu). 


Par une singularité des plus remarquables, sur les 
deux espèces uniques qui composent ce genre, l’île 
Maurice a le privilège d’en posséder une 5 et ce qui 
rend encore ce fait plus curieux, c’est que l’île de la 
Réunion, sa sceur, distante seulement d’une tren- 
taine de lieues, ne présente pas d’AuTÈME. 

Cette exclusion si tranchée, qu’on voit se repro- 
duire pour d’autres êtres, et qui est en opposition fla- 
grante avec les rapports si intimes qui existent dans 
l’htstoire naturelle des deux îles, est un fait remar- 
rpiable. 

Walckenaer, dans le tome P'', page 657, de son His- 
toire naturelle des Insectes Aptères, a fait une étude 
trop consciencieuse de I’Artème Mauricienine pour cpxe 
nous songions à faire mieux que de reproduire sa 
propre description. Il a de plus figuré dans son Atlas, 
avec un grand détail, cette espèce et ses particula- 
rités anatomiques. 


Artème Mauricienne. {Arlema Mauritia, Walckenaer.) 
Long. : 8 à 9”“’. 

« Abdomen globuleux, pointu vers l’anus, à fond 
pâle, avec des stries ou bandes formant des losanges; 
stries plus régulières sur les côtes. 

» Corselet rond, aplati, très-enfoncé dans son mi- 
lieu; fauve rougeâtre. Bandeau courbé en avant, très- 
allongé. 

» Pattes très-longues, d’un rouge pâle, avec des 
anneaux bruns aux articulations. Mandibules courtes, 
coniques, réunies’à leur base par une petite arête. 

» Le mâle : abdomen globuleux, petit, gris souris. 
Mandibules excessivement renflées sur le dos, bifides 
et terminéespar une pointe acérée, dont le dos est armé 
d’une petite tige cylindrique droite, où est l’onglet, 
qui est très-petit. L’intérieur est creusé en cuiller, 
comme celle de certains Scarabées. Brun rougeâtre. 
Digital des palpes d’une grosseur énorme, vésiculeux 
et se terminant par un conjoncteur en spirale. 

n De l’ile de France. Dans l’intérieur des maisons. 

» Cette singulière Aranéide a des yeux placés au- 


dessus d’un Lautieaa moitié aussi long que le corselet, 
eu croissant ou sur deux lignes courbes en arrière. — 
TiCs pattes sont extrêmement allongées. La première 
paire du mâle que j’ai décrit, avait 4 pouces G lignes. 
Elles sont un peu plus fortes et moins fines que dans le 
Pholcus, d’un rouge pâle. Les yeux sont luisants et 
couleur d’ambre jaune. L’onglet des mandibules est 
très-court et reployé à l’extrémité du prolongement 
interne, sans aucune dent sur les bords de la rai- 
nure (1). » 

Cette Aranéide est, comme le Pholcus, une noc- 
turne : les yeux, qui sont de couleur d’ambre et sa 
livrée indiquent cbez elle ce cai’actère dans ses riiceurs. 


(1) Walckenaer. Hisl. des Ins, Aptères^ t. I, page 667. 


GENRE : AGÉLÈNE. [Agclena^ Walckenaer.) 

Ce geni’e, établi pai’ Walckenaer, est très-voisin du 
genre Tegenaria, cependant il en différé par des carac- 
tères essentiels qui sont tirés des yeux et de la bouche. 
Le genre Agelena est un démembrement du genre 
Araignée {Aranea, de Latreille). C’est le même que 
Savigny, dans la Commission d’Égypte, désigne sous 
le nom éCAraclmé (1). 

Walckenaer lui assigne les caractères suivants : 

Yeux au nombre de huit, presque égaux entre eux, sur 
deux lignes tres-courhées en avant; les latéraux 
antérieurs beaucoup plus rapprochés des man- 
dibules cpie les intermédiaires de la même ligne. 
Lèvre large, quadriforme ou ovalaire, tronquée à son 
extrémité . 

Mâchoires larges, courtes, ovalaires ou quadriformes , 
légèrement dilatées à leur coté interne. 

Pattes de longueur médiocre ; la quatrième paire sensi- 


(1) Guérin. DicL pitlor. d'IIist. naL T. T, page 61. 


— iU — 


hlerneiH plus longue que la première, laquelle 
surpasse la seconde; la troisième est la plus 
courte. 

Ce sont des Aranéides sédentaires , formant sur les 
herbes, les buissons, les plantes « et dans Les maisons » 
une grande toile horizontale à tissu serré, à la partie 
supérieure de laquelle est un tube, où elles se tiennent 
immobiles (1). 

Ce genre ne renferme qu’une seule espèce pour File 
de la Réunion ; elle n’hahite pas le littoral et se tient 
dans les régions hautes et froides (Salazie, le Brûlé, la 
plaine des Palmistes). On la rencontre dans les mai- 
sons, dans les lieux couverts. Elle forme, avec VEpeira 
Borbonica, les deux Aranéides les plus communes de 
l’intérieur de l’île. 

Lorsqu’on voyage dans les plaines élevées de Mada- 
gascar, et qu’on se met en route de grand matin, au 
moment du lever du soleil, on voit les herhes basses 
couvertes de petits réseaux blancs que la rosée de la 
nuit argente comme des amas de neige : au centre se 
trouve une Araignée de moyenne gi’osseur, d’un gris 
blanchâtre, rayée de brun. Dès qu’on veut la toucher, 
elle se précipite dans un tube situé plus bas, et quelque- 


(l) Walcke.naer. Ilisl. des Ins. Apleres, t. II, page 19. 


— i45 — 


fois même près du sol. Sa toile est suspendue sur l’herbe 
à la façon d’un petit hamac. Je n’ai pu la conserver 
pour l’êtudier, mais tout me fait présumer que c’est 
une Agélène, bien que les espèces qui composent ce 
genre paraissent peu nombreuses. 


10 


Agélène de l’ile Bourbon. {Agelena Borhonica, 

Vinson.) 

(PL XIV, fig. 5.) 

Long. : 11 à 12""". Femelle. 

Âspeet général. — Aranéicle fauve pâle, jaunâtre 
ou légèrement rougeâtre. On la prendrait à la pre- 
mière vue, hors de sa toile, pour une Lycose, dont 
elle a la forme généi-ale. 

La tête est large, surbaissée et arrondie sur les côtés. 

Le corselet est piriforme, évasé inférieurement, puis 
rétréci, bombé en dessus comme celui des Lycoses. Il 
est fauve pâle avec deux bandes latérales brunes cpii 
laissent entre elles un intervalle pâle, semblable à la 
couleur générale. 

L’abdomen est allongé, ovale, légèrement bombé, 
fauve pâle, rougeâtre et grisâtre pour le fond, mais 
présentant de petites taches brunes, triangulaires, dis- 
posées en accents circonflexes et symétricpiement en 
trois séries : une rangée au milieu et une de cbacpie 
côté. Ces points angtdeux sont complétés sur les côtés 
de l’abdomen par de petites raies, courtes, brunes, ran- 


gées obliquement les unes sur les autres comme des ha- 
chures de dessin. Les filières tentacules sont médiocre- 
ment prononcées. Les pattes sont fauve clair ou jaunâ- 
tres, annelées de biam pâle. La quatrième paire , la 
plus longue, mesure 25™"'; la première cpii vient ensuite 
a 22'"™. La troisième est la plus courte. 

Les mâchoires sont droites; la lèvre est quadriforme, 
c’est-à-dire allongée et coupée carrément en dessus. 

Les yeux, rangés sur deux lignes, sont d’égale gros- 
seur. 

Cette Aranéide, qu’on ne trouve que dans les locali- 
tés centrales et élevées, en même temps que froides, de 
l’île de la Réunion, forme dans l’intérieur des maisons 
ou dans les angles des appartements une toile horizon- 
tale, concave, à tissu sez’ré, à la partie supérieure et 
au fond de laquelle elle ménage un tube cylindrique 
à deux issues, une au-dessus, l’autre au-dessous de la 
toile. Elle se tient, le jour, immobile dans ce tube. 
Son cocon est globuleux. 

Savigny cite izne espèce de ce genre, à pen près sem- 
blable pour ses mœurs et sa couleur, mais de beaucoup 
plus petite {Araclme familiaris, Savigjiy^, qui se 
trouve dans les maisons de Piosette (1). 

(1) Savigny. Egypte^ L. XXII. page 315, de l’édition in-1 8 . Arachnides-, pl. I, 
fig. 6. 



GENRE : ÉPÉIRE. (£/>eira, Walckenaer.) 


Ce beau genre, de l’oixlre des Aranéides et de la 
famille des Araignées, établi par Walckenaer, offre les 
caractères suivants : 

Yeux au nombre de huit, presque égaux entre eux, 
sur deux lignes , les yeux intermédiaires figu- 
rant un quadrilatère, les latéraux écartés sur le 
coté, ef rapprochés par paires. 

Lèvre large à sa hase, arrondie ou omlaire a son extré- 
mité. 

Mâchoires larges, courtes, arrondies à leur extré- 
mité, étroites à leur insertion. 

Pattes allongées , la première paire la plus longue, 
ensuite la seconde; la troisième paire plus 
courte que la quatrième . 

Toutes les Aranéides enfermées dans ce genre sont 
sédentaires , forment une toile à réseaux réguliers, com- 
posés de spirales ou cercles eoncentriques , croisés par 


— 150 — 

des ra^'ons droits qui partent du centre où V Araignée 
se tient immobile (1). 

Ce genre est représenté aux îles de la Réunion, Mau- 
rice et Madagascar par vingt Arauéides parmi les- 
quelles on compte un assez grand nombre de belles et 
de jolies espèces que j’ai dû ranger en deux groupes : les 
ÉPÉIRES NOCTURNES et les ÉPÉIRES DIURNES. 

Bien que j’aie renoncé à ma classification géné- 
rale des Aranéides en nocturnes et en diurnes, pour 
suivre celle de Walckenaer, j’ai cru devoir la main- 
tenir ici dans le. genre des Épéires. 

Je dois rappeler que cette partie de l’entomologie 
de l’île de la Réunion n’a jamais été faite; que si quel- 
ques espèces existant dans cette colonie sont signalées 
par les auteurs, c’est uniquement parce qu’elles ont 
été trouvées à l’île de France (Maurice), qui les pos- 
sède aussi. On ne s’étonnera donc pas que j’aie rencon- 
tré ici, comme en d’autres genres, des espèces non dé- 
crites et cpii constituent de nouvelles à ajouter à cette 
coupe déjà si féconde. Je me suis appliqué à décrire et 
à représenter fidèlement moi -même la plus grande 
partie de ces Aranéides remar(p.iables, dont quelques- 
unes sont particulières à l’île de la Réunion. D’autres, 


(IJ Walckenaer. Hisi. des Ins, Âplères^ t. II, page 29. 


— 151 — 


au contraire, sont spéciales à l’île Maurice, telles que 
V Epeira assidua, elV Epeira Latreilla. Cette dernière, 
que je n’ai pu me procurer, me semble n’être cpa’un 
spécimen altéré ou varié de VEpeira Mauritia. D’autres 
enfin sont propres à ]Madagascar , telles que VEpeira 
Madagascariensis , VEpeira Mitralis, VEpeira tuher- 
culosa. 

Dans l’histoire générale des Aranéides du globe, 
ainsi que l’a tentée Walckenaer, ce genre Epeira oc- 
cupe une place immense, et les divisions en familles 
et en races faites par l’auteur ont été plus heureu- 
ses ici que dans bien d’autres genres. En effet , on 
trouve dans les Épéires des groupes naturels avec 
des caractères très-distincts, qui résultent de la forme 
de l’Aranéide, de particularités spéciales, de la ma- 
nière de disposer sa toile, de tisser son cocon, etc. 

Dans la famille des ALLONGÉES, la race des 
TUBERCULÉES forme un groupe très-naturel. 

Dans la familles des DÉCORÉES, dont le corps 
ovoïde est à bandes, les Aranéides placent un fil en 
zigzag dans leur réseau ; leur cocon est en cône tron- 
qué et non en chapelet, comme celui de VEpeira 
opiintise et de VEpeira Sancti Benedicti. 

Dans la famille des IRRÉGULIÈRES, les espèces 
qui forment la race des CONIQUES BIFIDES se 


— 152 — 


l’essemblent par la disposition de leur toile, la façon 
dont le cocon est fait, et leurs pattes peu allongées 
et trapues 5 elles semblent toutes graviter par leurs 
caractères autour de VEpeira opwitiæ, que j’ai prise 
pour type d’une race : celle des OPUNTIÉES. Avec 
leur bifurcation abdominale en andère, les vestiges tu- 
berculeux qui sillonnent la face dorsale ou latérale 
de leur abdomen, ne semblent -elles pas être des in- 
termédiaires entre les espèces du genre Epeira et 
celles du genre Gasteracantha , qui ne sont après 
tout que des bifides exagérées? Bientôt ces caractè- 
res, simplement indiqués d’abord dans ces espèces, 

r f 

se révèlent plus complètement dans les EPEIRES 
PLECTANOIDES, qui deviennent le lien naturel des 
deux genres. 

J’ai cz’u devoir néanmoins dans la classification 
de mes Épéires faire quelques modifications très- 
légères, tout en adoptant pour subdivisions celles 
mêmes de Walckenaer. Ainsi j’ai fait une race des 
CORDI FORMES avec des Aranéides nocturnes qui 
se ressemblent par leur abdomen en cœur, large et 
aplati, arrondi en avant; par leur corselet long, étroit, 
comprimé sur les côtés comme pour servir de gouttière 
aux pattes repliées, etc. 

J’ai dit que les Épéires des îles de la Réunion , 


— d53 — 


Maurice et Madagascar étaient belles et jolies : les 
premières se trouvent justifiées par VEpeira inaurata 
et sa congénère, que j’ai cru devoir séparer d’elle sous 
le nom à^Epeira nigra; elle est souvent plus grande 
et d’un beau noir bleuâtre à duvet argentin. — Les 
secondes le sont également par la présence de \Epeira 
Mauritia cpie possède aussi l’île de la Réunion; par 
VEpeira opuntiæ de M. Léon Dufour, qui est fort 
commune dans nos îles, et qui y présente tant d’es- 
pèces voisines ou des variétés dans VEpeira purpurea^ 
VEpeira fiava^ etc. : les unes sont d’un beau noir 
ou fauve avec des taches ou des lignes blanches en 
zigzag; les autres sont d’un blond rosé, d’un jaune 
orange, d’un jaune citron plus clair ou d’une couleur 
fauve. Toutes sont enfin remarquables par leur ab- 
domen bifide , bombé et en quadrilatère , et par leur 
corps velouté , quelle que soit leur couleur. 


Première subdivision des Épéires. 


I. — ÉPÉIRES NOCTURNES. 


Les ÉPÉIRES NOCTURNES forment un groupe 
bien séparé des ÉPÉIRES DIURNES. Ce groupe se 
partage à sou tour pour les Aranéides que possèdent 
les îles de la Réunion, Maurice et Madagascar en une 
famille: les OVALAIRES, qui se subdivise en trois 
races : A. Les CORDIFORMES. B. Les OVOÏDES. 
C. (1). Les OVALAIRES OVOÏDES. 


(I) \^E-geira Borhonica que comprend cette race, ainsi que VEpeira livîda de 
Madagascar se placenta côté de VEpeira caUophyla\ elles se retirent pendant 
tout le jour dans un tube soyeux et en sortent le soir pour descendre sur leur 
toile. Ce qui prouve encore que la chasse est crépusculaire et nocturne, c’est qu'on 
trouve plutôt sur leur toile des Sphinx et des insectes nocturnes. Seulement, elles 
diffèrent de VEpeira luguhris et de VEpeira Morelii en ce que leur toile est per- 
manente. 


FAMILLE: LES OVALAIRES. 


RACE : LES CORDIFORMES. 

Abdomen cordiforme très- velu, hérissé de poils 
courts, raides, ordinairement blancs, gris ou fauve 
clair, qui n’ont d’éclat qu’à la lumière ai’tificielle , 
lorsque l’Araignée est étalée sur sa toile : raies trans- 
versales qui marcbent de chaque côté de l’abdomen 
pour s’arrêter en dessous, près des libères {Epeira lu- 
guhris, Epeira Isahellai). 

Corselet étroit en avant, comprimé sur les cotés, 
plus dilaté et arrondi en arrière. 

L’Ai’anéide n’étale sa toile que la nuit à l’heure du 
crépuscule', elle l’enlève et la détruit le matin de bonne 
heure en ne laissant en place qu’un fil long et deux oü 
trois fils courts, posés obliqpiement et sans ordre ap- 
parent, soit pour l’a vei’tir même le jour de la présence 
d’un insecte, ce qui est moins probable. 

Le jour, cette Aranéide se ramasse dans quelques 
feuilles l’éunies comme un nid, et s’y accroupit les 


156 — 


pattes ramenées dans l’attitude d’un Crabe ; la nuit, 
elle prend sur sa toile la position de toutes les Épéires : 
elle s’y tient les pattes étendues. 

Cette toile est molle, très-line quant à la grosseur 
du fil, et les rayons sont très-distants les uns des 
autres. 

La race des CORDIFORMES présente plusieurs 
espèces et des variétés assez nombreuses. Sur l’abdo- 
men, on trouve en général des marques en accents 
circonflexes. Ces accents, en descendant, sont super- 
posés et de moins en moins prononcés. 

Entre les plaques pulmonaires et les filières, sous 
l’abdomeu, il existe un carré, dans lequel on l’emar- 
que toujours deux points blancs surmontés de deux 
taches brunes allongées. 

On trouve, avec la même forme et les mêmes dessins, 
un grand nombre d’ÉpÉiRES de cette race qui pré- 
sentent des couleurs variées ; quelques-unes sont vrai- 
ment admirables surtout lorsqu’on les considère à la 
loupe. On les rencontre prescpie toutes avec la cou- 
leur jaune ou brune formant ainsi de nombreuses 
variétés. L’âge les fait varier principalement, et cel- 
les qui sont plus petites, couleur d’ocre jaune avec 
des dessins de nuances diverses, ne sont, je crois, que 
des Isahella plus ou moins jeunes. 


UEpeira Isahella et YEpeira lugubris ou nocturna 
sont les types de cette race : YEpeira lugubris varie 
du très-noir au gris : j’ai vu à Salazie une nocturne 
de cette race couleur lie de vin foncé, et à Saint-Denis 
une autre d’un vert pistache hruu, uniforme. Chez 
toutes, les raies transversales sont indiquées par des 
lignes de poils rangés avec une grande symétrie et 
comme hérissés. Il serait difficile de décrire toutes ces 
nuances : j’ai dit leurs caractères communs^ je vais 
peindre et décrire les deux principales espèces autour 
desquelles se rangent ces variétés qui ne diffèrent que 
par le volume et la couleur. — Il arrive pour la race 
des CORDIFORMES ce que nous retrouverons plus 
loin pour celle des OPUNTIÉES, c’est-à-dire que, 
sous une même fonne toujours constante, on ren- 
contre une grande variété de couleur et de volume ( 1 ) . 

1“ Épéire ISABELLE. {Epcira isahella, Vinson.) 

(PI. IV, fig. 2.) 

Long. : 13 à Id™™. 

Aspect général : — Jeune, elle est jaune Isabelle : 
adulte, elle se fonce et varie de l’orangé au marron 
clair ou foncé. 


(1) Voir les variétés de VEpeira opuntiæ. 


— 158 — 


Abdomen cordiforme, court, gros, arrondi en avant 
et sur les côtés, bombé en dessus, un peu incliné d’a- 
vant en arrière, terminé en pointe. 

Sur la face de l’abdomen, une bande médiocre en fer 
de lance, dont la pointe est dirigée vers la partie poslé- 
ri eure. Sur le milieu, de cbacpie côté de cette bande, sont 
posés par paires des traits bi'uns transversaux, comme 
les deux parties d’un accent circonflexe ; on en peut 
compter aisément trois superposés : le premier très- 
accentué 5 le second moins prononcé \ le troisième moins 
indicpié encore. L’abdomen est jaune variable, orangé, 
Isabelle, blancbàtre ou marron. De chaque côté mar- 
chent des stries ou des raies transv^ersales, tantôt plus 
claires, tantôt plus foncées, qui partent de dessus 
l’abdomen, et cpii vont s’arrêter en dessous près des 
libères : des poils blancs sont dirigés dans leur sens. 
Sur la base de l’abdomen, en face du corselet, on voit 
deux larges taches, tantôt brunes, tantôt lilas foncé. 

Corselet haut, long et comprimé sur les côtés ; le cen- 
tre est jaune et couvert de longs poils blanchâtres j les 
côtés sont bruns ou lilas foncé. Pattes noires ou d’un 
rouge brun lilas pour le premier article, puis annelées 
de jaune et de rouge brun et terminées en noir. 

Sous l’abdomen, entre les libères et la vulve, un carré 
dans lequel sont deux taches brunes ou noires allon- 


— lo9 — 

gëes et séparées l’une de l’autre : chaque tache noire 
est terminée par une tache jaune plus petite et presque 
carrée. 

Cette Épéire est nocturne et ressemble beaucoup à 
ÏEpeira luguhris sous d’autres couleurs 5 elle a les 
mêmes mœurs : le jour, elle se tient dans un nid de 
feuilles; au moment où la nuit va se faire, elle en sort, 
et elle étale avec une incroyable activité sa toile qui 
est rayonnée, très-belle, très-régulière, mais faite avec 
des fils fins et lâches et à grandes mailles. Vue à la lu- 
mière artificielle, cette Aranéide est très-brillante, 
parce que chaque poil court et hérissé, dont elle est 
revêtue, prend un bel éclat. Si on la touche, elle 
quitte son réseau et court se réfugier dans son nid de 
feuilles où elle se blottit le jour. De ti’ès-grand matin 
on la surprend encore sur sa toile; mais bientôt elle la 
défait en la dévorant , et ne laisse que deux ou trois 
fils. 

Lorsque cette Aranéide n’a pas atteint tout son dé- 
veloppement, elle se présente sous l’aspect suivant : 
corselet blond pâle et comme grisâtre, couvert sur sa 
ligne médiane d’une rangée de poils blancs, abondants 
et dirigés en avant. Abdomen cordiforme, large et 
court, blond pâle, couleur Isabelle avec une bande 
médiane plus foncée en fer de lance : deux lignes d’un 


— 160 — 


blond pâle partent en s’écartant de la base de l’abdo- 
men, marchent parallèlement aux côtés de la bande 
médiane et se réunissent en pointe à l’extrémi té posté- 
rieure. De chaque côté de cette double ligne blonde, 
partent deux lignes de dentelures d’un blond pâle, qui 
se l’éunissent inférieurement , de manière à dessiner le 
limbe d’une feuille dont les bords sont dentés • Sur 
l’abdomen, quatre à six points noirs disposés réguliè- 
rement par paires. — Palpes jaune clair 5 — mâchoires 
fauves avec l’extrémité rougeâtre. — Pattes blondes 
velues, rougeâtres à la pointe : l’extrémité de la lèvre 
est rougeâtre aussi. 

Quatre yeux sur la ligne médiane en quadrilatère : 
les antérieurs plus gros : les deux externes antérieurs 
sont joints aux deux externes postérieurs : parmi ces 
yeux latéraux, les antérieurs paraissent plus gros que 
les postérieurs. 

On rencontre assez fréquemment cette Aranéide en 
cet état. Celle qui a servi à cette description était sur 
une petite toile verticale tendue un soir enti’e plu- 
sieurs feuilles d’un jeune Badamier {Termmalia Ca- 
talpa, Linné). En la touchant elle a quitté sa toile et 
s’est réfugiée sur uue feuille voisine 5 elle s’y est ta- 
pie, les deux paires de pattes antérieures relevées et 
étendues en avant, de façon à couvrir les bords du 


— 161 — 


corselet ; les deux paires de pattes postérieures ra- 
menées en arrière, et la quatrième se touchant par ses 
extrémités et circonscrivant un demi-cercle autour de 
l’abdomen. 

L’Araignée dans ce premier état est d’un jaune varia- 
ble, mais le plus souvent d’une couleur jaune Isabelle. 

2° Épéire Lugubre. {Epeira luguhrisP Walckenaer. 

Épéire nocturne. — {Epeira nocturna, Vinson.) 

(PI. IV,fig. 3.) 

Long. : 14 “™. — Femelle. 

Aspect général : Cette Épéire a beaucoup d’analo- 
gie avec la précédente : les dessins sont à peu près les 
mêmes, la forme est semblable ^ l’attitude qu’elle prend 
est aussi la même , mais sa couleur est toute difféi’ente. 

Abdomen gros, large, aplati, arrondi à sa base, 
cordiforme dans son ensemble; noir, très-velu avec des 
poils blancs d’un aspect laineux. 

Au milieu de l’abdomen, deux lignes blanches, issues 
d’un même point, s’écartent et marchent longitudina- 
lement pour se réunir en pointe à l’extrémité posté- 
rieure comme le fer d’une lance. 

De chaque coté de cette double ligne blanche, règne 
une ligne de même couleur, festonnée en zigzag, d’où 

id 


— 162 — 


partent cinq à six lignes en raies obliques, transversa- 
les et blanches, qui vont se perdre sous l’abdomen. 
Toutes ces lignes sont foi’mées de poils blancs. 

Le corselet est haut, comprime sur les côtés pour 
faire place aux pattes que l’Araignée ramène en les re- 
pliant comme I’Epéire de l’Opuntia, qui se ramasse 
lorsqu’on la touche. Il est brun, très-velu, recouvert 
de poils gris 5 noir en dessous. 

Le dessous du ventre est d’un noir foncé avec deux 
points d’un blanc jaunâtre, de chaque côté, au-devant 
des filièi’es. Les pattes fortes, velues, ont le premier 
article d’un noir luisant ; les autres articles sont bi- 
gari'és de brun et de gris. En dessous elles sont noires 
avec nne teinte violette sous le pli de la première arti- 
culation. Les mandibules sont noires, coniques, fortes, 
luisantes. Les palpes sont bruns, hérissés de poils 
gris. 

J’ai trouvé cette Aranéide dont la livrée est lugubre, 
sur une grande toile verticale le soir. Cette toile avait 
disparu le lendemain; mais elle fut rétablie le soir. 
J’ai bientôt remarqué que cette Araignée avait des 
mœurs nocturnes. 

Les yeux intermédiaires sont placés sur une émi- 
nence : les antérieurs plus gros et plus écartés, les 
postérieurs plus petits et plus rapprochés. — Les laté- 


i63 — 


raux placés à l’extrémité du bandeau sont contigus. 
Tous ont un iris noisette. (PI. IV, fîg. 3 , a.) 

— Je trouve dans le manuscrit de J. -B. Dumont 
une description exacte de cette Araignée, mais ce na- 
turaliste a ignoré ses mœurs nocttu’nes et n’a pas vu sa 
toile, que l’Aranéide n’étale que la nuit. Voici ce qu"il 
dit ; 

— « Araignée fdandiere de grandeur moyenne. Ab- 
domen gros, cordiforme, un peu déprimé, blanc en 
dessus avec des points noirs ou noirâti’es; et dans le mi- 
lieu, une bande longitudinale de même couleur, feston- 
née sur ses bords et bifide en devant. La face inférieure 
noirâtre, avec une tache quadrangulaire rougeâtre, 
marquée de points noirs dans le milieu. Mamelons 
brunâtres et peu saillants. La base est noire et recou- 
verte de poils jaunâtres 5 les bords sont marqués de li- 
gnes noires transversales et un peu obliques. Le corse- 
let est petit, convexe, noir, recouvert ainsi que la tête 
de poils jaunâtres. Huit yeux : les quatre au milieu 
forment un carré iri’égulier, les antérieurs plus gros et 
un peu plus écartés 5 les latéraux écartés des premiers, 
très-rapprochés et posés sur une ligne oblique; ils sont 
couleur de rubis. Premiers articles des pattes noirs, les 
autres jaunâtres tirant sur le gris, mandibules noires. 

« Lorsque cette Araignée n'a paspris tout son accrois- 


— 164 — 


senient, la couleur noire de l’abdomen est remplacée 
par un vert jaunâtre ^ le premier article des pattes est 
bi'un clair et les autres presque fauves. Elleest assezi’are; 
on la trouve placée dans un nid formé par la réunion 
de quelques feuilles liées entre elles par des fils passés 
de l’une à l’autre *, sa toile consiste en des fils tendus 
dans différentes directions aux branches voisines et 
communiquant entre eux par quelques fils. Cette toile 
paraît destinée à l’avertir de la présence des insectes 
et non à les envelopper et à les retenir^ les fils étant 
trop peu nombreux et trop écartés pour produire cet 
effet (1). » 

Voici pour cette Ai’anéide la description pour le 
moins incomplète de Walckenaer; j’en accuse assuré- 
ment la mauvaise conservation des sujets; le célèbre 
Aptériste semble s’en dédommager sur la partie inalté- 
rable de la description anatomique : 

« Abdomen allongé, elliptique, noir foncé, avec six 
taches d’un blanc éclatant sur le dos, disposées par 
paires et longitudinalement. — Ventre bi’un ou noir. 
— Corselet allongé, bombé, noir, couvert de poils 
bruns; sternum brun. Pattes peu allongées, recou- 
vertes de poils blancs ou gris. 


(1) J.-B. Dumont. Manuscrit, 


— 165 — 

» — Mei' des Indes. — Ile de France. 

» Les yeux postérieurs du cari'é intermédiaire sont 
plus rapprochés entre eux que les antérieurs inter- 
médiaires. Les mâchoires sont courtes, arrondies, 
noires, bordées de couleur plus pâle. La lèvre est 
large, noire et bordée de couleur plus pâle. « — 
Épéire lugubre. — N“ 32 (1). 


(1) Walckenaer. Hîst. nat. des Ins, Ajpthres. T, II, page 34. 


Race : LES OVOÏDES. 


Cette race ne contient pour l’île de la Réunion 
qu’une seule espèce et une variété : VEpeira Morelii, 
Vinson. La variété de cette espèce présente le même 
volume, avec les mêmes dessins •, mais sa couleur, au 
lieu d’être d’un jaune pâle comme la première, est 
d’un jaune oi’angé foncé. Toutes deux se tiennent 
appliquées le jour contre les feuilles, en dessous, 
et tendent le soir, un peu avant la venue de la nuit^ 
leurs toiles l'égulières, à fils ti’ès-fins et un peu lâches, 
et à grands réseaux : cette toile devant être défaite le 
lendemain n’a pas la texture soignée, forte et solide- 
ment travaillée des autres Épéires. 

3“ Épéire de Morel. {Epeira Morelii, Vinson.) 

(PI. IV, fig. 4.) 

Long. : 8'"'". — Mâle. 

Le corselet assez grand, eu forme de cœur, est d’un 
gris clair tirant sur le jaune. La tête est petite, les 


— 167 — 


palpes sont termine's en sphère ou en olive, bruns à 
leur extrémité. Au milieu du corselet, une raie d’un 
brun rougeâtre le divise en deux. 

L’abdomen jaune citron, a la forme d’un ovale al- 
longé. Au milieu une bande dorsale, longitudinale, 
d’un jaune encore plus pâle, règne entre deux ban- 
des longitudinales d’un jaune brunâtre, placées sur 
les côtés et festonnées en dedans. Dans chacune de 
ces deux bandes, on compte quatre points noirs en 
forme de croissants dont la concavité regarde en de- 
dans. Le tour de chaque croissant noir est relevé de 
blanc sur un fond jaunâtre, et tous sont disposés sy- 
métriquement sur deux lignes parallèles. 

Le dessous de l’abdomen est jaune, marqué dans le 
milieu, d’une bande longitudinale noire, formée par 
la réunion de plusieurs taches en losange \ sur les côtés, 
six taches blanches rangées pai’allèlement par paire, de 
façon à encadrer les taches brunes qui forment la 
bande longitudinale. (V. PI. IV, lig. 4, a.) Les ma- 
melons sont bruns. 

Les pattes, gris jaunâtre, sont recouvertes de poils 
courts, noirs et épineux. La première paire a 1/2; 
la deuxième et la dernière paires ont chacune 9““. 

Le mâle est plus petit que la femelle : chez lui, le di- 
gital des palpes est noir et très-renflé. 


— 168 — 


Cette Aranéide, qui se place parmi les Épeires, par 
la disposition des yeux, la forme de la lèvre , des 
mâchoires, a été trouvée un soir sur le bord d’un 
vivier parmi de grandes herbes, où elle se tenait au 
milieu d’une toile verticale tendue de la pointe de 
quelques feuilles à d’autres feuilles voisines : sa toile 
avait un demi-mètre de long. En la touchant, elle l’a 
quittée pour se réfugier sous une feuille d’herbe de 
Guinée ÇPanicu/u Jurncntorum, L.), où elle est de- 
meurée étendue. 

Les deux yeux postérieurs du carré intermédiaire 
sont sensiblement plus gros. Les six autres sont pres- 
que d’égale grosseur. Les latéraux sont si rap- 
prochés qu’ils sont conjoints. Les mâchoires et la 
lèvre sont courtes, tronquées à leur extrémité. Cor- 
selet gris fauve avec des poils blancs, vu au mi- 
croscope. 

Au mois de février, à l’époqpie où après les grandes 
pluies les herbes sont hautes et verdoyamtes, on y ren- 
contre fréquemment cette Aranéide vers le soir, un peu 
avant la nuit : cachée sous la face inférieure des feuilles 
durant le jour, elle se hâte, après le coucher du soleil, 
de tendre pour la nuit une toile très-régulière, à fils 
déliés, à grands compartiments et à réseaux lâches. 
Elle est très-active alors. Le mâle tend sa toile près 


« 


— 169 — 

de celle de la femelle : on est toujours sûr de les 
trouver par paire. 

On rencontre à l’île de la Réunion, deux sortes de 
cette Épéire dont les mœurs sont nocturnes et qui 
n’établit de toile que vers le soir. La première est celle 
que je décris sous le nom ^Epeira Morelii; la seconde 
est d’un jaune oi’angé foncé. Je ne fais pas pour cette 
dernière de description spéciale, puisque la grandeur, 
la forme et les dessins sont les mêmes pour toutes deux. 

J’ai depuis découvert une troisième espèce ou va- 
riété chez laquelle la couleur jaune ou orangé est rem- 
placée par la couleur marron. Cette dernière est fort 
jolie. Ces Aranéides attachent sous une feuille un petit 
cocon blanchâtre de bourre soyeuse très-fine, aplati, 
circulaire, avec un centre opaque de l’étendue d’un 
très -petit pois qui représente l’agglomération des 
œufs. 

Je dédie cette curieuse Épéire à mon collègue, 
M. Morel, Président de la Commission administra- 
tive du muséum de l’île de la Réunion. 


Race : LES OVALAIRES OVOÏDES. 


4° Épéire de l’île Bourbon. [Epeira Borbonica, 

Vinson.) 

(PI. IV, fig. 1.) 

Cette Épéire figure parmi les quatre plus belles 
espèces de ce genre que possède notre île. Elle est 
remarquable par son volume cpii mesure vingt milli- 
mètres de longueur, par son abdomen qui imite une 
cerise mûre, par sa couleur rouge vernissée, par ses 
longues pattes noires, enfin par la plus curieuse trans- 
formation. Rendue presque à l’état adulte, elle est 
d’un blanc laiteux et porte sur l’abdomen, en gris 
métallique, le dessin découpé d’une feuille de cliêne \ 
mais bientôt elle prend la couleur rouge, et se 
montre sous l’aspect où nous la représentons ici. Cette 
métamorphose de couleur et même de forme, car elle 
devient plus ovoïde, m’a semblé si surprenante que 
je pensai d’abord que c’étaient deux espèces différen- 
tes ; mais l’observation m’a prouvé de la manière la 
plus exacte que les deux individus étaient l’espèce 


171 — 


identique sous un premier état provisoire et imparfait 
et sous un dei'nier état définitif et complet. 

Description de VEpeira Borhonica sous sa première 

livrée. 

Long. : 5 à 6 “”. 

Toute l’Aranéide est d’un blanc laiteux, gris ou 
bleuâtre, et tantôt d’un rose pâle. Yeux très-noirs ; 
tête quelquefois presque transparente^ thorax d’un 
gris brun. Une ligne plus brune circulaire règne sur 
le pourtour du thorax et comprend une partie de la 
tête en arrièi’e des yeux. 

L’abdomen allongé, ovale, un peu cylindrique, pré- 
sente dessus et d’une manière invariable le dessin 
d’une feuille de chêne à nervure médiane ; le bord du 
limbe est festonné par un liséré blanc bordé de brun. 
Sa couleur est gris verdâtre, avec un petit reflet ar- 
genté ou métallique. 

Les côtés du ventre sont blancs 5 le dessous d’un 
blanc rosé et brunj l’insertion des pattes sur le tho- 
rax est d’un beau- noir, à l’exception d’une ligne blan- 
che à son centre. 

Les mandibules sont noires avec des crochets rou- 
geâtres. — Pattes longues, d’ün blanc pâle, transpa- 
rentes, annelées de brun et terminées de noir. 


— 172 — 


Mais hlentôt on voit le ventre, en dessous et vei's 
les filières, prendre une teinte rouge et qui va en se 
fonçant davantage en se généralisant ; cette belle cou- 
leur rouge gagne peu à peu tout l’abdomen ^ les pattes 
et le corselet brunissent, et la transformation s’opère 
complètement; l’Araignée blanche, à la couleur lai- 
teuse semée et comme saupoudrée d’argent mat, a pris 
la coloration vermeille d’une belle cerise mûre; le 
corselet et les pattes sont devenus noirs comme de 
l’ébène ; celles-ci sont quelquefois annelées de jaunâtre 
ou de brun ; enfin l’ Aranéide , après cette transforma- 
tion singulière , parvenue à son parfait état, présente 
l’aspect suivant : 

Description de l'Epeira Borhonica à son état adulte. 
Long. : 18 à 20““. 

Tête large, bombée, développée et arrondie sur les 
côtés : les yeux sont saillants et portés sur une émi- 
nence. Corselet gi’and , arrondi , bordé d’une ligne 
bleuâtre ou blanchâtre circulaire ; déprimé au cen- 
tre, un peu rayonné sur les bords. 

Le céphalothorax est noir luisant ou rouge foncé 
tirant sur le noir. 

Abdomen long de 18 millimètres environ, ovoïde 
allongé, fortement bombé en avant chez la plupart. 


173 — 


et quand FAraigne'e est bien noui'rie ; conique chez un 
plus petit nombre : il a une belle couleur rouge, grenat 
foncé, carmélite quelquefois, le plus souvent rouge 
brun. On y distingue dans la couleur rouge de très- 
fines marbrures obliques ou un pointillé jaune. Tl 
est luisant, plein et veiniissé comme une cerise. — 
Quatre points noirs enfoncés sur l’abdomen sont posés 
en carré. 

L’insertion avec le corselet est noire j mais, immé- 
diatement entre l’insertion et la base bombée de l’ab- 
domen, on voit quelquefois une bande circulaire 
blancbe ou brun verdâtre, vestige de la première li- 
vrée qui entoure encore l’abdomen près de son at- 
tache. 

Sous l’abdomen quatre points blancs, l’onds, disposés 
snrdeuxlignesparallèles,sontdirigésd’avantenai’rière. 

Les pattes sont longues, noires et quelquefois an- 
nelées de jaunâtre. Les deux paires antérieures ont 
42 et 40 millimètres de long. Les mandibules sont 
noires, fortes, armées de forts crochets. La lèvre et les 
mâchoires brunes sont blanchâtres sur leur bord libre. 

Variétés. Cette belle Arauéide est quelquefois ren- 
contrée av^ec le céphalothorax et les pattes d’un beau 
noir uniforme et l’abdomen rouge foncé . Alors ni bande 
blanche ou verdâtre près de l’insertion abdominale. 


ni pattes annelées. Les quatre points blancs et ronds 
sous le ventre sont constants. 

Quelquefois aussi on la trouve blanche ou rosée, pro- 
bablement venant de faire sa mue. Le changement de 
couleur et de forme, que j’ai exposé précédemment et 
cpie je n’avais jamais observé sur aucune autre Ara- 
néide, est un phénomène des plus curieux et pou- 
vant jeter dans l’erreur un observateur inattentif. 

Le mâle qui n’a que 6”“ de longueur, et qui n’at- 
teint jamais un plus fort volume, garde toute sa vie sa 
livrée blanche du premier âge, avec le dessin d’une 
feuille de chêne festonnée et comme écussonnée sur 
l’abdomen. Il est semblable en cet état à la femelle 
dans son jeune âge, quand elle n’a pas atteint son 
entier développement. Alors elle ne se distingue du 
mâle que par l’absence des palpes qui caractérisent 
unifpiement celui-ci. 

J’avais décrit et figuré depuis longtemps I’Épéire 
DE l’ile Bourbon, mais c’est en 1 862, à Salazie, qu’il m’a 
été donné de me livrer à son égard aux curieuses ob- 
servations dont je viens de faire connaître le résultat. 
Cette Aranéide n’existe pas sur le littoral de l’île : elle 
est très-répandue au contraire à l’intérieur, dans les 
régions hautes, centrales et froides, à Salazie par 
exemple et dans nos bois et nos montagnes. Sa toile 


— 175 — 


est oblique, irrégulière, à fils jaunes, appliquéesous les 
toitures, sous l’abri des gros troncs d’arbres ou des 
grands rochers. L’Araignée bâtit un tube de grandeur 
variable avec un tissu blanchâtre et léger d’abord, puis 
jaunâti’e et seri’é par des couches successives; ce tube 
est ouvert en bas par une extrémité et appliqué contre le 
toit ou l’arbre par l’autre extrémité : elle s’y tient 
blottie. — Elle file des cocons d’un beau jaune orange, 
entourés d’une soie plus molle et plus blanche. Tantôt 
elle est sur sa toile, qui est verticale ou inclinée, tantôt 
elle se retire au fond de son tube jaunâtre, qui a une 
longueur variable de 3 à 6 centimètres : ce tube est 
toujours construit près de la toile, de façon à ce cpie 
l’Aranéide puisse s’y transporter aisément. 

5“ Ei’eire livide. {Epeira Iwidciy Vinson.) 
(Pl.XIV,fig. 1.) 

Long. : 22 à 24““. — Femelle. 

Aspect général. — Ovoïde, allongée. Le corselet et 
les pattes noirs, quelquefois avec une teinte rouge 
brun. Les yeux saillants; l’abdomen variable, lilas 
blanchâtre, livide ou gris cendré ou noir. 

Le céphalothorax est d’un noir luisant, quelquefois 
rougeâtre. 


— 176 — 


La tête est ronde, bombée : les yeux latéraux sont 
placés sur une petite éminence allongée, aux extrémités 
de laquelle chaque œil est logé, l’un en avant, l’autre 
en ari'ière; les quatre intermédiaii'es sont enfoncés 
dans une petite élévation, sans pédicule. — Le corse- 
let est aiTondi sur ses bords, déprimé au centre par un 
enfoncement, rayonné, bordé de rougeâtre ou d’une 
couleur plus pâle. 

L’abdomen recouvre une partie du corselet par son 
inclinaison en avant et son développement en dessus ; 
il est ovoïde, arrondi, étalé uniformément, développé 
et gros. Il est d’une couleur lilas clair, pâle ou livide 
et quelquefois cendré; d’autres fois, d’un noir grisâtre. 
— Sa surface est marquée de quatre, six ou sept 
points noirs enfoncés ; quatre de ces points sont plus 
gros et posés en quadrilatère. 

Soùs le ventre, quatre taches blanches, rondes, sont 
disposées sur deux lignes parallèles ; deux en avant et 
•deux en arrière. 

Les pattes sont fortes, allongées, noires, luisantes ; 
quelquefois le fémoral est en partie d’un rouge brun. 

Les mandibules sont d’un noir brillant, bordées de 
jaunâtre; la lèvre est ovalaii’e et arrondie supérieure- 
ment. 

Cette Aranéide a une étroite ressemblance avec 


— 177 — 


VEpeira Borhonica. Le mâle est semblable dans les 
deux espèces ; et dans sa première livrée la femelle est 
identique. Mais je n’ai jamais vu VEpeBa livida avec 
l’abdomen rouge. Celui-ci varie de couleur depuis le 
lilas pâle et livide jusqu’au noir sombre ou cendré. 
Réciproquement 5 je n’ai jamais vu VEpeira Borho- 
nica avoir la teinte violette ou lilas. 

UEpeira livida est commune à Madagascar 5 elle est 
abondante dans la province d’Imérina, et dans plu- 
sieurs villages, commeà Audévourante. Elle se bâtit de 
grands tubes sous le bord avancé des toitures malga- 
ches 5 elle se réfugie au fond de ces fourreaux de soie 
qu’elle a tissés, et qui offrent même d’assez grandes di- 
mensions. A côté, se trouve sa toile qui est inclinée ou 
verticale. L’Aranéide se tient endormie dans sa retraite 
durant le jour, mais le soir, au crépuscule, ou même si 
le temps devient sombre, elle descend sur son réseau 
pour chasser; elle y reste toute la nuit. — Ses mœurs 
sont cependant plutôt crépusculaires que nocturnes : 
et sa chasse se compose plus particulièi’ement de sphinx 
et de lépidoptères nocturnes. 


12 


Deuxième subdivision des Épéires. 


IL — LES ÉPÉIRES DIURNES. 


Cette division, qui est considérable, comprend tou- 
tes les Araignées du genre Épéire [Epeira), qui étalent 
au soleil et durant le jour des toiles permanentes; 
qui affectent différentes formes, sont généralement 
enrichies de couleurs brillantes, ont le corps ovoïde 
ou bifide, elliptique ou aiTondi, couvert de poils courts,^ 
peu nombreux, imitant le satin ou le velours, ou ayant 
un éclat vernissé, et les yeux presque toujours noirs. 

Aux îles de la Réunion, Maurice et Madagascar, 
cette division du genre Épéire comprend en même 
temps les plus grosses et les plus belles Aranéides qu’on 
puisse y rencontrer; elles sont aussi plus nombreuses. 
Les toiles de quelques-unes d’entre elles ont des di- 
mensions colossales comme pour les Épéires dorée et 
NOIRE : quelquefois ces réseaux, en se multipliant par 


— 179 — 


la diffusion des individus d’une même espèce, couvrent 
tout un petit arbre et l’enveloppent comme d’un voile 
épais, ce qne font les Epeira Opuntiæ, Epeira Jlciva^ 
etc 


FAMILLE : LES OVALAIRES. 


Race : LES OVALAIRES TRIANGULAIRES 

LARGES. 

6“ Épéire assidue {Epeira assidua, Walckenaer). 

Long. : 18””. 

« Abdomen ovoïde, verdâtre, avec des lignes brunes 
sur les côtés ; dessus d’un jaune verdâtre pâle, avec 
quatre points enfoncés dans le milieu, disposés lon- 
gitudinalement. 

» Corselet bombé, rouge, glabre, bordé de jaune -, 
du jaune aussi entre les yeux. Yeux latéraux très- 
écartés des intermédiaires. Tête large, mâchoires et 
lèvres rougeâtres avec deux points jaunes, dont l’un 
est proche le corselet, l’autre à la pointe. 

» Océan Indien. Ile de France, décrite d’après 
plusieurs individus envoyés par M. Julien Desjardins, 
naturaliste distingué de l’île Maurice (1). » 


(1) Walckenaer. //isl. des Ins. Aptères., t. Il, page 51. 


— 181 — 


Cette Aranéide n’existe pas à l’île de la Réunion. 
Nous avons reproduit à dessein la description de Wal- 
ckenaer. Je regrette que cet Aptériste n’ait pas donné à 
cette Épéire le nom du modeste et savant Desjardins, 
qui le premier la fit connaître en envoyant à Paris de 
nombreux exemplaires. 


FAMILLE : LES ALLONGÉES. 


Race : LES TUBERCULÉES. 

Celte race, formée par Walckenaer dans la famille 
des ALLONGÉES en raison des deux tubercules sail- 
lants, ressemblant à deux gros yeux supportés par 
deux pédicules noirs et brillants, renferme pour les îles 
de la Réunion et Maurice les belles espèces dont l’une 
est nommée par Walckenaer Épéire bore'e {Epeim 
inaiirata') et Fauti’e par nous Épéire noire {Epeira 
iiigra'). 

N ous allons figurer et donner la description de ces 
deux belles Ai’anéides, en représentant, et en faisant 
connaître en même temps les mâles qui, eux, n’ont été 
jusqu’ici ni décrits, ni figurés. 

Nous joindrons à cette race I’Épéire de Madagas- 
car {Epeira Madagascariensis), la plus grande Ara- 
néide de cette île. 


— 183 — 


1'' Épéire DOREE. (^Epeira iriaicrata, Walckenaer) (1). 

(PL V, fig. 1.) 

Long. : 39 à 43““. — Femelle. 

« Les pattes antérieures ont 68““ de longueur. La tête 
est grosse et convexe, d’un noir brillant, ainsi que les 
mandibules qui sont très-fortes ; les yeux sont petits et 
noirs : deux mamelons saillants à l’union de la tête 
avec le corselet : celui-ci est convexe sur ses bords, 
noir, recouvert d’un duvet argentin en ai’rière et dans 
son milieu qui est déprimé: Pattes longues, noires, le 
second article rouge marron clair, et recouvertes de 
poils assez raides et courts. — Abdomen gros, allongé, 
elliptique, plus étroit postérieurement j noir, recou- 
vert d’un duvet argentin sur la base et les côtés j le des- 
sus d’un jaune vif et marqué de deux rangées de points 
noirs. Convexe. Le dessous également convexe, noir ; 
une bande transversale d’un jaune très-pâle vers la 
base ; quelques traits disposés en long de la même 
couleur : mamelons très-saillants ; palpes noirs avec 
le deuxième article marron. 

w Sur les arbres et sur les arbustes où elle file une 
grande toile à réseau vertical : il part de différents points 


(1) Walcke>’aer. Hist. nal. des Ins. Aptères, t. II, page 94. 


de sa circonférence de longs fils très-forts qui servent à 
rattacher aux arbres voisins. Ces fils sont très-forts et 
susceptibles d’être filés (1). » 

Walckenaer a décrit la même Aranéide dans les 
termes suivants : — « Longueur ; un ponce trois 
lignes. 

» Corselet brun à sa partie antérieure, argenté à sa par- 
tie postérieure avec des raies veianiculaires plus bril- 
lantes. Les deux tubercules coniques sont noirs ou d’un 
rouge clair, dans les jeunes, et ressemblent à des yeux 
très-saillants. La tête est arrondie et les yeux du carré 
du milieu sont sensiblement plus petits que les laté- 
raux ; les yeux antérieurs de ce carré sont plus gros 
que les postérieurs. Le corselet a des taches argentées 
sur le devant et à la naissance des pattes. Les man- 
dibules sont noires, les mâchoires d’un brun noir à 
extrémité rouge. 

» Abdomen d’un jaune doré, brillant, uniforme, avec • 
des poils argentés à la partie antérieui’e. Le dos de cou- 
leur plus claire dans le milieu, avec des raies fines, al- 
longées. 

» Ventre jaunâtre, d’un brun noir dans son milieu. — 
Cuisses et jambes rougeâtres, avec les extrémités bru- 


(1) J. -B. Dumont. Ma?iuscnL An VIII. 


— d8o 


nés, chargées de poils \ le dernier article entièrement 
noir. 

n La première paire de pattes a deux pouces huit li- 
gnes, la seconde deux pouces trois lignes, la quatrième 
deux pouces deux lignes, et la troisième un pouce cinq 
lignes — Ancien monde. Océan Indien. Ile de France. 

» Le corselet a six lignes de long, l’abdomen a neuf 
lignes; lorsqu’elle est jeune, fauve (I), et les raies al- 
longées sur le milieu du dos sont alors plus visibles. 

» Très-commune àl’îledeFrance, où elle fait des toi- 
les fortes susceptibles d’être filées. — Collection de 
Bosc, Catoire et autres. » 

J’ai cru devoir donner la description de J. -B. Du- 
mont, qui est très-exacte et faite sur les individus vi- 
vants, et celle de Walckenaer, à cause de l’autorité de 
ce naturaliste. Quand l’abdomen est d’un jaune 
bien pur, on y distingue parfaitement huit points 
noii’S enfoncés : les deux antérieurs, placés près de la 
base, sont isolés ; les six autres points, posés plus loin, 
sont reliés entre eux par des lignes noires et déliées qui 
simulent assez bien le dessin d’un M. 

Cette Aranéide, magnifique ainsi cpxe la suivante, dé- 

(1) Cette Aranéide n*est jamais fauve^ mais toujours d'un beau noir gros bleu. 
Ces altérations de couleur qui influent souvent sur les descriptions qui ne sont 
point faites sur l’insecte vivant, viennent des changements qui se produisent 
après la mort. 


— 180 — 


pose un très-beau cocon très-grand, et d’un beau jaune 
orange, non dans sa toile, mais contre quelque rainure 
voisine, ou dans un endroi t abrité près d’elle ou à quel- 
que distance f elle l’enveloppe d’une bourre plus pâle. 

Mâle de l’Epeira inaurata. (PL V, fig. 2.) 

Long. : 7 à 9'"". 

Corselet petit, allongé, fauve clair, semi-transparent, 
bordé de brun. Abdomen ellipsoïde, allongé, étroit, 
arrondi à la base et à son extrémité postérieure, où il 
est un peu plus gros. Il est noir et représente sur sa 
face supérieure le dessin d’une croix noire renversée 
et circonscrite par des lignes blanches souvent mêlées 
de jaune vif. Les deux lignes qui forment le pied de 
cette croix, du côté de la base abdominale, sont plus 
apparentes et plus largement indiquées. Quelques 
points blancs dans le centre noir de la croix elle-même. 

Cette Aranéide est remarcpiable en raison de ses di- 
mensions si restreintes relativement au volume énorme 
de la femelle, qui est une de nos deux plus volumineuses 
Araignées. Elle est aussi remarquable par la conforma- 
tion de ses palpes, qui sont renflés en spbère transpa- 
rente, couleur de talc un peu verdâtre ou jaunâtre, et 
qui se terminent par un long conjoncteur, appendice 
charnu, recourbé en bas et un peu en dehors sous le 
corselet, près de l’origine des premières pattes. Cel- 


— 187 — 


les-ci sont transparentes à leur insertion, d’un brun ver- 
dâtre dans le reste, quand l’Araiiéide est jeune : chez 
les adultes le fémoi’al, le tibial, et même le cubital sont 
jaune orangé avec les extrémités articulaii’es noires. 

Les yeux sont petits et noirs, disposés comme chez 
les espèces du genre. Il n’y a point ici sur le corselet les 
tubercules coniques qu’on renconti'e chez les femelles; 
la lèvre est large et les mâchoires sont très-dilatées à 
leur extrémité. Le dessous du corps est noir avec deux 
ligues parallèles d’un blanc jaunâtre dirigées dans le 
sens longitudinal. 

UEpcira inaurata mâle se tient sur la toile de la 
femelle à l’une des extrémités ; ou se bâtit 'une toile 
plus petite près d’elle. 

UEpeira inaurata femelle porte dans son jeune âge 
une livrée exactement semblable à celle du mâle et 
n’en diffère que par l’absence des palpes renflés. Elle 
ne la quitte que parvenue à un certain accroissement. 
Le blanc et le noir s’absorbent peu à peu pour faire 
place à la couleur jaune d’or. 

8“ Épéire noire. {Epeira nigra, Vinson.) 

(PI. VI, fig. 1.) 

Long. : 45““. — Femelle. 

C’est la plus grosse Araignée de l’île de la Réunion : 


— 188 — 


je ne l’ai point rencontrée à Madagascar, elle mesure 
42 à 45“” (1). 

Pour la tête, le corselet et les pattes, elle représente 
exactement, sous des dimensions plus fortes et plus ro- 
bustes, I’Épéire dorée {Epeira iiiaurata), avec laqiielle 
elle paraît avoir été jusqu’à ce jour confondue à tort. 
Elle est, comme cette JÉpéire, fortement tuberculée. 
L’abdomen est gros, ellipsoïde, arrondi et bombé au- 
devant 5 il est d’un beau noir bleuâtre (couleur qui est 
constante et ne vai'ie jamais), avec un duvet argentin 
en dessus, en avant et sur les côtés. 

L’absence totale de la couleur jaune d’or, qui dis- 
tingue VEpeira inaurata, et son plus fort volume, 
malgré la ressemblance de ses fonnes et l’identité de 
ses pattes, me font séparer cette belle Épéire de sa con- 
génère. 

Cette séparation d’espèce est confirmée encore par 
la différence profonde des deux mâles, qui n’ont aucun 
rapport. 

U Epeira nigra paraît se rapprocher peut-être, 
parmi les TUBERCÜLÉES , de I’Épéire mangeable 
{Epeira edulis, Walck.) de Labillardière, et que je ne 
connais que par la description de Walckenaer. 


(1) VEpeira Madagascariensis est d’un aussi beau volume. 


— 189 — 


— Mâle de l’Epeira nigm. (PL VI, fig. 2.) Le mâle 
d’une si grosse Araignée n’a que 4 à 5”“ de long, il est 
effdé avec les pattes longues. Dans son petit volume, il 
représente les formes de la femelle : il n’a pas les tuber- 
cules sur le corselet : sa tête se détache du thorax, qui 
même est plus foncé. Toute l’Araignée est d’un rouge 
marron uniforme avec une bande longitudinale plus 
brune sur l’abdomen. Cette bande n’atteint pas son 
extrémité. Ses palpes, terminés par un renflement sphé- 
rique, portent à l’extrémité un conjoncteur long, légère- 
ment courbe, terminé en pointe. (PI. VI, lig. 2, a; 2, b.) 
Dans l’état de repos, ce conjoncteur est ramené en 
dehors, le long des palpes. L’animal le redresse et 
lui donne une direction verticale, en bas, dans Lexci- 
tation amoureuse. Ce renflement sphérique et ce con- 
joncteur ressemblent à ce que nous avons déjà vu chez 
le mâle de VEpeira inaurata. Rien de plus disparate 
que de voir la petitesse du mâle de I’Épéire noire, 
auprès du volume énoi'me de la femelle ^ il se promène 
sur elle, marche sur ses côtés, fuit rapidement en se 
laissant glisser le long de ses longues pattes comme le 
long d’un câble, lorsqu’il redoute sa colère. — Il se 
réfugie sur le milieu de son dos pour échapper à son 
atteinte. Lorsque la femelle paraît paisible, ou captive, 
il se glisse doucement sous son abdomen, se met ventre 


— 190 — 


à ventre avec elle, en se portant près de l’insertion du 
corselet; là il redresse l’appendice pilifornie d’un de 
ses palpes, et il l’enfonce dans la femelle près de la 
ceinture en s'agitant d’un mouvement voluptueux et 
désordonné de l’abdomen. Le mâle se tient cramponné 
à cet endroit pendant fort longtemps, cpielquefois 
même pendant plus d’une heure; mais il reste de longs 
instants inactif. Est-ce un pi’élude? Est-ce un véritable 
accouplement? C’est sur les grandes espèces, comme 
celle-ci, que ces phénomènes peuvent le mieux être 
étudiés. — Malgré l’autorité de de Blainville, je n’ai 
jamais vu l’approche de cette Araignée se produire au- 
trement. Ce n’est donc pas un prélude, mais l’acte lui- 
même de la copulation. 

La nature a pi’évu les dangers que peut courir le 
mâle, en dotant chaque toile et chaque femelle de la 
présence de deux males. Ils sont très-lascifs et profi- 
tent même de la stupeur où se trouve la femelle lors- 
qu’on vient de l’arracher à sa toile, pour se livrer aux 
manœuvres que je viens de décrire. Le plus faible des 
mâles se tient éloigné du plus fort; s’ils se rencontrent, 
ils se livrent un combat acharné. Ayant renfermé dans 
un grand bocal deux mâles avec une femelle, je les ai 
vus s’aborder avec furie et l’un d’eux tomber sur le 
carreau, expirant. L’autre alla incontinent se placer 


— 191 — 


SOUS la femelle, ventre à ventre, et se livrer à sa ma- 
nœuvre amoureuse. Celle-ci , immobile, et peut-être 
aussi terrifiée par son récent emprisonnement, laissait 
faire paisiblement. 

UEpeira nigra file une toile très-forte, susceptible 
(l’être tissée : ses fils sont jaune d’or^ son cocon, qu’elle 
attache à l’écorce des arbiœs ou dans quelque recoin, 
est d’un beau jaune, entouré d’une bourre de même 
couleur. 

/ 

9“ Epéire de Madagascar. {Epeira Maclagascariensis , 
Vinson.) (PI. VIT.) 

Long. : 45““^. — Femelle. 

Aspect général. — Grande, tuberculée; corselet 
noir avec du duvet d’argent. L’abdomen allongé et 
cylindri(jue, noir, argenté; des points et des dessins 
jaunes d’or, au centre, sur un fond noir ; l’un, placé 
sur le sommet de cet organe, représente une couronne. 
Pattes d’un beau rouge de feu, — avec le voisinage des 
articulations et les extrémités noirs. 

La tête est grosse, arrondie, bombée et plus élevée 
que le thorax : à sa base, elle porte deux petits tuber- 
cules pointus. Le corselet noir, ovale, étalé, plus ré- 
tréci en arrière, est déprimé au centre, rayonné vers 
les côtés etboi’dé à sa circonférence. Le tout est recou- 


— m — 


vert d’un duvet d’argent qui se change en un noir bril- 
lant sur la tête. Les yeux sont portés sur des éminences 
l’espectives : un carré élevé supporte ceux du milieu ; 
les latéraux, qui en sont très-éloignés, ont un support 
commun et proéminent qui les relie par paires. 

L’abdomen est ovoïde, elliptique, allongé ; vers sa 
base, il est arrondi en avant, bombé et incliné en 
arrière, où ibse termine en une pointe émoussée. Il a 
30 à 32 millim. de longueur. Il offre les couleurs de 
l’ébène, de l’argent et de l’or, magnifiquement dispo- 
sées : — d’abord en avant une bande noire qui va s’é- 
tendre sous l’abdomen, traversée par des mai'brures 
argentées', puis un cercle d’un blanc d’argent doidilé 
en dedans d’un fond noir sur lequel ressort vers le 
haut une tache d’un beau jaune d’or surmontée de 
points de même couleur et offrant l’image d’un dia- 
dème. Au-dessus et successivement, des petites taches 
et des points jaunes sont disposés par groupes de six, 
de quatre et de deux, d’une manière régulière, ou 
d’autres fois mêlés à des stries de même couleur. 

Les flancs sont traversés obliquement par des veines 
blanches argentées, ondulées, qui partent du cercle 
blanc principal pour revenir ou se perdre sous le 
ventre, qui est noir. Ces veinules, blanches en dessous, 
se colorent souvent en jaune. Le ventre est traversé 


— 193 — 

par deux Laudes étroites d’uii blanc jaunâtre. La poi- 
trine est noire. 

Les yeux sont l’ougeàtres, les palpes noirs. 

Les pattes sont très-foi’tes et très-allongées : elles 
ressemblent à celles de VEpeira nigra, mais ne sont 
point velues et chargées de poils en pinceaux à l’extré- 
mité du second article : elles sont d’un rouge de leu, 
et noires près des articulations et à leur extrémité. 

Cette Épéire est la plus grande Aranéide de Madagas- 
car : elle figure assurément au nombre des plus belles 
de la famille des ALLONGÉES et de la race des TU- 
BERCULÉES. Elle se rencontre à Manambounitra, 
puis dans la province d’Ankove, au pied du Mandra- 
body. Les indigènes la nomment .fèu/u-Z'é (ce qui veut 
dire Araignée grande), et la mangent cuite avec du 
saindoux. Ses fils sont très-longs et très-forts, et sont 
susceptibles d’être travaillés : la soie en est jaune et 
belle, comme celle de VEpeira nigra et de VEpeira 
inaurata, près desquelles cette Araignée vient se ranger. 


13 


FAMILLE : LES DÉCORÉES. (Walckenaer.) ' 


race: les ellipsoïdes. 

10“ Épéire Latreille. {Epeira Walckenaer.) 

« Abdomen ovalaire, avec quatre ou cinq bandes 
transversales de couleur carmélite, séparées par autant 
de bandes brunes, sur lesquelles se détachent des points 
argentés disposés régulièrement. {Muséum.') 

)) Walckenaer, Hist. not. des Aranéides, fascic. Il, 
lig. 4 (à toi't indiquée comme venant du Bengale). 
Latreille, Dictionnaire d’hist. nat. T. X, p. 309. 

J) Ancien monde. — De l’île de France, suivant La- 
treille (1). )) 

1 1“ Épéire de l’ile Maurice. {^Epeira Mauritin, 
Walckenaer.) 

(PI. VIII, lig. 2; 2, a.) 

Cette jolie Épéire, qui porte le nom de l’île Maurice, 


(1) Walckexaer. Hist. des Ins. AplereSi l. II, page 108. 


— 19o — 


existe egalement à l’île de la Re'union, où elle a été 
l’objet de plusieurs observations de ma part. Elle n’y 
est pas extrêmement commune. Cependant, le 25 mai 
1861, je l’ai rencontrée au sein même de la ville de 
Saint-Denis, dans un jardin, près d’un petit bassin 
C’est celle qui a servi à mes dessins. J’ai pu à diverses 
reprises répéter sur elle l’expérience qui se rattache 
au fil blanc disposé en zigzag, qu’elle place dans sa 
toile. 

Dans son manuscrit, Dumont l’a décrite d’une ma- 
nière fort exacte : il la nomme Araignée tendeuse 
à bandes d’argent. « 9 à 10 lignes. Corselet circu- 
laire , bordé , aplati , recouvert d’un duvet soyeux 
couleur d’argent. J^a tête séparée du corselet par 
des lignes bien prononcées; abdomen ovale, recou- 
vert par des bandes de couleur d’argent et d’or pâle, 
séparées par des lignes noires. Huit yeux; quatre 
formant un cari’é dans le milieu; les deux posté- 
rieurs plus gros et plus écartés, les latéraux posés 
sur une ligne oblique, et réunis. Pattes longues, an- 
nelées de jaune orangé et de noir foncé, l’extrémité 
noire : elles sont légèrement velues et recouvertes de 
quelcpies poils noirs, épineux (1). Palpes pâles; deux 

(1) Quelquefois ces pattes sont entièrement noires: elles sont annelèes, chez les 
jeunes femelles, surtout lorsqu’elles n’ont pas pris tout leur développement. 


— 19C 


anneaux noirs sur le second article; le dessous de 
l’abdomen d’un beau noir de veloui'S piqueté de jaune 
sur les côtés. Deux bandes jaunes, longitudinales dans 
le milieu, comme ramifiées et interrompues devant les 
mamelons; cinq points couleur d’argent entre ces 
bandes; mamelons saillants, couleur de chair ou d’un 
brun rouge. 

« L’on trouve cette belle Araignée dans les savanes 
humides, le long des ruisseaux ou sur le bord des 
bassins; elle construit une toile verticale, au milieu 
de laquelle elle se tient dans une position horizontale ou 
la tête en bas. Ce qu’il y a de plus remarquable dans 
la toile de cette Araignée c’est un fil, qui a la blan- 
cheur de la soie, posé verticalement, dans le milieu 
de sa toile en forme de zigzag, dans une étendue d’en- 
viron deux pouces ; je n’ai pu découvrir à cpiel usage 
sert ce fil d’une couleur différente des auli’es parties 
de la toile et posé d’une manière aussi particulière. 

» Cette Araignée se rapproche beaucoup de l’Arai- 
gnée fastueuse décrite par M. Badier (1) à la Guade- 

(1) M. Badier était, en 1778, voyer cl habitant de la Guadeloupe. II paraîtqu'il 
s’intéressait à toutes les branches de rhistoire naturelle, car Dazile nous apprend 
que ce fut M. Badier qui envoya le premier en France, à un médecin de la Fa- 
culté de Paris, des feuilles, des fleurs, des fruits, et une certaine quantité d’é- 
corce de quinquina Piton, qui semrent h un travail lu en séance publique 
de la faculté de Paris, an. 1778. (Dazile. Maladies des pays chauds, pagti 201.) 


— 197 — 


loupe. Cependant l’Araignée à bandes d’argent en dif- 
fère par plusieurs caractères ^ les bandes d’or paille cpiï 
recouvrent l’abdomen ne sont point toujours termi- 
nées par des lignes transversales d’un ronge d’ocre (1). 
Les anneaux des pattes de l’Araignée à bandes d’argent 
sont constamment noirs; ils sont bruns sur l’Araignée 
fastueuse. Ce qui me fait croire aussi qu’il n’y a point 
d’identité d’espèce, c’est que 31. Badier ne parle point 
du fil blanc disposé en zigzag dans le milieu de la 
toile (2), ce qu’il aurait sans doute observé si la toile 
de l’Araignée dont il donne la description avait eu 
cette disposition particulière (3). » 

J’ai dû conserver, sans y toucber, la description et 
les raisons de Dumont, bien que quelques-unes de ces 
dernières aient été éclairées depuis. 3Iais cependant, 
et comme l’avait pensé ce naturaliste, l’espèce fastueuse 
{Epeirafastuosa, Olivier) de la Guadeloupe et l’espèce 
de l’ile 3Iaurice sont deux espèces distinctes de la 
même famille, cbacune ayant sa beauté particrdière. 

J’ai dit sur les considérations générales qui précè- 


(1) Quelquefois cependant on trouve des femelles ayant une ligne d’un rouge 
d’ocre sur les bandes jaunes près du bord antérieur. Les bandes transversales 
jaunes ont un reflet lilas. 

(2) Ce fd en zigzag est indiqué pour VEpéire fasciée dans Walckenaer, mais 
il n’en dit pas l’usage. 

(3) J.-B. Dumont. Manuscrit» 


— 198 — 


déni sur les Épéires des îles de la Réunion el Mau- 
rice, ce qu’une observation attentive et répétée m’avait 
fait connaître sur l’emploi de ce fil blanc ^ que c’était 
un fil plus fort, disposé en zigzag, pour doubler sou 
étendue, et placé comme un fil de réserve, pour arrêter 
une proie un peu forte et capable de se dessaisir, en les 
brisant, des fils ordinaires de la toile. J’ai même ren- 
contré deux de ces fils, un supérieurement disposé 
eu V, et l’autre placé en bas, et l’Araignée se te- 
nait au milieu, les pattes étendues, sous la foi’ine 
d’un X. Les deux paires antérieures relevées et écar- 
tées en haut, les deux postéi’ieures écartées et rame- 
nées en bas. 

Cette Ai’anéide, observée en juin, poixl sur l’une 
des extrémités de sa toile des œufs enfermés dans un 
cocon, gros comme une noisette, un peu bombé, blanc, 
cotonneux et recouvert de fils verts. 

Mâle. — Le mâle, plus petit que la femelle, a deux 
lignes el demie de long. Le corselet est circulaire, un 
peu plus grand que l’abdomen qui est ovale, presque 
elliptique. Ces deux parties sont recouvertes d’un duvet 
argentin. L’abdomen n’a pas de bandes transversales 
aussi trancbées que cbez la femelle. Palpes courts , 
terminés par un renflement gi'os, un peu velu. Les 
pattes sont d’un beau rouge, les derniers anneaux de 


— 199 — 

l’abdomeii forment un petit triangle d’un rouge pour- 
pre, dont la pointe est tournée vers sa base, et qui est 
comme implanté dans le duvet argentin qui forme la 
partie antérieure de l’abdomen. — Très-rare. 

J’ai rencontré YEpeira Mauritia aussi à l’intérieur 
de Madagascar, deux jours avant d’ai’river à Tanana- 


l’ive. 


•famille: les festonnées. (Walckenaer.) 


« Mâchoires courtes, arrondies, aussi larges que 
hautes. 

» Corselet très-plat, le plus souvent couvert de poils 
argentés. 

» Abdomen découpé ou festonné. 

)) Aranéides formant un cocon ovoïde tronqué (1). » 


12“ Épéire australe. {Epeira australis, Valckenaer.) 

« Corselet argenté, abdomen festonné à huit lobes, 
dos avec des bandes transversales carmélite claire et 
des bandes argentées. — Les bandes carmélites ou rou- 
geâtres sont interrompues par des lignes argentées, 

(J) Walckenaer. Jlisl, des Ins. Aptères j i. II, page 115. — Le tyjîe de cette 
famille est VEpeîi^a argenlaia dont Walckenaer donne un dessin colorié 
(pl. XVIIIj üg. 3). — C’est également à cette famille qu’appartient VEpeira 
sericea d’Olivier, de laquelle M. Léon Dufour donne, dans les Annales de la 
Société entomologique de Erance^ une très-belle figure avec des détails intéres- 
sants à l’occasion d'un exemplaire trouvé par son fils en passant à l’île Saint- 
Vincent. — Il semble que les Festonnées soient échues en apanage aux îles 
Africaines , car M. Ch. Coquerel, chirurgien de la marine impériale, m’a com- 
muniqué un très-joli dessin d’une Festonnée trouvée par lui à Nossi-Bé [Mada- 
gascar). 


— 201 — 


longituclinales, de manière à former une suite de taches 
rougeâtres sur trois lignes. Les pattes sont annelées de 
jaune-rougeàtre et de noir. 

)) Epeire australe, Walckenaer, Tab. des Aranéi- 
des, p. 56, n° 10. — Arg^-opes clathratus, Koch^ Die 
Arachniden, T. V, p. xl, pl. 155, fîg. 362. 

» Ancien monde. — Ile de France (1) et Cap de 
Bonne-Espérance. 

» Rapportée par Péron et Le Sueur. 

1 ) Conférez pour cette espèce avec VAraneus Capen- 
sis de Petiver, Gazopliilac. Tab. 10, fig. 1 1 (2). n 

13° Épéire de Coquerel. {Epeira Coquerelii,Wn&.) 
(Pl. VIII, fig. 1.) 

Long. : 21 à 29“™. — Femelle. 

Aspect général. — Corselet blanc, abdomen festonné 
noir et jaune ; son extrémité postérieure terminée par 
une pointe aiguë et noire. 

Le corselet est presque carré à sa base ; il se rétrécit 
près de son insertion avec la tête : il est plus long que 
large et d’un blanc argenté. 

L’abdomen est ovale, allongé, très-irrégulier sur les 

(1) 11 serait utile de s’assurer de nouveau si celte Épeire existe à Maurice, ou 
si elle n’est pas venue du Gap de Bonne-Espérance par cette île. 

(2) Walckenaer. lîisL des Ins. Aptères, U II, page 116. 


— 202 — 


bords, plus large vers sa partie moyenne, et plus étroit 
en arrière qu’en avant : il est échancré profondément 
sur les côtés, ou festonné par onze lobes, dont deux, 
moins prononcés et sous la forme de petits tubercules, 
sont à la partie antérieure près du corselet j quatre de 
chaque côté de l’abdomen, et le dernier, isolé et fort 
pointu, à son exti'émité postérieui’e. — De cette ma- 
nière , l’abdomen est formé par quatre segments 
transversaux et terminé postérieurement par une 
pointe aiguë et noire. Le premier segment en avant 
est d’un jaune pâle ; le deuxième segment est divisé 
transversalement en deux parties dont l’antérieure est 
noire et la partie postérieure d’un jaune vif, avec deux 
points noirs au centre ^ le troisième segment et le qua- 
trième, qui vont en diminuant, sont d’un beau noir 
au milieu, avec le côté postéro-inférieur de chaque 
tubercule d’un beau jaune. 

Les palpes sont rougeâtres. — Les pattes, longues et 
fortes, sont aimelées de bleuâtre et de brun. 

Les mandibules sont éti'oites et allongées, dentées sur 
leur bord interne avec de forts crochets : les mâchoires 
et la lèvre sont arrondies et larges. 

Les yeux latéraux sont portés sur des éminences ; 
ceux du milieu de la ligne antérieure paraissent les 
plus gros. 


— 203 — 


Celle curieuse Épéike aélé clécouverleàrîle Nossi-Bé 
par M. Charles Cocpierel , qui en a fail un excellenl 
dessin qu’il a Bien voulu me communiquer el que je 
reproduis ici en donnai! l son nom à celle belle Ara- 
néide. 


FAMILLE : LES IRRÉGULIÈRES. 


Race : LES TRIANGULAIRES TRONQUEES. 

14° Epéire de Saint-Benoît. {Epeira Sancti-Benedicti., 

Vimoii.) 

(PL XIV, fig. 3.) 

Long. : 6““ . — Femelle. 

Cette Aranëide rappelle, par sa couleur, VUlobo- 
rus Borhojiicus, et par la forme de l’abdomen elle se 
rapproche un peu de V Epeira Opuntiæ, sous un bien 
moindre volume, et bien que l’extrémité de son abdo- 
men soit troncpiée et non bifide. 

Abdomen allongé, arrondi et plus large en avant, 
atténué peu à peu et tronqué vers l’extrémité posté- 
rieure, trapézoïde, épais à sa partie postérieure. Sur 
l’abdomen, toute la face supérieure, cpii est un peu 
étalée, est occupée par une large tache noire, festonnée 
sur les côtés, près de l’avant^ un de ces festons est plus 


— 205 — 


ecliancré que les autres. Les bords de cette tache sont 
plus noirs \ le centre, moins coloré ou gris, offre cer- 
tains dessins plus clairs, et le plus souvent une petite 
croix blanche postérieurement. 

Corselet arrondi, brun grisâtre et luisant^ la tête 
avancée et bien distincte. 

Le dessous du ventre est occupé par une large bande 
noire bordée d’un liséré blanc : cette bande embrasse 
les lîlièi’es et va en arrière et en remontant se réunir à 
celle du dos. 

Le dessous du corselet est un triangle blanc dont la 
base est tournée en avant. L’insertion des pattes en 
dessous est noire. Celles-ci sont blanches, courtes, an- 
nelées de noir d’une manière nette : le digital de cba- 
(jue patte est noir. — Quelquefois la couleur blanche 
a une teinte rosée très-pâle. — La lèvre et les mâchoi- 
l’es sont brunes. 

L’F.péire de Saint-Benoît établit sur les arbustes, 
dans les lieux éclairés, une toile verticale, très-bien 
faite. Elle se tient au centre, y déploie un fil blanc 
pour les insectes qui peuvent lui résister : c’est le long 
de ce fil vertical qu’elle attache ses petits cocons, al- 
longés, ovalaires, d’un jaune sale, liés bout à bout 
comme un cordonà petits renflements ou les olivesd’un 
chapelet. J’en ai compté jusqu’à treize. 


Cette Araiiëide est rare à Saiiit-Deiiis, et dans les 
quartiers voisins. Elle est fort commune au contraire 
à Saint-Benoit, aussi lui ai-je donné ce nom. — .T’ai 
j’ecueilli cette Épéiue en grand nombre dans le jardin 
de mon confrère et ami le docteur Jlicliel. 


Race : LES CYLINDRIQUES. 


« Abdomen cylindrique ou allongé. » 

f 

15“ Epéire ONDULÉE. {Epcira niidulata, Vinson.) 

(PI. V, fig. 3.) 

Long. : 10'""'. Femelle. Le mâle est un peu moins lon^-. 

Aspect général : — Abdomen long, cylindrique, 
bombé en avant, velu en arrière où il se rétrécit. Sa 
couleur est d’argent uni avec des raies longitudinales 
noires ou brun rougeâtre, de façon à former six bandes 
argentées. Pattes fines, verdâtres. 

Sous le ventre, deux bandes parallèles d’un vert 
émeraude. 

Le corselet est plus étroit cpie l’abdomen ; il est 
d’un jaune rougeâtre, avec un trait vert brun au centre, 
et une ligne verte qui le borde circidairement. 

L’abdomen est allongé, cylindrique, ayant la forme 
irrégulière des Linypbies, arrondi enavant, très-avancé 
sur le corselet et recouvrant le vertébral, bombé sur le 
dos, puis s’inclinant légèrement pour se relever posté- 


rieurement. 


— 208 — 


11 se rétrécit graduellement en arrière et se termine 
en pointe arrondie. Vers cette partie et en dessous, le 
ventre est légèrement évidé, et décrit une petite courbe 
jusqu’aux filières qui sont un peu saillantes. 

L’abdomen est couleur d’argent poli : près de sa 
base d’insertion partent, latéralement, deux tacbes 
noires, courtes, triangulaires. Sur le milieu du dos, 
une ligne noire ou brun jaunâtre, coupant dans sa 
longueur une large bande d’argent et servant de point 
de départ à trois ou quatre paires de petits traits noirs 
obliques et opposés. Sur les côtés, des bandes d’argent 
longitudinales, alternant avec des bandes noires plus 
étroites ; la principale, c’est-à-dire la seconde, est bi- 
l'urquée en arrière. L’extrémité de l’abdomen est brune. 
Les bandes d’argent latérales sont légèrement colorées 
de jaune sur les bords ; la dernière est quelquefois 
doublée d’une bande d’or inférieurement. 

Le dessous du ventre est d’un beau noir. Entre les 
filières et les plaques respiratoires, sont placées, à peu 
de distance l’une de l’autre, deux bandes parallèles 
d’un beau vert émeraude terminées aux deux extré- 
mités par une petite tacbe dorée : six points jaunes dis- 
posés par paire à l’extrémité. 

Les pattes sont fines, allongées, d’un beau vert brun 
et ti'anspai'ent, jaunâtres dans le second article et noi- 


— 209 — 


res aux articulations. Les tarses sont bruns. La pre- 
mière paire de pattes est la plus longue, puis la 
deuxième. 

Les palpes sont nuancés, filiformes, verdâtres et 
])âles. 

f 

Cette petite Epéire se trouve assez communément à 
File de la Réunion, où elle établit, à la pointe des ar- 
bustes ou des grandes herbes, une toile fine, régulière, 
rayonnée, au centre de laquelle elle se tient. Elle 
choisit les endroits frais et ombragés^ on la rencontre 
fréquemment sur le bord des cbemins de Salazie, sur- 
tout dans les mois de janvier, février et mars. 

Cette_ Aranéide semble se rapprocher, par la descrip- 
tion que j’ai lue, de FÉpéiiie apportée de la Cocbincliine 
par ]M. Diard et décrite par Walckenaer sous le nom 
d’ÉpÉiRE SINUEUSE {Epcira sinuata). Dans la notre, ce- 
pendant, les pattes sont longues, vertes et n’offrent au- 
cune couleur rouge vif : la pai'tie antérieure de l’abdo- 
men n’est pas amincie •, elle est au contraire bombée et 
large, puis se termine en pointe émoussée. Sur le dos, 
il y a ici une bande brune ou plutôt une ligne longi- 
tudinale et des traits opposés, qui s’eu détachent obli- 
quement comme des veinules noires. Voilà pour les 
différences. 

Voici pour les ressemblances : la forme allongée 

14 


— 210 — 

de l’abdomen, qui avance sur le corselet 5 les bandes 
d’argent sépare'es par des lignes noires 5 puis les ca- 
ractères suivants, qu’on lit dans Walckenaer et qui 
peuvent, aussi bien, s’appliquer à notre Épéire : 

« Les mandibules sont fortes, peu allongées, très- 
bombées et comme ovoïdes, rouges à leur base, noires 
à leur extrémité. 

» La lèvre est aussi haute que large; elle est arrondie 
à son extrémité, et carrée sur les côtés. Les mâchoires 
sont peu inclinées, évasées à leur extrémité, creusées à 
leur côté externe, mais en lignes droites à leurs côtés 
inteimes, bombées et d’un brun noirâtre. Les yeux in- 
termédiaires d’en bas sont plus rapprochés que ceux 
d’en haut; les latéraux sont sur la ligne des yeux pos- 
térieurs (l). » 


(1) Walckenaer, I/ùf. 7iat. des Ins. ^ptè7'€Sj t. II, page 137. 


Race : LES OPUNTIEES. {Opuntiacæ, Vinsou.) 
{CONIQUES BIFIDES, Walckenaer). 


Aux îles de la Réunion, Maurice et Madagascar la 
race des ÉPÉIRES OPUNTIÉES fournit un très- 
grand nombre de variétés. 

Walckenaer donne à cette race remarquable les ca- 
ractères suivants : 

« Abdomen terminé à sa partie postérieure par 
deux tubercules coniques courts avec un prolonge- 
ment bifide : » il les nomme les CONIQUES BI- 
FIDES {conicæ bifides). 

Dans cette race, les cocons affectent la forme d’une 
petite nacelle, avec un coté convexe tapissé de quel- 
ques fils verts, et une surface légèrement concave et 
plus blanche du côté opposé : ces cocons sont faits de 
deux tuniques extérieures, avec une bourre intermé- 
diaire enveloppant les œufs. L’Aranéide les lie bout à 
bout comme les grains d’un chapelet, disposition que 
l’on retrouve plus loin chez une petite Épéiiœ conique 
tronqnée, celle de Saint-Benoît. 

Les OPUNTIÉES disposent aussi leur toile d’une 


— 212 — 


façon toute spéciale : au milieu de longs fils irrégu- 
liers, et ayant dans l’ensemble la foi’ine d’une pyra- 
mide, elles placent un réseau transversal comme 
une tente ou comme une ombrelle renversée, dont 
les angles sont relevés sur les côtés. Au centre I’Épéihe 
se ménage un orifice à travers lequel elle se transporte 
soit au-dessus, soit au-dessous de cette trame dont les 
fils, tissés avec un art admirable, sont un chef-d’œu- 
vre de régularité et de finesse. Ces Aranéides, parleur 
toile, diffèrent donc aussi des autres Épéires. 

Toutes les vai’iétés que comprend cette race des 
OPUNTIÉES, dont on pourrait faire peut-être autant 
d’espèces, gravitent en quelque sorte autour d’un type 
principal : L’Épéire de l’opuntia de M. Léon Dufour. 

16“ Épéire de l’opuntia. (Epeira opuntiæ.) 

Léon Dufour (t). 

(PI. IX, fig. 1, dessinée avec une partie de sa toile 
et ses cocons.) 

A M. Léon Dufour appartient le mérite d’avoir fait 

(1) Je dois une véritable reconnaissance au savant M. Léon Dufour pour les 
excellentes relations dont il a bien voulu m'honorer, et pour la manière aimable 
et charmante avec laquelle il a accueilli mes premières communications de l’île de 
la Réunion ; il m'y éenvait : 

« Malgré mon ûge avancé, c’est m’inviter aux noces que de me parler Arach- 
nides : c’est une classe d’animaux industrieux que j’ai aimée et que j’aime encore 
passionnément. Ils sont, avec les Hyménoptères, l’institLit de l’entomologie. Je 


— 213 — 


connaître, par la publication d’intéressants travaux, 
cette belle Épéire commune à l’Espagne, à l’Algérie 
et aux îles de la Réunion et IMaurice. Le savant natu- 
raliste, en la découvrant dans la Catalogne et dans le 
royaume de Valence, l’a si bien décrite qu’il nous a été 
facile de la reconnaître parmi nos Aranéides, hantant, 
comme elle le fait dans l’Europe méridionale et sur le 
continent africain, les opuntias et les agaves, dont les 
longues pointes épineuses offrent des points d’appui 
solide à ses réseaux nombreux. 

Déjà, dès l’année 1800, dans le manuscrit de .T. -B. 
Dumont, une étude fort remarquable sur cette Épéire 
était faite avec beaucoup de soin et de vérité; mais 
demeurée malheureusement inédite, elle ne peut pren- 
dre place aujourd’hui qu’après le travail de M. Léon 
Dufour : toutefois, elle est si parfaite et si complète 
que je ne crois devoir mieux faire que de la reproduire 
ici tout entière : 

Dumont la nomme Araignée filandiere 'veloutée; il 
la décrit ainsi : « Long. : 7, 8 et même 9 lignes. Corse- 
let et pattes gris-fauve. Corps noir bifide, des taches 
blanches disposées en zigzag sur les côtés; des poils 
d’un gris blanc sur toutes les parties, à peine sensibles 

suis on ne peut plus flatté que mon nom ait passé les mers pour vous arriver, et 
c'est peut-être à mon Epeira opunliæ que je dois cet avantage. Je l'en remercie.» 
(Lettre à M, le docteur Auguste Vinson, Saini-Séverj 1861.) 


— 214 — 


sur le corps, qui a l’aspect du velours. A la base de 
l’abdomen, poils blancs dressés en avant. Corselet cir- 
culaire ; tête petite séparée du corselet par une ligne 
très-sensible. Yeux petits, brillants. Pattes moyennes, 
noires avec une nuance fauve, ou bien d’un gris bleuâ- 
tre, annelées. Corps quadrilatéral, allongé, très-incli- 
né; bord antérieur arrondi, le postérieur bifide. Face 
supérieure légèrement convexe. De chaque côté une 
rangée de tubercules, les premiers saillants, les autres à 
peine sensibles -, des taches obliques formées d’un duvet 
très-blanc sur chaque tubercule, et se continuant par 
des traits fort déliés; le dessous de l’abdomen est noi- 
râtre ; les mandibides sont noires et saillantes. 

» Au centre de la face supérieure de l’abdomen, on 
remarque, entre les deux rangées de tubercules, deux 
lignes blanches qui prennent naissance au milieu, sur 
le bord antérieur, et qui vont, en formant trois ou qua- 
tre anneaux en s’entre-croisaut, se terminer vers l’ex- 
trémité postérieure. 

» Cette Araignée est très-commune, ajoute Dumont. 
On la trouve dans toutes les parties de l’île. Elle cons- 
truit sur les arbustes sa toile qui n’a d’abord qu’une 
très -petite étendue, mais qui parvient quelquefois 
à avoir dix pieds de haut et autant de largeur. Cette 
toile est occupée par plusieurs de ces insectes ap- 


— 215 — 

par tenant à la même famille et provenant tous de la 
même mère -, alors on peut la regarder comme étant 
formée de la réunion de plusieurs toiles rapprocliées 
et confondues entre elles. Voici la marche de son ac- 
croissement : elle ne présente d’abord que quelques fils 
posés irrégulièrement entre les branches d’un arbuste, 
au milieu desquels on trouve une Araignée qui n’a que 
le tiers ou la moitié de sa grandeur naturelle ; à mesure 
qu’elle prend de l’accroissement, elle agrandit sa toile 
en tous sens 5 loi'sque l’époque de sa ponte arxâve, elle 
file une coque en forme de nacelle qu’elle place au mi- 
lieu de sa toile dans une position verticale. Cette coque 
a huit à neuf lignes de long, sur six lignes de largeur. 
Œufs nombreux. Quelque temps après, elle fixe un au- 
tre cocon pareil au premier, ce qu’elle continue de 
faire jusqu’au nombre de six à neuf. Tous ces cocons 
sont placés au bout les uns des autres, comme un cha- 
pelet et de manière à ce que leurs extrémités se tou- 
chent, se croisent et sont assujetties par un assez grand 
nombre de fils. Ce qu’il y a de plus remarquable dans 
ces cocons, c’est la différence de couleur des deux fa- 
ces : la face convexe est verdâtre, et la face plane d’un 
blanc vif. — En pressant l’extrémité postérieure de 
cette Araignée, et en incisant en même temps les ma- 
melons, une matière laiteuse qui sert à la formation 


— 216 — 


de la pai’tie blanche du cocon, s’e'coule de la partie 
antérieure des mamelons. Les petits percent cette en- 
veloppe à l’endroit de l’union des deux faces : après en 
être sortis, ils l’estentun certain temps dessus et dans les 
environs 5 ils s’en éloignent ensuite et vont se fixer sur 
l’un des bords de la toile, qu’ils agrandissent en y ajou- 
tant de nouveaux fils, de manière que la toile qu’ils 
forment a des adhérences avec la première, sans avoir 
de communication. Si l’on poursuit une de ces Arai- 
gnées, elle ne passe jamais d’une toile dans l’autre. 

)) L’on trouve communément de ces toiles dans les 
habitations abandonnées ou dans les chemins des 
grands bois qui sont occupés par 12, 15 et même 20 
Araignées, et qui ont un nombre plus ou moins grand 
de cocons rangés en chapelet, posés dans les différen- 
tes parties de son étendue, et qui contrastent par leur 
blancheur avec le fond de la toile qui est gris, ce qui 
produit un effet assez agréable : poursuivie, l’Araignée 
ne s’éloigne qu’à une petite distance de ses œufs ; elle 
fait son premier cocon avant d’être parvenue à son ac- 
ci’oissement parfait, et met 9 à 10 jours entre chaque 
cocon ( 1 ). » 

Mâle de VEpeira opjintiæ. Le mâle de cette Épéire 
n’a que 3”™ de long : vu au microscope, il paraît très- 

(I) J. -B, Dumont, Mamtscrit^ an YIIT, 


— 217 — 


velu : ses palpes sont globuleux, sa couleui’ est d’un brun 
fauve : l’abdomen est bifide comme dans la femelle. Je 
l’ai pris sur la toile de cette dernière le 20 avril 1861 . 

En 1 820, M. Le'on Dufour fit paraître dans les Anna- 
les des sciences physiques (y . LXIX, 3), une étude sur 
VEpeira opuntiæ. J’extrais du Règne animal de Cuvier 
le passage qui la concerne : (f On peut, dit l’auteur, 
placer à la suite de cette Épéire {Epeira conica), 
celle que M. I^éon Dufour nomme Epeira opuntiæ, 
parce qu’elle se tient constamment au milieu des feuil- 
les de l’agave et de l’opuntia et y établit ses filets. Elle 
est noire avec des poils blancs et couchés, formant des 
apparences d’écailles. Son abdomen a de cbacpie coté 
deux tubercules pyramidaux et se termine postérieure- 
ment par deux autres, mais obtus et séparés par une 
échancrure. La face postérieure de chacun de ces tu- 
bercules pyramidaux offre une tache d’un beau blanc 
de neige nacré ^ ces taches se lient entre elles et avec 
une ou deux autres, qui leur sont postérieures, par des 
lignes en zigzag. Ces tubercules n’existent pas dans les 
individus qui viennent de naître. Les cocons sont ova- 
les, blanchâtres et formés de deux tuniques, dont l’in- 
térieur est une espèce de bourre enveloppant les œufs. 
On trouve souvent sept, huit et même dix de ces co- 
cons à la file l’un de l’autre. Catalogne. Royaume 


— 218 — 


de Valence. » (^Règne animal de Cuvier. Arachnides ^ 
texte, page 55.) 

J’ai dû préférer la description de I’Épéire de l’opün- 
TU faite par J. -B. Dumont et celle du Règne animal 
de Cuvier, qui est extraite de l’ouvrage de ]M. Léou 
Dufour, à la description générale de Walckenaer, parce 
que les deux premières représentent plus exactement 
VEpeira opuntiæ des îles de la Réunion et Maurice. Wal- 
ckenaer a pris, ainsi qu’il le dit lui-même, pour type 
de sa description générale, VEpeira opuntiæ des envi- 
rons de Naples : il parle de festons d’un jaune xif et de 
taches jaunes qui se voient sur les cotés de l’abdomen. 
Or c’est la couleur blanche qui se montre sur ces par- 
ties dans nos Épéires noires de I’opuntia; et, malgré 
leui’s nombreuses variétés, nous n’avons jamais ob- 
servé dans ses ligues en zigzag la coulevir jaune vif, 
ni les taches jaunes sur les tubercules abdominaux. 
Ceci serait de nature à confirmer ce que j’ai dit plus 
haut, qu’on pourrait transformer en espèces nouvelles 
quelques-unes de ces variétés. — Toutefois, après les 
deux descriptions précédentes, je vais reproduire celle 
de Walckenaer, afin de compléter ici tout ce qui se 
l’apporte à VEpeira opuntiæ : 

« Abdomen en parallélogramme rhomboïdal, ar- 
rondi sur les côtés, terminé à sa partie antérieure par 


— 219 — 


deux eminences ou tubercules courts, et à sa partie 
postérieure par un prolongement bifide déprimé. Sur 
les côtés du dos sont deux lignes en zigzag ou en fes- 
tons anguleux d’unyaM/ïc 'y//' ( 1 ) qni aboutissent aux 
deux prolongements coniques de la partie postérieure. 

» Près du corselet est figurée par des traits minces 
et déliés, moins visibles que les festons latéraux, une 
espèce de fer de lance. Taches j aunes snr les côtés 

internes des festons. Le corselet, le sternum et les 
pattes sont d’un brun noir 5 les tarses sont anne- 
lés de fauve rougeâtre. Les mandibules sont noires. 
Les yeux sont portés sur des éminences du corselet 5 les 
intermédiaires postérieurs sont plus l’approchés entre 
eux que ne le sont les intermédiaires antérieurs. Les 
yeux latéraux sont au niveau des intermédiaires posté- 
rieurs, rapprochés entre enx sur la même élévation, 
mais non réunis. 

>) Variété A : sans taches ^ abdomen sans taches in- 
ternes sur le dos, 4 lignes. 

» Variété B : avec 4 taches 5 abdomen noir, avec 
quatre grandes taches blanches sur le dos, 7 lignes. 

(1) Sur les variétés et l’espèce Epeira opuntiæ de l’ile de la Réunion, ces 
lignes ou ces festons anguleux sont d’un Manc très~puj\ 

(2) Ces taches sont, comme dit Dugès (dans Cuvma, Règ7%e animal) , d’un beau 
blanc de neige nacrée expression qui s’applique également à l'Epeira opuntiæ 
de notre île. 


— 220 — 


Épéire de l’opuntia, Dufour. Description de six 
Aranéides nouvelles, par Léon Dufour, 1820, iu-S”, p. 
5, pl. LXIX, f. 3. (Extrait de la 3“® livraison du 4® 
lovoe éies Annales des sciences physiques.) 

» Ancien monde. Europe. Asie. Océan indien. En 
Espagne, dans le royaume de Valence et la Catalogne. 

'' A Naples, en Sicile, dans l’île de France. 

« C’est avec l’àge, » dit Walckenaer, « que cette 
Arancide acquiert les grandes taches jaunes ou blan- 
ches et une couleur noire. Les variétés A et B, » ajoute- 
t-il, « ont été envoyées en grand nombre de l’île de 
France. L’Épéire de l’opuntia varie pour le fond de 
sa coideur, qui est noirâtre ou rougeâtre ou comme 
saupoudrée de blanc. Dans quelques individus, le dos 
est bigarré de lignes blanches qui s’anastomosent avec 
des taches noires. Il y a des individus qui offrent des 
stries fort élégantes d’un blanc pur. 

)) Cette Aranéide, en naissant, n’a point à l’abdomen 
les tubercules qui caractérisent les individus adultes. 
Son abdomen est ovale, hérissé de quelques poils 
blancs. Son corselet est noir, luisant et glabre. Le carré 
central des yeux est proportionnellement plus grand. 
Les pattes sont annelées de brun et de pâle. « (1). 


(1) 'VValckenaer, Ibid, 


« Cette espèce,)) dit M. Léon Dufour, «habite con- 
stamment au milieu de l’agave et de l’opuntia, mais 
plus en particulier sur cette dernière plante. » 

A l’île de la Réunion, on la rencontre sur toutes 
les plantes, dans les haies d’orangers, de citronniers ; 
mais sa prédilection à établir sa toile dans les agaves 
et les opuntias est un fait très-réel. 

J’ai dit la manièi’e dont elle établit sa toile ; elle s’y 
tient le plus souvent au milieu, les pattes étendues, la 
tête en bas, pour attendre sa proie ; mais si le vent 
souffle avec violence, elle va se blottir, dit M. Dufour, 
derrière un faisceau d’épines, oii viennent aboutir plu- 
sieurs des fils de son canevas (1). J’ai remarqué à l’île 
de la Réunion, que pour se préserver de la pluie, cette 
Arauéide avait soin d’arrêter la feuille la plus con- 
venable qui venait à tomber sur sa toile ^ elle la fixait 
d’une manière sûre et l’érigeait en toit impénétrable 
sous lequel elle allait se cacher en se ramassant. 

Walckenaer se demande si les 8, 9, et 10 cocons, 
qu’on rencontre dans sa toile, et qui sont disposés 
en chapelet ou enchaînons, sont l’ouvrage d’une seule 
et même femelle. Je puis l'épondre à cette cpiestion 
par l’affirmative, ayant suivi cette opération avec 


(l) Léon Dufour. Ibid. 


— 222 — 


soin ^ (le plus, je puis aussi certifier que ces Épéires 
vivent en société, mais qu’aucune n’envahit la toile 
de sa voisine; malgré l’enchevêtrement des fils qui 
les lient à la suite les uns des autres, ces cocons cè- 
dent à une légère traction. 

)) Bulletin de la société philomatique, Tom. i, 

part. Il, page 18, on trouve, » dit Walckenaer,« l’extrait 
d’une lettre datée de Buenos- Ayres, qui vient à l’appui 
des observations de M. Léon Dufour. Il y est dit que 
dans ce pays on trouve une espèce d’ Araignée, rpi’on 
nomme V Araignée-soie. 

» Ces Araignées vivent bien ensemble et se nourris- 
sent d’insectes sur le nopal {^Cactus opuntiæ)', elles 
craignent le froid; leur cocon est de la grosseur 
d’un œuf de pigeon. ... (1). 

» Il peut se filer en entier ; la soie en est très-moel- 
leuse et peut se carder sans préparation. » (2) 

17” Épéire blonde. {Epeira jlava, Vinson.) 

(PI. VIII, fig. 3.) 

(1° Variété remartpiable de V Epeira opuntise.) 

Long. : 14 à 16""”. — Femelle. 

(1) Les beaux cocons ont véritablement ce volume en longueur et en largeur, 
mais non en épaisseur. 

(2) Walckenaer. Eisi, nai^ devins, t, II, page 142. 


— 223 — 


Aspect général. — Les mêmes formes que VEpeira 
opiintiæ, mais blonde. 

Un peu plus petite que la précédente, elle a toutes 
ses formes, mais sa couleur est différente et ses dessins 
en zigzag subissent une modification par l’absence, le 
plus souvent ou même presque toujours, de taches la- 
crymatoires blanches qui distinguent I’Épéire de l’o- 
puntia, en surmontant les tubercules latéraux de cette 
Aranéide bifide. — Quelquefois I’Épéire blonde est 
d’une belle couleur orangée entièrement uniforme, 
sans taches, ni ligne en zigzag d’aucune couleur. Les 
tubercules sont seuls Indiqués par une petite saillie 
obliquement dirigée. 

Abdomen incliné d’avant en arrière, arrondi en 
avant, bifide en arrière, légèrement conprimé sur les 
côtés supérieurement ; couleur jaune blond tirant un 
peu sur le rose. — Deux lignes latérales en zigzag de 
couleurs blanches sans taches. La couleur blonde se 
fonce vers la partie postérieure bifide et établit nette- 
ment une ligne de démarcation avec le dessous du ven- 
tre qui est blanchâtre postérieurement. 

La base de l’abdomen est hérissée de poils blancs qui 
sont dressés en avant vers le corselet. Au centre de 
l’abdomen, deux ou trois anneaux blanchâtres entre 
six points enfoncés. 


— 224 


Corselet jaune pâle ou jaune grisâtre, arrondi sur 
les Lords. Tête Lieu séparée par deux lignes en foraie 
de V. 

Pattes de même couleur que le corselet, fortes, an- 
nelées plus ou moins, mais plus foncées vers le digital. 
Palpes de même couleur. 

Dessous du corps Liane strié de gris. 

L’Épeire blonde, variété-mère de I’Épéire de l’o- 
puntia, offre à son tour plusieurs variétés. 

Quelques-unes, comme celle que j’ai prise pour type, 
ont une couleur Lloude Irès-francLe et sur les cotés 
des lignes Llanclies en zigzag. 

D’autres ont une couleur plus foncée jaune orangé; 
j’en ai vu une d’un Leau Liane en dessous et sur les 
côtés et jaune citron en dessus, sans taches ; quelques 
autres encore off rent une couleur Llonde cendrée terne 
ou grisâtre. 

Sur les cinq Aranéides de cette espèce que j’ai sous 
les ’^eux^Epeira Jla\>cî),et qui sont de différents âges, je 
remix.YC]pe.cp! aucune n offre de tadiestuberculeuses .Chez 
quelques-unes, les lignes Llanches latérales manquent 
et sont remplacées par une démarcation simplement 
plus foncée, en zigzag et saillante. 

Le cocon de cette espèce est d’un Liane plus pur et 
offre très-peu de Lis verdâtres. Au Lout de vingt jours 


— 225 — 


on trouve les petits déjà ëclos dans l’intérieur du 
cocon : ils en sortent au bout d’un plus long temps. 
Le mâle de I’Épéire blonde, tantôt jaune fauve ou de 
couleur lie de vin foncé, est très-petit (S"*” au plus) : 
il a l’abdomen bifide. 

18" Épéire pourprée. {Epeira purpiirca, Vinson.) 
(PI. VIII, lig. 4.) 

(2" Variété remarquable de \ Epeira opuntiæ.) 

Long. : 16“'“. Eemelle. 

Aspect général. — Les mêmes formes que V Epeira 
opuntiæ , mais l’abdomen coloré en pourpre et le 
corselet et les pattes en rose. 

Je n’ai pu m’empêcher de reproduire cette char- 
mante Aranéide. En voyant VEpeira opuntiæ sous 
cette couleur si rare et si belle, j’ai recueilli avec 
empressement ce curieux échantillon. 

Abdomen d’une belle couleur pourpre, comme ve- 
loutée et plus éclatante en avant, se fondant en une 
teinte un peu marron vers l’extrémité postérieure. 
Échancrure d’un blanc éclatant entre les deux four- 
ches postérieures. 

Deux lignes latéi’ales dun blanc pur en avant, 

rosées en arrière, courant en zigzag sur les bords de 

ib 


— 226 — 


rabdonien. Au centre, six points enfoncés, de cou- 
leur marron foncé. — En devant, à la base de l’ab- 
domen et au milieu, deux lignes formant un anneau 
en losange, presque Immédiatement effacé ensuite. 

Corselet rose avec un duvet blanc soyeux. 

Pattes et palpes roses, annelés dé marron clair. 

.T’ai vu quelquefois cette couleur pourpre mêlée 
au noir, ou donnant à quelques-unes de ces variétés 
un aspect de lie de vin. 

Celle-ci avait déjà pondu un cocon dans sa toile 
lorsque je l’ai recueillie. 


FAMILLE ; LES GASTÉRACANTHIDES. (jGastcracan- 
thoïdes, Vinson. — Plectanoïdes, Walckenaer.) 


Les caractères qui distinguent cette famille sont 
les suivants : 

« Corselet large, relevé à sa partie antérieure et re- 
vêtu quelquefois, au-dessus des yeux, de tubercules 
coniques imitant les pointes d’un diadème. 

n Abdomen large, semi-coriace, souvent pourvu sur 
le dos de bosses arrondies , » ou d’éminences acu- 
minées. 

Les formes irrégulières que nous avons vu poin- 
dre chez les Aranéides précédentes (^Epeira opun- 
tiæ, etc.), deviennent ici plus exagérées, et l’on sent 
déjà l’approebe des genres Plectana ou Gasteracaii- 
tha, qui vont succéder au genre Epeira. 

Dans cette famille des GASTÉRACANTHIDES, si 
bien caractérisée, se l’angent deux belles et curieuses 
Épéires que nous avons découvertes à Madagascar. 


19" Épéire tuberculeuse. [Epeira tuherculosa, 

Vinson.) 

Long. : 16""" . — Largeux' de l’abdomen, 14'""’ . — 
Femelle. 

Aspect général. — Grosse, noii’e, aplatie; des tu- 
bei'cules blancs disti’ibués en grand nombi’e sur le 
devant de l’abdomen , qui est lai'ge et d’un beau 
noir velouté. Tête cari’ée , étalée transversaleiuent 
avec quatre épines derrièx’e les yeux. — Pattes noi- 
res, fortes, aplaties. 

Le corselet est incliné en ai'rièi’e, creusé sur sa face 
postérieui’e et recouvert par le bord antéi’ieur de 
l’abdoiuen, qui ne laisse voir de chaque côté qu’une 
petite portion triangulaii'e du corselet. — La tête est 
carrée, large et ti’ansvei’sale : elle porte les yeux sur 
de petites éminences : dei’rièi'e eux quatre petits tu- 
bei’cules coniques sont rangés sur la partie postérieure 
de la tête, qui est revêtue de petits poils blancs et fins, 
ainsi que la partie visible du corselet, qui est de cou- 
leur blanche. 

L’xdîdomen aplati , large , étalé, est hexagonal : 
quelquefois, cependant, par son développement, il est 
arrondi vers son bord supéi’ieur, et finit en triangle 
à son exti’émité postérieui'e : il est bifide à cette exti’é- 


— 229 — 


mité, échancré, et présente deux petites pointes qui le 
terminent en arrière. Sa couleur est d’un beau noir 
de velours. Son bord antérieur, le plus avancé, est 
semé d’éminences blanches, arrondies ; derrière elles 
s’ofFre une rangée de tubercules blancs (en général au 
nombre de dix, distribués en demi-cercle) : plus en 
dedans, quatre tubercules blancs forment un quadri- 
latère aux quatre exti’émités du dos ; enfin, un cin- 
quième et principal tubercule est placé en avant sur 
la ligne médiane. — Tous sont revêtus de poils blancs 
et soyeux, et terminés par une petite épine noire qu’on 
distingue très-bien à la loupe. 

Les palpes sont noirs, aplatis, dilatés à leur extré- 
mité; les pattes sont fortes, noires, aplaties avec des 
l’ainures longitudinales. Les mandibules sont cylin- 
driques, évidées en dedans, arrondies en dehors : les 
crochets sont d’un brun rouge ; les mâchoires cour tes, 
larges et arrondies, sont en dedans hérissées de poils 
roux ; la lèvre est large, triangulaire et coupée carré- 
ment à son extrémité. 

La poitrine a la forme d’un écusson noir, bordé en 
relief ; les pattes, en dessous, sont très-luisantes ; le 
dessous de l’abdomen est noir et présente de chaque 
côté une ligne blanche, ondulée, qui forme un triangle 
avec son opposée. 


230 — 


Cette belle Epéire, très-commune dans les forêts 
intérieures de Madagascar, se tient au-dessus des cours 
d’eau, au milieu d’une toile verticale bâtie sur des fils 
d’une prodigieuse étendue, qu’elle jette d’une rive à 
l’autre comme des ponts aériens. Elle replie ses pattes 
et se ramasse lorsqu’on vient de la prendre. 

20" Épéire mitrale. [Epeira mitralis, Vinson.) 

(PL IX, fig. 2, 3, 4.) 

Long. : 13“”. Larg. : 14““. 

Aspect général. — De la couleur du liège. — Tête 
carrée, transvei’sale. — Corselet épineux en avant, 
derrière les yeux. — Abdomen incliné en arrière \ re- 
levé sur l’avant, où il est séparé en deux cônes diver- 
gents qui lui donnent l’apparence d’une mitre. — 
Pattes larges, aplaties. 

La tête est transversale, beaucoup plus large que 
longue 5 fauve blanchâtre ou gris jaunâtre. 

Le corselet, relevé en avant, est entaillé et nu dans 
sa partie moyenne et postérieure pour loger l’abdomen 
qui s’applique exactement sur lui. Il est rougeâtre dans 
sa partie nue, et gris sur les côtés; quatre épines sail- 
lantes derrière les yeux : ceux-ci sont placés sur des 
élévations correspondant à ces pointes épineuses : les 


— 231 — 


yeux du caiTC médian sont posés sur une petite émi- 
nence spéciale ^ les postérieurs, qui regardent oblique- 
ment en avant, sont aussi plus écartés que les anté- 
rieui’s ; les latéraux, plus petits, sont réunis à l’extré- 
mité d’une éminence transversale. 

L’abdomen, haut, est divisé sur l’avant, eu deux 
cônes très-saillants, divergents, couronnés chacun par 
de petites pointes épineuses qui descendent en demi- 
cercle en avant. Il existe quelquefois un plus petit cône 
brun et pointu entre ces deux. — La base de l’abdomen 
est inclinée en avant ^ sa partie postérieure inclinée 
aussi en arrière, mais beaucoup plus étendue. 

Sa couleur est fauve grisâtre ou blanchâtre, mêlée 
de marron foncé : la base, eu avant, offre une large 
bande blanchâtre qui s’étale sur la tête. La partie 
postérieure est brun marron avec deux épines sur le 
dos. Les côtés sont formés par des bandes circulaires, 
étagées et recouvertes d’un duvet soyeux et grisâtre. 

Sur l’abdomen plusieurs points enfoncés, diverse- 
ment disposés en avant et à sa surface, pour servir de 
points d’attache aux muscles. 

Le dessous est d’une couleur fauve grisâtre. Le ventre 
est plat, large, noir, avec une ligne courbe blanchâtre. 
La poitrine est d’un brun rouge. Les pattes, à leur 
insertion, ainsi que le fémoral, sont nus et d’un pourpre 


— 232 — 

noirâtre. Les autres articles sont noirs en dessous et 
annelës de gris bleu. En dessus, ces pattes sont larges, 
très-plates et formées de plusieurs lamelles longitudi- 
nales réunies : elles sont velues, comme plumeuses, de 
couleur fauve blancbâtre, et annelées, surtout vers les 
extrémités. 

La lèvre est courte et arrondie : les mâchoires sont 
très-larges, grosses, noires et hérissées en dedans de 
poils roux. 

Les palpes sont aplatis, larges, plumeux, fauves. 

J’ai découvert cette belle Épéire dans la forêt d’Ala- 
namasoati*ao, à Madagascar. Je l’ai revue sur une toile 
verticale à Tananarive. Lorsqu’elle est jeune, elle est 
d’un gris blanchâtre ; les deux cônes qui s’élèvent sur 
l’abdomen sont très-i’enflés ; mais les pointes épineuses 
qui les surmontent, ainsi que celles du corselet, sont 
aloi’s peu apparentes. 

La conformation de l’abdomen suffit à elle seule pour 
faire reconnaître cette Aranéide. 


GENRE : GASTERACANTHE. {Gasteracantha , 

Latreille.) 


J’ai dû préférer le nom de Gasteracantha (yaux/ip , ven- 
tre ; âxavôoî, épine, ventre épineux) donné par Latreille 
à cette coupe générique de l’ordre des Ai’anéides, 
comme une désignation qui est claire, facile et parfai- 
tement caractéristique du genre qu’elle représente. 
M. H. Lucas, dans de récents travaux sur les Ara- 
chnides du Gabon, a du reste conservé ce nom de 
genre. Dans le Dictionnaire universel d’histoire na- 
turelle, il a été également préféré à celui de Plectana 
offert par Walckenaer. 

Le genre Gasteracantha est caractérisé ainsi qn’il 
suit : 

Yeux, au nombre de huit et disposés sur le devant du 
céphalothorax, comme chez les Épéires, Celui-ci 
est relevé antérieurement. , 

Mandibules, très-fortes, renflées à leur insertion. 
Abdomen résistant, toujours irrégulier, revêtu de tu- 


— 23i — 


hercules cornés , pointus^ se?nhlcthles à des 
épines. 

Ces Arcinéides établissent une toile à la façon des 
Epéires, avec un réseau vertical, composé de fils en 
spirale croisés par des l'ayons droits qui partent du 
centre, où l’Araignée se tient immobile. 

Les Gastéracanthes (Plectanes de Walckenaer) se 
rapprochent beaucoup des Épéires par le nombre et 
la disposition des yeux. Elles s’en éloignent par la con- 
formation du corps et par celle des pattes. La chaîne 
entre ces derrx genres semble préparée par ces Épéires 
biüdes ou anguleuses, et définitivement établie par la 
famille des Épéires Gastéracanthides. Ces formes, de 
plus en plus irrégulières, deviennent en s’exagérant des 
caractères chez les Gasteracantha. Ces faits démon- 
trent, ainsi que le professait de Blainville, que les yeux 
seuls chez les Aranéides ne sauraient satisfaire aux rè- 
gles d’une bonne classification. 

Ce genre est représenté, à l’île de la Réunion, par 
deiEx espèces et une variété*, l’île Maurice possède une 
espèce déjà connue sous le nom de Plectana Mauritia 
décrite par Walckenaer. — L’île Madagascar renferme 
deux belles Aranéides dans ce genre : une, la Gastera- 


— 235 — 


cantJia Madagascariensis , que j’ai décrite et figurée (I ) 
et qui se trouve abondamment dans tout Madagascar 
et dans l’île Sainte-Marie 5 l’autre, la Gasteracantha 
formosa, qui est d’une belle couleur jaune d’or et 
rouge, d’une forte dimension, et qui ne se rencontre 
que dans les forêts du centre de la grande île Africaine. 
Ces deux espèces jettent de longs fils et établissent des 
toiles verticales et rayonnées à la manière des Épéires. 

J’ai rapporté à Paris pour le Muséum d’histoire na- 
turelle plusieurs exemplaires bien conservés de ces 
belles espèces. 

(1) M, Guérix-Méneville, Revue et Magasin de Zoologiej 2® série, t. XIV, 
octobre 1862, page 371, pl. xvi, fig, 9, sous ce titre ; Dcscriplion d'une nou- 
velle espèce d' Arachnide appartenant à la Faune de Madagascar, par M. le 
docteur Auguste Vinson, membre du Muséum d’histoire naturelle de l’île de la 
Réunion 


1° Gastéracanthe de l’île Bourbon, {Gasteracantha 
Borhonica, Vinson.) 

(PL IX, fig. 5.) 

Long. : 8 à 9"’™. — Largeur, 8 à 9”“. 

Aspect général. — Forme très-irre'gulière, hexa- 
gonale, cancroïde. 

La tête est noire; les mandibules sont courtes et 
bombées en avant. Le thorax n’est pas apparent; il 
est carré, petit, brun , caché par l’évasement du bord 
antérieur et avancé de l’abdomen. 

L’abdomen incurvé au centre, relevé latéralement, 
denté sur les bords, offre six pointes mamelonnées 
très-distinctes. Ce^ saillies, dont quatre sont latérales 
et deux postérieures, sont séparées deux à deux par 
une échancrure, et chaque pointe est terminée par 
un petit cône portant une épine très-courte. Les deux 
mamelons postérieurs sont placés sur un plan infé- 
rieur, séparé lui-même du reste de l’abdomen par un 
sillon profond. 

En dessus, l’abdomen est d’un beau noir brillant, 
sablé au centre de jaune roux , de rose, de blanc et de 


— 237 


brun. Parmi ces petites taches blanches pointillées, 
on remarque deux taches blanches intermediaires , 
plus grandes, comme deux croissants adossés et séparés 
et deux autres taches blanches plus déliées serpentant 
en avant. L’ensemble de ces taches blanches figure 
parfaitement deux 7 qui se regardent par leur côté 
interne. 

Le ventre est conique, bi’un et roux, et présente au 
milieu les cônes sétifères. 

Étudiée au microscope, la GastÉracanthe de l’iiæ 
Bourbox offi'e les particularités suivantes : 

La tête et le thorax sont d’un beau noir lustré, avec 
des poils très-blancs situés de distance en distance les 
uns des antres, courts, raides et dirigés en avant. 

Les mêmes poils blancs sont plus rares sur le test, 
qui est uni, brillant comme de la belle écaille de 
Caret, avec les mêmes nuances. Dans certains es- 
paces blancs, la pellicule du test est si mince et si 
translucide, qu’on aperçoit, par transparence, un 
réseau mouvant. Ce tissu, à mailles noires, est agité 
d’un mouvement régulier, qui paraît être le mou- 
vement vibratoire de la circulation chez les insectes. 

A l’œil nu, ou même à la loupe, ces phénomènes 
ni cet appareil ne sont point aperçus. — Cette fi- 
nesse de la pellicule abdominale, que son éclat fe- 


— 238 — 


rait croire plus résistant, explique pourquoi l’in- 
secte devient si concave en se desséchant. 

Les masses coniques, au nombre de six, qui hé- 
rissent le pourtour de l’abdomen sont velues et ter- 
minées par un épine courte. 

J’ai trouvé pour la première fois cette Aranéide, 
au-dessus du village de Salazie, et depuis, je l’ai ren- 
contrée à Saint -Denis et à Sainte - Suzanne , sous 
l’ombre des grands arbres. Elle tisse une toile ver- 
ticale, d’un mètre environ et plus^ les fils sont dif- 
férents de ceux des autres Aranéides : ils offrent de 
petits renflements cotonneux de distance en distance, 
mais très-rapprocbés, de façon qu’entre ces renfle- 
ments ils paraissent interrompus. L’Aranéide se 
tient au centre. Elle est vive lorsqu’elle marche ; 
mais loi’squ’on la touche, elle se laisse tomber en 
demeurant attachée à son fil à l’aide duquel elle 
va se replacer sur sa toile. 

Le cocon est ovoïde, rond, aplati. La bourre cpii 
l’enveloppe comprend une étendue de 20"'", et le 
noyau central mesure 10'”” d’étendue transver- 
sale. Le centre qui contient les œufs est blanc, mais 
brunit au moment de l’éclosion : tout le reste du co- 
con, extérieurement, est en bourre laineuse jaune et 
verte. — Le 1" juillet, une Gasteracantha Borhonica, 


— 239 — 


enfermée dans un flaeon, a fixé son cocon contre la 
paroi : le 25, les petits sont éclos; on les voit bien avec 
leurs formes, leurs petites pattes, mais ils sont encore 
emprisonnés dans le cocon ; ils pai aissent noirâtres : 
ils sortent et se répandent le 1 1 août. En somme, dans 
notre hiver, l’éclosion des ceufs et la sortie des petits 
occupent une période de quarante jours. — A l’état 
naissant, les petites Gastéracanthes sont rondes et 
noires, sans pointes épineuses, avec une tache blan- 
che triangulaire sur l’abdomen. 

En adoptant le genre Plectana au lieu de celui de 
Gasteracantha, cette Aranéidese trouve naturellement 
placée, à cause de sa forme, dans la famille des CAN- 
CROIDES de Walckenaer. 

J’ai rencontré à l’île de la Réunion une variété 
de cette Gastéracanthe, qui pourrait à la rigueur 
former une espèce distincte : elle a la même forme, 
mais elle est entièrement noire et lustrée. 

2“ Gastéracanthe de l’île Maurice. (^Gasteracantha 
Mauritia, ou Plectana Mauritia, Walckenaer.) 

« Long. ; 3 lignes 3/4. Larg. de l’abdomen : 4 lignes. 
— Abdomen large, pourvu de six épines noires ; les 
deux latérales intermédiaires sont les plus longues. 


— 240 — 

>) Le test du dos est d’un jaune d’ocre ; entre les deux 
épines antérieures sont dix points enfoncés, puis deux 
petits points noirs dans le milieu. Ensuite quatre taches 
noires entre les deux épines postérieures. Sur le bord 
externe postérieur sont quatre points enfoncés. Le 
corselet, les pattes et le ventre sont d’un brun noir 
avec quelques taches rougeâtres. 

>) Selon M. Catoire de Bioncourt, qui a habité pen- 
dant quatorze ans le Cap de Bonne-Espérance et l’île de 
France, cette Aranéide devient quelquefois convexe 
par le dessèchement. Elle monte de côté sur sa toile, 
et quand on la touche, elle replie ses pattes sous sa 
carapace dorsale, et se laisse tomber toujours suspen- 
due à son fil. — Sa toile est arrondie en cercles con- 
centriques, traversée par des rayons qui émanent d’un 
centre commun. Elle suspend cette toile verticalement 
à travers les sentiers dans les grands bois. « (1) 

3“ Gastéracanthe blanche. {Gasteracantlia alba, 

Vinson.) 

Long. : 8““. Largeur égale; même forme que la 
Gastéracanthe de l’île Bourbon. 

Corselet et céphalothorax bruns. 


(1) Walckenaer. llisl. nat. des bis. Altères, t, II, i>age 155. 


— 241 — 

Abdomen blanc de lait, avec l’eclat et le poli de la 
porcelaine. Une raie dorsale d’un beau noir sur le 
milieu, divisant le test en deux parties égales. 

— Trouvée une seule fois sur sa toile à Saint-Denis. 

Cette espèce blanche, identique pour la forme à 
la Gasteracantlm ^ Borhonica , pourrait bien n’être 
qu’une variété très- originale et très - singulière de 
cette dernière. 

Quelques variétés de la Gastéracanthe de l’île 
Bourbon sont aussi d’un jaune l'ougeàti’e ou puce, et 
sont peu différentes de cette espèce type. — Il y en 
a aussi de toutes noires. Je crois être prudent en ne 
les considérant également que comme des variétés. 
J’ai remarqué que les belles espèces de Madagascar 
ne variaient pas. La nature y semble mieux assise 
et y avoir pris ses formes déterminées, ce qui indi- 
querait pour Madagascar, en Aracbnologie comme 
pour les autres parties de l’bistoire naturelle, une 
ancienneté bien manifeste sur l’île de la Réunion. — 
L’hétérophyllie , observée chez plusieurs végétaux 
dans cette dernière île, est un phénomène du même 
genre qui vient fortifier encore cette opinion. 


iO 


— 242 — 


4“ Gastéracanthe de Madagascar. {Gasteracantha 
M adagascarieiisis , Vinson . ) 

(PL IX, üg. 6.) 

Long. : 7"”". 

Le diamètre transversal, qui est le plus grand, est 
de le""". 

Le corselet est noir, incliné postérieurement et re- 
couvert par l’évasement du bord antérieur de l’abdo- 
men , cpii ne laisse rien voir que le devant de la tête 
qui est bombé, noir et luisant. 

L’abdomen est étalé transversalement, comme ver- 
nissé, peint de noir et de jaune d’ocre, tantôt pâle, 
tantôt tirant sur l’orangé. Le test présente six épines : 
deux antérieures, petites ; deux latérales, très-longues 
et un peu courbées en arrière \ et deux postérieures, 
plus longues que les épines antérieui’es et moins que 
les latéi’ales. Toutes sont noires, très-pointues, par- 
faitement détachées et légèrement velues. 

Sur le milieu de l’abdomen, une grande croix de 
couleur d’ocre jaune plus ou moins foncé. La plus 
grande brandie de cette croix est étendue transversale- 
ment au niveau des épines latérales et la plus courte 
d’avant en arrière : celte dernière est continue en avant 


— 243 — 


avec une ligne jaunâtre et transversale qui borde l’ab- 
domen, et en arrière avec une ligne semblable qui 
renferme q[uelques points bruns. Toutes les taches noi- 
res de l’abdomen sont marquées de points enfoncés. 
Sa partie postérieure, qui porte les deux épines de l’ar- 
rière, est très-distincte de la partie antérieure (carac- 
tère qui se trouve dans la Gastéracanthe de l’île de i,a 
Réunion, Gasteracantha BorboJiica, Vins., et qui se 
retrouvera dans la suivante, seconde espèce de Mada- 
gascar). 

Le dessous du ventre est taché de jaune et de brun. 
Le cône des libères est très-saillant et en occupe l’ex- 
trémité inférieure. 

Les pattes sont courtes, petites, ramassées. Le pre- 
mier article est d’un rouge jaunâtre très-vif : le reste 
est noir. 

Les palpes sont déliés et noirs. Les mandibules ou 
chélifères sont bombées et d’un noir brillant. 

Les premiers spécimens de cette Aranéide avaient 
été apportés à l’île de la Réunion par M. Prudhomme, 
collecteur du Muséum d’histoire naturelle de cette 
colonie. Depuis j’ai recueilli un grand nombre de 
ces Gastéracanthes à Tamatave, à Maraombi, dans 
les bois de Madagascar et dans l’île Sainte-Marie. Elles 
établissent leurs toiles à l’ombi’e sous les arbres. — 


Lorsque cette Aranéide est jeune, elle offre des reflets 
irisés dans quelques-unes de ses parties ] mais ces cou- 
leurs se perdent vite par la mort, et alors l’insecte 
n’offre plus que la couleur noire et jaune d’ocre plus 
ou moins foncée. 

.5“ Gastéracanthe ukcrnTiovE. [Gasteracanthaformosa, 

Vinson.) 

(PL IX,fig. 7.) 

Long. : 10““. Larg. : 20““. 

Aspect général. — Jaune rougeâtre : une série de 
points enfoncés sur le devant et l’arrière du test, qui 
est incurvé, armé antérieurement et postérieurement 
de deux petites épines , mais d’une très-forte épine 
latérale. 

Le corselet, rougeâtre , est petit, incliné, recou- 
vert par le bord de l’abdomen : la tête est bombée et 
évasée vers le bandeau ; les mandibules sont bombées 
et inclinées en avant ; les pattes sont fines et petites : 
les postérieures un peu plus longues que les deux ju e- 
mières paires antérieures qui semblent d’égale lon- 
gueur. 

L’abdomen ou test est vaste, offre six épines : il est 
étalé , incurvé au centre de façon que les épines laté- 


— 2-45 — 


raies se relèvent des deux côtes comme de grandes 
cornes. Il est peu long, fort large : le bord antérieur, 
vu à la loupe, est boi’dé et finement denté : il est armé 
d’une petite épine antérieure, oblique, et orné de dix 
points imprimés ou ocellés qui vont en diminuant de 
dehors en dedans. — Entre les épines latérales et pos- 
térieures est disposée une autre rangée de neuf points 
enfoncés. Un second plan en arrière et au-dessous 
offre deux petites épines. 

Au centre du test, qui est jaune orangé , sont quatre 
autres points disposés en carré. 

Le dessous de l’Aranéide est conique , bordé de 
points en avant et en arrière. Il existe un fort tu- 
bercule conique sous le ventre, enti’e l’insertion du 
corselet et la rosette des filières. 

Cette charmante Gastéracanthe est très-commune 
au centre de Madagascar, dans la forêt d’Alanamasoa- 
trao et sur la route intérieure qui mène à Tananarive : 
elle paraît se plaire dans les hautes régions de cette 
île. 




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GENRE : TÉTRAGNATHE. {Tetragnatka , La- 

treille.) 


Ce genre créé par Latreille offre les caractères 
suivants : 

Yeux au nombre de huit, presque égaux entre eux, 
sur deux lignes; les yeux du milieu, inter- 
médiaires, figurant un quadrilatère ; les laté- 
raux s’écartant du quadrilatère intermédiaire, 
plus rapprochés entre eux que ne le sont en- 
tre elles les lignes intermédiaires . 

Lèvre large, arrondie, petite et courte. 

Mâchoires allongées, cylindriques, dilatées à l’ex- 
trémité de leur côté externe, divergentes. 
Pattes allongées, fines ; la première paire est la plus 
longue, la deuxième ensuite ; la troisième est 
la plus courte. 

Aranéide sédentaire , formant une toile à réseaux 
réguliers , composée tVune spirale croisée par des 


- 248 — 

rayons droits , qui partent d’un centre où elle se 
tient immobile (I). 

J’avais souvent remarqué, à l’île de la Réunion, 
une Araignée qui se tient sur une toile étendue sur 
les eaux, soit sur leur cours horizontal, soit au-de- 
vant des petites cascades, qui pendent verticalement, 
et sur le premier plan desquelles cette Aranéide 
étend son réseau léger. 

J’avais observé depuis longtemps à son égard un 
fait digne de fixer l’attention : sa toile est jetée d’une 
rive à l’autre comme un pont dont les plantes ver- 
doyantes sur les bords forment les piliers natu- 
rels. C’est en général sur les petits ruisseaux que l’A- 
ranéide en choisit l’emplacement. Or, dès que le 
temps devient sombre et qu’il menace de grossir le 
cours d’eau, l’Araignée ramasse habilement ses fils, 
et monte vers un niveau plus élevé établir, au- 
dessus de la surface liquide, son pont de fil et son 
réseau fragile. Il n’y a pas de nautonnier si pré- 
voyant, et jamais elle ne se laisse surprendre par 
l’orage : notre Aranéide semble douée à cet égaixl 
d’un instinct merveilleux de prévision. Voilà donc 


(1) Walckenaer, HüL nai, de& Ins. Aptères, t. Il, page 203. 


— 249 — 


clans un petit insecte un phénomène C{ui décèle par 
avance presque la quantité d’eau cpii devra tomber ^ 
comme un baromètre, le temps qu’il devra faire ! 
La nature, qui n’a pu tout nous donner, a souvent 
mis pour l’homme dans l’instinct des animaux les 
moyens de s’éclairer encore. 

Walckenaer a classé cette Aranéide dans sa fa- 
mille des DISJOINTES, à cause des yeux latéraux 
qui sont disjoints. Les deux autres caractères de cette 
famille sont d’avoir les mandibules allongées et di- 
vergentes et l’abdomen très-allongé. 


Tétragnathe prolongée. (Tetragnatha protensa, 
Walckenaer.) 

(PL XII, fig. 4, 4, a.) 

Long. : 13”“. Femelle. 

Mâchoires étroites, allongées, renflées en massue 
vers le bout. 

Mandibules fort longues, étalées horizontalement, 
s’écartant à leur extrémité, dentées en scie sur leur 
boi’d interne, et terminées par une longue épine rou- 
geâtre, courbe, qui se replie en dedans vers la gaine 
de chaque mandibule. (PI. XII, fig. 4, h.') 

Corselet brun rougeâtre avec une dépression au 
centre. Tête distincte, portant deux rangées d’yeux 
noirs bien apparents, quati’e formant un quadrilatère 
au milieu, et les quatre autres disposés par paire sur 
les côtés. 

L’abdomen est noir avec deux bandes longitudinales 
blanches sur les côtés. Bombé en dessus et en avant, 
allongé, cylindrique, il se termine insensiblement en 
pointe prolongée. 

Les pattes, très-allongées, sont fines, déliées avec 
des piquants. La première paire a 34 à 35““ de long : 


— 251 


elles sont de couleur brun marron, plus foncée aux 
articulations. Les palpes, de la même couleur que 
les pattes, sont très-effilés. 

Cette Tétragnathe, la même que celle décrite par 
Walckenaer, et qui, venant de l’île de France, faisait 
partie de la collection de Lamarck, est très-commune 
à l’île de la Réunion, et subit des variations de cou- 
leur suivant son état ou son âge. 

Parmi ces variétés, une a l’abdomen d’un noir ver- 
dâtre avec un l’éticule blanchâtre au centre, et une 
bande blanche festonnée sur les côtés. Le ventre est 
noir et montre deux raies longitudinales d’un jaune 
d’or. Les mandibules sont brun es; les pa,ttes sont anne- 
lées de taches blanches et de brun, ainsi que les palpes. 
Celle qui a servi à la description de Walckenaer était 
dn nombre de ces variétés. 

Quelquefois les bandes latérales de l’abdomen, un 
peu festonnées, sont d’un blanc argentin et légèrement 
rosé, comme chez les individus qui ont servi à mes 
dessins. 

D’antres fois, le noir est remplacé par une couleur 
marron. Enfin, il y a des Tétragnathes qni sont 
d’un marron fauve si clair, qu’elles sont d’une cou- 
leur de rouille uniforme. A peine si quelques lignes 
longitudinales brunes se font apercevoir sur l’abdomen. 


— 252 — 


Les foi’mes toutefois ne varient jamais. On recon- 
naîtra presque toujours cette Aranéide à la disposition 
horizontale de ses mandibules (c’est la seule Araignée 
du littoral qui les porte ainsi dans la généralité des 
individus ; car, dans les régions élevées de l’île, nous 
trouvons la Cluhione et la Doloniède avec cette même 
disposition horizontale des mandibules)^ on la dis- 
tinguera également à sa forme allongée; à sa ma- 
nière de s’étendre dans le repos [protensct), les deux 
paires antérieures des pattes l’assemblées en avant; 
la quatrième paire eu arrière; et la troisième en 
travers, de manière à former une croix. A ces ca- 
ractères il faut joindre aussi sa prédilection exclu- 
sive pour le voisinage des ruisseaux, ou pour les 
lieux humides, quels qu’ils soient. C’est ce qui la rend 
commune à Salazie, et très-commune aussi à Mada- 
gascar; car je l’ai retrouvée en abondance dans la 
province d’Imérina, et même dans la ville de Ta- 
nanarive. 

Le mâle de la Tétragnathe prolongée est un peu 
moins gros que la femelle. Ses palpes sont très-longs, 
dirigés en avant, de couleur jaune rougeâtre. Les 
articles, qui les composent, sont d’abord fins et déliés ; 
puis, tout à coup, leur extrémité se renfle sous la 
foi’me d’une olive ou d’un cône. 


— 253 — 


— Habite les îles de la Réunion, Maurice et Ma- 
dagascar. 

J. -B. Dumont décrit cette Aranéide dans les ter- 
mes suivants : 

— « Araignée tendeuse cylindrique. 6 lignes de 
long. Toutes les parties très-allongées ^ yeux noirs 5 
quatre en carré dans le milieu, les deux antéi’ieurs 
plus rapprochés -, les deux latéraux distants et posés 
l’un devant l’autre en ligne. Mandibules fortes, lon- 
gues, de couleur pâle ; une rangée d’épines brunes 
au côté interne ; les crochets qui les terminent, min- 
ces, longs et aigus, d’un brun foncé. — Pattes min- 
ces ; les antérieures très-longues, dirigées horizonta- 
lement eu avant, ainsi que les secondes 5 d’un gris 
jaunâtre, plus foncé à l’extrémité. — Corselet de 
la même couleur que les mandibules. La masse 
qui termine les palpes dans les mâles, d’un jaune 
tirant sur le bi’un clair. — Abdomen mince, long, 
cylindrique 5 jaune doré, obscur : une ligne médiane 
en dessus d’un brun pâle, qui donne naissance de 
chaque côté à de petites lignes de même couleur, di- 
rigées en arrière. 

» Cette Araignée sera facile à reconnaître, à la 
direction des rpiatre pattes antérieures qui sont éten- 
dues horizontalement en devant, et à la longueur 


— 234 — 

des deux premières paires. La couleur des pattes, 
des mandibules et du corselet est très-pale. L’abdo- 
men est d’un jaune doré, plus vif en dessous 5 les 
mamelons sont à l’extrémité. — Elle file une toile 
sur les sommités des herbes au bord des ruisseaux, 
dans les jai'dins humides. Elle place ses œufs dans 
des cocons sur une feuille voisine de sa toile et elle 
les recouvre d’une enveloppe grise (1). « 

Walckenaer la représente ainsi : « Long. : 5 lignes. 
FemeUe. Mâchoires étroites, très-allongées, renflées 
vers le bout en massue. Mandibules très-longues, 
terminées par une petite épine rougeâtre. Abdomen 
noir avec des taches blanches, longitudinales, formées 
par des touffes de poils blancs. Corselet brun rou- 
geâtre, bordé de blanc. Pattes tx’ès-allongées. Pal- 
pes annelés de blanc et de brun. Pattes brunes avec 
des taches blanches, ne formant pas des anneaux 
aussi réguliers cpie dans les palpes. 

)) Ancien monde. — IMer des Indes. — Ile de 
France. Collection du professeur Laniarck (2). » 
Tétragnathe prolongée. {Tetragnatha protensa, 
Walckenaer. N“ 3.) 


(1) J.-B. Dumont. jVa?mJcn7, 

(2j Walckenaer. ü\ü. naU des Im, ÂpièreSj t. II, page 209. 


GENRE : ULOBORE. {Uloborus, La treille.) 


Ce genre créé par Latreille offre les caractères sui- 
vants : 

Yeux au nombre de huit, presque égaux entre eux, sur 
deux lignes opposées ou écartées. Les yeux la- 
téraux plus écartés entre eux que ne le sont 
entre eux les yeux antérieurs et postérieurs du 
carré intermédiaire. Ligne antérieure des yeux 
occupant le rebord antérieur du corselet, et 
bandeau presque nul. 

Lèvre large, arrondie, semi-circulaire ou semi-omlaire. 
Mâchoires plus hautes que larges, resserrées à leur 
base, arrondies et dilatées à leur extrémité 
droite. 

Pattes cdlongées, fortes : la première paire, la plus 
longue , la quatrième ensuite ; la troisième est 
la plus courte. 

Aranéides construisant une toile horizontale, à ré- 
seaux réguliers, en spirale croisée par des rayons et ci 


— 256 — 


mailles très-lâches, L’ Aranéide se tient au milieu, 
renversée, les pattes étendues ; cocon allongé, angu- 
leux (1). 

Ce genre présente, à l’île de la Réunion et à l’île 
Maurice, une espèce qui est fort commune dans tous 
les endroits couverts, habitations abandonnées ou fré- 
quentées. L’Ulobore de l’île Bodrbon est fort bien ca- 
ractérisé par sa couleur gris de plomb, et quelquefois 
gris pâle ou gris rose, mais le plus souvent cendré. — 
Sa toile, à orbes concentriques, est lâche et flottante. 
Jamais on ne la rencontre en plein air, mais toujours 
dans les lieux abrités, ce qui la distingue surtout de 
I’Ulobore de Walcrenaer, qui fait sa toile entre les 
roseaux à ciel découvert. 

L’existence de notre Ulobore, et d’autres espè- 
ces du même genre à l’île de la Réunion, est la 
preuve que cette Aranéide se trouve en Afrique, ce 
qu’un moment Walckenaer avait révoqué en doute. 

Les œufs de I’Ulobobe, dans nos îles, comme ceux 
du genre, sont renfermés dans un petit sachet de soie 
lilas, à tissu bien fin et délicat, découpé à six, ou 
plusieurs pointes ou angles d’inégale grandeur. J’ai 
trouvé quelquefois deux sachets dans une toile oc- 


(1) Walcken*ver. Uni, naU des Ins. A^ières^ l. II, page 227. 


— 257 — 


cupée par une seule Aranéicle. C’est au milieu de 
ces réseaux que TUlobore tisse à üls lins et rappro- 
chés un petit hamac blanc sur lequel il se tient, les 
pattes antérieures étendues eu avant, et les postérieu- 
res dirigées en arrière. On le reconnaît à ces carac- 
tèi’es, ainsi qu’à sa présence dans les habitations, à 
son aspect mêlé de gris, de blanc et de brun. Sa toile 
est si légère que le moindre vent la fait onduler. — 
J’ai rencontré, en outre, deux espèces d'UroBORE : 
une espèce jaune et l’autre d’un fauve terreux. 


17 


1° Ulobore de l’ile Bourbon. {Uloborus Borhonicus, 

Viiison.) 

(PI. I, fig. 3, 3, a.) 

Long. : 8 — Femelle. 

L’aBclomen est allongé, ovale et gibbeux vers 
son milieu, qui est surmonté d’un tubercule noir, 
conique. A partir de ce point, l’abdomen suit une 
double inclinaison 5 une en avant ^ une en arrière, 
ou il se termine en pointe. Sa coideur est d’un 
gris brun, plus ou moins foncé, et quelquefois cendré, 
plus brun postérieurement vers les filières. 

En avant de l’abdomen une ligne blancliàtre , pâle, 
transverse, va en serpentant se ramifier sur les côtés 
avec les bandes dorsales de même couleur. — En avant 
et au-dessus, séparée par une ligne brune, s’offre une 
seconde bande plus large et plus courte, terminée en 
pointe de chaque côté, interrompue au milieu par un 
trait brun qui va jusqu’au tubercule noir. 

Sur la partie de l’abdomen, inclinée postérieure- 
ment, quatre à six points blancs, comme perlés, sont 
disposés par paires sur deux rangées parallèles. 


— 259 — 


Du centre de l’abdomen partent trois lignes blanchâ- 
tres, mal indiquées d’abord, vagues , comme elTacées, 
mais qui, plus prononcées et s’élargissant à mesure 
qu’elles descendent sur les côtés, circonscrivent des 
anneaux allongés en se ramifiant avec la ligne blan- 
châtre qui vient de la'partie antérieure, et qui semble 
servir de limite entre le ventre et l’abdomen. 

Ventre brun foncé avec un carré long, noir, encadré 
d’un fin liséré blanc, régulier. 

Corselet allongé, rétréci en avant, dilaté ensuite : 
brun avec une bande transparente de chaque côté 5 
traversé par une ligne blanche qui s’élargit postérieu- 
rement en demi-cercle et qui, en avant, communique 
avec un petit carré blanc cpii porte les yeux posté- 
rieurs, qui sont noirs. 

Les mandibules sont rougeâti’es. Les pattes et les 
palpes sont annelés de blanc et de noir. 

La paire antérieure est la plus longue et la plus forte, 
puis la quatrième paire. L’Araignée les tient, deux en 
avant et deux en arrière, étendues sur sa toile. Son 
cocon anguleux est de la couleur d’un sac de soie lilas 
ou rosée. 

Mâle. — Plus petit que la femelle ; l’abdomen plus 
brun et moins gibbeux, plus cylindrique; ses palpes 
sont enflés en forme d’olive. 


— 260 — 


Cet Ulobore est très-commun clans les caves, clans 
les habitations, clans les lieux sombres. — Quoique 
nocturne, cette Aranëicle n’est pas ti’ès-velue. Elle 
habite également les îles de la Réunion, Maurice et 
Madagascar (Tamatave). 

J. -B. Dumont ne devait pas omettre de décrire 
une Aranéide aussi répandue. 

Voici cette description: 

— K Araignée tendeuse, petit deuil ou à pattes éten- 
dues. 3 ou 4 lignes. — Noire, tachée de blanc. Cor- 
selet petit, allongé, un peu élargi ^ une bande blanche 
peu apparente en dessus^ bordé de même couleur. Yeux 
uoirs, posés sur deux lignes ; palpes annelés de noir. 

» Abdomen gros, ovale, un peu allongé, prescpie cy- 
lindrique. Noir : quatre points blancs en dessus, onclé 
de même couleur sur les côtés. La base est saillante, 
arrondie, tournée en haut, nuancée de blanc, sur- 
montée d’un petit mamelon noir. — Mamelons gros, 
noirs, placés à l’extrémité de l’abdomen. — Pattes 
assez grosses, irrégulièrement annelées de blanc ^ les 
cpiatre antérieures étendues horizontalement en de- 
vant, comme Y Araignée pattes étendues de rEncyclo- 
pédie. — Elle file une toile lâche et se tient dans le 
centre , sur une partie de la toile plus blanche et plus 
fournie. Cette Araignée enferme ses œufs dans une 


— 2G1 — 


coque d’environ quatre lignes de diamètre, d’un violet 
pâle, opaque, très-convexe d’un côté, presque plane de 
l’autre. Son contour est entoui’é d’angles aigus, qui lui 
donnent la forme étoilée. J’ai trouvé ces coques au 
nombre de deux, placées verticalement sur le bord 
d’une toile. Très-commune dans les maisons (1). » 

2° Ulobore jaune doré. (JJlohorus aureus, Vinson.) 

Plus petit que le précédent , il s’en rapproche 
par des formes analogues ^ il a la couleur générale de 
l’Araclinoura (Voir à la fin de cette monographie), ou 
de l’Épéire isabelle. 

Long. : 5“” 1/2. — Femelle. 

Corselet jaune isabelle, avec de longs poils, d’un 
jaune plus clair, blanchâtres. Yeux noirs, gros; la 
rangée postérieure formant une courbe postérieure- 
ment concave, de façon que les latéraux des deux lignes 
sont très-écartés. 

L’abdomen,- d’un jaune isabelle doré, est gibbeux 
sur le dos, pointu postérieurement ; sur la partie la plus 
élevée se détachent deux tubercules coniques d’un jaune 
orangé vers le sommet. Une ligne médiane d’un brun 
cendré, plus avancée en avant, sépare ces tubercules. 


(I) «T. -B. Dumont. ^ïanmcrü. 


— 262 — 


Les côtés et le ventre sont du même jaune que le 
reste, ainsi que les pattes. La première paire exté- 
rieure, plus longue que les autres, est forte, arquée \ 
V extrémité antérieure de chaque tibial est chargée de 
poils nombreux sous forme de pinceaux, raides et hé- 
rissés, plus fournis et noirâtres en dessons. 

Les mandibules sont dhm brun rougeâtre. 

Les palpes courts sont jaune Isabelle 5 les mâchoi- 
res et la lèvre d’un jaune un peu verdâtre. 

J’ai trouvé celte Aranéide en octobre, dans un 
jardin, près de sa toile qu’elle avait dressée entre 
les feuilles sèches d’un Vangueria edulis , sous l’une 
desquelles elle se tenait. — Elle est assez rare et me 
paraît se rapprocher un peu de I’Ulobore jaune (Ulo- 
borus jlavus , Savigny), qui appartient également à 
l’Afrique et que Savigny a rencontré dans les jardins 
du Caii’e (1). 

3“ Ulobore des vanilliers. ( Uloborus 'vanillarum , 

Vinson.) 

Cet Ulobore est la plus petite des trois espèces qu’on 
trouve à l’île de la Réunion. 

(1) Savigny. Description de l’Egypte. HisL nat. Arachnides^ explication des 
pl., page 117, pl. Il, fig. 1 et 2, t. XXII, page 322, édit. in-8°. — Walckenaer. 
Hist. des Ins, Altères , t. II, page 229. 


— 263 — 


Long. : 4'""’. 

La couleur uniforme est d’un fauve terreux très- 
sombre. 

Abdomen relevé en avant, incliné en arrière, 
surmonté de deux tubercules latéraux sur le tiers 
antérieur : il est fauve noii’àtre avec quelques poils 
d’un roux doré, et de petites tacbes noires au cen- 
tre, au nombre de deux ou trois en long, sur l’ab- 
domen. L’extrémité postérieure est légèrement bifide. 

Le corselet est rond, de la même couleur que l’ab- 
domen j couvert de poils fauves. 

La première paire de pattes est remarquablement 
plus forte et plus longue’ que les autres : son fémo- 
ral est renflé dans le milieu, le cubital est très-fort 
et hérissé de poils nombreux et épais sous forme de 
houppes, dans son tiers inférieur; elle est de la cou- 
leur de l’abdomen et du corselet; mais l’extrémité, 
d’un jaune blanchâtre, est transparente et très-déliée. 

Cette petite Aranéide a les yeux très-noirs et lui- 
sants; la rangée postérieure est composée d’ocelles 
plus grosses ; celles de la rangée antérieure sont 
plus petites. Elle fait une toile fine et lâche entre 
les gousses ou les feuilles des vanilliers. 







GENRE : LINYPHIE. {Linyphia, Latreille.) 


Ce genre, établi par Latreille, a pour étymologie iwov, 
lin, ûçaivu, je file. Les Linyphies présentent les carac- 
tères suivants : 

Yeux, au nombre de huit, presque égaux entre eux, les 
intermédiaires postérieurs plus écartés entre eux 
que ne le sont entre eux les intermédiaires anté- 
rieurs. Les yeux latéraux soiü rapprochés ou 
connicents . 

J^èvre triangidaire, large à sa hase. 

Mâchoires droites, carrées, écartées entre elles ou s’in- 
clinant léaèreme/it sur la lèvre. 

U 

Pattes cdlongées , fines; la première jyaire est la plus 
longue, la seconde ensuite, la troisième est la 
plus courte. 

Ces Aranéides sédentaires fiont une toile à tissu serré, 
horizontale , surmontée d’une autre toile à réseaux ir- 
réguliers, fiormés par des fils tendus sur plusieurs plans 
différents , et qui se croisent en tous sens; se tenant le 


— 266 — 

plus souvent sous la toile horizontale dans une posi- 
tion renversée, les pattes allongées en avant et en ar- 
rière (1). 

Les îles de la Réunion et Maurice renferment plu- 
sieurs espèces dans ce genre. Ces Aranéides, du moins 
pour celles qui habitent nos îles, offrent les plus 
grandes affinités avec les Épéires, dont elles ont la forme 
allongée et gracieuse, la disposition des yeux, les cou- 
leurs variées et brillantes. Ce sont les miniatures des 
Epéires. 

Avant même de connaître le lieu où les classait 
Walckenaer, en les étudiant ex professo, je les avais 
considérées comme de petites Épéires, qui devaient 
prendre place près de ce genre si nombreux. 

Aussi je n’hésite pas à comprendre toutes mes Li- 
NYPHiEs dans la famille des LINYPHIES EPÉIRIDES, 
formée à si juste titre par Walckenaer : seulement, 
comme je tiens un grand compte de l’étude et de 
l’observation des mœurs, comme un perfectionne- 
ment des classifications, je subdiviserai la famille des 
LINYPHIES ÉPÉIRIDES en PARASITES et en 
INDÉPENDANTES. 


(1) Walckenaer. Hisi. nat. des Ins, Altères, T, II, page 2 33. 


— 267 — 


Je suis autorisé, par Texemple de Walckenaer lui- 
méme, à ranger mes Linyphies parmi les ÉPEIRIDES, 
car deux d’entre elles, nommées et décrites par cet 
auteur, sont ainsi classées, ce sont : la Linyphie zo- 
NÉE et la Linyphie augyrode, pour lesquelles cependant 
on aurait pu former, je crois, un genre nouveau. 


FAMILLE : LES ÉPÉIRIDES. (Walckenaer.) 


1" RACE : LES PARASITES. {Parasitée,.^ Vinson.) 

Ces Aranéides se distinguent et se séparent de tontes 
les autres par leur caractère éminemment pai’asitaire. 
Ou ne les rencontre jamais isolées : c’est toujours sur 
les extrémités et même au sein des grandes toiles des 
grosses Aranéides qu’elles tissent leurs petits réseaux. 
C’est entre les fds des Épélres dorées, des Épéires 
noires et des Gastéracantlies qu’elles liahitent. Celles-ci 
ne paraissent nullement les inquiéter et vivent avec 
elles en parfaite intelligence : leur nombre est sou- 
vent très - multiplié sur une même et grande toile 
d’Épéii’e. Ces Aranéides singulières sont d’ime pe- 
tite taille, présentent les yeux disposés à peu près 
comme ceux des Épéires elles-mêmes, ont de belles 
couleurs d’or et d’argent, que leur présence habituelle 
à la lumière développe avec éclat. Ces rapproche- 


— 269 — 


ments, qui justifient le nom de famille ajoute à leur 
genre, m’avait conduit, à priori, à les confondre avec 
les Épéires. 

La présence de ces Aranéides parasitaires , comme 
on devait le penser , n’est pas tout à fait désintéressée : 
nous l’avons dit en montrant combien l’instinct les 
poussait à recliercber dans les grandes toiles un abri 
protecteur contre les oiseaux et leurs ravages. Mais 
aussi cette présence est loin d’être innocente. Ayant 
rencontré sur la toile d’une jolie Epeira opuniiæ, qui 
avait déjà pondu un cocon, trois petites Linyphies 
parasitaires, j’enlevai, sans rien déranger, la proprié- 
taire légitime. Le lendemain , une des Argyrodes 
avait troué le cocon de l’Épéire absente et en dévo- 
rait les petits à peine éclos. 

Cette race comprend trois espèces : 

» 

1“ Linyphie parasite {Linjphia parasita, Vinson). 
(PI. XI, fig. 2.) 

Long. : 5 à 7"""; le mâle un peu plus petit. 

Corselet rouge, brillant, glabre. Une dépression 
centrale et des l'ayons très-distincts. La tête est comme 
surmontée d’un rostre noir, proéminent, qni porte les 
quatre yeux qui forment le carré intermédiaire, deux 


— 270 — 


en avant , deux en arrière, plus écartés ^ chaque œil 
situé aux quatre coins d’un carré noir (Il faut examiner 
ces détails au microscope, sans quoi il y a confusion). 
Les yeux latéraux sont accolés : on les dirait sur les 
deux faces d’un petit cône, et se touchant par leur ex- 
trémité supérieure. 

Abdomen très -allongé, ellipsoïde vu en dessus, 
triangulaire vu de profil à cause du renflement ventral 
à l’extrémité duquel se trouve la saillie des filières. — 
Couleur rouge vermillon avec deux raies obliques d’un 
beau jaune d’or sur les côtés, recourbées en haut et se 
réunissant sur le dos. 

Ventre rouge vermillon ^ une bande transversale 
noire en dessous au-devant des filières : plus en arrière, 
trois points noirs disposés en triangle. 

Pattes noires, fines, allongées; les antérieures plus 
longues avec le deuxième article jaune marron; les 
autres entièrement noires. Les mandibules sont allon- 
gées, rouges, avec les palpes rouges terminés en brun , 
renflés en olive irrégulière, en forme de trompe évasée 
à l’extrémité, et qvii rentre et sort par la pression du 
l’enflement olivaire de chaque palpe. 


— 271 — 


2“ Linyphie zonée {Lbiyplùa, zonata, Walckenaer). 
(PL XI, fig. 1, 1, a.) 

Long : 5 à 7“” (1). — Femelle. 

Abdomen ovale, allongé, renflé dans son milieu, gra- 
duellement évidé à sa partie postérieure, cpii est rele- 
vée verticalement, et qui présente la figure d’une pyra- 
mide conique allongée. Le ventre forme un angle dont 
la pointe est dirigée en bas, et dont la forme est trian- 
gulaire. Le fond de l’abdomen d’un rouge brun, qu’un 
léger duvet fait quelquefois paraître jaune grisâtre. 

Les côtés ont six raies qui alternent en noir foncé 
et en couleur blanche argentée, avec un petit reflet 
jaunâtre ou doré sur le bord des raies blanches. Une 
demi-raie, entre la deuxième et la dernière, s’arrête 
court sur le dos. La raie ou bande qui est dans le 
milieu de l’abdomen , se recourbe jusqu’aux filiè- 
res, qui sont sous le ventre plus rapprochées du cor- 
selet que de l’extrémité de l’abdomen. — La raie 
de couleur métallique qui est proche du corselet 
est courte j elle se termine en pointe, et n’atteint 
pas celle du milieu, qui va jusqu’aux filières. — Le 


(l) La plus forte Linyphie zonée que j'aie rencontrée avait 7 ™“- la hauteur de 
l'abdomen, des filières au dos, 5™*". 


— 272 — 


dos est d’un rouge brun dans le milieu (la présence 
de petit duvet court , blanchâtre , peut donner à 
cette partie de l’Ai’anéide conservée la couleur gris 
sale indiquée dans la description de Walckenaer). 
Sur les côtés sont des traits (ou des points) argentés for- 
més par des raies latérales dont l’extrémité commence 
à côté du dos. (De ce nombre la demi-raie qui existe 
entre la deuxième et la troisième raie argentée, l’ouge 
en dessous du ventre.) Les raies ou bandes latérales 
noires se réunissent sous la forme d’un V. Les filières 
sont rougeâtres avec les extrémités brunes. 

Le corselet est petit, glabre, allongé, rougeâtre, 
bombé vers la tête, qui est noire et proéminente. Le 
bandeau est grand et rougeâtre comme dans la Lixy- 
PHiE PARASITE. Le sternuiii est rouge brun ou noirâtre. 

Les mandibules sont droites et tombent perpendicu- 
lairement 5 elles sont d’un rouge pâle. — Les mâchoires 
sont droites, écartées, à côtés droits et parallèles, mais 
s’élargissant vers leur extrémité, qui est large et carrée. 
— Ces mâchoires sont rougeâtres ainsi que la lèvre, qui 
est grande , triangulaire, large à sa base, émoussée ou 
arrondie à son extrémité. Les pattes sont allongées, 
fines. La première paire surpasse de moitié la seconde 
en longueur : celle-ci est ensuite la plus longue, la 
troisième est la plus courte. Ces pattes sont brunes. 


— 273 — 


mais le tibial de la première paire est d’un jaune pâle. 
Cette pi’emière paire a 14““ de longueur. 

Walckenaer, qui donne la description de cette Liny- 
PHiE dans son Histoire des Ins. Hpt.^ p. 282, tom. II, 
dit que cette Aranëide a été envoyée de File de France 
par Desjardins, et qu’il a dû la classer dans les Liny- 
PHiES, à cause de la conformation des mâchoires et de 
la lèvre. 

Parmi les Linyphies zonées, il y a beaucoup de varié- 
tés pour les couleurs de rouge, d’or et d’argent : on en 
rencontre même qui sont jaunes(l): J. -B. Dumont dé- 
crit celle-ci de la manière suivante : — « Araignée ten- 
deuse conoïdale : 4 lignes de long. Corselet très-petit, 
d’un jaune d’ambre un peu rougeâtre. Yeux noirs très- 
rapprocbés; les palpes de la même couleur que le corse- 
let. Abdomen gros, formant nn cône circnlaire dont la 
base arrondie est tournée en avant ^ l’extrémité pointue 
et d’un jaune vif. Le dessus d’un brun jaune ^ le dessous 
d’un beau noir. Les côtés marqués de bandes blanches 
argentines qui s’étendent jusqu’en dessus ^ mamelons 
noirs placés sous la base. J’ai trouvé, dit-il, cette Arai- 
gnée sur la toile de l’Araignée tendeuse géante {Epeira 
inourata). Les deux yeux latéraux confondus (2). » 

{1) Toutes ces zones argentées ont souvent un reflet doré , surtout sur leur con- 
tour. — (2) J. -B Dumont. Jl/anuscrù, 


18 


— 274 


3“ Linyphie argyrode. {Linyphia argyrodes, 
Walckenaer.) 

(PL XI, fig. 3.) 

Long. : 5 à 6'""'. 

« Abdomen ovale allongé, renflé dans son milieu, 
graduellement évidé à sa partie postérieure, perpen- 
diculaire, c’est-à-dire, qu’il est relevé verticalement, 
et qu’il présente la figure d’une pyramide conique 
allongée •, le ventre forme un angle dont la pointe 
est dirigée en bas. Cet abdomen est de couleur mé- 
tallique d’argent le plus brillant, et vu à la loupe 
il est semblable à l’écaille de certains poissons. Il 
y a une raie noire longitudinale dans le milieu du 
dos, croisée par une petite bande de même couleur, à 
la partie postérieure. Toute la partie qui touche au 
corselet est brune ou noire, et en dessous des filières 
ce noir se siibdivise en une sorte de patte d’oie qui 
par sa couleur tranche avec la couleur d’argent métal- 
lique. Le corselet est allongé, étroit et comme cylin- 
drique ', il se rétrécit graduellement vers la partie pos- 
térieure et s’arrondit vers la tête (1). » Il est brun et 
luisant, glabre avec quelques dépressions. J’ai trouvé 


(1) WALCKENAEn I/isl. fiat, des /fis, Aptdrrs, lom. II, p. 282. 


— 275 — 


des Linyphies argyrodes chez lesquelles le corselet et 
les pattes étaient rougeâtres ou d’un brun rougi et la 
tache d’argent postérieure denticulée en haut. — 
Lèvre et mâchoires brunâtres; les mâchoires sont 
légèrement inclinées sur la lèvre : celle-ci est ar- 
rondie, bombée ainsi que les mâchoires qui sont 
allongées, non dilatées et à côtes parallèles, jusqu’tà 
moitié de leur hauteur, et évidées vers leur extré- 
mité. — Le bandeau est gi’and. Les yeux sont pla- 
cés en dessus du corselet. Les quatre intermédiai- 
res sur les côtés d’une élévation brune et luisante: 
les latéraux sont rapprochés et au niveau des in- 
termédiaires d’en haut (même un peu en arrière), 
sur une élévation, mais séparés des quatre inter- 
médiaires par un intervalle (qui est creusé comme 
le bas d’un sillon). Ces yeux latéraux sont sur le 
côté et non de face (un peu obliquement) et sur une 
ligne un peu divergente de la ligne intermédiaire. 

Walckenaer, à qui j’emprunte encore le reste de 
cette description qui se rapporte parfaitement à nos Li- 
nyphies d’argent et d’ébène, avec de très-légères nuan- 
ces que j’ai dû corriger parce qu’elles paraissent être 
l’effet de l’altération qui suit toujours les conserva- 
tions, avait cette Aranéide dans sa collection et con- 
tenue dans une bouteille qui renfermait plusieurs 


276 — 


Arailéides de France. Cependant il pensait qu’il 
était possible qu’elle lui fût venue de la Guade- 
loupe ou de l’Algérie. Il était incertain. Comme il 
venait de décrire la Linyphie zonée, qui lui avait 
été envoyée de l’île de France, il est bien plus 
probable que celle-ci en pi'ovenait aussi. Du reste 
la Linyphie zonée et la Linyphie argyrode se trou- 
vent souvent ensemble sur la même toile des 
grandes Épéires, et il arrive que le collecteur les 
recueille en même temps. 


— 278 — 


plus pâle encore : les antérieures sont de moitié 
plus longues que les secondes : la troisième paire est 
la plus courte. 

Les yeux sont noirs : quatre en carré, les laté- 
raux unis. 

Le dessous, les palpes, les mâchoires, la lèvre son l 
de la même couleur que le reste* et représentent les 
caractères des Linyphies. 

J’ai trouvé cette délicate et très-petite Aranéide dans 
les feuilles d’un rosier Laniarck à Saint-Denis : à di- 
verses fois je m’en suis procuré plusieurs exempl-aii'es. 
Elle jette de petits fils irréguliers, se tient étendue, les 
pattes allongées dans la feuille ou sous son revers. — 
Le mâle, un peu plus petit que la femelle, et lui ressem- 
blant en tout, ne s’en distingue que par sou moindre 
volume, et ses palpes renflés à leur extrémité. Je les 
ai presque toujours trouvés non loin l’un de l’autre. 

2° Linyphie dorée. {Linjphia inaurata, Vinson.) 

Long. : 5“”. Femelle. 

Foi’ine gibbeuse de l’Ulobore dont elle a le volume, 
mais elle en diffère par les yeux dont les latéraux sont 
conjoints au lieu d’être écartés. Puis la quatrième 
paire des pattes est la troisième en longueur, tandis que 


— 279 — 


dans l’Ulobore elle est la deuxième paire plus longue : 
comme elle cependant, cette Aranéide présente deux 
petits tubercules sur la gibbosité abdominale. 

Abdomen ovoïde bombé en dessus, gibbeux, avec 
deux petits cônes ou tiibercules. Sa couleur est un fond 
d’or avec éclat métallique argentin, comme le drap 
d’or. Sur ce fond règne une série infinie de lignes fines, 
brun-marron, qui descendent de chaque côté de l’ab- 
domen en se réticulant avec des lignes transversales 
moins marquées, de sorte que cet ensemble, vu au mi- 
croscope, présente le dessin d’une charmante résille 
marron-vif entrecoupant un fond d’or brillant. 

Le corselet est pi’esque piriforme, d’un jaune mar- 
ron très-clair, bordé de chaque côté d’une ligne brune : 
au centre du corselet deux lignes pareilles marchent 
parallèlement vers les yeux intermédiaires. 

Sur les côtés de l’abdomen quelques taches allon- 
gées brun-marron. 

Sous le ventre une bande noire insérée entre deux 
traits d’or vif et parallèles. Pattes fines, allongées, 
marron clair : les antérieures plus longues, puis la 
deuxième paire, puis la quatrième. — La troisième 
est la plus courte. Les yeux sont noirs, bien distincts : 
les intermédiaires (antérieurs et postérieurs) forment 
un carré parfait : les latéraux sont très-rapprochés. 



GENRE : THÉRIDION. {TJieridion, Walckenaer.) 

Ce genre d’Aranéides a été établi par Walckenaer. 
Ses caractères distinctifs sont : 

Yeux, au nombre de huit presque égaux entre eux, sur 
deux lignes plus ou moins convergentes ; les 
quatre intermédiaires placés en carré ; les laté- 
raux séparés ou rapprochés entre eux. 

Lèvre courte, plus large à la hase, triangulaire ou semi- 
circulaire , 

Mâchoires allongées, étroites , inclinées sur la lèvre, 
convergentes a leur extrémité. 

Pattes allongées, fines; la première paire est le plus 
souvent la plus longue, la quatrième ensuite, 
qui surpasse souvent la première en longueur., 
la troisième est la plus courte. 

Aranéides sédentaires , formant une toile à réseaux 
irréguliers composés de fils qui se croisent en tous sens 
sur plusieurs plans différents (1). 


(1) Walckenaer. Uni, nal* des Ins, Aptères, t, IT, page 285. 


— 282 — 


Ce genre renferme pour l’île de la Réunion deux 
espèces' intéressantes : l’une qui se range parmi les 
Aranéides nocturnes : elle se tient dans les vieux pa- 
quets, à l’ombre , et dans les recoins obscurs en com- 
pagnie des Scytodes^ l’autre, au contraire, qui est 
diurne, et qu’on trouve sous le revers des feuilles •, elle 
étale d’un bord du limbe à l’autre de petits fils très- 
fins et irréguliers, au milieu desquels elle place son 
petit cocon globuleux. La première est un peu plus 
forte que la seconde, qui est très-petite. Toutes deux 
se rencontrent assez fréquemment. 


I 


— 283 — 


1®Théridion de l’ile Bourbon {Theridion Borhoni- 
cum^ Vinson). 

(PI. XlVjfig. 6.) 

Long. : 5""". 

Aspect général. — Coi'selet et pattes d’un jaune rou- 
geâtre; abdomen d’un gris brun. 

Céphalothorax ovoïde, en forme de cœur; tête petite, 
portant à son extrémité antérieure, sur deux rangées, 
les yeux dont les latéraux sont connivents ; leur cou- 
leur est d’un vert glauque avec des reflets violâtres par 
incidence, ils paraissent être d’égale grandeur, surtout 
le carré intermédiaire. (PI. XIV, fig. 6, a.) 

Le corselet est arrondi sur les côtés et postérieure- 
ment, bombé en dessus, d’un jaune d’ambre rou- 
geâtre. 

Les pattes fines et allongées sont de la même cou- 
leur jaune rougeâtre, sétacées ou bien armées de petits 
poils raides, fauves et nombreux. La première paire 
est la plus longue ; la quatrième, moins ; la troisième 
est la plus courte. 

L’abdomen est ovoïde, recourbé en arrière, bombé 
en dessus, terminé en pointe en bas ; sa coxdeur, diffé- 
rente du thorax et des pattes , est d’un gris blanchâtre 


— 284 — 


ardoisé, avec des stries, des marbrures ou des taches 
brunes foncées. Il est recouvert de petits poils soyeux. 
Le ventre est d’un gris fauve ; les filières coniques et 
allongées occupent en dessous l’extrémité de l’abdo- 
men ; elles sont entourées d’un cercle brun qui se pro- 
longe sous le ventre. 

La poitrine a la forme d’un écusson triangulaire de 
la même couleur que le dessus du thorax. 

Les mâchoires sont longues, éti’oites en bas, très- 
dilatées à leur extrémité supérieure ^ elles sont rouges 
et terminées en brun. 

Les palpes sont allongés et très- velus 

On trouve cette Aranéide dei'rière les vieux meubles 
dans l’ombre en compagnie de la Scytode thoracique ; 
elle a les mêmes mœurs, la démarche égale; elle jette 
des fils irréguliers et très-fins, et forme un cocon glo- 
buleux terminé en pointe supérieurement et de cou- 
leur marron. 

Cette Araignée, dont les mœurs sont essentiellement 
nocturnes, habite l’île de la Réunion 

2“ Théridion diurne {Theridion diurnum, Vinson). 

Corselet petit, arrondi, de couleur jaunâtre. 

Abdomen ovoïde, jaunâtre, avec des bandes longi- 


— 285 — 


ludinales formées par de petites taches brunes carrées, 
séparées les unes des autres ; il est recouvert de petits 
poils d’un jaune hlaiichâtre et nombreux. 

Les yeux rangés sur deux lignes sont disposés de la 
manière suivante : quatre eu carré intermédiaire et 
deux de chaque côté, conjoints. 

Cette petite Aranéide se tient entre le limbe des 
feuilles, sous leur revers , où elle tisse des fils irrégu- 
liers et très-fius; sou cocon est petit, fauve et globuleux. 

Il sera toujours facile de reconnaître cette Aranéide, 
qui est une des plus petites que possède l’île de la Réu- 
nion, parles bandes abdominales fermées de petits 
carrés bruns et longs rangés eu ligne à la suite les uns 
des autres. 




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GENRE : ARACHNOURE. {Arachnoura, àpay^wi, 
araignée 5 oùpà, queue, Vinson.) 


J’ai cru devoir former un genre nouveau avec 
l’Aranéide que je reproduis ici dans ses détails et avec 
la plus scrupuleuse vérité. Je l’ai rencontrée pour 
la première fois dans mon jardin à l’île de la Réu- 
nion (Saint-Denis). Elle s’éloigne tellement des au- 
tres Araignées par sa conformation si singulière et 
dont je n’ai trouvé d’exemple nulle part, que je me 
crois vraiment autorisé à fonder le genre Arach- 
noure des mots grecs si simples : âpayj/i, araignée, 
o’jpà, queue. — Araignée-queue. 

Caractères : 

Yeux au nombre de huit : quatre formant un carré 
intermédiaire, dont les deux postérieurs sont 
très-rapprochés ; quatre yeux latéraux, dont 
deux pour chaque coté, sont bien séparés en- 
tre eux et distants de ceux du carré intermé- 
diaire, quoique placés comme eux sur deux 


— 288 — 


Lignes, les antérieurs correspondants aux pos- 
térieurs. 

Mâchoires courtes, petites, triangulaires, écartées en- 
tre elles, émoussées a leur extrémité. 

Lèvre large et arrondie. 

Maiidiljules effilées. 

Palpes longs et recourbés en crochets dans le repos. 
Pattes moyennes ou peu allongées : la deuxieme paire 
parait la plus longue ; la première et la qua- 
trième à peu près de même longueur que la 
deuxième ; la troisième paire est la plus courte. 
f /abdomen est mou {comme chez les Epeira), et nest 
pas revêtu d’une surface résistante ou test 
{comme chez les Plectana). 

(Quelle membraneuse, longue et formant l’extrémité 
postérieure de l’abdomen; cette queue est com- 
posée de segments transversaux. 

Aranéide filant une toile horizontale, et se tenant 
au-dessous , suspendue le dos tourné en bas. 

Affinités du genre Arachnoura. Ce genre, jusqu’ici 
composé de l’espèce que je décris, se distingue des 
Kpéires par son abdomen qui présente un prolon- 
gement caudal, par les yeux postérieurs du carré in- 


— 289 — 


termécliaire qui sont très-rapprochés et posés ainsi : o o. 
Le reste du système oculaire subit la même dispo- 
sition que pour les Épéires : Les yeux latéraux pa- 
raissent plus écartés entre eux qu’on ne les rencon- 
tre dans le grand genre Epeira. 

Rapprochée des Gastéracanthes par ses deux épi- 
nes antérieures, par ses pattes dont la quatrième paire 
est longue, l’Aranéide qui compose ce genre s’en éloi- 
gne par le prolongement caudal qui la caractérise et 
qui est formé non par un appendice coi’né, mais par 
un prolongement membraneux de l’abdomen suscep- 
tible de mouvements divers. 

Elle diffère également de ce genre par son abdo- 
men qui n’est pas résistant, comme pour les Plectanes, 
et en forme de test, mais qui est rond et mou, comme 
dans les autres genres. 

Les mandibules ne sont point bombées et courtes, 
mais sont minces et effdées. 

Cette Ai’anéide ressemble par la forme aux Scor- 
pionides. Ce serait un des éléments de transition 
des Arachnides fileuses aux Pédipalpes {les Scor- 
pionides). C’est ainsi que l’on trouve dans tous les 
grands genres ou dans les familles, ces liens naturels 
qui font penser que la chaîne des êtres forme une ligne 
non interrompue. 


19 


— 290 — 


J’avais donc eu l’idëe, pour me résumer, de clas- 
ser cette Aranéide parmi les Épéires, mais elle s’en 
éloigne, ainsi que je l’ai dit, et paraît également dif- 
férer des Plectanes, où j’étais tenté de la ranger. 
C’est entre ces deux routes que j’ai cru devoir en 
suivre une troisième et former un genre nouveau, en 
tenant compte de la forme de l’abdomen et m’ap- 
puyant de l’opinion de Blainville qui semble penser 
que les yeux et la bouche ne peuvent uniquement 
constituer des caractères de classilication chez les 
Araignées (1). 


(1) «Le tableau présenté par M. Walckcnaer, dît de Blainville, est réellement 
bien ordonné et très-facile à saisir, mais nous pensons que lorsque l’étude des 
Araignées sera plus avancée sous le rapport des organes externes et internes, on 
en viendra à prendre en considération certains caractères qui jusqu'ici ont été 
négligés. » {DicU universel d'hisU nat., t. II, p. 66, art. Araignées.) 


Arachnoure scoRPiONiDE. {Aroclmoura scorpionides , 

Vinson.) 

(PL XIll,fig. 1, 1, a.) 

Long. : 13““ mesurée de la tête à l’extrémité de la 
queue. La queue prend un tiers environ de la lon- 
gueur totale de l’Aranéide. 

Cette Aranéide singulière ressemble parfaitement 
à un petit scorpion de couleur cliamois : elle est 
munie d’une queue membraneuse susceptible d’a- 
baissement et d’élévation, et qui se recourbe égale- 
ment vers le dos ou vers le ventre. N’était-ce l’exis- 
tence des filières qui occupent le dessous du ventre 
et font saillie, l’absence des palpes terminés en pinces 
ou en griffes et la toile horizontale qu’elle file et sous 
laquelle elle se tient renversée, le dos tourné en bas, 
on la prendrait véritablement pour un scorpion jaune 
d’une espèce nouvelle. 

Abdomen long, irrégulier, liasté, bifide en avant par 
deux pointes conicpies, très-aiguës et un peu dirigées en 
avant et en dehors. Entre ces deux pointes une échan- 
crure profonde en foi’me de V. Le dos est plane, l’ab- 


— 292 — 


domen se renfle doucement sur les côtés. — (Sa lar- 
geur est de 4””" dans sa plus grande étendue ti’ansver- 
sale.) — Il se rétrécit ensuite et se prolonge en une 
queue membraneuse longue d’uu tiers de la totalité de 
l’Aranéide. 

Cette queue se compose, vue au microscope sim- 
j>]e, de petits segments transversaux qui se voient 
même sur une partie de la face inférieure et posté- 
rieure de l’abdomen jusqu’aux filières. On y remar- 
que un point brun et enfoncé, et la démarcation 
de la fin du ventre et du commencement de la 
queue (Voir fig. e). La queue se tei’mine par uu 
renflement quinquéfide, formé de quatre petits cô- 
nes courts, arrondis, dont deux sont placés en des- 
sus et en arrière, et deux autres posés en dessous 
et plus en avant. (Voir la même figure.) Entre ces 
quatre saillies sort, à son tour, un cône plus fort qui 
termine l’extrémité caudale. Toutes ces parties sont 
recouvertes de poils à partir de la base de la queue 
jusqu’aux filières ; le ventre en dessous est évidé gra- 
duellement. 

La couleur de l’abdomen est d’un jaune cbamois 
plus clair, et couleur d’ocre blanchâtre, au centre 
de l’abdomen et vers les deux pointes antérieures. La 
queue est plus foncée à partir de sa formation jusqu'à 


— 293 — 


son extrémité qui est jaune orangé rougeâtre. — La 
pointe extrême du cône est blanchâtre (V. pi. XIII, 
lig. 1, f/). — Sur le dos sont deux lignes jaune rou- 
geâtre qui de chaque côté de la queue marchent paral- 
lèlement sur l’abdomen et s’écartent en V pour se di- 
riger vers la pointe des épines antérieures. 

Quatre points enfoncés sur chaque côté de l’ab- 
domen : au milieu et entre eux sont disposés quatre 
autres points enfoncés plus petits. 

Le ventre en dessous est d’un jaune verdâtre 
(vert pistache uniforme) : le cône des filières est très- 
saillant et jaune. 

Sur les côtés de la queue quelques taches d’un brun 
rougeâtre. 

Corselet jaune et grisâtre : une ligne rougeâtre le 
divise en deux, d’avant en arrière, et s’arrête près des 
yeux. — Ceux-ci sont rougeâtres. Palpes et mandi- 
bules jaunes. 

Les pattes, de longueur médiocre et proportion- 
nelle, sont jaunes, avec le digital plus foncé. — Le 
premier article de la deuxième paire est marqué sur 
sa face externe d’un trait longitudinal rouge. La queue 
de l’Aranéide est d’un jaune rougeâtre plus foncé en 
dessous. 

J’ai conservé cette Aranéide assez longtemps dans 


— 294 — 

un flacon où elle faisait une toile horizontale sous 
laquelle elle se tenait. Je n’ai pu savoir à quel 
usage servait sa queue qui m’a paru inoffensive. Par 
la diète, son coi’ps se rétrécissant dans toutes ses par- 
ties, je l’ai mise dans l’alcool pour la conserver. — 
Cette Aranéide est fort rare; je l’ai montrée vivante 
à plusieurs personnes qui l’ont trouvée fort curieuse, 
et notamment à M. Morel, président de la commis- 
sion administrative du Muséum d’histoire naturelle de 
l’île de la Réunion. 



ARANEÆ 


BORBONIOÆ, MAURITtANÆ 

ET 

1IAI>4GA!§€AR1£I1SC;S 

DESGRIPTÆ. 


GENüs : SCYTODES, Latr. 

1. SCYTODES THORACICA, Latr. Colore subflavo-albo. Tho- 
race convexo, insignito lineamentis speciem racliorum, quos 
plané videre est, præbentibus. Abdomine globoso, ciim duobus 
ordinibus nigrorum punctorum in longitudinein directis. Pedi- 
bus exilibus, subflavo-albis aut albo et nigro insignitis. 

Habit. — Réunion. 

2. SCYTODES AMARAIVTEA, 72/25. Colore ainaranteo. Thorace 
supernè convexo, utrinque Compresso, antè proclinato, à poste- 
rioribus altiore. Abdomine globoso, fusco-violaceo, intentiore 
colore quàm thoi'acis et pedum. Pedibus tenuibus, flammeo-ru- 
bris. 

Habit. — Réunion. 

GENüs : LYGOSA, Latr. 

3. LYCOSA MADAGASCARIEIVSIS, 72/25. Magna, colorc ravo- 
fusco; thorace cinereo, colore intentiore ex utrâque parte, cum 
lineâ nigrâ inter oculos posteriores; capite villoso. — Abdomine 
ovato, elongato, cinereo, et maculis nigris signato. — Pedibus ro- 
bustis, ad cursum idoneis, ravis, fulvo-nigro transversè virgatis. 
— Tarsis nigris. 

Habit. — Madagascar. 


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4, LYCOSA VULCAXI, Vins. Tliorace egregiè fuligineo. Abdo- 
mine ejusdem coloris obscuri et funebris, angustiore quàm est 
thorax et nigriore, paulo longiore et pilosissimo. — Corpore 
infrà fulvo-nigro. — Pedibus validis et fuscis. 

Habit. — Réunion. 

b. LYCOSA SALAZfAXA, Vms. Colore fusco-fulvo. Thorace an- 
gusto suprà, longo et compresse ex utroque latere, patentiore in 
marginibus. In medio fascia est dilutè-fusca flava, in longitu- 
dineni directa. In lateribus thoracis duæ sunt maculæ latiores, 
fuscæ, in longitudinem directæ. Abdomine fusco. — Pedibus 
longis, fuscis cum annulis spissè-fulvis. Palpis desinentibus in 
tumorem cordiformem, acutum in extremâ parte. 

Habit. — Réunion. — Currit humi in sylvis inter folia humida. 

6. LYCOSA XIGRA, Vins. Nigra cum colore albo super thora- 
cem et abdomen. Minor et magis nitens quam Lycosa Vulcani. 
Thorace majore quàm abdomen est, patente post, angusto antè, 
fusco aut spissè-nigro, cum parvâ margine albâ ex utroque la- 
tere. Littera V subalba in thorace est. 

Abdomine parvo, ovato, oblongo, fusco aut nigro in unh^ersum, 
nonnunquam cum multis punctulis albis, fascià subalbâ, aut 
duntaxat aliquot pilis albis disseminatis in fundo fusco. Ventre 
dilutè-cinereo ex utroque latere ét infrà. Pedibus exilibus, fulvo- 
fuscis cum annulis nigris. Quartum par longius est quàm alia. 

Habit. — Réunion. — Maurice (Mauritius). 

7. LYXOSA CIXEREA, Vms. Obscurè-cinereo colore ex omni 
parte. Thorace elongato, ovato et orbiculato; parva macula al 
bo-cinerea inest margini posteriori. 

Abdomine parvo, convexo et pilosissimo; faciès supefior si- 
gnata parvis maculis fuscis; basis parvâ fascià nigrâ transversâ 
distincte. 

Pedibus longis ad cursum aptissimis, contectis aliquot pilis 
nigris, spinosis, cum annulis fuscis, nonnunquam parüm 


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manifestis. Habitat in ripis rivulorum et currit in aquà. 

Habit. — Réunion, Maurice (Mauritius), 

GENüS : DOLOMEDES, Latr. 

8. DOLOMEDES BORBONICÜS, Vins. Nigro aut fusco colore, 
longissimis pedibus, quos radiorum modo in lateribus explicat. 
— Thorace magno, orbiculato, piano, latiore quàm abdomen ; 
spissè-fusco cum margine spissiore in lateribus. — Super thora- 
cem, in mediâ parte, fascia est in longitudinem directa, lata, 
fusca, in capite fusa. Hæc fascia dividitur in duas partes æqua- 
les lineâ nigrâ et tenui. 

Abdomine ovato, producto, angustiore quàm est thorax ; spissè- 
fusco cum aliquot parvis lineis albis propè basim; in medio 
macula lata, fusca, terminata ex utroque latere parvà margine 
albâ sinuosâ. 

Pedibus longissimis, fusco-fulvis; cum extremis articulis fili- 
formibus. — Thorace subflavo infrà. — Abdomine infrà pallidè- 
fusco autsub-flavo. — Mandibulisproductiscum unco subrubro. 

Habit. — Réunion. — In aqua lacuum currit et inter montes 
habitat. 

GENUS : SPHASUS, Walck. 

Q.SPIIASUS DUMOlVTil, l'ms. Thoraceoblongo,antè prono, con- 
tecto aliquot lineis fuscis in longitudinem directis. — Abdomine 
fastigato, rotundo ad basim, decrescente usque adextremam par- 
tern, quæ in cumen desinit. Pars superior signatur in medio 
fascia fuscâ in longitudinem directà, compositâ quasi ex multis 
maculis inter se commissis; aliquot lineæ nigræ in lateribus ap- 
parent; pars inferior signatur fascia nigrâ in longitudinem di- 
rectâ. — Mandibulis cinereis, translucidis, cum lineâ nigrâ antè, 
fuscis ad extremum. — Pedibus specularis lapidis colore, quasi- 
translucidis, contextis pilis nigris, spinosis. 

Habit. — Réunion, Maurice (Mauritius). 


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10. SPliASüS LUCASll, Fz/ 25 . Thorace ovato, producto, poste- 
riori parte rotundo, angusto antè. Oculis in spatio nigro dispo- 
sitis; elato, inflato suprà, compresso in lateribus. — Subflavo 
aut viridi, rubro-sanguineo venulis perlustrato. 

Abdomine conico, claro viridi aut fusco flavo. In medio fascià 
longitudinal!, rubro fuscâ, inter duos ordines macularum alba- 
rum, conjunctarum, protensarum circumfusâ. 

Subter fasciâ longitudinali, rubro fuscâ, inter duas albas li- 
neas complexà. 

Pedibus protensis, spinosis, colore in luteum inclinato, macu- 
latis, sub primo articulo, punctis purpureis, et in extremo ni- 
gris; prope articula maculæ sunt nigræ. 

Habit. — Madagascar, 

11. SPHASUS MADAGASCARIEKSIS, Vins, Cephalothorace pa- 
rùm præcedentis dissimili; ad caput elato, ad partem posterio^ 
rem thoracis inclinato, colore viridi translucide, rubro lineato, 
bis largiori quàm abdomen. 

Abdomine angusto, productissimo, <îylindrico, colore claro vi- 
ridi cum argenteo splendore, suprà et in lateribus. In abdomine 
fasciâ longitudinali, magis viridi quàm corpus, cum quibusdam 
lineis rubris tenuissimis et interruptis. 

Pedibus elongatissimis, üavis, nigro maculosis et pilis nigris 
hirsutis. 

Habit. — Madagascar . 

In arbustis inter folia. 

GENüs : ATTUS, Walck. 

12. ATTUS MüSCivORUS, Vins, Thorace longo cum margine 
albâ, in thorace duæfasciæ in lateribus positæ, nigræ, interjectà 
latâ fascià dilutè-cinereâ, latiore ad frontem. Abdomine lato, 
piano, pentagonali, desinente in acumen, trajecto, secundüm 
longitudinem, latâ fascià cinereâ inter duas fascias nigras in la- 


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tcribus positas. Fascia media nigra præbel lineamenta cinerea 
denfcata; et extrema pars hujus fasciæefficit similitudinem floris 
liliacei priscorum scutorum. — Pedibus cuin annulis dilutè- 
cinereis et fuscis. 

Habit. — Réunion, Maurice (Mauritius). 

13. ATTüS ALBO - OCULATüs, Vins, Fusco colore inclinante 
ad violaceum, cum duobus magnis inaculis ocellatis, albis, propè 
fasciam abdomini quæ dilutior est supra. — Duæ maculæ albæ, 
pariter ocellatæ, sed minores in extrema parte. — Oculis nigris, 
metallico et viridi colore nitentibus. 

Habit. — Réunion, Maurice {Madagascar). 

14. ATTUS AFRICAIVÏTS, Vins, Niger cum lineis albis in longi- 
tudinem direclis. Thorace spissè-nigro, maguo, elongato cum 
tribus fasciis albis, quarum duæ latérales, angustiores, in unam 
mediam coalescunt. 

Abdomine ovato, nigro, cum eisdem lineamentis quæ sunt in 
thorace, id est, fascia media et duabus lateralibus, albis, inclu- 
dentibus duas maculas ovatas egregiè nigras. 

In ventris media parte est triangulus uiger. 

Habit. — Réunion, Maurice (i\lauritius), 

15. ATTUS LllXEATüS, Vhis. Tliorace crasso, pianissimo, vio- 
lacée colore in nigrum inclinante, cum margine splendidè fla- 
và. — Abdomine parvo, ovato, oblongo, cooperto lineis in longi- 
tudinem directis, fuscis et flavis. 

Pedibus anterioribus crassissimis, violaceo-nigris, intiis pilo- 
sissimis. Contra tribus parions posteriorum pedum minimis, 
brevibus, dilutc-flavis cum extremâ parte nigra. 

Habit. — Réunio7i, Maurice (Mauritius). 

16. ATTUS VARIABILIS, Vins. Colore aheneo fusco, cum ma- 
culis obliqué directis, aureo-tlavis; nonnunquam æquabiliter 
flavo, præsertim in alto juveni. — Thorace elato, crasso, piano, 
orbiculato, fusco-viridi, cum margine flavâ. — Abdomine ovato, 


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brevi, coiivexo supra et in lateribus, desinente in acumen, aheneo 
fusco, cum fasciâ flavâ antè, duobus punctis ejusdem coloris in 
dorso, et tribus maculis obliquatis ex utroque latere. Conjunctio 
thoracis et abdominis efficitur inter duos arcus nigros, qui con- 
tinuantur aliquantùm spatii subter fascias orbiculatas, flavas 
thoracis et abdominis. — In ventrefaseia est nigrain longitudinem 
directa. Oculi anteriores inserti sunt in fascià subrubrâ. Palpis 
pilosis, albis et hirsutis. Pedibus fuscis cum annulis flavis. 

Habit. — Réunion, Maurice (Maui itius). 

17. ATTÜS LUGUBRIS, Vms. Fusco-niger cum maculis albis, 
obliquatis. — Thoracenigro ; simplexlinea liquidè-alba marginem 
efficit in parte superiore et posteriore; aperta antè. Linea alba 
latior cingit basim thoracis subter circulum nigrum. — Abdomine 
parvo, brevi, fastigato, declixi ad acumen; nigro cum areu albo 
antè. In abdomine duo puncta alba, et aliquot vestigia macula- 
rum obliqué directa, tria utrinque. — Ventre cinereo cum fasciâ 
nigrà in longitudinem directâ. Pedibus nigris, albo annulatis. 

Habit. — Réunion, Maurice (Jlauritius). 

18. ATTITS NIGRO-FÜSCUS, Vins. Colore spissè-nigro. — Tho- 
race spissè-fusco supra et antè, cinereo post; vinoso-fusco ubi 
inseritur abdomini. — Abdomine rotundo antè, ovato in mediâ 
parte, acuto post; colore spissè-fusco suprà, cum duobus lineis 
nigris parallelis, quæ magis expressæ fiunt simul ac deflectunt, 
et in multos angulos exeunt. Sub ventre, ravo colore cum parvis 
lineis punctis fusco. — Pedibus colore pulicoso. Palpis ravis cum 
pilis hirsutis, subalbo-flavis. Oculis nigris. 

Habit. — Réunion, Maurice (Jlauritius). 

19. ATTUS MADAGASCiVRiENSis, Vins. Nigerrimus et cras- 
sior quam Attus lugubris. — Thorace producto, nigro, cum exi- 
guissimo rhombo splendidè albo in medio, pilis niveis formate. — 
Abdomine nigro cum aliquot punctis albis. — Pedibus nigerrimis 

Habit. — Madagascar. 


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20. ATTUS TAMATAVI, Vins. Cephalothorace elato, piano su- 
prà, prono et rotundo à posterioribus, quadratim secto antè. — 
Thorace roseo ; oculis anterioribus et mediis inclusis in quadrato 
nigro; unoquoque binorum oculorum posteriorum posito in 
parvo quadrato nigro, sejuncto. — Abdomine elongato, fasügato, 
bis longiore quàm caput et thorax; flaxo in leniter roseuni incli- 
nante, et obliqué secto quatuor parvulis fasciis, albis, tenuiter 
utrinque nigro marginatis. — Palpis et pedibus leniter roseis. 

Habit. — Madagascar. 

GENüS ; THOMISUS, Walck. 

21. THOMISUS rugOSüS, Walck. Fuscus. Pedibus flavo-ru- 
bris : pellâ rugosâ et tuberculosâ. — Ex insulâ Mauritianà. — In 
Walckenaer, et in collectione Lamarck. 

Habit. — Maurice (Mauritius). 

22. THOMISUS FOKA, Vins. Cephalothorace magno , verru- 
coso; capite antè dentato. — Thorace elato, latissimo, ex utroque 
latere declivo, rubro-fusco. — Abdomine angustiori antè, latis- 
simo in posteriori parte, fusco-rubro et verruculis multis sparso. 
— Pedibus à latere et transversè dispositis, fusco-rubris, spinis 
horridis, subtùs maculosis. 

Habit. — Madagascar (IVIorsus virus habet). 

GENES ; SELENOPS, Léon Dufour. 

23. SELENOPS DUFOURli, Vins. Colore pallido-fulvo, subravo. 
Thorace piano, utrinque rotundo, dilutè-ravo, in marginibus 
maculato, cum fossulà in medio. — Abdomine pianissimo, pa- 
rùm crasso, à posterioribus latiore, ravo cum parvis maculis, 
tigrino. Ad extremum posterioris partis fascia transversa est, 
subalba, cum quinque aut sex dentibus clariùs in margine niger- 
rimo apparentibus. Maudibulis pluridentatis. 

Habit. — Réunion. 

24. SELENOPS MADAGASCARIENSIS , Vins. Cephalothorace 


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pianissimo, pænè circinato, fusco cum maculis intensioribus 

Abdomine pianissimo, ovato, elongato, propè basim largiori , 
l'usco cum maculis intensioribus, inter quas lineæ clariores ; pe- 
dibus fuscis cum annulis tigrinis; subtùs, corpore flavo fusco 
colorato. 

Habit. — Madagascar. 

In tenebris, in domorum mûris ambulat. 

CENUS : PHILODROMUS, Walck. 

25. PHILODROMUS KIVEUS, Vins. Cephalothorace albo ; oculis 
nigris seu rubro-fuscis in duobus ordinibus di.sjiositis. 

Abdomine transversè extenso et niveo splendenti, globuloso et 
striato; pedibus tenuissimis et albis. 

Habit. — Madagascar (Imerinà in provincià). 

GENus : OLIOS, Walck. 

26. OLIOS CAPTIOSÜS, Walck. Cephalothorace cordis speciem 
repræsentante, lanuginem gerente cinereo-albam. Abdomine glo- 
boso rupicapræo colore distincto, cum pilis lanatis, antèinsignito 
duobus nigris maculis inter se junctis, et duobus aliis maculis 
subflavis priores subsequentibus. Subtùs, pectus nigrore pul- 
cherrimo nitct, et venter roseo-rupicapræus est, cum fasciâ ni- 
gerrimâ in longitudinem directà. 

Habit. — Réunion, Maurice (Mauritius). 

27. OLIOS iMERliVENSlS, Vins. Thorace rubro-fusco. Abdo- 
mine cordis speciem repræsentante, rubro-fusco intensiore quàm 
corporis aliæ partes, pilis auratis contexte. 

Pedibus rubi’o-fuscis, robustis; tibiis ettarsis pilosissimis. 

Habit. — Imcrinia, Madagascar. — In hortis inter folia arbus- 
torum. 

28. OLIOS LEUCOSIUS, Walck. Colore aurato-fulvo, plus minus 
diluto distincto. Cephalothorace albo-marginato cum sulcis 


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radiantibus crassioris coloris. Abdomine ovato, in longum pro- 
ducto, fusci coloris dilutè-fulvi, unius et æquabilis, cum punctis 
depressis et aliquoties cum duobus lineis fuscis, multangulis, ex 
utroque latere, super abdomen. Mari est céphalothorax fuscus 
cum litterà V albâ. — Pedes maximi, robusti, aurato-ravi et va- 
lidis pilis muniti sunt. 

Habit. — Réunion, Maurice, Madagascar. 

29. OLIOS aLVDAGASCARIENSIS, Vins. 

Elongatus, fusco-auratus. — Thorace longiore quam largiore, 
in lateribus compresse, piloso, cum duobus fasciis intensioribus. 
Abdomine parvo, ovato, in parte posteriore, largo-fusco-aurato 
cum fasciâ nigro-fuscâ in media parte. 

Pedibus longissimis, robustis tibiis tarsisque attenuatis. 

Habit. — Madagascar (Imerina). 

In domorum mûris per tenebras ambulat. 

30. OLIOS VIRIDIS, Vins. Colore uni formi, in lutcum et album 
inclinato virescente. Cephalothorace magno, cordis speciem re- 
præsentante; flavo-viridi, multis punctis minimis nigro-rufîs 
striato. Abdomine angustiore, longo, viridi et pubescente. Pedi- 
bus eodem colore, in extremis et in tarsis nigro-sublirieatis. 

Habit. — Madagascar. 

In citroimm foliis frequens. 

GENUS : CLUBIONA, Latr. 

31. CLUBI01VA INSULARIS, F?'n5. Colore flammeo-flavo. Cephalo- 
thorace convexo, leviter radiato, flammeo-flavo colore nitido, 
glabro. Abdomine ovato, in longum producto, succineo colore, 
ad dilutè-viridem inclinato ; parùm piloso. Pedibus longissimis, 
flammeo-flavis, cum tarsis fuscis. 

Habit. — Réunion. 

In antris humidis habitat. 


20 


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GENUS : DRASSUS, Walck. 

32. DRASSUS aiAlLLARDll, Vhis. Fulvo-violaceus, serico-niti- 
dus. — Cephalothorace convexo, tàm lalo, imo latiore aliqiio- 
ties quàm abdomen est. Abdomine longo, ovato, fulviore quam 
thorax, cum lanugine læ\i, roseâ nilidâ et sericeâ. 

Pedibus parùm longis, pulvinatis et ad cursum aptis. 

Habit. — Réunion. 

In foliis humidis, corriiptisque, sub lapidibus die se condit ; 
sed per tenebras ambulat. 

GENUS : LATRODECTÜS, Walck. 

33. LA.TRODECTUS MENAVODI, Vins. Niger rubro-maciilatus, 
abdomine rotundo, elato siiprà, in acumen terminato infra, ni- 
gerrimo cum macula rubrâ cinnabaris instar, triangulari, in 
parte posteriore et cujus acumen sursùm directum est. Similis 
macula sanguinea transversè transmittitur in parte anteriore 
abdominis propè basim. Novem minimis punctis albis et rotun- 
dis in dorso rectè disseminatis. Capite et thorace nigris pars’is- 
que. Pedibus gracilibus et nigris. 

Habit. — Madagascar. 

Lethifera putant Madagascarienses hanc araneam inferre vul- 
nera, vehementer formidant et Menavodi appellent, id est anum 
rubrum. 

34. LATRODECTÜS EREBUS, Walck. Niger; amplior quidem 
est quàm L. Menavodi, simillima verô forma et colore nigro ; ex- 
cepte quôd desunt maculæ rubræ et puncta alba. 

Abdomine rotundo, ovato, inflato supra, æquabiliter et splen- 
didè nigro, maculis et punctis omnino carente. Tamen fieri potest 
ut macula rubro-flavescens sub ventre propè basim videalur. Ca- 
pite et thorace minoribus quàm abdomen. Pedibus elongatis et 
tenuibus, nigris , cephalothorace nigro. 


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Hæc aranea quæ multùm accedit ad Latrodectum Menavodi, 
non item formidatur. 

Habit. — Madagascar, 

Habitat inlocis vicinis urbi Tananarive (in provinciàlmerinâ), 
Eam sæpiùs mihi familiæ attulerunt in thecis inclusam. 

GENUS : PHOLCUS, Walck. 

35. PHOLCüS BORBONïCüS, Vins, Colore obscuro-cinereo, aut 
nigro fusco aut dilutè fulvo. Abdomine convexo et molli, crasso, 
gibberoso, maculis nigro-cinereis distincto, cum intervallis cine- 
reis fascias undulatas et obliqué directas formantibus. Thorace 
parvo, rotundo, translucide et livido. Pedibus translucidis cum 
fasciis autannulis elongatis. Trépidât si quis attrectet. 

Habit. — Réunion^ Maurice (Mauritius). 

36. pnoLCüS ELONGATüS, Vins. Thorace cinereo, plumbeo, 
utrinque tuberibus minimis prominente; in media parte in lon- 
gitudinem depresso. Abdomine angusto, longissimo, cylindrato. 
Pars superior repræsentat lineamenta parvi folii elongati, cum 
nervis mediæ partis et laterum albo-cinereis; cum fundo fusco, 
sub specie macularum nigrarum, adversarum et ordine certo dis- 
positarum. Pedibus tenuibus, ut sunt fili; punctis coloris^'albi 
puri in primis articulis. 

Habit. — Réunion, 

GENUS : ARTEMA, Walck. 

37. ARTEMA MAURiTïA, Walck, Abdomine globoso, acuto ad 
anum; fundo pallido cum striis vel fasciis in rhombos dispositis, 
ex utroque latere ordinatiùs. 

Thorace rotundo, complanato, penitùs in medio depresso, 
rubrofulvo. — Fasciàprocurvatâ, productissimâ. 

Pedibus longissimis, pallido-rubris, cum annulis fulcis ad ar- 


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ticulos. Manclibulis brevibus, fastigatis, inter se commissis ad 
basim parvulâ spinà. 

Mas. Abdomine globoso, parvo, muriiio colore. Mandibulis 
extramodum lumescentibus in dorso, bifidatis, et desinentibus 
in acumen acntum, cujus dorsum est munitum parvo scapo cy- 
lindrato, recto, ferente unguem minimum. Parte interiore cavâ 
in formam cochlearis, ut apud quosdam scarabeos, rubro-fuscâ. 
Digitali palporum extra modum amplo, vesiculato, et terminato 
ab instrumento conjunctûs in cochleam retorto. 

Habit. — Maurice (Mauritius). 

GENüS : AGELENA, Walck. 

38. AGELENA BORBONICA, Vins. Color universus pallido-ful- 
vus est, flavus aut subruber. Capite dato complanato et rotundo 
ab lateribus. — Thoracc piriformi, patulo inferiiis, deinde angus- 
tiore et inflato supra ut in Lycosâ ; pallido fulvo cum duobus fas- 
ciis fuscis in lateribus, interjecto spatio dilutiore. — Abdomine 
elongato, ovato, pallido-fulvo, subrubro vel subravo, cum parvis 
maculis fuscis, triangularibus, ordinatè dispositis in très sériés, 
quarum una in medio est, duæ aliæ in utroque latere. In bis la- 
teribus parvæ sunt lineæ brèves, fuscæ, obliquæ et aliæ aliis su- 
perpositæ. 

Pedibus dilutè-fulvis vel subflavis cum annulis pallido-fuscis. 

Habit. — Réunion. 

GENüs : EPEIRA, Walck. 

39. EPEIRA iSABELLAjFzns. Juvenis auro nitet; adulta à flam- 
meo ad fuscum variât. Abdomine formam cordis repræsentante, 
brevi, crasso, antè rotundo et in lateribus, inflato suprà, etpaulu- 
lùmdecliviàparte anterioreadposterioremdesinenteincuspidem. 


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In medio abdomine, fascia est lanceolata ; in medià parte hujus 
fasciæ, binæ ponuntur lineæ fuscæ transversariæ, aliæ aliis su- 
perpositæ. — Ex utràque abdominis parte lineæ sunt transver- 
sariæ, dilutiores aliæ, aliæ spissiores alterné, quæ originem du- 
centes à parte superiore abdominis terminantur infrà propè ma- 
millas istas quibus emittentur fili. 

Thorace alto, compresse ex utroque latere, colore spissè-syrin- 
geo aut rubro-vinoso. Idem color in primo est articule pedum. Sub 
ventre, in quadrato, duæ sunt maculæ nigræ, elongatæ ; in unâ- 
quâque, macula flava minor. — Nocturna est aranea. 

40. EPEIRA LUGUBRIS, Walck. Nigro mixta et alba. — Abdo- 
mine crasse, lato, rotundo ad basim, cordiformi et in acumen 
desinente. In abdomine, duæ lineæ imitantur lanceam dcorsùm 
conversam. Ex utroque latere hujus duplicis lineæ albæ, porri- 
gitur linea ejusdem coloris, multangulaet sertata, unde originem 
ducunt lineæ transversariæ, obliquæ, albæ, quæ sub ventre 
emoriuntur. Lineæ istæ ex fîlis albis constant. 

Pedibus nigris in primo articule, fusco et cinereo mixtis in 
aliis. Ventre infrà spissè-nigro cum duobus punctis subflavo- 
albis. Nocturna est aranea. 

Habit. — Réunion, Madagascar. 

41. EPEIRA MORELll, Vms. Abdomine elongato , ovato, di- 
lutè-flavo. In medio, fasciis inlongitudinem directis, fusco-flavis ; 
in media parte harum fasciarum à latere positarum, sunt qua- 
tuor maculæ nigræ, parvæ, lunatæ, adornatæ circule liquidè-albo. 

Thorace magno, cordiformi, dilutè-ravo. Infra abdomen fla- 
vum; fascia est in longitudinem directa, nigra, inordinata, cum 
tribus maculis albis ex utroque latere. Nocturna. 

Habit. — Réunion. 

42. EPEIRA BORBONIC\, Vins. Cephalothorace lucidè-nigro 
aut crassè-rubro in nigrum inclinante. Thorace exteriùs margi- 
nato subcæruleo. Abdomine ovato, elongato, coloris rubri egre- 


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giè pulchri, nunc fusco-rubri, nunc crassè-carbuaculei ; sæpè 
pleno et nitenteut cerasum maturum. Sub ventre, quatuor sunt 
puncta alba, rotunda ordine certo posita in duobus lineis paral- 
lelis : pedibus longis, robustis, nigris, sed aliquoties subflavo 
transversè maculosis. 

Habit. — Réunion^ Salazia, 

43. EPEIRA LïViDA, Vins, Thorace nigro vel nigro ad rubrum 
inclinante. Capite magno, rotundo cum oculis lateralibus pro- 
eminentibus. Thorace circummarginali, media fossulâ impresso. 
Abdoinine ovato, magno. Colore livido vel nigro cinereo mixto; 
sæpè cæruleo-livido. Pedibus magnis, robustis et nigris. 

Hal^it. — Madagascar. 

44. EPEIRA ASSIDUA, Vins. Thorace rotundo, rubro, glabro, 
cum margine flavâ; color flavus est inter oculos. Capite lato; 
mandibulis et labris subrubris cum duobus punctis flavis quo- 
rum unum propè thoracem, alterum ad cuspidem. 

Abdomine ovato, subviridi, cum lineis fuscis in lateribus ; infrà 
subviridè-flavopallido cum quatuor punctis depressis in medio, 
in longitudinem dispositis. 

Habit. — Mauritius. 

45. EPEIRA IIVAÜRATA, Walck. Capite vasto, convexo, splen- 
didè nigro; mandibulis nigris et robustissimis. Duobus tuber- 
culis erectis in anteriore parte thoracis. Thorace convexo, ni- 
gerrimo, contecto lanugine argenteà in posteriore parte et in 
media quæ est depressa. Abdomine vasto, elongato, angusto 
in parte posteriore, nigro, contecto lanugine argenteà in 
basi et lateribus. Parte superiore abdominis convexo et in me- 
dia parte colore flavo egregiè pulchro. Ventre infrà nigro cum 
fascià pallidissimè-flavâ ad basim. — Pedibus longis , nigris, 
cum pilis rigidis et brevi bus; secundo articulo rubro dilutè- 
fulvo. 

Habit. — Réunion, Mauritius, 


— 3H — 


46. EPEIRA NIGRA, Vitis. Maxima omnibus ex partibus. Capite 
vasto, convexo, splendidè nigerrimo. Mandibulis nigris et robus- 
tis. Duobus tuberculis conspicuè erectis in anteriore parte tho- 
racis. Thorace convexo, nigro, contecto lanugine argenteâ in 
posteriore parte et in mediâ, quæ depressa est. 

Abdomine vasto, elongato, contexto in anteriore parte et in 
lateribus lanugine molli et argenteâ, sed omnino nigro magnâ ex 
parte superiore, convexo et à posterioribus immaculato. 

Pedibus nigris cum mediâ parte femoralis et tibialis rubrâ. 

Habit. — Réunion. 

47. EPEIRA MADAGASCARIEIVSIS, Vins. Colore nigro argenteo 
et aureo disposito magnifîcè. 

Cephalothorace magno, nigro, glabro et lucem reddente; cum 
duobus tuberculis supra thoracem, oculos imitantibus. 

Abdomine maximo, elongato, cylindrato,antè rotundo, à pos- 
terioribus in acumen terminato. 

Lateribus maculas magnas argenteo-albas, inclinatas et resu- 
pinas, separatas aut junctas in fundo nigro, præbentibus. Dorso 
nigro, in mediâ parte, cum lineamentis et punctis aureo-flavis, 
incompositè aut cum ordine certo dispositis. Propè basim ab- 
dominis et supra, inter hæc lineamenta emicat sæpiùs et præci- 
puè macula magna aureo-flava, coronæ impressam imaginem 
repræsentans. 

Pedibus rubro colore conspicuis, nigris ad articules et ad ex- 
tremas partes. 

Habit. — Madagascar. 

48. EPEIRA LATREILLA, Walcli. Abdomine ovato cum quin- 
que fasciis transversalibus, rubris, intersectis ab æquo numéro 
fasciarumnigrarum,'in quibus puncta argentea cum ordine recto 
disposita emicant. 

Mauritius. 

49. EPEIRA MAURITIA, Walck. Thorace contecto lanugine 


— 312 — 


argenteâ, tenui. Abclomine ovato, cum fasciis, colore argent! et 
auri pallidi, quibus lineæ nigræ interjacent. — Pedibus longis, 
annulatis, flammeo-flavo, et nigro crasso, nigris ad extremum et 
nonnunquam omnino nigris. Ventre infra coloris nigri, egregiô 
pulchri ut velueti cum punctis flavis in lateribus ; duobus fasciis 
flavis, in longitudinem directis in inediâ parte, quasi ramosis et 
interruptis ante mamillas; quinque punctis argenteis inter bas 
fascias ; papillis promiuentibus, colore carneo aut subrubro. 

50. EPEIRA, AüSTRALlS, Walch. Tliorace argenteo ; abdomine 
variegato octangulis; dorso cum fasciis xiolaceo-rubris et aliis 
argenteis fasciis, transversè dispositis. Fasciæ rubræ intersectæ 
sunt lineamentis argenteis, longitudinalibus, ut seriem macu- 
larum rubrarum in tribus ordinibus forment. 

Pedibus flayo-rubro et nigro transversè maculosis. 

Habit. — Mauritius? 

51. EPEIRA COQUERELII, Vins. Thorace elongato, ante an- 
gusto, latiore ad basim, albo, et lanugine argenteâ contecto. ■ 

Abdomine inordinato, denticulato a lateribus et ab extrema 
parte quatuor segmentorum quibus constat, penitùs sinuato in 
intervallo liorum segmentorum, et desinente posteriore ex parte 
in cuspidem fastigatam, validam, acutam et nigram. — Primum 
segmentum ante pallido-flavum est; secuudum obliqué divisum 
est in duas æquales pai'tes, quarum anterior est nigra, poslerior 
verô flavo colore fulget , tertium et quartum sensira minora fîunt, 
in cintro splendidè nigra, latusque postero-inferius unius cujus- 
que dentis fert parvam faseiam flavam, quæ non flavam, fas- 
ciam adversam non assequitur, intercedente colore nigro mediæ 
partis abdominis. 

Palpis subrubris. - Pedibus longis, siibcæruleo et fusco va- 
riegatis. 

Habit. — Nossihé. 

52. EPEIRA SANCTI-RENEDICTI, Vins. Parva, nigro mixta et 


— 313 — 


albo. — Abdomine eloiigato, rotundo et latiore antè, angustiore 
ad posteriorem partem, trapezoïdali, crasso,cum latâ maculà ni- 
grâ in abdomine et lineamentis albis, variis, terminatis imagine 
parvulæ crucis albæ, plané expressæ. Thorace rotundo, fusco- 
cinereo. Infrà, fascia est lata, nigra cum margine albà ; triangu- 
lus albus sub thorace. Pedibus albis , brevibus , nigro macu- 
losis. 

53. EPEIRA UNDüLATA, Vins. Abdomine longo, cylindrato, 
rotundo antè, erecto ad acumen, à posteriore parte ubi contra- 
hitur. Colore argenteo lævi et splendente cum lineis in longitù- 
dinem directis, nigris, aut rubro-fuscis, ità ut efflciantur sex 
argenteæ. Pedibus exilibus, subviridibus. Sub ventre duæ sunt 
fasciæ parallelæ, smaragdineæ, cum punctis flavisin fundo nigro. 
Palpis subviridibus, fdiformibus. 

Habit. — Réunion. — In locis herbosis. 

54. EPEIRA OPUNTIÆ, Léon Dufour. « Fumoso-nigra, pilis 
adpressis squamosis albidis subvillosa; abdomine ovato-oblongo 
niveo variegato ; basi utrinque acute bi-tuberculato postice latè 
emarginato (1). » 

Habit. — Réunion, Mauritius, Madagascar. 

55. EPEIRA FLAVA, Vins. Thorace pallidè-flavo vel ravo. Ab- 
domine declivi ab anteriore parte ad posteriorem, rotundo antè, 
bi-tuberculato postice. Colore flavo in roseum inclinante. In la- 
teribus duæ lineæ multangulæ, albæ, immaculatæ; infrà albo 
cum striis cinereis. 

Habit. — Réunion, Mauritius. 

56. EPEIRA PURPUREA, Vins. Cephalothorace roseo cum la- 
nugine albâ. — Abdomine rotundo antè, declivi ad posteriorem 
partem, bi-tuberculato; colore egregiè purpureo, lævi et splen- 
dore antè, desinente in fuscum ad posteriorem partem. Lacinia 


(1) Leon Dufour. Liltera ad auctorem ciijits libri. 


— 314 — 


est splendidè alba inter bina tubercula posteriora. — Pedibus ro- 
seis cum annulis dilutè-fulvis. 

Habit. — Réunion. 

57. EPEiRA TüBERCüLOSA, Vins. Magna, nigra, compressa. 
Insignis multisalbis tuberculis in parte anteriore abdominis dis- 
positis; abdomine ipso nigerrimo.compresso et extenso. Thorace 
magna parte abscoudito. — Gapite quadrato, albis multis pilis 
pubescente, transversè extenso cum spinis posterioribus. Pedi- 
bus nigerrimis, fortibus, dilatatissimis. 

Habit. — Madagascar. 

Super amniculos magnas telas texit. 

58. EPEIRA MITRALIS vel MITRATA, Vins. Subereo colore. 
Gapite quadrato, cum lævi et albâ lanugine. Thorace quatuor 
spinas post oculos ferente. Abdomine à tergo declivo, elato antè 
et ibi in duabus partes metarum modo exsurgente , mitræ 
instar. 

In abdomine multis punctis depressis. Ventre lato, nigro cum 
lineà albâ et curvâ. — Pectore rubro. — Pedibus juxtà corpus 
rubris, deindè nigris infrà et supra cinereo maculosis, latissimis 
et pilosis. 

Habit. — Madagascar. 

GENUS : GASTERAGANTHA, Latr. 

59. GASTERAGANTHA BORBONICA, Vins. Abdomine dentato 
in marginibus cum sex verrucis mamillanis, quarum quatuor 
latérales et duæ posteriores sunt : omnes brevi spinà ex parvo 
couo surgente terminatæ sunt. Binæ verrucæ posteriores positæ 
sunt inferiùs. Abdomine nigro-fusco, cum punctulis rufis, fulvis 
et albis. Duæ sunt maculæ albæ majores in centre similes duobus 
lunis crescentibus, dorsis adversis aut duobus figuris 7 ex ad- 
verso positis. 


— 315 — 


Capite nigro. Thorace tegumine abdominis contecto, ventre 
fastigato. 

Habit. — Réunion. 

60. GASTERACANïnA ALBA, FzVzs. Cephalothorace fusco. Ab- 
domine lucidè-albo; linea dorsalis nigra dividit abdomen in 
duas partes æquales per medium. 

Pedibus nigris. 

Habit. — Réunion. 

61. GASTERACANTHA MAURITIA, TFûM. Abdomine patente, 
munito sex spinis nigris, quarum binæ latérales mediæ sunt lon- 
giores. Tegumine dorsi ochreo-flavo ; decem punctasuntdepressa 
inter binas spinas anteriores ; duo puncta nigra in medio; qua- 
tuor maculæ nigræ inter binas posteriores. In margiue externâ 
posteriore quatuor sunt puncta nigra depressa. Thorace, pedibus 
et ventre nigris cum aliquot maculis subrubris. 

Habit. — Mauritius. 

62. GASTERxVCAA'TnA MADAGASCARIEASIS, Vins. Colore mixto 
albo et nigro cum sex spinis. Pars superior abdominis egregiè 
nigra est, cum lineâ albâ, brevi, in longitudinem directâ, for- 
mante duplicem T, et junctâ antè lineæ albæ, angustæ et trans- 
versæ; post veroad tertiam partem posteriorem abdominis jun- 
gitur ista linea aliæ lineæ albæ, quoque transversæ, sed multo 
latiori et patentiori quam est linea anterior. Ad corporis extre- 
mitatem parva est linea alba, subflavo mixta. Partes extremæ 
harum linearum albarum respondent cuique acumini spinoso 
abdominis. — Thorace nigro. Pedibus minio rubentibusin primo 
articulo et nigris aliis et tarsis. 

Habit. — Madagascar. 

63. GASTERACANTHA FORMOSA, Vins. Flammeo-rubro co- 
lore. Cephalothorace rubro, parvo, margine anteriore contexte. 
Capite elato ; mandibulis rotundis. Abdomine incurvato, anticè 
et posticè duabus spinis munito, sed spinâ longissimâ laterali 


— 310 — 


armato. Maculæ impressæ ordinatè in parte anteriori abdominis 
videntur : quatuor maculæ, sicut ocellatæ, in medio teguminis. 
Pedibus gracilibus brevibusque. 

Habit. — Madagascar, 

GENUS : TETRAGNATHA, Latr. 

64. TETRAGNATHA PROTENSA, Walck, Thorace subrubro- 
lusco. Abdomine nunc nigro cum duabus fasciis albis in longi- 
tudinem directis, sinuosis ex utroque latere; nunc subviridè- 
nigro cum reticulo subalbo in media parte, et fascià sertatà in 
lateribus; nunc ferrugineo-flavo, uno et æquo. — Mandibula 
sunt extensissima, antè directaet divergentes, cum uncis longis- 
siniis et flexuosis. 

Venter niger duabus lineis aureo-flavis in longitudinem direc- 
tis signatur. 

Telam in rivulis et in locis humidis texit. 

Habit. — Réunion^ Mauritius, Madagascar, 

GENUS : ULOBORUS, Latr. 

65. ULOBORUS BORBONlCUS, Abdomineelongato,ovato, 
gibbero in medio, cum tuberculo nigro; ab eo tuberculo, abdo- 
men dejectu rapido antè vergit, circinatur autem in parte poste- 
riore, quæ desinit in acumen. — Colore cinereo cum fasciis albis 
obliquis et transversariis. In eâ parte abdominis quæ post flecti- 
tur, quatuor sunt aut sex puncta alba, quasi baccata, bina dis- 
posita duobusordinibus parallelis. Ventre spissè-fulvo, cum qua- 
drato longo, nigro, quod exprimitur tenui fascià albâ. Thorace 
fusco, elongato, antè angusto, post verô dilatato. 

Réunion, Mauritius, Madagascar, 

66. ULOBORUS AUREUS, Vins. Formâ Uloboro Borbonico si- 


— 317 — 


milis, miiior tamen. — Thorace aüreo cum longis pilis siibalbo- 
flavis. Oculis nigris. — Abdomine aureo-flavo, gibbero in dorso, 
post acuto. Duo tubercula fastigata eminent in summo, interjectâ 
lineâ cinereo-fuscâ. Ventre et pedibus flavis. — In primo pari, 
pars extrema anterior cujusque tibialis abundat permultis pi- 
lis, penicellorum instar dispositis, rigidis et hirtis. 

Habit. — Réunion, 

67. ULOBORIIS VANILLARUM, Vins. Parvus , colore lutoso- 
fulvo, obscuro. — Abdomine antè erecto, post declivi, cum duo- 
bus tuberculis à latere positis in tertiâ parte anteriore; nigro- 
fulvo cum aliquot pilis aureo-rufis et parvulis maculis nigris in 
longitudinem directis ; parte extremâ posteriore tenuiter bifidatà. 

Thorace colore simili abdominis, abondante pilis fulvis. 

Habit. — Réunion. 

GEXüs : LINYPHIA, Latr. 

68. LINYPHIA PARASITA, Vins. Thorace rubro, splendente, 
glabro, depresso in centre. Abdomine productissimo, ovato, si 
spectes suprà; triangulari, si obliqué. Colore minio rubente, 
cum duobus lineis obliquis splendidè flavis aureisque in late- 
ribus. Ventre minio rubente, cum fascià transversâ nigrà infra ; 
posteriora sunt tria puncta nigra triangulum efîicientia. 

69. LINYPHIA ZONATA, IVa/c/i. Abdomine obovato,producto, 
tumescente in medio, gradatim minutiore in parte posteriore ita 
ut efliciat pyramidam fastigatam productam. Abdomine fusco- 
rubro vel ravo. In lateribus sexlineæ alternæ nigro et auro aut 
nigro et albo. 

Thorace parvo, glabro, producto, subrubro, convexe ad caput, 
nigrum et prominens. 

70. LINYPHIA ARGYRODÉS, Walck. Abdomiiie ovato, repræ- 
sentante figuram pyramidis fastigatæ gradatim, minutiore post, 
ubi perpendiculare est, declivi deorsùm et infrà; egregiè nigro 


— 318 — 


cum maculis argenteis, — Thorace fusco; capite erecto et pro- 
minente. 

Habit. — Réunion. 

Habitat in telâ Epeirarum etGasteracantharum. 

71. Li]VYPlll.\ viRiDis, Vins. Abdomine ovato, producto, fas- 
tigato infra; leniter et dilutè-viridi et ferè translucide : totum 
corpus conspersum est punctis viridioribus in quincuncem dis- 
positis. Thorace viridi cum punctospissè-viridi in medio, et duo- 
bus punctis ejusdem coloris antè et post, junctis exutroque la- 
tere lineâ viridi et curvà. — Pedibus productis, exilibus, sub- 
albo-xiridis. 

72. LliVYPliiA AURATA, Fms. Abdomineovato,gibberoso cum 
duobus parvis conis. In fundo splendidè aureo sternitur parvum 
réticulum lucidè-fuscum aut subrubrum. Thorace fusco-flavo, 
lucidissimo cum margine fuscâ in lateribus. In medià parte tho- 
racis, duæ lineæ parallelæ currunt ad oculosmedios. In lateribus 
abdominis aliquot maculæ sunt productæ, fuscæ. Sub ventre 
fascia est nigra inserta inter duas lineas splendidè-aureas et pa- 
rallelas. — Pedibus exilibus, productis, dilutè-fuscis. 

In arbutis. 

Habit. — Réunion. 

GENUS : THERIDION, Walek. 

73. THERIDION BORBONICUM, Vins. Cephalothorace ovato; 
capite parvo cum oculis in duobus ordinibus dispositis et violaceo 
colore nitentibus. 

Thorace rotundo, suprà elato; succini colore rubro-flavo. 

Abdomine suprà rotundo, piloso, setoso, cinereo cum nigris 
obliquatisque fasciis. Ventre fusco-ravo. 

Pedibus elongatis, gracilibus, pilosis et flavo-rubris. Pedes an- 
tici et postici sunt longiores. 


— 319 — 


Habit. — Réunion. 

74. THERIDION DlURlvuM,Fw5.Thoraceparvo, rotundojavo. 
Abdomine obovato, flavescente, cum fasciis duabus in longitu- 
dinem protensis, à maculis fusco-nigris formatis. 

Oculis intermediis in media separatis et lateribus con- 
junctis. 

Habit. — Réunion. 

Sub foliis arbustorum. 

GENUS : ARACHNOURA, Vins. 

75. ARACHNOURA SCORPIONOIDES, Vms. Hæc aranea singu- 
laris simillima est parvo scorpioni colorerupicapræo; mimitaest 
caudâ membranaceâ, quæ licet deprimatur aut extollatur item et 
reflectatur ad dorsum aut adventrem. Excepte eo quod adsunt, 
prominentes infra ventrem, mamillæ istæ quibus emittuntur 
fili, quod adest et tela quam orditur, cuique adhæret resu- 
pinata, dorso deorsum spectante, quod vero absunt palpa 
desinentia in forcipes, eam vere- dicas parvum scorpionem 
flavum novi generis. — Abdomine longo, inordinato, hastato, bi- 
fidato antè duobus aculeis fastigatis, acutissimis, spectantibus 
antè et extra, inter quos lacinia profundæ formam litteræ V imi- 
tatur. Dorsum planum est. Abdomen leniter tumescit à lateribus, 
deindècontractum, in caudam membranaceam longam ad tertiam 
partem totius araneæ, porrigitur. — Color abdominis rupica- 
præo-flavus primum, subalbo-ochræus in medio et ad aculeos an- 
teriores. Cauda colorem intentiorem sumit statim ab origine ad 
extremum, quod est flammeo-flavum subrubrum. In dorso flavæ, 
quæ ab utroque laterecaudæ procurrunt parallelæ in abdomine, 
deflectunt xerô ut pétant acumen aculeorum anteriorum. 

Thorace ravo, bipartite, divise ab anteriore ad posteriorem par- 
tem lineâ subrubrâ quæ propè oculos terminatur. Oculis subru- 


— 320 — 


bris. Palpis et mandibulis flavis. Pedibus flavis cum digitali spis- 
siore. Primus articulas secuiidi paris signatur lineâ rubrà in facie 
externâ. 

Habit. — Réunion, 

Rarissinia. 


TABLE METHODIQUE 


DES MATIÈRES CONTENUES DANS CET OUVRAGE. 


Etude sur l’ârachnologie des îles de la Réunion, Maurice et Mada- 
gascar * . . I 

Division des Aranéides en nocturnes et en diurnes xcix 

Aranéides des îles de la Réunion, Maurice et Madagascar. ... i 

Genre Scytode 1 

Ses espèces 4 

Genre Lycose 13 

Ses espèces 

Genre Dolomède 23 

Espèce unique 25 

Genre Sphase 29 

Ses espèces 31 

Genre Atte 41 

Ses espèces 47 

Genre Thomise 65 

Ses espèces 69 

Genre Sélénops 75 

Ses espèces 79 

Genre Philodrome 85 

Espèce unique 87 

Genre Olios 89 

Ses espèces 93 

Genre Clubione 107 

Espèce unique 109 




21 


— 322 — 


Genre Brasse 

Espèce unique 

Genre Latrodectk 

Ses espèces 122 

Genre Pholque 129 

Ses espèces 132 

Genre Artème 139 

Espèce unique 141 

Genre Agélène 143 

Espèce unique. . . 146 

Genre Épéire 149 

Ses espèces 157 

Genre Gastéracanthe 233 

Ses espèces 236 

Genre Tétragnatue 247 

Espèce unique 250 

Genre Ulobore 255 

Ses espèces 258 

Genre Likyphie 265 

Ses espèces 269 

Genre Théridion 281 

Ses espèces 283 

Genre Arachnoure 287 

Espèce unique 291 

Araneœ Borbonicœ, Mauritianæ et Madagascarienses descriptm . . 297 


TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE 


DES MATIÈRES CONTENUES DANS CET OUVRAGE. 


A 


AGELENx\. Genre formé par Walckenaer 143 

Ce genre comprend une seule espèce à Pîle de la Réunion (Àgelena 

Borbonica) 146 

ARACHNOURA. Genre nouveau formé par l’auteur pour une Aranéide dont 
la forme du corps rappelle celle du scorpion. Les autres caractères la 
rattachent aux Épéires et aux Gastéracanthes 287 

— Scorpionides. Unique espèce propre à Pile de la Réunion. . . 291 

ARAIGNÉES. Sont aussi nombreuses et variées aux îles Bourbon et Maurice. 

Bory de Saint-Vincent regrette de ne pouvoir s’en occuper. . i 
ARAIGNÉES-LOUPS. Latreille est le premier qui les désigne sous le nom de 

Lycoses 13 

ARANÉIDES. D’après l’étude de leurs mœurs on peut les classer en noc- 
turnes et en diurnes. L’auteur est le premier qui les envisage sous ces 

aspects xcix 

ARGENT. (Araignée à bandes d’argent.) Nom sous lequel J,-B. Dumont, dans 
un manuscrit, donne dès l’année 1800 une très-bonne description de 

VÉpéire Mauricienne 19 

Usage du fi! en zigzag qu'on rencontre dans sa toile ... xn 

— Chez VEpeira Maurütay les bandes d'argent sont transversales, elles 

sont longitudinales chez une petite Épéire {Epeira un(lulata\ 207 

ARGYOPE. Impossibilité de conserver ce mot qui eût bien caractérisé les 

Linyphics parasites xxvi 

ARTÈME. Genre créé par 'Walckenaer, qui ne comprend encore que deux 
espèces, dont l'une est spcciaie à File Maurice et ne se trouve pas à 
Pile de la Réunion 139 


— 324 — 


Arteraa Mauritia 141 

ATTUS. Genre formé parWalckenaer, et qui répond au genre Salticiis daLdi- 
Ireille. Les îles de la Réunion, Maurice et Madagascar en renferment 

neuf espèces 41 

ATTUS muscivorus 47 

— albo-oculatus 49 

— Africanus 52 

— lineatus 53 

— variabilis 5G 

— lugubris 48 

— nigro-fuscus 59 

— Madagascariensis 61 

— Tamatavi 62 


B 

BADIER, Était en 1778 voyer et habitant à la Guadeloupe. Il découvrit le pre- 
mier VEpeira fasciatai fut connu de Dazille 196 

BLAINVILLE (Ducrotay de). Auteur des articles Araignées, Aranéides, Ar- 
tème, etc., du Dict, univ, d'hisl. nat,; fait l’éloge de la classification de 

Walckenaer 290 

BORY DE SAINT-VINCENT. Séjourne aux îles de France et de la Réunion, où 

il arrive avec l’expédition du commandant Baudin .... i 

BORBONICA. Épéire qui porte ce nom et qui est propre à l’île Bour- 
bon 170 

— Gasteracantlia Borbonica 236 

BORBONICUS. Epithète spécifique d’un R/iotes 132 

— d'un Uloborus qui cependant se trouve dans les deux 

îles 256 

BOURBON (île). En histoire naturelle, cet ancien nom de l’île de la Réunion 
paraît préféré en raison des nombreuses espèces auxquelles il a été 
attaché depuis longtemps par des naturalistes d’un grand mérite. 
Cette île renferme des Aranéides qui lui sont propres ... lyi 

C 

CATOIRE DE BIONCOURT. Envoie des Aranéides à Paris, fait le premier 
connaître la Gastéracanthe de l’île Maurice, où il a longtemps ré- 
sidé 240 

CLUBIONE. Ce genre, formé par Latreille, renferme pour l’île de la Réunion 
deux espèces qui paraissent n’en former qu’une seule (différentes sou- 


lement par la taille), 
Clubiona insularis 


— 325 — 


107 

109 


D 

DECAEN. Sous ce général, gouverneur des îles de France et de Bourbon (île 
Bonaparte), les femmes de l’île Maurice tissèrent avec les fils de l’É- 
péire dorée [Epeira inaurata) une paire de gants pour être présentée 

à l’impératrice xxiv 

DES JARDINS (Julien). Naturaliste très-distingué de Pile Maurice, comble le 
Muséum de Paris et Walckenaer d’envois variés en histoire naturelle; 
lui envoie l’Épéire assidue {Epeira assidua) 181 

— La Linypliie zonce (Xinj/pAta iroua^a) 273 

DUFOUR (Léon). Aptériste célèbre, crée le genre Selenops. Le Sélénops de 

l’ile Bourbon lui est dédié. {Selenops Dufourii, Vinson.), . . 78 

— Sa bienveillance pour l’auteur de cet ouvrage : extrait de sa 

lettrci 212 

— Décrit, le premier, r^pma opuniîCB 212 

DOLOMÉDE 23 

— Genre créé par Latreille et adopté par Walckenaer; il est voisin des 

Lycoses. Le Dolomède de Pile Bourbon [Bolomedes Borbonicus, Vinson) 
se trouve dans les bassins intérieurs et n’habite pas le littoral; il est 
d’une très-belle dimension 25 

DUMONT (J.-B. Désiré). Naturaliste et médecin, compagnon de Bory de Saint- 
Vincent; son manuscrit; son projet de faire l’entomologie de Pile de 
France, importance méritée de ses travaux sur Parachnologie de cette 

île Lxxvn 

Je donne son nom à un Sphasc commun aux deux îles. . 31 

DRASSE. Genre formé par Walckenaer, représenté à Pile Bourbon par une 
espèce que Pon trouve dans les cavités des pierres ou sous les roches, 
en compagnie du scorpion 113 

— Caractère nocturne de ce genre indiqué par Linné et Walcke- 
naer CI 

Drasse de Maillard {Drassus Maillardii) 115 

E 


ÉPÉIRE. Beau genre d’Aranéides créé par Walckenaer; renferme, aux îles de 
France et de Bourbon, les Araignées les plus riches et les plus volu- 
mineuses, en même temps que les plus nombreuses. ... 150 

On compte dans ce genre, pour les deux îles, les espèces suivantes : 
Epeira isabella 157 


— 326 — 

Epeira lugubris ou nocturna 161 

— Morelii 166 

— Borbonica 170 

— livida 175 

— assidua 180 

— inaurata 182 

— nigra 187 

— Madagascariensis 191 

— Latreilla 194 

— Mauritia 194 

— auslralis 200 

— Coquerelii 201 

— Sancti-Benedicti 204 

— undulata 207 

— opuntiæ 212 

— ftava ^ . . 222 

— purpurea 225 

— tuberculosa 228 

— mitralis ou mitrata 230 

G 

GASTÉRACANTHE. Ce genre, formé par Latreille, n’a pas été adopté par 
Walckenaer, qui lui a substitué celui de Plectane. Nous l’avons conservé 

comme très-significatif 233 

L’île Bourbon renferme deux Gastéracantbes: 

Gasteracantha Borbonica 236 

— alba (espèce rare) 240 

L’île Maurice en possède une espèce différente, décrite par Walcke- 

naer sous le nom de Plectana Mauritiaj et que nous avons nommée 

Gasteracantha Mauritia 239 

L’ile Madagascar en possède deux espèces : 

Gasteracantha Madagascariensis 242 

— formosa 244 

L 

LATREILLE. Dans ses études, ses 'classifications et ses descriptions d’ento- 
mologie générale, ce savant et habile naturaliste s’est occupé d’une 
façon particulière des Aptères, sur lesquelles le célèbre Olivier avait 
déjà fait de remarquables travaux. Latreille est le créateur des genres 


— 327 — 


Scylode^UIobore^Tétragnathe, Gastéracanthe^ Linyphie, Baltique, etc.; 


voyez ces noms aux pages 1, 194 

LATRODECTE. Genre établi par Walckenaer 119 

LATRODECTUS Ménavodi 122 

— Erebus 124 

LINNÉ ' VIII 


LUCAS (H.). Aptériste distingué, a étudié avec soin les Arachnides de l’Al- 
gérie ; succéda à de Blainville dans les articles d'aptérologie du Dict, 

univ. d'hîst, nat 3o, 38 

LYCOSE. Genre formé par Latreille. Les Lycoses de l’île de la Réunion sont au 
nombre de quatre; le genre Dolomède se rapproche beaucoup de celui 


des Lycoses. . . 13 

Lycosa Vulcani 16 

— Salaziana 18 

— nigra 19 

— cinerea 20 

— Madagascariensis 16 


LINYPHIE 263 

— Genre formé par Latreille. Les Linyphies des îles de la Réunion et 

Maurice peuvent se diviser en parasites et en indépendantes ou 
libres 266 

— Les Linyphies parasites comprennent deux espèces. Leur tête est 

terminée par' un rostre, sur l’extrémité duquel se trouve le carré in- 
termédiaire fort éloigné des yeux latéraux subgéminés. Ils forment un 
cocon bi-conique xl 

Linyphia parasita 269 

— zonata 271 

— argyrodes » 274 

— viridis 277 

— inaurata 278 


M 

MADAGASCAR (ile). Voyage à Madagascar ; l’auteur s’occupe de l’arachno- 
logie de cette île iv 

— Nouveauté de cette branche de l’histoire naturelle pour ce qui con- 
cerne Madagascar l, vi 

— Deux des Araignées de cette île passent pour occasionner la 

mort XLV, 120, 71 

MAURICE (île). Les Aranéides qu’elle renferme sont pour la plupart com- 
munes àTiIe de la Réunion. Quelques espèces lui sont propres, xxxiit 


— 328 — 


— Le genre Artème lui est particulier et ne se rencontre ‘pas à l'île 

Bourbon xxxii 

Mauritia (Epeira) 194 

— — (Gasteracantha) 239 

MÉNA-VODI qu’on prononce Ménavoude : ce mot veut dire cul-rouge. On dé- 
signe sous ce noin^ à Madagascar, un Latrodectus très-dangereux et 
dont la morsure est considérée comme étant mortelle. . . 120 

MEZIÈRE-LÉPERVENCHE. Naturaliste distingué né à l’île Bourbon, mort 


en 1861, encourage l’auteur de cette monographie, lui fait don du ma- 
nuscrit de J.- B. Dumont xcv 

O 

OLIOS. Ce genre, formé par Walckenaer, comprend, pour les îles de la Réu- 
nion, deux espèces dont les mœurs sont nocturnes .... 89 

— Olios captiosus 93 

— — leucosius 98 

Les espèces propres à Madagascar sont : 234 

— Olios Imerinensis 9o 

— — viridis 103 

— — Madagascariensis 100 

P 

PHILODROME, genre créé par Walckenaer 8o 

— Philodromus niveus 87 

PLECTANE. Synonyme de Gastéracanthe 

PHOLCUS 129 

— Genre créé par Walckenaer, renferme deux espèces pour nos îles : 

— Borbonicus 132 

— elongatus 143 

S 

SALAZIANA, Nom spécifique d’une Lycose qu’on trouve à Salazie. . 18 


SALAZIE, Village et sources thermales au centre de l’île de la Réunion, au pied 
des monts Salazes, renferme quelques Aranéides curieuses et qu’on 
ne rencontre pas sur le littoral, telles que VEpeita Borbonica, la Sele- 
nop^ Bxifourii, la Lycosa Salaziana^ la Tegenaria Borbonica^ etc. (Voir 

ces mots.) 77, 144, 174 

— Le climat est différent de celui du littoral; la température de Sa- 
lazie est très-froide. Ce qui explique la présence spéciale de certaines 

Aranéides pour ces localités 174 

SALTICUS (Saltique). Genre créé par Latreille, et auquel Walckenaer a subs- 


— 329 — 


titué celui d’Attus 42 

SÉLÉNOPS 75 


— Cegcnrcaëlé créé par M. Léon Dufour pour les SéîénopsOmalosomes 
(à corps plane), trouvé par lui dans le royaume de Valence. Walcke- 
nacr a adopté le genre Sélénops, ainsi que Dugès et tous les entomo- 
logistes. Ce célèbre aptériste a même établi, à l'aide du type de M. Leon 
Dufour, la famille des Omalosomées 79 


— Selcnops Dufourii 79 

— Sélénops Madagascariensis 83 


SGYTODE. Genre créé par Latreille. L’ile de la Réunion en renferme deux 
espèces : 

— Scytode thoracique (Scytodes thorackà), originaire des pays chauds, 

d’après Walckenaer; ainsi dans notre île elle n’habite que le littoral 
et ne se trouve pas à l’intérieur dans les régions froides. . 4 

— Scytode amarante {Scytodes amarantea) . J’avais pensé un moment 

que c’était la Scytode brune; mais, dit AValckcnaer, le mâle ressem- 
ble à un faucheuVy par la longueur de ses pattes qui ont deux pouces 
et demi. Or le mâle de la Scytode, dont il est question pour l'ile de la 
Réunion, est peu différent de la femelle et n’a aucun rapport avec 
un faucheur. C’est donc une espèce nouvelle 9 

SPHASE 29 

— Genre créé par Waîckenaer, ne renferme pour les îles de la Réunion 

et Maurice qu’une seule espèce, non décrite, que j’ai dédiée au natu- 
raliste J. -B. Dumont. {Sphasus Dumontii,) 31 

— Description extraite des manuscrits de Dumont .... 33 

— On en rencontre plusieurs variétés, blanches ou jaunâtres, aux îles 

de Bourbon et de Maurice. Description du mâle 33 

Espèces de Madagascar : 

— De Lucas {Sp/msus Xucasü) 35 

— De Madagascar {Sphasus Madagascariensis) 38 

T 

TÉTRAGNATHE. Genre créé par Latreille. Les îles Bourbon et Maurice en 
renferment une espèce déjà connue et étudiée par AYalckcnaer dans la 
collection de Lamarck. {Tetragnatha protensa.) 225 

— Cette Aranéide habite toutes les parties des deux îles. Sur le littoral, 

elle n’aime que les bords des cours d’eau ; sur les hauteurs de l’île, 
l'humidité qu’elle cherche et qu’elle peut rencontrer dans les brumes, 
l’a porté à établir sa toile dans tous les lieux, même contre les maisons 
et sous les varangues (à Salazie), ce qu’elle ne fait jamais sur le lit- 
toral 253 


— 330 — 


Elle offre de nombreuses varié tés^ où Von pourrait trouver plusieurs 


espèces 251 

THÉRIDION. Genre créé par Walckenaer 281 

— — de File Bourbon (r/iertd/on Borùonîcum) . , . . 283 

— — diurne {Theridion diurnum) 284 

THOMISE. Genre créé par Walckenaer 65 

— rugueux. {Thomisus rugosus) 69 

— foka — foka 69 

U 

ULOBORE. Genre formé par Latreille 255 

Renferme trois espèces pour l’ile Bourbon : 

— Uloborus Borbonicus 258 

— — aureus 261 

— Cette dernière a beaucoup de rapport avec une Linyphie. . 262 


— La première espèce est très-commune dans les demeures; on la 

rencontre dans les deux îles. Réunion et Maurice. Le cocon de cette 
Aranéide est anguleux et de couleur lilas. On en voit quelquefois deux 
pour la même toile 161 

— Uloborus vanillarum. Cette espèce est la plus petite des trois : elle est 

d’une couleur terreuse 262 

V 

VULVE- Position de cet organe chez l’Aranéide; il est situé à la base de l’ab- 
domen, dans un sillon de couleur rose chez VEpeira inaurata. x 

\V 

WALCKENAER. Créateur de genres nombreux' cités dans cet ouvrage: 
Epeira, Olios, Pholcus, Âttus, etc., a^laissé l’œuvre la plus complète sur 
l’Arachnologie générale. (ffisL nai. des Ins. apl.^ en 2 volumes dans 
les suites à Buffon, avec un Atlas parfait pour l’étude des genres.) Ses 
rapports avec Catoire de Bioncourt, Julien Desjardins, lui ont fait 
connaître plusieurs Aranéides appartenant aux îles de Bourbon et de 
Maurice. Mais dépourvu d’une collection complète des Araignées de 
CCS îles, un grand nombre d’espèces nouvelles lui sont demeurées in- 
connues. Les travaux d’Olivier et ceux de Latreille ont beaucoup servi 
à Walckenaer pour son grand ouvrage. — Importance de sa classifi- 
cation pour faciliter l’étude de ces aptères. — Ses descriptions sont 
heureusement faites, quoique incomplètes pour quelques-unes; Léon 
Dufour a fait plus que lui pour l’anatomie des aptères. Walckenaer a 
surtout perfectionné la classification de Latreille. . . xxin, 290 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


Planche I. 

Genre : Scytode {Scytodes, Latr.). — Genre : Ulobore {Uloborus, 

Latreille). 

Fig. 1. Scytodes thoracica, Latr. — Une femelle grossie. 

— 1, a. Le mâle(Cette figure représente latéte et les palpes). 

— b. Fémoral denté en scie chez la Scytodes thoracica, 

mâle. 

Fig. 2. Scytodes amarantea. Vins. — Une femelle grossie. 

Fig. 3. Uloborus Borbonicus , Vins. — Une femelle extrême- 
ment grossie. 

— 3, a. La même, grandeur naturelle. 

— 3, b. Son cocon. 

Planche II. 

Genre : Olios {Olios, Walck.). — Genre : Drasse {Drassus, 

Walck.). 

Fig. 1. Une femelle, grandeur naturelle. 

— a. La même, vue en dessous. 

— 1, c. Les yeux. 


— 332 — 


— \, b. Les mandibules ou chélifères. 

Fig. 2. Olios viridis. Vins. 

Fig. 3. Olios leucosius, Walck. — Une femelle, grandeur na- 
turelle. 

— 3, a. Le cocon de V Olios leucosius. 

Fig. 4. Drassus Maillardii, Vins. — Grossi. 

— 4, a. Les yeux. 

— 4, b. La bouche. 

Planche III. 

Genre : Sélénops {Selenops, Léon Duf.). — Genre : Clubione(C'/!<- 
Latr.). — Genre : Pholque {Pholcus, Walck.) 

Fig. 1. Sekîiops Du fourii, y ins. — Femelle grossie. 

— a. Les yeux. 

— 1, 6. La bouche. Les mandibules (chélifères) pluridentées. 

— 1, c. Extrémité d’une patte. 

Fig. 2. Clabiona insulans,y ins. — Femelle, grandeurnaturelle. 
Fig. 3. Selenops Madagascariensis , Vins. — Femelle, grandeur 
naturelle. 

Fig. 4. Pholcus B orbonicus. — Femelle, grandeur naturelle, 
vue de profil. 

— 4, a. Les yeux. 

Fig. 5. Pholcus elongatus. — Femelle, grandeur naturelle. 

— 3, a. Le même, de profil. 

Planche IV. 

Genre : Epeira {Epeira, Walck.). 

Fig. 1. Epeira Borbonica, Vins. — Une femelle, grandeur na- 
turelle. 


— 333 — 


Fig. 1. Epeira isabella. Vins. — Grandeur naturelle. 

— 2, a. La même, avant Tàge adulte. Grossie. 

— 2, c. Les yeux. — 2, d. Le mâle. 

Fig. 3. Epeira hcgiibris^y^dXçk. ownocturnajy'm^. 

— 3, a. Les yeux. 

— 2, ô. — 3, b. Les Epeira isabella et lugubris^ vues en 

dessous. 

Fig. 4. Epeira Morelii^ Vins. Un mâle, un peu grossi. 

— 4, Vue en dessous. 

— k, b. La bouche et l^s chélifères. 

— 4, c. La même, individu mâle. 

— 4, d. Les yeux. 

Planche V. 

Genre ; Épéire (Jdlpeira^ Walck.). 

Fig. 1. Epeira inaurata^ Walck. — Femelle. Grandeur na- 
turelle. 

Fig. 2. Mâle de V Epeira inaurata. Grandeur natui^elle. 

Fig. 3. Epeira iindidata. Une femelle. Grandeur naturelle, vue 
de profd. 

— 3, a, La même, vue en dessous. 

— 3, b, La même, vue en dessus. 

— 3, c. La bouche. 

— 3, Les yeux. 

Planche VI. 

Épéire {Epeira^ Walck.). 

Fig. 1. Epeira nigra, Vins. — Femelle. Grandeur naturelle. 

— 1, «. Mandibule ou chélifère de YEjieira nigra. Vu au 

microscope ; très-fort grossissement. 

Fig. 2. Epeira nigra^ Vins. — Mâle. Grandeur naturelle. 


— 334 — 


- % a. — 2, b. Digital des palpes, vu au microscope avec 
le conjoncteur. 

Planche VII. 

Genre : Épéire [Epeira, Walck.). 

Fig. 1. Epeira Madagascariensis, Vins. — Une femelle, de 
grandeur naturelle. 

Planche VIII. 

Genre : Épéire {Epeira, Walck.). — Genre : Latrodecte {Latro- 

dectus, Walck.). 

Fig. 1. Epeira Cogner elii,yins. — Femelle. Grandeurnaturelle. 

— 1, a. La bouche. 

— 2. Les yeux. 

Fig. 2. Epeira Mauritia, Walck. Vue en dessus. — Femelle. 
Grandeur naturelle. 

— 2, a. La même, vue en dessous. 

Fig. 3. Epeira flam. Vins. — Femelle. Grandeur naturelle. 
Fig. 4. Epeira purpurea,^'\m. — Femelle. Grandeur naturelle. 
Fig. 5. Latrodectus menavodi, Vins. — Femelle. Grandeur na- 
turelle. 

— 5, a. Le même, vu de profil. 

Planche IX. 

Genre : Épéire {Epeira, y^nlck .). — Genre ; Gastéracanthe. (G«s- 

teracantha, Latr.) 

Fig. 1. Epeira opmnliæ, Leon Duf. — Une femelle. Grandeur 
naturelle, avec une partie de sa toile et de ses cocons. 


— 335 — 


Fig. 2. Epeirainitralis^y'm ^, — Femelle. Grandeur naturelle. 

Vue par derrière sur une branche. 

Fig. 3. La même, vue par devant. 

Fig. 4. La même, vue décote. 

Fig. 5. Gasteraca7itha Borbonica^yins. 

Fig. 6. — Madagascar iensis^ Vins. 

Fig. 7. • — fonnosa^ Vins, 

Planche X. 

Genre : Atte {Âttus^ Walck.). 

Fig. 1. Attus miiscivoruSf'Sins. 

— 2. — albo-oculatiis, Vins. 

— 3. — AfricannSy Vins. 

— 4. — lineatiis^ Vins. 

— 5. — Tamataviy Vins. 

— 6. — variabiliSy Vins. 

— 7. — lugubrisj Vins. 

— 8. — nigro- fusais, Vins. 

Toutes ces espèces sont extrêmement grossies. 

Planche XL 

Genre : Linypuie {Linyphia. Latr.) 

Fig, 1, a, Linyphia zonata^ Walck. — Femelles grossies, 
vues de profil. 

— b. Cocon commun aux Linyphia zonata, — Parasita 

argyrodes. Il est jaune vif ou jaune rougeâtre, de 
forme bi-conique (Indiqué dans les préliminaires 
sous la lettre K). 

Fig. 2. Linyphia parasita — Femelle grossie, vue de profil. 

^ 2, a, La même, tissant sur la toile de VEpeira inaurata. 


— 336 — 


— 2, Les yeux et le rostre de la même. 

— 2, c. Extrémité ou digital du pal^De chez le mâle, avec son 

conjoncteur. 

Fig. 3. Linyphia argyrodes, Walck. — Femelle grossie, vue 
de profil. 

Fig. 4. Linyphia viridis. Vins. — Vue en dessus. 

— 4, «. La même, vue de profil. 

Planche XII , 

Genre : Dolomède {Dolomedes, Latr.). — Genre : Lycose (Lycosa, 
Latr.). — Genre : Tétragnathe (Tetragnatha, Latr.). 

Fig. 1. Dolomedes Borbonicus, Vins. — Mâle. Grandeur na- 
turelle. 

— 1, f/. Les yeux. 

— 1, è. La bouche. 

Fig. 2. Lycosa Saladana, Vins. — Mâle. 

Fig. 3. Lycosa Vulcani, Vins. — Femelle. 

— 3, a. Les yeux. 

— 4, a. Tetragnatha protensa, Walck. 

— 4, h. La bouche et les chélifères. 

Planche XIII. 

Genre : Arachnoüre {Arachnoura^ Vinson). — Genre Sphase 
(Sphasus, Walck.). 

Fig. 1. Arachnou7'a scorpionoideSjYins. — Une femelle. Demi- 
grandeur en sus. 

— 1, «. La même, vue de profil. 

— 1, â. La bouche. 

— 1, c. Les yeux. 

— 1, c?. La queue. 


— 337 — 


— e. Le ventre et la quenc vus on dessous. 

Fig. 2. Sphasus Diimcrntii^Yms. — Grossi. 

— 2, a. Le même, grandeur naturelle sur son cocon. 

— 2, l). Les yeux. 

— 2, c. Palpe, digital et conjoncteur du mâle. 

Fig. 3. Sphafim Lrœasii^ Vins. — Grandeur naturelle. 

PïANCHE XIV. 

Genre : Épéire {Epeira, Walck.). — Genre : ïiiomise {Thoynisiis^ 
Walck.). — Genre : Agélène {Ar/plena, Walck.). — Genre : 
Thériuion (Theindiov^ Walck.). 

Fig. '1. Epeira lividay'Sms. — Femelle. Grandeur naturelle. 

— \, a. Les veux, la tête. 

Fig. 2. Epena tiiberculosa,ym?i, — Femelle. Gi'andeur natu- 
relle. ' 

Fig. 3. Epeira Smicfi-Benedkti, Vins. — Femelle grossie. Sa 
toile, ses cocons on chapelet. 

Fig. 4. Thomisus /ofo, Vins. — Femelle, Grandeur naturelle. 

— 4, a. Chélifère, bandeau. 

— 4, b. Extrémité du tarse, 

Fig. 5. Agelena Borbfmico, Vins. — Femelle. Grandeur natu- 
relle. 

Fig. 6. 77ie7'idîOH B or bonicKm y y ins. — Femelle. Grandeur na- 
turelle. 


SAINT-CLOrü. — IMPr.niEHIK DE M"'« V» BELI.V. 



ARANEIDES 


PL.l, 



jt. Vinçon, del. et- 


Dehfat/ j’c . 


1. Scytodes thoracica. ç. lab-eiUe. 2. Scytodes amarantea. v^ns^n. 
3 . ülolDoms Bortonicus. K,ur. 




e dù-.^ 


lmp. Jhuifte, S. r. Mip/wri, Pnrùr . 


Jftpntaïur cel ■ 
















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ARAIIEIDES. 


PL.n. 



yt. î^furim d^l.et 

1. OKoS CapÜOSUS. Walek. 

2 . viridis. Vîrwon 


Lebrun j'o. 

3, Olios leucosius. w<,i^k. 

•4.Drassus Maillardii. 


ô.r. 


• ^ dir^ 


jÇvw'-, ■•••• 


M"y 3riÿneùae ccl. 








ARANEIDES . 


PL.in 




ji.nhjvn Jei 


Oebraïf JT. 


1- Selenops 

3 . „ 


Dufouni 

Madame 


ascariensis, vnur. 


2 . Qutiona 
4- Pholcus 


5. Pliolcu-S elon^atus. 


msxilaris . 
BorPonicus, fùut. 


.! MûfncMut dirf' 


hnp. /fouLTlt, S.r.Mipnon, Parts . 


Mûjnrmtx col. 



é' 









ARANEIDES . 


PL.iv: 




1. Epeira Borl^onica. ^ (Epeira nocturi^a. 

2 . Isatella. ■ 1 lu^ubns ?. 

4- Epeira Morelii, r^r. 


m/A. 


■ ' Mioimxutr tUrf 


Fm^. RfiuiMt, S.r. Mu/rwit, Pari.' ■ 




ARANEIDES.- 


PL.V. 



j1.Ttn.fvn dfl.etp^ 


Cor b if 


1-2. Epeira maiirata. 9. é. mk. 3 . Epeira ondulata. vin.an 


4 


J.ifiqncau.v dirf 


Jmp • UâitirU, 5. r. ^^iffrwn, Parir. 


jijmf 




ARÀNEIDES 


PL .VI. 



J^ÿneauj' du' ■ 


Imp.Ilciu^t^ S.r. Miÿiwn. Paru'. 


jïf”"’ Afipneuuje e«l. 







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ARANEIDES. 


PL.YU.. 



/. fînjon ({<•/. et 


J)ebraÿ .<•<*. 


Epeira Maia^ascariensis . Kna^n. 


eJUan/Vi-i <///“? 


Jptp. Hi’iiistt, S. r. Migncti, Pxirùf. 


Xignentur coL- 





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Iv ' 



1 





ARANEIDES 





Ch- Cfiifu^rel ft A. Wuran pui>v ^ 

1 . Epeira Coqiiereln. vûuron. 3. Epeira 

2 . Mauritia. WaUk. 

5. Latrodectus Menavodi. ?Snr. 



Bfbroy 

flava. Vtn,ron. 

purpurea. 


J-Miÿneauj: dtr / 


lmp.Jf<>ui,ttf,S,r. ifignon, Parùr. 


M”.'* 2 lipiu^u.v cttl. 






del.étpP JfrSr^ .re. 


1 . Epeira 
2. 3. 4- 


opuntiæ. 5. GasteracanÜia Borbomca, 

mitralis 6, maia^ascanensls. 

y, Gasteracantha formosa. 


J. Êfi^riMu^ dïf‘ 


lmp. Houu'tf. S, r. Mignon, Paru'. 


JH"}* Mipneaua- cal. 



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I 





1. AttlLS 

muscivorus. 

17/iscn ■ 

5. Attas 

Tamatavi-. 


2. . 

albo-oculatus. 

Vm-f . 

6. 

vanalDilis . 

fin<r. 

rr 

0. 

Africanus - 

Ttaj" ■ 

7. 

lu§ubris . 

Vintt, 

4 

lineatus 

Ifiw. 

8. 

nigro - tu5cus . 

Vtn^. 


Mianemje iir.^ 


lmp. Ihuirte. B-r Mi^non. Parir. 


M”'* Mujneaiti: cal- 



AEIANEIDES. 


PL. XI. 



A. Wi.wt Jel, et P f 



1 . 

2 . 


Liayptit 


zonata. WaUk. 
parasita, vskren. 


3. LurypLia arg^oies 
4- viridis . 



J. IHiÿnMua du- ^ 


.Dnp.llouvte, 5.r. Jliarwn.Parur . 


^ùtneauir ful. 




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5 


ARAKEIDES 


PL. XII . 



1. Dolomedes BorlDomcus. 

2- Lycosa Salaziana. rw. 


3. Lycosa A/ulcani. /w. 
4- Tetro^natKa protensa.»sz(. 


lmp. ffeuirie, 5. r. Parix - 



Ccrhif xe. 


J. yftpruaux dit'f 


M’P* Miflnfaiir col . 






1 

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1. Aradmoura ScorpionoiJes. f'uur^n. 2, Sptasus Dumoatii, 
3. SpEasas Lucasii. 


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Tmp /fnuirtf, S. « Jtynen, Paru- . 


Jllî^nt'aii, T cel. 



ARANEiDES. 


PL. XIV, 




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1 . Epeira livida f{/Lre/i. 

2 . tuterculosa. 

3. SanctL Benedicti, /Sur. 


Debray ■rc. 

4- Thoimsus foka. /Sw. 

5. MêLena Borbomca. /s,^. 

6 , Tnendioii B orb omcum . /(ÀtT, 


J.Miyneaux Jtrî 


[mp. llouirte, S. r. Mignan, ParLf 


JUr* X{gneaux cet. 








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